THE MYSTERIES OF ADDY SEA


Cette demeure, située à l’angle de Ocean View Promenade et North Atlantic Avenue, fut construite en 1901 dans la petite ville paisible de Bethany Beach, Delaware, par le colon et plombier John M. Addy venu de Pittsburgh, Pennsylvanie. Il l'appela Addy Sea et elle devait lui servir de maison de vacances, pour lui et sa famille. Transformée par la suite en Bed & Breakfast, ce manoir victorien a été le premier dans la région à avoir accès à l'eau courante et des lampes à gaz.

Mais elle se trouve également sur des terres algonquines volées. Et on raconte que les os de cette maison ont été imprégné de tempêtes et de drames tels la Grande Dépression, et la mort elle-même. Concrètement, on dit que cette maison est hantée !


Je suis Hank Rider. Mais sur le net, on me connaît plutôt sous le pseudonyme de Spider Tank, le détective de l'occulte ! Je vais passer les 13 prochaines nuits ici, à Addy House, afin de savoir si tout ce qu'on raconte est vrai.

Avant de passer ma première nuit ici, je check une dernière fois mon sac :

- Thermomètre infrarouge, OK !

- Dictaphone, OK !

- Détecteur de Champ Électromagnétique, OK !

- Camera avec système de vision nocturne, OK !

- Ghost box (qui capte les ondes radios AM/FM), OK !

- De quoi prendre des notes, OK !


Première Nuit :

Situé au premier étage sur le côté sud de la maison, cette chambre a une belle vue sur l'océan. Elle a aussi un lit king size et un mini-frigo. Mais mon attention va plutôt se porter sur la salle de bain et sa baignoire en cuivre des plus pittoresques dont on dit qu'elle a tendance à « secouer ». C’est un phénomène unique à cette partie du bed and breakfast.


Pour cette première nuit, je préfère dormir dans le lit king size plutôt que la baignoire. Je vais tout de même laisser la porte de la salle de bain ouverte et prendre autant de café que possible afin de ne pas trop dormir et être le témoin « en direct » d'éventuelles secousses.

Toutefois, au cas où le café ne suffirait pas à me tenir éveillé, j'ai installé autour de la baignoire mon détecteur de champs électromagnétiques et ma caméra. Le thermomètre infrarouge ne montre rien d'anormal. Pareil pour la Ghost Box.

Une fois tout installé, je mets au lit avec de quoi prendre des notes et du café. Je scrute la porte de la salle de bain, luttant contre le sommeil, à l’affût du moindre bruit suspect. Et c'est dingue tous les petits bruits qu'il peut y avoir dans une vieille maison réputée hantée.


À minuit, j'entends comme des grincements. Je me lève et constate que cela provient de la tuyauterie. En vérité, rien de nécessairement « paranormal » là-dedans.

À minuit deux, par contre, la baignoire émet à son tour des grincements. Comme prévu, mon équipement réagit et se met en marche automatiquement. De mon côté, je prends la Ghost Box et constate ce qu'on pourrait considérer comme des anomalies au niveau des ondes radios.

Minuit trois, la baignoire se met à trembler puis, progressivement, elle s'anime de secousses de plus en plus fortes. Je m'approche et sens comme une présence qui serait à côté de la baignoire, « plongée dedans », je ne sais pas trop. Je m'éloigne car je ne veux pas rester trop longtemps dans le champs de mes instruments. Les secousses durent quelques minutes puis plus rien. Je suis resté plus d'une demi-heure à fixer la baignoire en attendant que les secousses reprennent mais... rien !

Le thermomètre infrarouge est en légère hausse par rapport à ma première mesure. Tout est redevenu normal du côté de la Ghost Box. Le reste de la nuit s'est passé sans incident.


Le lendemain, rien d'anormal n’apparaît sur la vidéo prise par la caméra. Par contre, il y a quelque chose du côté du détecteur de champs électromagnétiques. Sur les graphiques, une forme se dessine. Je ne peux rien affirmer mais, en raison de la sensation que j'ai éprouvé en m'approchant de la baignoire, j'ai l'impression de voir une silhouette, de dos, penchée vers l'intérieur de la baignoire. Mais bon, ce ne sont que des lignes et des points sur un graphique. Difficile d'affirmer quoi que ce soit. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser qu'on a peut-être noyé quelqu'un dans cette baignoire. Il faudrait éplucher les dossiers de la police ou les faits divers. Je ne sais pas...


Deuxième Nuit :

Situé au premier étage sur le côté nord de la maison, cette chambre dispose d'une vue panoramique limitée et d'une salle de bain privée avec une douche.

La chose la plus curieuse à propos de cette salle est que l’évier a tendance à se remplir de sable à trois heures du matin. Mais, le sable est toujours parti à l’aube.


Pour cette nuit, je me suis doté d'un thermos de café king size ! Je compte bien rester réveillé jusqu'à trois heures. Au cas où, j'ai installé la caméra en mode automatique. Les rumeurs ne disent rien à ce sujet mais j'ai aussi programmé le dictaphone, au cas où...

Dans la perspective d'une explication rationnelle, je n'exclue pas un dysfonctionnement dans la tuyauterie qui pourrait provoquer une remontée de sable jusque dans cette chambre (mais pourquoi pas dans les autres?). Je m'explique moins la disparition du sable au matin.


Je l'ai filmé ! Vous pouvez le voir en cliquant sur le lien ! Je l'ai filmé ! À trois heures précise, du sable s'est effectivement écoulé dans l'évier. Mais, et vous le verrez comme je l'ai vu, ce n'est pas que ça ! Plus que du sable, c'est comme une espèce de mélasse qui tente de prendre forme. J'ai publié en pièce jointe les relevés des détecteurs Électromagnétiques et des ondes radios. Je crois que quelque chose tente de se matérialiser et de communiquer. J'ai réécouté ce que le dictaphone a enregistré, car il a enregistré quelque chose qu'on entend pas sur la vidéo. J'ai repassé l'enregistrement à plusieurs vitesses mais... rien de compréhensible et encore moins de significatif. Mais je suis certain que quelque chose a tenté de communiquer avec moi cette nuit !

Et pour ce qui est de la disparition du sable à l'aube, vous verrez sur la vidéo comment cette masse sableuse et graisseuse s'est soudain écoulée par le fond de l'évier. On ne l'entend pas sur la vidéo mais cet écoulement s'accompagne d'un sifflement strident. Je crois que cette chose en fuit une autre et qu'elle revit ce moment nuit après nuit. Toutefois, je préfère ne pas développer car, en vérité, ce ne sont que des suppositions et il ne faudrait pas que mon imagination prenne le pas sur les faits purs et durs !


Troisième Nuit :

Situé au premier étage sur le côté sud, cette chambre - comme la première – a un lit king size et un mini-frigo.

On dit que les fenêtres de cette chambre s'ouvrent et se ferment de leur propre chef. Certaines rumeurs évoquent une « brise qui sent l’acier chaud » et la sueur.


Les rumeurs ne disent rien quant à l'heure du phénomène. Je ne sais donc pas s'il se produit à heure fixe ou non. J'entends bien sûr rester réveiller le plus longtemps possible mais ne peux en réalité être sûr de rien. Je ne suis qu'un homme... Alors, comme les nuits précédentes, je place ma caméra en mode automatique. Je programme aussi le dictaphone car je n'exclus de pouvoir trouver quelque chose d'intéressant dans le bruit de cette brise. Avant de me coucher, je prends note des relevés effectués avec mes différents détecteurs. J'espère être réveillé pour pouvoir en effectuer d'autres, et les comparer, durant le phénomène. J'effectuerai également d'autres relevé au matin.


L'odeur a attiré mon attention avant les fenêtres. Effectivement, bien que les fenêtres soient fermées, une petite brise s'est levée dans la pièce, charriant cette étrange odeur. J'effectuai quelques relevés et constatai, sans grande surprise des pics en comparaison de mes précédentes mesures. Je n'ai pas d'explication quant à ces changements mais je ne peux pas nier leur existence. Acier et sueur, comme dit la rumeur. Je ne peux rien dire non plus concernant le « sens » de ces odeurs. En vérité, comme pour l'autre chambre, j'ai l'impression que cette pièce a une « histoire » à nous raconter mais, en l'absence d'éléments plus concrets et significatifs, il me paraît imprudent de m'en remettre à ma seule imagination. Toutefois, cette « histoire » est-elle en lien avec la précédente ? Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions car c'est à ce moment là que les fenêtres, toutes et d'un seul coup, se sont ouvertes. Et elles se sont refermées, d'un coup, toutes en même temps. Ce phénomène, la rumeur ne le dit pas, s'accompagne d'un bruit caractéristique. Un bruit d'acier. Franchement, ça ressemblait à une guillotine. Alors, si cette pièce raconte vraiment une histoire, est-ce celle de quelqu'un a qui on a coupé la tête ? S'agit-il de la même personne que celle qui se manifeste à travers cet écoulement de sable ? Si ce sont deux faits distincts, ont-ils eu lieu dans cette maison (ça ferait beaucoup déjà, je trouve) ? Ou alors, est-ce que cette maison, pour des raisons que j'ignore, attirerait ces phénomènes ayant eu lieu ailleurs à l'origine ?

Et s'il y avait vraiment quelque chose dans cette maison qui attire ces phénomènes ?

Là encore, il serait vraiment trop prématuré d'affirmer quoi que ce soit mais je garde quand même cette idée dans un coin de ma tête... et de mon calepin.


Quatrième Nuit :

Situé au premier étage sur le côté nord, cette chambre dispose d'une vue limitée sur l'océan et d'un lit queen size. Certains affirment y avoir entendu des rires d'enfants et des tintements de cloches.


Comme d'habitude, j'ai disposé ma caméra et mon dictaphone en mode automatique. J'ai effectué quelques relevés et j'ai préparé du café en grande quantité. Dans l'après-midi, je me suis rendu à la bibliothèque afin d'emprunter quelques vieux journaux. J'avoue avoir pris ces numéros au hasard car, ayant agi un peu précipitamment, je n'avais aucune indication à donner au bibliothécaire. Évidemment, je cherche des traces de disparitions ou autres faits étranges mais je n'ai aucune idée de quand ces événement auraient pu avoir lieu. Et, bien sûr, les archives, ne remontent pas jusqu'en 1901. Aussi, j'ai donc pris une pile de journaux au hasard et... je verrai bien si quelque chose attire mon attention. Comme on dit, on est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Mes lectures ne donnant rien, je me suis replongé dans mes vidéos qui, elles n'ont plus en vérité, ne donnent pas grand chose à mon goût. Certes, combinées entre elles et avec mes divers relevés, cela confirme bien qu'il se passe quelque chose mais difficile de dire quoi. En réalité, les faits évoqués, pour la plupart, ne sont exprimés qu'en terme de métaphores. On pourrait en trouver d'autres. La rumeur parle de sable mais j'y ai plus vu quelque chose de granuleux certes mais aussi graisseux. L'acier, la sueur... j'ai pensé à une scène de décapitation mais... cette image ne m'a-t-elle pas été imposée par les fenêtre. Si c'était les portes qui s'étaient ouvertes, aurai-je pensé à la même histoire ? En fait, pour l'instant, ce que je vois d'« objectivement » en commun entre tous ces faits, ce sont les relevés que j'ai effectué et... le fait qu'on – ou qu'en tout cas je – soit tentés d'y voir... une histoire. C'est un peu comme si cette maison nous racontait des histoires horribles, comme quand on est scout autour d'un feu dans les bois.

Et c'est alors que je pensais à cela que j'ai entendu les rires... Les rires d'enfants. Des scouts ? Est-ce que c'était vraiment une coïncidence ? Je « savais », par la rumeur, que ces rires s'accompagnaient de bruits de cloches. Pourtant, je m'interdisais de les inclure dans un quelconque scenario et... croyez le ou non ! Et de toutes façons, il n'y a qu'à écouter les enregistrements, il n'y a pas eu de tels sons.

Cela n'a pas duré très longtemps. Les rires se sont vite éteints et il n'y a pas eu de son de cloche. Par acquis de conscience, j'ai écouté la bande son enregistrée par le dictaphone. Rien !

Après quatre nuit ici, j'ai l'impression que cette maison nous raconte des histoires. Ce ne sont pas tout à fait des histoires « sur mesure » dans le sens où il y a quand des éléments récurrents et communs à tous les témoins mais j'ai l'impression, malgré tout, que la maison est en capacité d'« adapter » ses histoires à ceux qui passent une nuit ici.


Cinquième Nuit :

Situé au rez-de-chaussé, sur le côté est de la maison, cette pièce sert de cuisine. La rumeur prétend qu'on y a retrouvé des couteaux encastrés dans le mur, des fourchettes dans les dossiers des chaises etc.


Je me sens un peu bizarre à l'idée de me passer la nuit dans cette pièce. Je voudrais « tester » mon hypothèse comme quoi cette maison, finalement, ne ferait que me « raconter les histoires que je veux entendre ». Si les rumeurs avaient été autres, ou si j'en avais entendu d'autres, aurais-je été le témoin d'autres phénomènes ? Aussi, j'ai décidé, pour cette nuit, de vider tous les tiroirs et d'entreposer tous les couteaux, fourchettes et autres ustensiles à l'extérieur de la maison.

J'ai procédé à des relevés électromagnétiques et radiophoniques avant, pendant et après m'être livré à ce petit manège et n'ai rien constaté de particulier. Ensuite, je me suis installé avec du café et un bon livre mais rien de fantastique. En vérité, j'ai fait de mon mieux pour me sortir de la tête toute « histoire » étrange que la maison aurait pu « capter » et me « renvoyer ». Alors, allait-il se passer quelque chose ? Et si oui, quoi ? Et cette seule pensée me fit penser, justement, que c'était là peut-être une « histoire » que la maison pouvait capter et me renvoyer... sa colère. Et si la maison était en colère à l'idée que je ne joues pas le jeu ? Je décidai alors de faire quelques pompes histoire de me vider la tête et penser à autre chose, rien en tout cas qui pourrait alimenter quelques phénomènes paranormaux.

Je finis par m'endormir. À mon réveil, ni la caméra ni le dictaphone ne s'étaient déclenchaient. Il n'y avaient rien non plus de planté dans les murs. Par contre, quand j'ai quitté Addy House, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir tout le lot de couverts plantés dans la porte d'entrée !


Sixième Nuit :

Retour au premier étage, côté nord, cette chambre a une vue sur le front de mer et un lit king size ! Elle a également une douche privée. À l'époque, des clients s'étaient plaints d'être dérangés par le son d'un orgue en plein nuit. Mais le personnel n'a jamais pu trouver la source de cette musique.


Pour cette nuit, le dictaphone est de rigueur. Comme d'habitude, j'effectuai des relevés avec les détecteurs électromagnétiques et radiophoniques. Je n'espérais pas enregistrer quoi que ce soit de visuel mais je disposai tout de même la caméra car je voulais, au cas où, soumettre une éventuelle vidéo à mes détecteurs électromagnétiques et radio.

Pas de café ce soir, je me dis que la musique me réveillera...

Pas non plus d'exercice de « pseudo-méditation » pour me vider la tête de toute « histoire » que la maison pourrait « capter ». Je n'évacue pas cette idée, au contraire. Je trouve que beaucoup trop d'histoires et de phénomènes sont liées à cette demeure. Cela en ferait le lieu de rencontre d'un peu trop d'esprits à mon goût. Non, je pense effectivement que s'il y a vraiment un « esprit » derrière tout ça, il n'y en a qu'un mais que, oui !, il parvient à se manifester sous des formes très diverses donnant cette impression d'une multitude de phénomènes là où je suis de plus en plus convaincu qu'il n'y en a qu'un.

J'ai alors eu l'idée de tenter l'expérience inverse de la veille. Là où j'avais tenté de n'offrir aucune prise à l'esprit, j'ai voulu cette nuit au contraire lui offrir du grain à moudre. Si, effectivement, je devais être le témoin de phénomènes directement liés à mes pensées, cela donnerait déjà un peu plus de crédit à mon hypothèse. Du moins, je le pensais. Alors, sans rentrer dans trop de détails, j'imaginais seulement une mélodie jouée à l'orgue. Quelque chose de lent, de triste avec, parfois, quelques accords à vous glacer le sang. Allai-je être servi ?

Oh que oui ! Pour être servi, j'ai été servi ! Là encore, cliquez sur le lien pour voir et entendre la vidéo. Cette musique est aussi conforme que possible à celle que je m'étais imaginé mais surtout, les murs ! Personne à ma connaissance n'avait témoigné d'un tel phénomène dans cette pièce. Vous le verrez sur la vidéo, les murs se sont recouverts de sang ! J'ai pris la température dans la pièce. Elle avait chuté de trois degrés. Et le sang, au toucher, était glacial !

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas l'impression de m'être endormi et rien n’apparaît sur la vidéo pour expliquer ni comment ni pourquoi ce sang avait disparu au matin...


Septième Nuit :

Situé au premier étage sur le côté sud de la maison, cette chambre offre elle aussi une vue sur le front de mer. Elle dispose elle aussi d'un lit king size mais, surtout, d'une baignoire spa et d'un mini-bar. Dans cette chambre, des témoins affirment s'être réveillés et avoir vu d'énormes yeux spectraux les fixer dans le vide. À chaque fois, le phénomène aurait eu lieu entre minuit et deux heures du matin.


Je procède à mes relevés habituels et installe caméra et dictaphone. Je n'exclue pas que cette vision s'accompagne de son. Pourquoi pas, après tout ? En attendant, je compare l'ensemble de les relevés. Il y a effectivement de changements, des « pics » au moment de l'apparition de certains phénomènes. Mais certains seulement... En vérité, il me semblerait hâtif de les relier nécessairement à l'apparition des phénomènes justement. Si cela devait être le cas, je constaterais les mêmes pics à l'occasion de chaque phénomène. Or, ce n'est pas le cas. Et si, comme je continues à le croire, il s'agit en réalité d'un phénomène unique mais protéiforme, je devrais VRAIMENT, obtenir des relevés identiques, ou très proches en tout cas. Alors, mon hypothèse est-elle fausse ? Ces changements dans les relevés ont-ils une explication extérieure à la maison ?


Déception au petit matin. Oui, j'ai bien vu ces yeux dans la nuit. Mais, rien n'a été enregistré. Pas de son, pas d'image. Pourtant, j'ai vu ces yeux flotter dans l'air. Ils étaient plus gros que des yeux « normaux » et translucides, comme si projetés par un appareil holographique. Je n'ai pas poussé très loin mes investigations en ce sens mais je n'ai rien trouvé permettant de projeter de telles images à l’intérieur de la maison. Et même si cette explication est rationnelle, qui comment et pourquoi user d'un tel projecteur au bout d'une semaine de phénomènes inexpliqués ?


Huitième Nuit :

C'est ma première nuit au second étage. Situé sur le côté ouest de la maison, cette chambre offre une vue sur le jardin. Elle n'a qu'un petit lit jumeau mais une baignoire-spa. Des clients ont fait état de la présence d'étranges tâches froides et ont déclaré sentir comme si quelqu’un était debout collé derrière eux. Évidemment, ils n'ont vu personne.


Ces tâches froides me font penser au sang que j'ai vu l'autre nuit. Est-ce du sang que ces témoins ont vu ? Si oui, pourquoi ne pas l'avoir précisé ? Si ce n'était que de l'eau, cela pourrait venir d'un défaut dans la plomberie. Et pour ce qui est de cette « présence », cela peut n'être qu'un phénomène psychologique, conséquence de toutes ces rumeurs qui entourent la maison. Finalement, pour cette nuit, je m'attends à ne rien observer du tout. Mais je procède tout de même à mes relevés habituels. Comme d'habitude, tout est normal.


Il va falloir me croire sur parole car la caméra ne s'est pas déclenchée. Erreur de manipulation ? Sabotage ? En vérité, je n'en sais rien. Je suis sûr de l'avoir programmée correctement. Bref... Cela a commencé un peu après minuit. J'ai entendu du bruit. Cela semblait venir du couloir. J'ai ouvert la porte de la chambre et j'ai constaté qu'une porte grinçait. En fait, elle était agitée par un courant d'air. Je cherchais une fenêtre ouverte, en vain ! Elles étaient toute fermées. Pourtant, je sentais ce courant d'air. Je le sentais sur ma peau mais aussi avec mon nez ! Comme l'autre nuit, et comme d'autres témoins, je sentais une étrange odeur de sueur et d'acier. Je retournais donc en toute hâte dans « ma » chambre. Là, j'ai vu ces traces sur le mur, des traces de sang ! La température avait chuté de quelques degrés et le sang, au toucher, était glacial !

Et, comme les autres, j'ai senti cette présence derrière moi, tout contre moi. Et j'ai senti une « pression » au niveau de mon cou. C'était comme si on m'avait plaqué une lame de couteau sur la gorge. Je n'osais plus bouger. Ça a duré plusieurs minutes. Je suis resté immobile, à fixer les traces de sang sur le mur. Puis elles ont disparu d'un seul coup, comme cette sensation contre moi. Là, j’avoue, j'ai eu très peur...


Neuvième Nuit :

J'ai franchement hésité à revenir, je le confesse. Mais j'ai dormi quelques heures, bu pas mal de café. J'ai réfléchi. J'ai comparé mes notes et mes relevés. Et la curiosité l'a emporté. Cette nuit, je me suis donc installé au second dans cette chambre dont on dit que le lit a tendance à s'élever dans les airs pour secouer les clients et les jeter au sol. Si ce n'est que ça...


Ce soir, j'installe ma caméra au ras du sol. Je veux savoir s'il y a un mécanisme quelconque qui pourrait être à l'origine du phénomène. Après tout, il y a peut-être aussi, quelque part, un projecteur holographique et du matériel audio pour me jouer un sale tour. Ce serait beaucoup de moyens déployés pour pas grand chose et est-ce que cela suffirait à expliquer l'ensemble des phénomènes rapportés depuis toutes ces années. Et au fur et à mesure que j'écris, je me rend compte que penser ainsi n'est peut-être pas si rationnel que ça. Des fois, à trop vouloir évacuer ou expliquer l'inexplicable, n'en arrive-t-on pas à élaborer des théories encore plus irrationnelles justement ?


Pas de café ! Je me suis dit que cela me ferait du bien. Au contraire même, j'ai fait un peu d'exercice avant de me coucher... avec un bon livre. Je crois que j'ai besoin de repos, d'une vraie bonne nuit faite d'un vrai sommeil réparateur. Si je dois être réveillé, je le serais ! Et puis, mes appareils sont en place. Je verrais bien... Quelque chose me dit que je ne serais plus l'objet de quelque chose d'aussi effrayant que l'autre nuit. J'ai l'impression que le pire est passé.


Incroyable ! Vous le verrez en cliquant sur le lien vers la vidéo, le lit a bougé ! Mais cela ne m'a pas réveillé. Je ne me suis rendu compte de rien. Pourtant, au matin, j'ai bien vu que le lit était un peu « décalé » par rapport à la table de chevet. J'ai vu, et filmé, les marques au sol, là où le lit était retombé lourdement. Et, bien sûr, j'ai vu la vidéo. Je ne m'explique pas ça ! Je ne comprends pas. Et quand j'ai regardé, aucun pic électromagnétique ou radiophonique. Rien ! C'est comme si ce phénomène n'avait eu lieu que dans la vidéo... avec quand même ces marques sur le plancher.

Là encore, une explication « rationnelle » consisterait à penser que plusieurs personnes sont venues dans la nuit et ont mis tout ça en scène. Non mais sérieusement ! Une telle explication ne tient pas plus la route que celle du lit qui s'élève tout seul dans l'air ! Je ne comprends pas comment ce lit a bouger, ni pourquoi cela ne m'a pas réveillé !


Je rêve ! C'est un rêve !


Dixième Nuit :

Située au deuxième étage, cette chambre dispose d’une vue sur le front de mer, d'un lit king size, et d'un bain privé avec baignoire spa. Il est dit qu’un membre de la famille Addy a eu un terrible accident sur le toit et qu'on peut entendre ses pas pendant des heures...


Je ne m'attends pas à grand chose cette nuit. En vérité, je devrais passer la nuit sur le toit. Aussi, j'ai installé la caméra sur le toit, juste au-dessus de la chambre. Par contre, j'ai gardé le dictaphone avec moi. J'ai procédé à des relevés électromagnétiques à divers endroit de la chambre mais aussi sur le toit car ce phénomène ne se limite peut-être pas à cette seule pièce. En fait, et c'est ce que je voudrais déterminer, s'agit-il d'un phénomène propre à la chambre ou propre au toit mais dont les locataires de la chambre ont pu être témoin ? Que devrais-je conclure si, par exemple, j'entendais ces pas mais que la caméra n'enregistrait rien ? Et si ce devait être l'inverse ?


Au matin, c'était vraiment bizarre. Pour ne rien vous cacher, j'ai rêvé de cet accident. Je n'ai pas rêvé que j'étais victime d'un accident similaire mais que j'étais un peu le témoin omniscient de cet accident qui a coûté la vie à un autre. Bon, rien de vraiment surnaturel là-dedans. Toutefois, le dictaphone n'a rien enregistré. Aucun bruit. La caméra, par contre, si elle n'a filmé aucune image, a tout de même enregistré des sons, des bruits de pas (que je n'ai pas entendu et qui n'ont pas été enregistrés par le dictaphone). J'ai alors soumis les deux enregistrements au détecteur d'ondes radiophoniques et j'ai constaté des altérations aux mêmes moments. Il s'est donc bien passé quelque chose. Toutefois, j'aurais voulu savoir à quelle heure de la nuit j'ai fait cet étrange rêve. Était-ce à la même heure que celle où la caméra s'est déclenchée ? Y a-t-il un lien entre mon rêve et ces altérations dans les ondes radiophoniques ? Ce n'est même pas une hypothèse mais... est-il possible que mon rêve ait déclenché le phénomène et la caméra sur le toit ? Je le répète, hein... Ce n'est PAS une hypothèse... Ce n'est même pas une idée en l'air.


Onzième Nuit :

Situé au second étage sur le côté nord de la maison, cette chambre simple offre une vue sur l’océan. Elle a accueilli autrefois un ancien bricoleur. On dit que, parfois, cet homme à tout faire revient ici pour se reposer. Des clients déclarent l'avoir vu assis sur le lit.


Avant de passer la nuit dans cette chambre, j'ai fait quelques recherches sur cet homme à tout faire. Il s'agissait d'un certain Sodek Nofink, un émigré polonais. L'homme était apparemment sans histoire jusqu'à ce que son nom apparaisse dans une affaire sordide d'enlèvement d'enfant. Il ne fut pas directement impliqué mais il fut entendu en raison de ces liens avec les ravisseurs. Ces derniers appartenaient à un groupe qu'on peut vraiment qualifier de sectaire, voire de carrément occulte. Ils étaient menés par un homme qui se faisait appeler Alone Guru et œuvraient au nom d'une divinité qu'ils appelaient Ojiakw-A'nihlea'. L'article que j'ai trouvé n'est pas très clair sur tout ça. L'enfant a été sauvé mais le journaliste fait tout de même état de graves traumatismes. Par contre, il ne dit rien concernant le sort que la justice a réservé à Alone Guru et ses complices. J'espère vraiment ne pas voir ce type...

Je l'ai vu ! Je lui ai parlé. J'ai parlé à Sodek Nofink ! Évidemment, la caméra et le dictaphone n'ont pas fonctionné mais... Sodek Nofink m'avait prévenu que cela ne marcherait puisque, comme il me l'a dit « C'est un rêve... »

J'ai vu Sodek Nofink. Je lui ai posé des questions sur cette affaire et il m'a répondu. Il a un fort accent polonais et il ne parle pas très bien anglais. Mais j'ai compris que sans vraiment y appartenir, il était proche du groupe d'Alone Guru. Il savait des choses. Il n'agissait pas avec eux mais il savait. Non pas qu'il soit toujours au courant de leur plan mais il connaissait l'existence d'Ojiakw-A'nihlea'. Il savait que ce dieu vivait dans un royaume onirique. Il m'expliqua comment le royaume de ce dieu grandissait en faisant la conquête des rêves des autres, de ses victimes. Et il m'expliqua aussi comment cette conquête se traduisait par la folie chez celui ou celle qui avait perdu ses rêves. Oui, il savait mais... il ne voulait pas s'en mêler. Il ne voulait pas trop s'en mêler car il ne voulait pas qu'Alone Guru ne lui vole ses rêves et sa raison pour l'offrir à Ojiakw-A'nihlea'.

Et Sodek Nofink se mit à pleurer...


Douzième Nuit :

Situé au premier étage, et de la maison à côté

vue sur l’océan et le jardin, cette chambre dispose d'une vue sur l'océan et d'une vieille télévision.

Apparemment la moins active « paranormalement », cette chambre n'a fait l'objet que de six rapports concernant des phénomènes surnaturels. Les témoins rapportent avoir trouvé de l'« ectoplasme » couvrant le miroir de salle de bains.


Je suis très curieux de voir ce qui va se passer cette nuit. Après ma « conversation » avec Sodek Nofink, j'ai fait quelques recherches au sujet du culte d'Ojiakw-A'nihlea'. Il s'agit d'une divinité mineure que l'on classe généralement parmi les « dieux extérieurs ». Comme l'a évoqué Nofink, ce dieu est lié à la notion de rêve. Il, ou elle, régnerait sur un royaume onirique qui ne cesserait de s'étendre grâce à la conquête d'autres royaumes oniriques, soit les rêves de ses victimes. Celles et ceux qui lui vouent un culte, comme cela aurait été le cas pour Alone Guru et ses disciples, seraient donc initiés à certaines formes de rêves « actifs » ou « contrôlés ». Grâce à ces « techniques », ils pourraient violer les rêves d'autrui et les offrir en pâture à Ojiakw-A'nihlea'. Mais, privée de ses rêves, il semblerait que la victime sombre ensuite dans la folie.

Ojiakw-A'nihlea' est avant toute chose une créature ou un concept de nature onirique. Toutefois j'ai trouvé quelques évocations de ce « dieu » sur le plan matériel. Il est question d'une créature protéiformes constituée d'une sorte de masse plus ou moins liquide ou graisseuse. Après avoir lu les notes concernant cette chambre, je me demande si cette matière semi-liquide ne serait pas justement de nature ectoplasmique.


Comme d'habitude, j'ai installé ma caméra et le dictaphone. J'ai procédé à des relevés électromagnétiques et radiophoniques. Tout est normal.


Je me suis réveillé ce matin avec une sensation étrange. Je suis convaincu d'avoir rêvé mais je ne me rappelle de rien. Je sais que j'ai rêvé car nous rêvons tous, quand bien même nous ne nous en souvenons pas. C'est une activité normale du cerveau durant le sommeil. Toutefois, là, j'ai le sentiment que j'aurais dû m'en souvenir mais qu'on m'a « privé » de ce souvenir. En réalité, mo nrêve de cette nuit est un peu comme, vous savez, quand on a un mot sur le bout de la langue. On le connaît mais... ça ne veut pas sortir. Alors, peut-être que comme ce mot sur le bout de la langue, mon rêve me reviendra plus tard.

Pour ce qui est du miroir, j'ai effectivement constaté la présence d'une fine pellicule graisseuse. De l'ectoplasme ? Il faudrait pouvoir procéder à des analyses chimiques. Mes instruments de mesures ne montrent rien d'anormal. Quand j'ai visionné l'enregistrement, rien sur la vidéo ne m'a paru suspect. Cette pellicule est translucide. Aussi, je n'ai pas pu voir sur le film à quel moment elle était apparue. J'ai voulu en garder un échantillon. Mais, d'une part, je n'avais aucun récipient étanche qui aurait pu garantir la « pureté » de l'échantillon en vue d'une analyse plus poussée. Et d'autre part, cette « graisse » a finalement fondu dans le courant de la matinée.


Là encore, il ne s'agit que d'une hypothèse mais... et si l'ensemble des phénomènes dont les clients de ce bed & breakfast ont été les témoins au fil des ans étaient liés à ce dieu, à Ojiakw-A'nihlea' ?


Treizième Nuit :

Cette chambre, portant le numéro 13, se trouve... au rez-de-chaussé. Personne n'a pu me donner la moindre explication par rapport à ça. Elle n'offre pas une vue exceptionnelle sur l'océan. Le lit est double mais pas « king-size ». La salle de bain se résume à un tout petit placard avec un lavabo à l'intérieur. Il a été rapporté qu’après avoir passé une nuit dans cette chambre, les clients se sentaient faibles ou « drainé », comme si on les avait vidée de leur force vitale.

Et si j'avais gardé le meilleur pour la fin ?


Avant même de procéder à un quelconque relevé, je sens quelque chose de bizarre dans cette chambre. Plus j'installais mon matériel, plus j'étais fébrile. Pourtant, je n'avais pas encore bu une seule goutte du café que j'avais préparé. Tout était prêt. La caméra et le dictaphone étaient en place, prêts à se déclencher au moindre phénomène étrange. J'avais fait le tour de la pièce avec mes détecteurs. J'avais passé de longues minutes à observer le miroir dans la micro-salle de bain, en quête d'une trace d'ectoplasme ou même d'un écoulement de sable. J'ai même passé de longues minutes à scruter mon propre reflet dans la glace, à la recherche de... je ne sais quoi.

Puis, j'ai senti une présence. C'était comme dans l'autre chambre, celle où j'avais senti un couteau sur ma gorge. Là, pas de couteau mais je sentais une présence. J'ai pensé à Sodek Nofink. Je l'ai appelé par son nom mais personne n'a répondu. La diode sur la caméra indiquait qu'elle ne s'était pas déclenchée. Pourtant, la Ghost Box montrait d'étranges variations au niveau des ondes radiophoniques. Le thermomètre infrarouge affichait lui aussi des chiffres étrangement hauts.


En vérité, il ne s'est rien passé d'autre cette nuit-là. En vérité, j'ai aussitôt rangé tout mon matériel, aussi calmement que possible, et j'ai quitté les lieux. En vérité, je me suis enfui ! J'avoue, je me suis enfui. J'ai essayé, j'ai réussi à ne pas m'enfuir en courant et en hurlant. J'ai réussi à conserver une certaine contenance mais... cela a été très dur. Je ne sais pas pourquoi.


Après cette treizième nuit à Addy House, je n'ai pas d'explication à donner concernant ces phénomènes. Juste des hypothèses. Je ne peux que confirmer qu'il se passe bien des choses la nuit dans cet ancien bed & breakfast.

Alors, est-ce que, comme je continue de le penser, il ne s'agit que d'un phénomène unique mais « protéiforme », qui s'« adapte » à ses victimes ? Mais, si ce n'est pas le cas, est-ce que la maison serait une sorte d'« aimant » à phénomènes ? Cette maison a-t-elle servi de lieu de culte aux serviteurs d'Ojiakw-A'nihlea' ? Malgré les relevés, les preuves « matérielles », est-ce que tout cela n'est pas qu'un rêve ?


Je ne sais pas quoi penser de tout cela. Je crois que j'ai besoin de vacances. Je crois que je vais mettre un peu de « distance » entre moi et... toutes ces affaires paranormales. Je reviendrai mais... pas tout de suite.

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