INTO THE FOG
Je m'appelle Demian Hesse.
Je suis Poulpe Nova
Je suis un être humain, moi !
Alors, non ! Moi, je ne suis pas un être humain. Je suis une machine à écrire !
Mais je pense, je parle, j'écris... et je me déplace grâce à mes 4 paires de tentacules.
Je fais parti de celles et ceux qui suivent les vidéos d'Alone Guru.
Je suis plutôt bien renseigné sur ce qui se passe réellement « sous » la Zona.
Je sais qu'il existe un royaume des Cafards géants et que ceux-ci viennent parfois nous rendre visite.
Je suis fou ! Pas parce que je crois en l'existence des Cafards mais parce que mon animal familier, celui qui se tortille au bout de la laisse, n'est pas un chien, ni un chat, ni même une baleine à bosse.
Mon animal familier, à moi, c'est une machine à écrire ! Et elle se dandine sur ses tentacules.
Demian Hesse hait les Cafards. Il ne sait pas que j'en suis un.
Mais je suis un Cafard « raté ».
Ce sont des pattes, des ailes et des élytres que je devrais avoir, pas ces tentacules.
Demian dit qu'il est fou. Peut-être que je le suis aussi car... au lieu de profiter d'être rejeté par les miens pour fuir le Tas de merde, je n'aspire en réalité qu'à une seule chose...
...devenir un vrai Cafard géant dénué de toute volonté au service de mon Maître.



C'est l'heure de la ballade. Demian sort Poulpe Nova et lui fait faire un tour. Par chance, il habite pas très loin de ce grand parc boisé. Un peu de verdure à Mertvecgorod, ça change, ça fait bizarre, c'est agréable.
Demian est un peu excité car, sur le net, il a vu des vidéos prises pas très loin. Elles montraient ce type, le « bat-samouraï », une espèce de barjo avec un katana. Il voudrait le voir, le filmer aussi... et balancer la vidéo sur Rutube... et devenir célèbre, au moins une heure ou deux.
Ce soir, le brouillard est un peu plus dense que d'habitude et ça ne sent pas très bon. Ça sent un peu le pourri. Mais ça arrive parfois. Même si la Zona n'est pas toute proche, ça pue tellement là-bas que, pour peu que le vent s'en mêle, ça vient jusqu'ici.
Poulpe Nova pense qu'effectivement Demian est fou. Car il faut vraiment être fou pour se balader dans ce parc alors que la nuit est tombée. Ce bois est grand et il s'y passe plein de trucs pas nets. Un jour, Demian sera au mauvais endroit au mauvais moment et...
… et surtout, ça aussi, Demian ne peut pas le savoir, ce bois est maudit ! Poulpe Nova le sait car, malgré ses tentacules, il (ou elle?) est un Cafard. Et comme, en plus, il est doué de conscience, il sent bien l'« influence ». Il flotte quelque chose de pourri dans l'air depuis quelque temps et, quoi qu'en dise Demian, ça ne vient pas de la Zona. Ça vient de beaucoup plus loin et c'est beaucoup plus dangereux...

Innocemment, Demian s'enfonce dans le parc. Il tourne et vire et au bout d'un moment, estimant que Poulpe Nova aurait eu le temps de faire ses besoins si il (ou elle?) avait eu des besoins à faire, il va pour s'en retourner vers le boulevard mais...
Merde ! Il est où le chemin ?
C'est dingue ! Demian regarde tout autour de lui et... plus de petit chemin ! En plus, on dirait que les arbres ont grandi et sont devenus plus... sombres. Est-ce à cause de la nuit et de la faible luminosité ou même du brouillard qui s'est épaissi mais... les arbres semblent luire, comme recouvert par un truc un peu dégueulasse, comme du moisi.
Poulpe Nova se met à frémir, à se trémousser. Il (ou elle?) est stressé (ou stressée?). Pas bien du tout. Poulpe Nova comprend d'où vient son malaise et comprend ce qui déconne depuis quelque temps dans ces bois. Ce parc est devenu... une sorte de mini-Millevaux ! C'est l'influence de la Chèvre Noire qui se fait sentir ici. C'est la pourriture de Shub-Niggurath qui sent comme ça, pas les merdes de la Zona qui seraient charriées par le vent.

Le brouillard envahit tout. On ne voit pas à 2 mètres. Soudain, un bruit d'eau. Pas un doux écoulement. Ce sont plutôt comme des trombes, une cascade. Au ras du sol, Poulpe Nova est se retrouve avec les tentacules dans l'eau et le niveau monte vite, très vite ! Poulpe Nova pousse un couinement qui s'achève en un pathétique cliquetis de touches. Demian tire sur la laisse et prend sa machine dans ses bras. Il court vers un arbre et grimpe sur la première branche alors que le niveau de l'eau monte.
Et comme l'eau ne cesse de monter, Demian, Poulpe Nova sous le bras, grimpe encore. Mais l'eau le rattrape. Il grimpe toujours et se dit qu'il est vraiment complètement dingue car un tel truc est juste impossible. C'est impossible, déjà, qu'un tel brouillard envahisse le parc et c'est encore plus impossible qu'un tsunami... Nan mais c'est vrai quoi ! Ils en auraient parlé à la télé, ou sur Rutube !
Demian a un éclair de génie (enfin, c'est ce qu'il croit). Il se stabilise comme il peut contre le tronc et fouille dans sa poche à la recherche de son smartphone. Il va filmer tout ça et le balancer sur Rutube !
Sauf que, le téléphone dans une main, Poulpe Nova dans l'autre et le niveau de l'eau qui continue de monter, Demian va bientôt se casser la gueule s'il ne se raccroche pas aux branches. Alors, parce qu'il (ou elle ?) l'aime bien et qu'il faut bien que ses tentacules servent à quelque chose, Poulpe Nova se jette à l'eau, espérant survivre. Ayant une main de libre, Demian se saisit d'une branche et, dans un même plan, filme le sacrifice de sa machine à écrire et la montée des eaux !
Demian coupera cette scène au montage, la scène où il repêche Poulpe Nova. La machine à écrire ne l'avait pas vu mais... avant de chercher à s'emparer de son smartphone, Demian avait enroulé la laisse autour de sa cheville. Aussi, Poulpe Nova n'a pas coulé très profondément. Son sacrifice perd un peu de son héroïsme mais on s'en fout car on ne verra rien de son repêchage sur Rutube.

Et tout deux continuent leur ascension. L'eau continue de monter, de les poursuivre, de les pousser toujours plus haut. Et le brouillard est toujours aussi épais.
Et plus ils se rapprochent, plus un autre son se fait entendre. Une mélodie jouée à la flûte... Enfin, une mélodie, c'est un bien grand mot. C'est complètement dissonant et il faudrait être un grand malade pour trouver cette suite de sons mélodieuse. Mais l'homme est bien là haut, tout en haut de l'arbre. Comment tient-il en équilibre d'ailleurs ?
Demian, bien que l'eau monte toujours, s'arrête et observe. C'est dingue mais plus rien ne l'étonne, le brouillard sort de la flûte ! Pour Demian, la solution est toute trouvée. Si ce type arrête de jouer, le brouillard s'en ira et, il l'espère, la flotte aussi. Ils se regardent avec Poulpe Nova et ils ont une idée.
Demian range son smatphone. Ça lui fend le cœur car ça aurait fait de superbes images. Il s'agrippe au tronc d'un bras et, de l'autre, commence à faire des moulinets de plus en plus larges et rapides. Au bout de la laisse, Poulpe Nova commence à avoir le tournis, pour ne pas dire la gerbe. Mais la machine à écrire se retient de lâcher une flaque d'encre trop tôt. Au bout d'un moment, Demian dirige son bras vers le flûtiste et, d'un tentacule agile, Poulpe Nova se saisit de l'instrument tout en lâchant, enfin, une gerbe d'encre en plein dans les yeux du pseudo-musicien !
Le flûtiste et Poulpe Nova basculent dans le vide mais, toujours tenu (ou tenue?) en laisse, Poulpe Nova se retrouve bien vite dans les bras de Demian.

Demian et Poulpe Nova ont attendu que le brouillard se dissipe totalement puis, ayant constaté qu'il n'y avait plus d'eau, ils sont descendus de l'arbre. Rentré chez lui, Demian a fondu en larmes en constatant qu'il n'y avait rien du tout dans le fichier vidéo de son smartphone.
Poulpe Nova a le cœur brisé en voyant. Alors, il (ou elle?) grimpe sur les genoux de Demian et le réconforte autant que possible en lui qu'il ne doit pas oublier qu'il est complètement dingue et qu'il y a de grandes chances que rien de tout cela ne soit arrivé pour de vrai.

Ah ouais, et cette flûte alors ?!, répond Demian en brandissant l'instrument.

Et alors, il se demande ce qu'il se passerait s'il se mettait à en jouer...


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