COLD WAR NAVY/COLD CITY
Je reconnais cet endroit
alors que je n'y ai jamais mis les pieds. C'est la Cité Bleue. La
première fois que j'en ai entendu parler, je crois que c'était sur
Rutube, dans une vidéo d'un gars qui se fait appeler Alone Guru. Son
truc à lui, c'est de dire que la Zona est le territoire d'une bande
de Cafards géants. Soit... Mais je crois bien que c'est lui aussi
qui a parlé de la Cité Bleue.
Je sais où je suis mais
je ne sais pas qui je suis ni comment je suis arrivé là. Tout ce
que je sais c'est que les réponses à ces questions – MES
questions – doivent se trouver dans cet album photos que je tiens.
J'ouvre et dès la première page il y a quelque chose qui ne me
plaît pas.
Deux phrases :
« Remplir les cadres
photo vides. Écrire des notes dans les espaces intermédiaires. »
Je tourne la page et
tombe sur la photo d'un marin. Une vieille photo d'un jeune marin,
américain si j'en crois son uniforme et le commentaire, en anglais,
indiquant que le jeune homme aurait environ 20 ans. Est-ce que c'est
moi ? Je n'ai plus 20 ans pourtant...
Sur la page suivante,
trois photos de ce jeune homme, tantôt seul, tantôt avec un ami ou
un collègue. Si c'est bien moi, j'ai voyagé : l'Australie, le
Japon, Hong-Kong. On dirait que j'ai vu du pays. Si c'est bien moi...
d'après l'un des
commentaires, ces photos datent de 1958. et ça me rappelle Berlin.
Mais pas n'importe quel Berlin. Je ne sais as d'où me vient ce
souvenir (?) mais à l'époque, entre initié, on l'appelait la
« Cold City ». Et je me demande si j'ai intégré la RPA
avant ou après 1958. vu l'âge que j'ai l'air d'avoir, je suis tenté
de sire après. J'aurais donc été marin puis j'aurais intégré la
RPA. Pourquoi ? La RPA a été crée juste après la Guerre pour
nettoyer Berlin des horreurs innommables que les nazis ont eu le bon
goût de laisser derrière eux. Il y en aurait encore eu toutes ces
années après ? Ou alors, la RPA aurait changé de mission ?
Je note ces réflexions à côté des photos mais surtout sous celle
qui représente l'intérieur d'un bâtiment en ruine. La photo, comme
les autres, est en noir et blanc. Sauf la porte : elle est
jaune. Et dessus est peint un bonhomme à la chevelure hirsute. De
loin, on dirait un soleil, sauf qu'il est bleu !
Qu'y a-t-il derrière la
porte jaune ?
Ce bonhomme évoque-t-il
vraiment un soleil ou plutôt... une fleur ? Le Lotus des
Profondeurs. Cette fleur dont personne ne connaît la forme ni
l'odeur. Tout ce qu'on sait, c'est que cette fleur ouvre les portes
de... la Cité Bleue.
Porte jaune, Opium
Jaune, fleur bleue, Cité Bleue.
Comment puis-je
connaître l'existence du Lotus des Profondeurs et de l'Opium Jaune.
S'agit-il de connaissances acquises quand je travaillais à la RPA ?
Et je me rappelle que pour être recruté à la RPA, il faut avoir
été le témoin de... quelque chose. Et moi, j'ai été témoin de
quoi ? Est-ce que c'est ça que je vais trouver au fil des pages
de cet album ?
Les photos de la pages
suivantes sont plus anciennes, 1949, 1951. Si c'est bien moi, j'y
apparais tantôt en costume de marin, tantôt en civil avec des
proches, des membres de ma famille (?). Mais surtout, il y a cette
photo datée de 1949 et qui aurait été prise à Washington. Elle
montre l'intérieur d'un bâtiment à l'abandon, en ruine. Au
« fond » de la photo, une fenêtre s'ouvre sur
l'extérieur. On ne voit rien à part une éblouissante lumière
blanche. Et je pense à Roswell... en 1951 ! Et je note, en tout
petit sous la photo que, peut-être, d'autres visiteurs sont venus
avant 1951.
et sous cette photo, il
y en a une plus petite. C'est un gros sur une fleur, en noir et
blanc. Ses pétales sont recouvertes de rosées et au milieu... on
dirait une gueule prête à vous happer. Est-ce le Lotus des
Profondeurs ?
Les photos de la page
suivantes ont été prise lors d'une mission en Australie. Peu à
peu, les pièces d'un puzzles apparaissent et s'assemblent. Je
rassemble, sinon des souvenirs, des connaissances acquises, je crois,
au fil de mes voyages et de mes missions au sein de la RPA. Et je me
demande si ces missions au sein de la Navy n'étaient pas, en
réalité, des couvertures pour d'autres dans le cadre de la RPA. Au
début, l'activité de la RPA se limitait à Berlin mais au fil des
années...
l'Australie, la terre
des Aborigènes, ceux-là même dont on dit, dont on sait, qu'ils
savent aller et venir dans le Rêve. Hong-Kong, l'Asie du Sud-Est,
terre promise des fumeurs d'opium... et d'Opium Jaune ? Les
nazis, peu le savent mais on le sait, on ouvert bien des portes vers
des « Ailleurs ». Et s'ils ont presque réussi à faire
de notre un cauchemar, ils ont aussi fracturé les portes du Rêves.
Est-ce que ma mission était liée à cela, au Rêve ?
Sur la page suivante,
d'autres photos montrent le quotidien de la vie à bord. L'une
d'entre elles a été prise à Manille et je me demande si je ne
devrais pas revisiter tous ces endroits. Mais une photo a été prise
à Chicago. Le ciel, empli de nuages. Et au fond, un oiseau, un
aigle ? Et je pense à... Eagle Stokes ! Ça sonne comme un
nom indien. Est-ce que je connais un indien, un chaman ? Merde !
Eux aussi savent Rêver !
Je ne sais pas en quelle
année je suis. Je sais juste que, là, maintenant, je suis dans la
Cité Bleue. Je sais que pendant les années 1950 j'ai sillonné les
mers dans la cadre de la Navy mais... en réalité, je travaillais
pour la RPA. La Reserve Police Agency, fondée à l'origine pour
débarasser les ruines de Berlin des horreurs issues des expériences
occultes menées par les nazis. Mais par la suite, la mission de la
RPA s'est poursuivie. Et c'est là que j'entre en scène. Ma mission
concernait le Rêve. Est-ce dans le cadre de cette mission que je me
retrouve ici ? J'ai encore du mal à tout comprendre...
Les photos de la page
suivantes font penser à une bande d'amis partant en vacances en
voitures. Je dors, à l'arrière sur l'une d'elle. Je dors... je
Rêve ! Sur une autre, je suis en tenue civile et je semble
revenir bien chargée d'une partie de pêche. C'est un code. Les
choses ne sont pas ce qu'elles semblent être. Les poissons ont des
reflets argentés. La lumière court sur leurs écailles. Cette
photo, c'est un message adressé à moi-même par... moi et mes amis.
Ou plutôt, mes collègues. Nous ne sommes pas en vacances. Nous
sommes en mission. Et « la » photo, celle qui est
différente des autres, montre un cours d'eau, en pleine forêt. La
forêt, je la connais. C'est Millevaux ! Qu'avons-nous pêché
là-bas ? Qu'avez-nous ramené ?
J'ai peur. J'ai peur de
comprendre. Est-ce que notre mission dans le Rêve nous a conduit
dans ce cauchemar qu'est Millevaux ? Et si c'est le cas,
qu'avons-nous rapporté avec nous dans l’Éveil ? Je regarde
les dates sous les photos de la pages suivantes. C'est toujours moi,
un peu partant dans le monde, en civil ou en tenue de marin, parfois
en charmante compagnie. Des créatures... de rêve ! Et
l'océan ! Et les dates ! Toutes ces photos sont datées
des années 1950, mais certaines sont de 59, d'autres de 56 et elles
ne sont pas dans l'ordre.
Et encore une photo de
forêt. Le soleil brille à travers une nappe d'un épais brouillard.
Il n'y a pas de commentaire sous la photo et c'est inutile car je
connais ce commentaire. Il dit : « In Darkness He Came ».
Ce commentaire invisible est signé d'un certain Olav. Olav's World.
Ça sonne comme un nom courant dans un pays de l'est de l'Europe.
Je sais que j'ai déjà
entre les mains tout ce qu'il me faut pour comprendre... pour avoir
peur. Pourtant, et peut-être justement parce que j'ai peur de
comprendre, je tourne encore une page de l'album photo.
Certaines photos
montrent des femmes vêtues à la mode des années 50. L'une d'elle a
été prise au Japon. Sur une autre, j'ai l'impression que la femme
porte des vêtements plutôt espagnols. Elle me fait penser à une
sorcière.
Mais une des photos me
stupéfie ! Une contre-plongé de la façade d'un building. Je
connais cet immeuble. Je reconnais cette façade. C'est
l'Ul'tramarin, à Mertvecgorod ! Et une autre photo montre un
crane humain recouvert de terre, en pleine forêt, avec un marteau,
juste à côté !
Je referme l'album. Je
crois, je crains d'avoir compris. Dans les années 50, la RPA nous
envoyé en mission à travers le monde. Cela concernait le Rêve.
Nous avons rencontré des chamanes, des sorcières, des Rêveurs.
Nous avons sillonné les mers à la recherche de la Cité de Celui
qui Attend en Rêvant. Je ne sais pas pour mes collègues mais moi,
en tout cas, j'ai rêvé... de Millevaux ! Et qu'ai-je ramené
de là-bas ? De Millevaux, on ne peut revenir que fracassé,
« marteau »... et porteur de sa pourriture.
Le temps s'écoule dans
le désordre, comme dans un rêve. J'ai donc fini à Mertvecgorod et
maintenant... la Cité Bleue. Bleue, comme la façade de
l'Ul'tramarin...
Je suis porteur d'une
pourriture. Je dois m'en purger et en purger le monde. C'est dans la
Cité Bleue que ça va se passer. Puis, à mon retour, ce sera à
Mertevcgorod... où ailleurs dans le Rêve.
Je sais qui je suis.
Je suis le Morning Man.
XxXxX
Je sais qui je suis. Sur
le Net, je me fais appeler Eagle Stokes.
Je sais où je suis. La
Cité Bleue.
Par contre, je ne sais
absolument pas comment j'ai atterri ici. La dernière chose dont je
me rappelle, c'est cette vidéo sur Rutube. Un gars, Alone Guru,
disait qu'il se passait des trucs bizarres dans la Zona, avec des
Cafards géants. J'ai dû m'endormir... et rêver. Et je dois rêver
encore.
À part mes fringues, je
n'ai rien sur moi. Sauf ces deux albums photos. Je les pose part
terre et les ouvre en même temps sur deux pages au hasard. Sur
l'une, des photos en noir et blanc montre un car rempli de marins des
paysages de front de mer, genre île de rêve. Il y a une photo d'un
pont aussi, un peu comme celui de San Francisco. Mais surtout, il y a
une photo qui montre un soleil éblouissant malgré les nuages. Et on
voit aussi les ombres de chevaux. Et je pense aux chevaux des indiens
qui galopent dans le rêve, je pense au pale horse et à la mort. Et
une autre photo est prise de l'intérieur d'une caverne où coule un
filet d'eau. Au loin, pas si loin que ça, la sortie, la lumière...
la mort ?
Je me détourne et
regarde lautre album. Trois photos prises d'un bateau. Au loin, je
vois une ville, genre ville américaine (San Francisco ?). Je
sens quelque chose qui pulse en moi. Ce n'est pas (que) le début
d'une migraine. Ça pulse partout dans mon corps. C'est un message.
Du morse !
« Poupée...
Ravi... Lucy... Moyenne »
Qu'est-ce que ça veut
dire ? Est-ce que ça veut seulement dire quelque chose ?
N'ayant aucune idée du sens de ces mots, je me demande si ce n'est
pas cette absence de sens qui est le message, justement. Et quel est
ce langage qui n'a aucun sens pour nous, les humains, si ce n'est le
Langage des Oiseaux ? Le langage surréaliste...
Je tente de me défaire
de cette impulsion à trouver du sens à ces quatre mots, à trouver
un lien entre eux. Il y a un lien, mais il n'est pas là. Je connais
– et je ne sais pas d'où je tiens cette connaissance – trois
langues « bizarre ». La Langue des Oiseaux et la langue
de l'air, la Langue Putride est la langue de la terre et la Langue
des Profondeurs est la langue des océans.
Alors, ce serait ça le
message ? Quelqu'un parlant la Langue des Oiseaux tenterait de
me dire de me méfier de ce qu'il y a au fond de l'océan ?
Sur la page suivante, il
y a des photos d'un jeu d'échec géant, dont les pièces sont de
taille humaine. Sur deux d'entre elles, au premier plan, on voit le
cavalier... et je repense aux chevaux, au pale horse, à la mort. Et
j'ai l'impression que c'est pour...demain, à l'heure du souper !
Et j'ai soudain l'image
d'un gigantesque moteur !
Je change d'album !
Toujours ces vieilles
photos de marins, de front de mer idyllique mais aussi d'océan
bouillonnant. Et surtout... Merde ! Une vue plongeante sur un
train, une multitude de voies. Un échangeur. Je reconnais ce coin.
J'ai un pote qui habite dans ce rajon ! Comment ça se fait
qu'il y a des photos de Mertevcgorod aujourd'hui au milieu de ces
vieilles photos datant des années 50 ?
Les marins, la façade
de l'hôtel avec les palmiers. Ce ne sont pas des vacances. Il s'est
passé quelque chose et c'est en lien avec les... Profondeurs... et
Mertvecgorod et... moi ? Sur la page suivante, la première
photo montre un grand hall avec des tables en métal. Sur la
deuxième, une espèce de tentacule, comme une trompe d'éléphant,
sort de l'eau. La troisième est une vue plongeante sur un fleuve.
Sur les deux suivantes, il y a une foule sur un ponton au bord de
l'eau (mais qu'est-ce qu'il y a au fond de l'eau?) et la photo,
enfin, d'un homme en costume – pantalon noir, veste blanche). Non,
juste avant, il y a encore une photo... en noir et blanc... c'est une
forêt (le rajon 14?) et sur une croix en bois, on a planté un crane
humain ! Il se passe des trucs dans les bois du rajon 14. on a
retrouvé des corps. Des cadavres de femmes. Est-ce le crane d'une de
ses victimes. Est-ce une vision comme en ont d'autres types ?
Est-ce que je suis un des leurs ? J'espère que non !
Je crois que non mais je
crains que ce ne soit pire. Sur la page suivante suivante de l'autre
album, il y a deux photos d'un gros paquebot. Mais ce qui me
« gêne », c'est la première photo. Un énorme tunnel
avec plein de câbles, des rails. Et au premier plan, un homme en
costume blanc parle dans un micro. Est-ce le même type en costume
blanc que sur l'autre album ? Est-ce que tout ce foutoir se
trouve à l'intérieur du paquebot ? Est-ce qu'on a conduit ces
marins là ? En tout cas, je me dis que ceux qui ont monté tout
ça doivent avoir un sacré paquet de fric ! Est-ce qu'il s'agit
d'un gouvernement, d'une grosse entreprise ou juste d'un milliardaire
particulièrement atteint ? Le pire, c'est que ce serait bien
possible. Un type complètement barré voudrait se tenter un truc
plus ou moins légal... C'est sûr que s'il allonge le fric, les
dirigeants de la RIM vont juste se mettre à genoux, prendre le
pognon et fermer les yeux.
Mais ça ne me dit
toujours pas ce que je fous là, ni comment j'y suis arrivé... ni ce
que je suis sensé y faire car... si « on » (qui?) m'y a
envoyé, il doit bien y avoir une raison, non ?
Cette fois, ce sont
plutôt des photos de familles. Comme il y a toujours des photos de
ce marin, j'en déduis qu'il doit s'agir de sa famille. Et je réalise
que ce n'est pas la mienne. Ce ne sont pas des photos de « moi » !
Cet album est le mien. Son contenu me concerne. C'est une partie de
mon histoire, je le sais. Mais ce n'est pas moi ! On a fait
quelque chose à ces marins. À ce marin. Et ça me concerne. Est-ce
qu'on m'a fait la même chose ?
Et au milieu de ces
photos en noir et blanc, d'autres, en couleur, qui représentent la
forêt. Et je repense à tous ces cadavres qu'on a retrouvé dans le
rajon 14. et j'espère vraiment que je ne suis en train d'avoir une
de ces visions comme en ont ces barjos qui se rassemblaient et prier
pour les victimes.
Le flash ! Ces
types, ces « Blagoce », ils ont tous eu une vision d'une
victime. Certains ont eu un nom. Et moi ? Oh putain !!! Le
message en Langue des Oiseaux !
« Poupée...
Ravi... Lucy... Moyenne »
Lucy ! Est-ce qu'il
y a une Lucy parmi les victimes ? Poupée ? Celui ou ceux
qui tuent doivent certainement considérer leurs victimes comme
telles, comme des objets en tout cas. Ravi ? Ça ne veut pas
forcément heureux, ça veut aussi dire... enlever ! Moyenne ?
Là, je sèche ! Je ne sais pas pourquoi mais je pense à
« Moi-Hyène » et je me fais l'effet d'un charognard.
Peut-être parce qu'il faut être un charognard pour passer ses
journées devant Rutube à regarder des vidéos crado, à chercher
les histoires les plus dégueux. Pourquoi ? Pour s'en repaître ?
Se sentir... transgressif, différent... alors que tout le monde fait
la même chose.
Mais surtout, je me
demande si je ne suis pas ici pour faire quelque chose pour... Lucy ?
Si ici, dans la Cité
Bleue, je suis une Hyène, un charognard, peut-être que je peux
retrouver sa trace. Peut-être que Lucy est une de ces filles dont o
na pas encore retrouvé le corps. Je ne peux certainement pas la
sauver mais.. je peux peut-être, quand même, faire quelque chose.
Alors, est-ce qu'on ma fait quelque chose, comme à ce marin, pour
que je puisse faire quelque chose... pour Lucy ?
L'autre album, ce sont
encore des photos de villes prise d'un bateau. À voir
l'architecture, c'est une ville de l'ouest. Ce n'est pas la mer
d'Azov. Ce n'est pas la RIM. Mais moi, je suis né ici et je n'ai
jamais quitté Mertvecgorod. Alors, ce qu'on m'a fait, est-ce que
c'est la suite d'un truc qu'on a fait il y a longtemps à des gens,
des marins, à l'ouest ? Je me sens comme un cobaye mais aussi
comme le dépositaire de quelque chose, d'une sorte d'héritage. J'ai
l'impression d'être le dernier maillon d'une chaîne, de faire
partie de quelque chose. Mais de quoi ?
Sur cette photo, on voit
un bout du bateau. Ce n'est pas un paquebot comme sur ls autres
photos. C'est un trois-mats, comme un bateau de pirates ! Sangre
Flambos ! C'est un pirate. Je ne sais pas d'où ça me vient
mais j'en suis sûr. Il y a quelque part un type qui s'appelle comme
ça et c'est un pirate. Pourtant, je ne connais personne, même pas
sur les forums, avec un nom pareil, je l'aurais retenu ! Sangre
Flambos, ça ne s'invente pas.
Un trois-mats, au large,
des pirates... je suis coincé ici, j'ai la corde au cou !
Sur la page suivante, je
vois une ville recouverte d'une nappe de brouillard. Et, même si je
ne sais pas si c'est justifié, je pense au nuage de pollution qui
recouvre ma ville. Puis, il y a une photo d'un port. Ce n'est pas ma
ville mais ce n'est pas non plus un de ces endroits exotiques qu'a vu
le marin de l'autre album. Puis, et ça me fait un peu flipper, il y
a de nouveau ce jeu d'échec géant. Et cette fois, il n'y a pas que
le cavalier. Il y a plusieurs pions, le roi, la reine... mais que des
pièces noires. Et ça me fait un peu flipper. J'ai l'impression que
je devrais voir autre chose que ce que cette photo représente. J'ai
l'impression que derrière ces pièces se cache une véritable...
horreur !
Je change d'album. Des
photos de marins, toujours. Ils ne sont pas tous en uniforme mais, au
décor, je reconnais l'intérieur d'un navire de guerre. Et puis, il
y a LE marin. Et sur une photo, il est armé. Et c'est pas un petit
calibre. J'y connais rien an arme, je ne suis pas amateur de jeux
vidéos, mais c'est quand même un gros flingue, genre
pistolet-mitrailleur. Et il y a une photo d'une salle des machines
aussi. Tout est en ferraille. Il y a de grosses chaines qui pendent
et ça me fait flipper, ça aussi.
Mais ce qui me fait le
plus flipper, c'est cette photo. Ce doit l'intérieur d'une tour,
d'un château d'eau, je sais pas quoi ! Ça fait une spirale. Il
y a comme des marches d'escalier. Et au bout, tout au fond du tunnel,
la lumière, éblouissante. Et je repense à la pièce du jeu
d'échec. La cavalier noir, le pale horse, à la lumière du bout du
tunnel. Et je me demande si je suis mort...
Bon, la Cité Bleue n'a
clairement rien d'un paradis. Alors, suis-je en Enfer ou juste au
Purgatoire...
Je me lève, et je ne
suis pas seul. Nous sommes trois. Non pas qu'il y a deux autres
personnes à côté de moi. Nous sommes trois. Je suis... trois. Sauf
que la notion de « je » est soudain plus floue, à
géométrie variable... non euclidienne, comme dirait l'autre. Je
suis « Je » dans un « Nous » ?
Voilà, c'est ça. Ce
« Nous » n'est pas la simple somme de trois « Je ».
C'est plus que ça. C'est autre chose. C'est une... Cohésion !
Je suis une partie de cette Cohésion avec Iossif le le Morning Man
qui ont chacun un album photo. Et moi, j'en ai deux. Chaque album
raconte leur histoire. Moi, avec les deux, je suis un produit de leur
histoire et je raconte... la mienne ?
Nous sommes trois et on
nous a fait quelque chose. Ça commence dans les année 50 dans le
cadre d'une mission de la RPA à propos du Rêve. Ça concerne les
Anciens, ça concerne ce qui vit dans les Profondeurs de l'océan et
dans les Profondeurs de la forêt. Et ça se poursuit à
Mertvecgorod. L'expérience des années 50 a dû être abandonnée
(pourquoi?) puis quelqu'un – un individu ou un groupe – a relancé
la machine ici, à Mertevcgorod. On nous a refait ce truc à Iossif
et moi et maintenant nous nous retrouvons dans la Cité Bleue. Le
marin, le Morning Man, en sait plus que nous. Oui, on nous a fait
quelque chose. Mais il ne pense pas qu'on a transformé en quelque
chose. Il pense plutôt qu'on nous a rendu notre « forme »
d'origine.
Rien n'est vrai. Tout
est permis.
Tout cela n'est qu'un
rêve.
Nous sommes des rêveurs.
Plus que ça, même...
Nous sommes des Psychés.
Des créateurs de mondes. Des démiurges en quelque sorte...
Réunis dans cette
Cohésion, nous voyageons dans les domaines des autres Psychés.
On nous a rendu notre
« identité » de Psyché (comment et pourquoi
l'avions-nous perdue?) pour former cette Cohésion. Et on nous a
envoyé ici.
Qui ?
Pourquoi ?
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