ATROCITY ARCHIVES

Au terme de sa lecture des deux albums photos, Eagle Stokes comprends que l'expérience dont il a été le sujet avait pour but non pas de le « transformer en autre chose » mais de lui rendre sa « véritable nature » de Psyché. Cela, le Morning Man, ancien marin de l'US Navy et ancien membre de la RPA, l'avait compris, lors d'une de ses missions concernant... le Rêve. Au vue de cette révélation, Iossif comprend un peu mieux pourquoi « on » lui a tendu ce piège.
En effet, ceux qui, à Mertevcgorod, ont reproduit l'« expérience » dont le Morning Man fut l'objet, avaient besoin de ces fameuses Psyché afin de générer une Cohésion qu'ils pourraient envoyer dans la Cité Bleue. Mais qui ? Et pourquoi ?
Iossif et EagleStokes ont vu les vidéos d'Alone Guru sur Rutube. Est-ce que tout cela a un lien avec ces soi-disant Cafards géants qui hanteraient la Zona ? Iossif a mené son enquête. Et avant de le conduire dans ce piège, cela l'a mené à certaines conclusions. Oui, il semble bien qu'il y ait des Cafards géants dans la Zona. Mais pas seulement, il y aurait aussi des Araignées géantes et humanoïdes et... elles viendraient d'ici, de la Cité Bleue.
Pour ce qu'en sait Iossif, ces Araignées portent des uniformes de l'armée russe. Et le Morning Man rappelle qu'au sein de la RPA, à l'époque, il y avait des ressortissants des quatre vainqueurs de la guerre, donc des Russes également.
Partageant ses souvenirs avec les autres, Iossif se rappelle qu'une photo de son album l'avait frappé parce qu'il n'y avait pas de femmes. Et déjà, dans son album, il avait vu la « forêt ». Est-ce qu'il doit relier ça au féminicide auquel a songé Eagle ? Seraient-ils là pour trouver quelque chose en rapport avec ces meurtres ?
Iossif se rappelle d'un certain Baron et de Sobek. Qui sont-ils ? Sont-ils ici ? Il se rappelle aussi de l'importance de certains nombres. Le 4, le 12 et le 13. pour l'instant, ça ne leur dit rien mais ce sont peut-être des indices.
Iossif et Eagle Stokes vivent à Mertevcgorod. C'est un peu plus... flou pour le Morning Man. Il vit un peu partout, ailleurs... mais il connaît la RIM. Il ne sait pas trop ce qui s'y passe en ce moment mais il y a été. Et si ce n'est pas le cas, il ira. Il le sait. Le Morning Man sait aussi qui est Sangre Flambos, ce pirate dont Eagle Stokes a eu une vision fugitive. Il le connaît. Il le voit en rêve. Il vit... Ailleurs, dans le domaine d'une autre Psyché ?
Et si tous les mondes qu'ils traversent en Rêve n'étaient que les domaines d'autres Psychés ? Et eux, où est leur domaine et à quoi ressemblent-ils ? En oubliant leur nature de Psyché, ils ont oublié ça aussi.

On ne les a pas envoyé dans la Cité Bleue pour ça mais tous les trois prennent conscience qu'on les a contraint à oublier leur nature de Psyché et à abandonner leurs domaines respectifs. Mais de même qu'ils veulent savoir qui leur a rendu leurs souvenirs pour les envoyer ici, ils veulent savoir qui les a rendu amnésique.
Le Morning Man se sait porteur d'une pourriture. Lors de sa mission pour la RPA, il s'est retrouvé à Millevaux et en a rapporté une « corruption ». alors, est-ce cette corruption qui génère l'oubli ? Si oui, pourquoi a-t-elle touché Iossif et Eagle ?

Lèves-toi et marches a dit l'autre, un jour. Était-il une Psyché lui aussi, ou une Cohésion ?



C'est drôle. On nous a fait un truc pour nous rendre la mémoire, nous rappeler note nature de Psyché. D'une certaine façon, on nous a réveillé mais... c'est pour mieux nous replonger dans un rêve... ou un cauchemar. Car, si nous sommes trois Psyché unies au sein d'une Cohésion, c'est pour explorer le domaine d'une autre Psyché, pour explorer... un autre rêve. Oui, c'est drôle. On a tiré d'un rêve pour nous plonger dans un autre. Et on ne sait toujours pas pourquoi.
Comme il est le plus « ancien » d'entre nous, le Morning Man prend les rennes de la Cohésion. Mais nous aurons tous voix au chapitre au moment d'agir. Nous savons que nous sommes dans la Cité Bleue mais nous ne savons pas où dans la Cité ni où nous devons aller... et encore moins pour quoi y faire.
Nous avons décidé de ne rien nous cacher, ou presque. Alors, le Morning Man nous explique que dans le cadre d'une de ses missions, il s'est retrouvé à Millevaux, le domaine-avatar de Shub-Niggurath. Il pense être porteur de la corruption de la Chèvre Noire et se demande si l'objet de leur présence ici n'est pas justement de répandre cette corruption. Mais peut-être que ceux qui se cachent derrière tout ça n'en savant rien et qu'ils sont là pour une autre raison. En tout cas, ne sachant pas comment retourner d'où ils viennent, le mieux reste de mettre un pied devant l'autre... et de recommencer.

Il y a une palissade en bois. Ce n'est pas très compliqué de se hisser pour regarder par-dessus. C'est un chantier. Mais pas n'importe quel chantier. C'est un chantier archéologique. Ici, on a exhumé de vieilles ruines. Ça me (mais je devrais peut-être plutôt dire « ça NOUS ») fait penser à l'ossuaire de la Zona. C'est clair, on y va !
À peine avons-nous posé le pied sur le sol que le comité d'accueil se présente sous la forme d'un homme... ou presque. Ses yeux, il n'en a pas. Il n'y a que deux trous vides. Ça n'a pas l'air de le déranger. Il avance, couteau à la main. Le Morning Man sait qu'il s'agit d'un Hinn, un représentant d'une race extrêmement ancienne ayant peuplée la terre avant... le deuxième règne des Anciens. Il sait aussi que ce truc est une sorte de siphon à Vrill – un nom de l'énergie magique. Aussi, il va nous falloir rester très... concret dans notre façon d'appréhender le problème.
Le Morning Man propose que nous utilisions les pouvoirs de Iossif en tant que Bougie. La lumière devrait l'aveugler. Ensuite, Eagle Stokes ayant un lien avec Sangre Flambos et, donc, les pirates, il pourra attaquer avec son sabre (quel sabre ? Ah, oui... le sabre!). Le Morning Man, enfin, utilisera une de ses poudres psychotropes pour lui faire faire de « beaux » rêves. Alors, demande ce dernier, est-ce que tout le monde valide ce plan ?
Iossif est partant mais pas Eagle Stokes. Il veut une solution pacifique. Mais le Hinn approche et le temps va très vite manquer. Alors, comme c'est lui qui est aux commandes, pour l'instant, le Morning Man passe à l'attaque. Et même sans le sabre du pirate, le Hinn est neutralisé. Le Morning lui prend son couteau et passe la main à Iossif.
L'(ex ?) flic examine les lieux et trouve une inscription runique. Le Morning Man en connaît-il le sens ? Peut-être que son expérience dans le domaine de la sorcellerie, associé à la connaissance qu'à Eagle de la Langue des Oiseaux pourraient les aider ? Et le Morning Man ajoute à ses connaissances occultes, quelques spécificités propres aux expériences menées par les nazis dont il a lu quelques comptes rendus quand il travaillait pour la RPA. Mais là encore, Eagle Stokes refuse de coopérer. Selon lui, ces runes sont d'origine scandinave et n'ont rien à voir avec le Langage des Oiseaux. Qu'à cela ne tienne, nous ferons sans !
En tout cas, cette rune signifie « Illusion ».
Iossif passe la main à Eagle. Il espère que ce dernier va se montrer un peu plus coopératif car il ne faudrait que leurs désaccord internes ne leur attirent trop d'ennuis. Eagle nous mène donc dans une tranchée. Il y a une bifurcation. Gauche ou droite ? En vérité, peu importe. Alors nous prenons à gauche et continuons le long d'une longue tranchée rectiligne jusqu'à... une fosse funéraire !
Et Eagle à qui cet endroit faisait penser à l'ossuaire de la Zona !
Par prudence, le Morning Man reprend les commande de la Cohésion. Il « sent » quelque chose dans l'air. Il se méfie encore plus quand il découvre, au milieu des ossements, les restes d'un campements. Qui a bien pu venir s'installer ici ? Et pourquoi ? Est-ce que la Bougie pourrait nous éclairer un peu, histoire de fouiller ces affaires ?
Mais cette fois, Iossif et Eagle Stokes sont d'accord pour ne pas rester ici plus longtemps. Visiblement, le Morning Man n'est pas le seul à ressentir les « mauvaises ondes » qui balaye cette endroit et ils veulent partir, vite !
Nous remontons donc à la surface. Il y a un préfabriqué. La porte n'est pas verrouillée. À l'intérieur, il y a des cartes et des livres et... un type vêtu d'une combinaison renforcée noire mat. Il se retourne vers nous et la lumière se reflète sur la lame de son couteau.
Le Morning Man propose qu'Eagle le stoppe tout de suite en recourant au Pale Horse, Iossif, quant à lui, devrait pouvoir lui infliger des scarifications. Le Morning Man, lui, va tenter de ralentir le temps et de lui jeter un mauvais sort. Une fois de plus, Eagle refuse de coopérer mais cela n'empêche pas la Cohésion de venir à bout de l'homme qui s'écroule, au ralenti. Sa combinaison est déchirée en de multiples endroits. Il perd beaucoup de sang. Sous l'impulsion de Iossif, nous fouillons l'homme. C'est un membre d'un groupe d'intervention spéciale américain : les Curateurs. Que fait-il ici ?
Et soudain, nous nous sentons mal ! Sur le coup, nous mettons mettons ça sur le dos d'Eagle qui se montre moins que coopératif au sein de la Cohésion mais il y a autre chose. C'est cet endroit. C'est une sorte de siphon qui va nous vider de notre énergie si nous restons trop longtemps.
Nous sortons en courant du préfabriqué et nous jetons dans une tranchée. Mais nous devons faire face à un homme. Il ressemble à celui que nous avons rencontré à l'entrée. Mais celui-là a toujours ses yeux. Pourtant, il n'est pas lui-même. Il est possédé. Difficile de dire par quoi mais c'est dangereux si on se réfère au cadavre gisant à ses pieds. L'homme n'est pas armé mais ne semble pas vraiment en avoir besoin. Le Morning Man sait bien que si Eagle Stoke refuse ainsi de coopérer, c'est parce qu'il voudrait que nous trouvions une solution pacifique à nos problèmes. C'est assez ironique quand on sait que c'est lui qui est porteur du pouvoir du Pale Horse mais... là, peut-on vraiment faire autrement face à ça ?
L'homme était manifestement en train de se nourrir de ce cadavre. Et Eagle est aussi caractérisé par les Charognards. Alors, si cela lui inspire une solution pacifique, c'est le moment.
Et Eagle propose effectivement de tenter de dialoguer avec l'homme entre « Charognards » et en usant de la Langue des Oiseaux. Cet être est manifestement « magique », peut-être qu'il se montrera réceptif à ce langage. Iossif incarne également le concept de « lac », il peut donc utiliser cette notion pour tenter de calmer, apaiser ce monstre. Et peut-être aussi que la chaleur de la Bougie peut le rassurer, le calmer. En manipulant le Rêve et le temps, le Morning Man devrait aussi pouvoir ralentir les choses et contribuer à le calmer afin de savoir ce qui a pris possession de lui.
Ce plan est étrange mais si ce n'est pas par conviction c'est au moins par bonne volonté que tous accepte de tenter le coup et... ça marche. L'être devient moins menaçant. Il s’assied et invite la Cohésion à en faire autant. Face à lui, les yeux dans les yeux, nous plongeons dans ses rêves. Effectivement, il est possédé par le Vestige d'une âme errante, un esprit mort devenu fou. Ou plutôt, rendu fou... par qui. Éclairée grâce à la Bougie qu'est Iossif nous plongeons dans ses rêves.

Ayant retrouvé, en quelque sorte et au moins provisoirement, la paix. Le Vestige s'avère être Remedios Varo, un artiste surréaliste respecté du XXe siècle. Ses œuvres ont servi de passerelles vers d'autres plans. Ceux qui l’ont rencontré l’ont reconnu comme une force avec laquelle il fallait compter. Animé d'un fort sens de la justice, il a quitté son Espagne natale lors de la montée du fascisme. Pendant son séjour en France, il est entré en contact avec les Rosicruciens locaux et, à travers eux, le monde occulte au sens large. Officiellement, il meurt d’une crise cardiaque en 1963, et est plus tard connue sous le nom de « Sorcier qui est parti trop tôt ». Son pinceau préféré a été gardé comme un héritage pour ceux qui souhaitent communier avec cet esprit inspiré et sage.

Varo est incapable de die qui l'a ainsi fait plonger dans cette folie nécrophage, ni même comment il est arrivé ici, dans la Cité Bleue. Mais si son art permettait d'ouvrir des « portes », peut-être que d'autres surréalistes en ont fait autant après lui. Eagle Stokes se rappelle avoir vue sur Rutube des vidéos consacrées à Giger et Beksinski. Ce dernier était polonais, l'autre suisse-allemand. Est-il possible que ceux qui sont derrière leur présence ici aient utilisé leurs travaux. En tant que Pale Horse, Eagle fait le rapprochement avec cette toile de Giger : l'Hommage à Bôcklin, sa vision de l'Île des Morts.
Après avoir rendu le repos à Varo, la Cohésion décide de quitter le chantier. Il est clair que cette « visite » n'a apporté aucune réponse à leurs questions. Pire, elle en a posé d'autres ! Il se passe effectivement quelque chose de malsain dans la Cité Bleue. Et que faisait ce Curateur ici ? Que cherchait-il ? Comment est-il arrivé là ? En y réfléchissant et en repensant à leur conversation avec Varo, la Cohésion se dit que c'est peut-être plutôt ce groupe américain qui a utilisé des œuvres surréalistes pour envoyer un de ses agents dans la Cité Bleue. Mais cela ne dit rien de ce qu'il cherchait. Peut-être cherchait-il la même chose que ceux qui ont envoyé Iossif, Eagle et le Morning Man ici ? En tout cas, cet endroit est « hanté », « gangrené » par quelque chose ui ne devrait pas y être. Et il faut en trouver la source. Le Morning Man se dit alors que la pourriture dont il est porteur pourrait servir à cela, contaminer la « gangrène » et « réparer » la Cité Bleue.
Tout cela est encore loin d'être clair. Et surtout, il s'avère finalement très difficile de parvenir à un accord au sein de la Cohésion. Eagle Stokes a investi la Cohésion de ses concepts de « Charognard » et du « Pale Horse ». Pourtant, il s'est systématiquement opposée à toute action violente, même face à un danger mortel. La Cohésion va devoir prendre cela en considération à l'avenir et faire en sorte, autant que possible, de trouver des solutions pacifiques à leurs problèmes. Alors, ils se mettent d'accord. Ils « voteront » si le plan d'action proposé doit être « violent » mais s'engage à adhérer à toute proposition pacifique. En tant que Psyché, ils le savent, ne pas parvenir à un accord en leur propre sein peut très vite leur jouer des mauvais tour.
Pour l'heure, de nouveau dans la rue, la Cohésion reprend son chemin vers, elle l'espère, la source de tous leurs problèmes.


Arpentant les rues de la Cité Bleue, la Cohésion se pose beaucoup de questions. Mais elle se demande si elle se pose les bonnes questions. Chacun se demande qui et pourquoi « on » leur a fait ça, pourquoi « on » les a envoyé ici etc. Mais toutes ces questions les concernent eux, et pas la Cité Bleue. Quelque chose ne va pas ici. Des esprits, des gens, se sont introduit dans la Cité alors qu'ils n'ont rien à y faire. Mais la Cité Bleue, comme n'importe quel domaine, est le « petit-monde » d'une Psyché. Alors, c'est d'elle dont il faut se préoccuper. Manifestement, cette Psyché a été envahi et si elle n'a pas perdu le contrôle de son domaine, elle doit tout de même être en difficulté. Et là, la Cohésion se dit qu'elle a trouvé son but. Elle doit trouver cette Psyché et lui porter secours.
Mais où la trouver ? Toujours marchant, elle réfléchit. Pas sûr que ça l'aide à trouver son chemin mais... si chaque domaine est le « petit-monde » d'une Psyché, que penser des « petits-mondes » des Maîtres Cafards dont parle Alone Guru dans ses vidéos ? Est-ce que ça veut dire que les Maîtres Cafards seraient des Psychés, eux aussi. Et si un domaine est le « reflet » de sa Psyché, que penser de Millevaux dont on dit aussi que la Forêt et à la fois le domaine et l'avatar de la Chèvre Noire. Alors, est-ce quelque chose ou quelqu'un de cet ordre là qui aurait besoin de leur aide ? Et si c'était effectivement le cas ? Alors, la Cohésion se dit que ceux qui, à Mertvecgorod, avaient fait d'eux les sujets, ou objets, de leurs expériences, pourraient finalement bien être au service de la Psyché au cœur de la Cité Bleue.
Et la Cohésion se dit qu'elle paye maintenant le prix de son manque d'Harmonie. Ses dissensions internes face aux « esprits » présent sur le chantier archéologique se traduisent maintenant par un sérieux manque de cohérence dans le tracé des routes. La Cohésion erre de culs de sac en culs de sac. Elle tourne en rond. Elle cherche une Psyché et pense à la psychologie des profondeurs. Alors, elle soulève une plaque d'égout et descend.
Là, la Cohésion est accueillie par un Hinn qu'elle reconnaît à ses yeux morts. Par souci de préserver son Harmonie intérieure, elle cherche une solution pacifique. Est-il possible de communiquer avec cet être ? Tout d'abord, le Morning Man va user de sa magie pour ralentir le temps et empêcher le Hinn de les attaquer. Iossif va susciter des images évoquant un lac calme et tranquille. Il espère aussi que la lueur de la Bougie sera rassurante et non aveuglante. Le Hinn étant un esprit, une créature non-morte, Eagle Stokes va tenter de lui parler en donnant à la Langue des Oiseaux des accents du Pale Horse. Ce n'est pas évident pour le Hinn mais il accepte finalement de dialoguer.
La Cohésion veut en savoir le plus possible sur la Psyché à l'origine de la Cité Bleue. Alors, le Hinn est-il un produit de celle-ci ou un visiteur ? La créature semble autant étonnée que rassurée en répondant qu'elle est une émanation de la Psyché. Non, elle ne vient pas d'ailleurs. Et d'aussi loin qu'elle se souvienne, elle a toujours été là. Son but, capturer quelqu'un. Celui qu'on appelle « l'Avocat ». Là, le Joueur lui-même décide d'intervenir car ce tirage de carte ne peut être un hasard (et pourtant!). L'« Avocat », c'était le surnom que lui avait donné un de ses anciens collègues de travail. Il l'appelait ainsi car il trouvait qu'il parlait « bien » et prenait autant que possible la défense des ouvriers contre les chefs. Alors, la Cité Bleue aurait généré ce Hinn pour le trouver, le capturer. La Psyché à l'origine de la Cité Bleue voudrait qu'on lui ramène le Joueur ? Cela voudrait dire que le Joueur est ici ! Et si c'était lui l'origine de la corruption ? Le Joueur est le Joueur. Il joue mais il est « hors » du jeu. Il lui arrive de communiquer avec certains personnages mais il n'est pas un personnage. Et pourtant, si la Cité le cherche, c'est qu'il serait là.
Mais, alors qu'ils réfléchissent et discutent, le Hinn commence à montrer des signes de souffrance. Il commence à se tordre de douleur. Son abdomen se tord, se vrille. Sa peau se déchire et il se forme comme un trou noir qui commence à l'aspirer, à tout aspirer. La Cohésion remonte en vitesse et replace la plaque d'égout. Est-ce l'évocation du Joueur ou juste parce que la Cité Bleue a voulu punir le Hinn d'avoir parlé ? Elle se posera la question plus tard. Dans la nuit, des bruits de pas se font entendre. Au loin, sur le trottoir, une silhouette. Alors, la Cohésion se met à courir et lui saute dessus. Assis sur son dos, il la retourne. C'est une femme. Elle est hilare. Est-elle folle ? La Cohésion lui pose la question et elle répond... dans la Langue des Oiseaux.

« Nocif, le Patron ! L'exercice de la transgression est pesant, non ? »

Fixant son regard sur le visage de la femme, la Cohésion se rend compte de son extrême maigreur et... de ce que son nez est fracturée. Elle a le visage en sang mais la Cohésion n'est pas sûre du tout que ce soit la conséquence de son coup de folie. Elle lui demande qui lui a fait ça.

« L'Exercice du savoir est pesant, cristallin mais puéril... puéril mais cristallin... »

Eagle Stokes tente de traduire... ou plutôt de comprendre, de faire des liens. Dans la Langue des Oiseaux, il ne faut surtout pas essayer de prendre les choses au pied de la lettre, ni même au 2è ou 3è degré. La Cohésion relâche sa prise sur la femme. Elle se relève et s'en va à reculons, lentement. La Cohésion la laisse partir. Eagle Stokes pense qu'elle leur a dit tout ce qu'elle avait à leur dire.
Elle a parlé deux fois d'Exercice, pour dire que c'était pesant... alors qu'elle-même est très maigre. Exercice du savoir et de la transgression. Le savoir est une transgression et la transgression est un savoir. Les deux propositions fonctionnent comme le laisse supposer qu'elle ait dit « cristallin mais puéril... puéril mais cristallin... »
Cristallin... la clarté... ce serait puéril, enfantin que de chercher la clarté ou de croire qu'on y voit clair, qu'on peut y voir clair. Et si le savoir était transgressif dès lors qu'il ne s'agit plus de faire la lumière, ce qui serait puéril, mais d'accepter que l'obscurité n'est pas se qui nous cache le réel mais une partie du réel. La réalité est... obscure. On pourrait alors en éclairer certaines parties mais si on devait faire régner la lumière, dissoudre l'obscurité, c'est la réalité elle-même qu'on ferait disparaître dans un grand éclat blanc !
Et la Cohésion se souvient de ces photos dans leurs albums. Ces photos représentant des forêts sombres, des tunnels, avec au fond... la lumière. La lumière au bout du tunnel, c'est la mort. Faire la lumière sur le monde, c'est tuer le monde. Ce serait pour ça qu'il fait toujours nuit dans la Cité Bleue ?
La Cohésion a le sentiment, soudain, qu'elle est au bout de quelque chose. Doit-elle vraiment faire la lumière sur tout ça ? Doit-elle vraiment trouver des réponses à toutes ses questions, au risque de tuer le réel ? Mais quel réel au juste ? Le Rêve, la réalité... quelle réalité, celle de l’Éveil ou celle du Joueur ?
Le Morning Man sait bien qu'il existe plusieurs mondes, plusieurs réalités. Il y a celle où il rêve aux côtés de Thanatrauma et Sangre Flambos. Mais il y aussi celle d'où vient Thanatrauma, qui est une autre réalité que celle d'où vient Random Connect qui est encore différente de celle d'où viennent Iossif et Eagle Stokes. Tous ces mondes communiquent via le Rêve mais également par des Portails. Il y a des Portails à Mertvecgorod. Il s'agit certainement de la Zona qui donne sur le monde d'origine des Cafards, si on en croit cet Alone Guru. Mais il est aussi probable que les bois du rajon 14 s'ouvrent sur Millevaux après tout. Cela expliquerait qu'on ne trouve aucune trace du ou des tueurs de ces femmes si elles sont assassinées... ailleurs...
Et le monde de Random Connect. Il y a tellement de Portails là-bas... c'est un véritable hub !
Quelle est la place de la Cité Bleue dans cet entrelacs de monde ? Est-ce que répondre à cette question ne provoquerait pas la fin des mondes justement ?
Le Joueur joue pour jouer, pour connaître l’histoire, la fin de l’histoire... la fin du monde ?
Il y a encore tellement de questions sans réponses. Qui sont Sobek et le Baron ? Toute cette histoire est-elle vraiment en lien avec les meurtres de femmes à Mertvecgorod ? Est-ce que cette femme que la Cohésion a agressé était l'une d'entre elles ? Qu'y a-t-il au cœur de la Cité Bleue ? Y a-t-il seulement un cœur ?

Et si répondre à toutes ces questions signifiaient la fin du monde ? Certes, cela prendrait du temps d'y répondre et le monde a dans ce cas encore longtemps à vivre mais... quand bien même chaque réponse apporterait deux nouvelles questions, elles finiraient toutes par trouver une réponse. Et chaque réponses seraient comme une mort, la mort d'une partie du monde.

Le Joueur joue pour jouer, pour connaître l'histoire. Mais cette fois, il se dit que pour que ces mondes-là vivent, il doit peut-être bien renoncer à savoir. Il aurait voulu savoir qui sont Sobek et le Baron. Il aurait voulu savoir si Thanatrauma finirait par percer les secrets du Morning Man. Il aurait voulu savoir si Chtulhu allait s'emparer de la Hache de Phedca avant Sangre Flambos. Il aurait voulu savoir si Bulkfungus était responsable de ce qui était arrivé à Damon Haze et Alone Guru. Il aurait voulu savoir qui avait rendu leur mémoire à Iossif, Eagle Stokes et au Morning Man. La technologie qui a permis cela est-elle la même que celle qui a rendu possible la Danse de Mort ? La Zona s'ouvre-t-elle vraiment sur le Tas de Merde des Cafards ? Et dans le futur, anges et démons parviendront-ils à libérer leur empire de l'influence de Millevaux, parviendront-ils à vaincre une fois pour toute le Titan Rotting Christ ? Et Cobra Verde, que vont donner ses expériences magiques ? Va-t-il réussir à sauver Evy ? Parviendra-t-il, comme il le voulait au départ, à rejoindre Mertvecgorod ? Et Random Connect...

Alors, pour que tous ces mondes vivent... le Joueur accepte de renoncer à savoir.
Il va éteindre son PC. L'écran va devenir noir. Il n'y aura plus de lumière puisque, finalement, la lumière au bout du tunnel c'est... la mort...

Quelque temps plus tard, on trouve sur le net une page avec un lien permettant de télécharger gratuitement un fichier PDF. Le court texte précédant le lien est le suivant :

« Lucy est morte. Lucy est une victime. Son cadavre a été retrouvée dans l'un des parcs boisés du rajon 14. Lucy est un cadavre mais Lucy marche et parle. Lucy nous raconte son histoire, son calvaire entre les mains des Hyènes qui lui ont pris sa vie... et même plus que ça.

« La Poupée Ravie » est le premier roman d'Орел Stokov, un jeune auteur issu des quartiers difficiles de Mertevcgorod. Il rend ici hommage à toutes ces femmes victimes de ce que certains appellent un véritable féminicide. Stokov ne prétend pas être un Blagoce mais juste un citoyen, un être humain, choqué par ces crimes et leur ampleur. Il ne prétend apporter de solution. Il prétend seulement se faire la voix d'une de ces femmes, pour qu'on ne les oublie pas. »

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