Terre de Sang est Millevaux/Sphynx




The Name of God


Seekers Beyond the Shroud/Solo Investigator Handbook




            Je suis les Larmes.

            Mon corps mortel n’a plus de nom

            Mon chagrin a été délivré quand le Titan Rotting Christ répandu la pourriture de Millevaux sur ma planète

            Ma plus grande joie serait que… non pas que ma planète redevienne le désert qu’elle était auparavant mais… qu’elle devienne une vraie belle forêt !



            Quand le Titan a répandu sa pourriture, mon peuple s’est réfugié dans le Rêve dont le Lotus des Profondeurs est une des clés. Mes ancêtres ont erré sur ces mers étranges et agitées. Ils ont exploré des îles emplies de cauchemars, des îles chaotiques, des îles empruntes de tristesse. C’est sur l’une d’elles que je suis né.

            Avant, le Rêve était le domaine des Anges. Et le cauchemar était le domaine des démons. Puis, le Rêve et le Cauchemar sont devenus le domaine des Anciens Dieux. Ils avaient régné sur le monde des hommes, étaient partis, étaient revenus… On ne savait plus en vérité où commençait et s’achevait leur domination, que ce soit dans l’espace et le temps. Certains de mes ancêtres pensaient que le règne des Anciens sur le Rêve était éternel et que les Anges et les Démons ne s’en étaient approprié qu’un fragment éphémère.

            Ayant fuis cette planète, mes ancêtres se sont fixés sur ces différentes îles du Rêve et du Chaos, échappant comme ils le pouvaient à la folie et à la domination des Anciens et de leurs serviteurs. La vie est rude sur mon île de tristesse. Là, nous ne sommes que des fantômes, les gardiens éthérés de… plus rien en vérité… Nous ne faisons que survivre en nous nourrissant des souvenirs, des rêves et des cauchemars des Rêveurs égarés, naufragés sur notre île désolée. Pour autant, nous n’avons jamais succombé à la tentation de servir les Anciens. Nous préférons cette vie difficile et désolée à la folie des adorateurs de Chtulhu, Azathoth et Shub-Niggurath.

            Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Ou, plutôt, certains d’entre nous veulent que les choses changent. Nous avons trouvé une fleur, un Lotus des Profondeurs. Cette fleur pouvait ouvrir la Porte à l’un d’entre nous. L’un d’entre nous pouvait quitter le Rêve et retourner dans le monde de l’Eveil. Non pas là où Tout avait commencé mais seulement là où tout avait commencé… pour nous : la Cité d’Uzrun, la capitale des Dominions Fracturés. Que s’était-il vraiment passé là-bas ? Que restait-il de cette époque ? Était-il possible pour nous de… revenir ?

            Et c’est moi qu’on a choisi. J’ai mangé le Lotus des Profondeurs. J’ai quitté mon île désolée pour un monde plus désolé encore. Ce qui fut un désert est aujourd’hui une forêt putrescente. Par endroit coulent des rivières de lave en fusion. Des restes des feux de l’Enfer. Au loin, la Cité d’Uzrun dont les sommets en ruine, envahis par la végétation, continuent de défier le ciel.



            Avant de partir, sage précaution, on me dote de deux Ancrages. Je suis les Larmes mais je suis aussi la Horde de Cœur et de Sang. Je suis les Larmes mais je suis aussi la Corneille qui Garde les Souvenirs.



            Le Rêve s’achève et je m’éveille dans cette forêt de cauchemar. Tout est si sombre, moisi. Ça sent la mort. Mais, étrangement, l’air est plutôt doux car, sous terre, coule le feu de l’Enfer. Avant, c’était un désert de pierre fracassé par un soleil implacable. Uzrun s’élève toujours au loin mais ses sommets sont maintenant la proie du lierre qui court le long de ses tours en ruines. Et c’est dans ces ruines que je trouverai ce que je cherche.

            Je ne suis pas que les Larmes. Je suis aussi la Corneille qui garde les Souvenirs. Et la Corneille vient vers moi. L’oiseau noir s’approche et me parle dans sa Langue des Oiseaux. Son ton est menaçant.

            « La Science Anachronique implore les automates. Anciens ou nouveaux ? Les Livres asservissent, les vers nient… répugnants ! »

            Et alors que je la fixe du regard, la Corneille s’en va se poser sur une branche et me fixe elle aussi. Elle a dit ce qu’elle avait à dire. Elle m’a prévenu. A moi de jouer maintenant. Je reprends ma route vers Uzrun en tentant de comprendre ce que l’Oiseau a voulu me dire.

            Qu’est-ce que la Science Anachronique ?

            Qui ou que sont ces automates ? Des êtres artificiels ? Produit de la science ? De la Science Anachronique ?

            Anciens ou nouveaux, la Corneille a-t-elle voulu parler des automates ou des Livres ?

            « Les Livres asservissent… » Cela doit concerner des Livres concernant le genre de secrets qui rendent fous. Il doit certainement s’agir de livres occultes, aux vers répugnants. Les vers, ce sont ces animaux répugnants qui grouillent sur la fange et la putréfaction. Mais ce sont aussi les composantes d’un poème. D’un poème répugnant, impie ?

            Et si je devais trouver un Livre Occulte dont les secrets sont écrit sous forme de poèmes impies. Un recueil de vers maléfiques contenant des secrets qui rendent fous, qui nient… quoi ? La Réalité, l’Equilibre, les Lois de la Physique et de la Nature ? Ce recueil contiendrait des secrets, ceux-là même qui auraient permis aux serviteurs de Shub-Niggurath d’invoquer le Titan Rotting Christ ? Alors peut-être qu’il contient les secrets permettant de rendre à cette planète son aspect d’avant ? Science Anachronique ?

            Je dois trouver ce livre. Il doit être quelque part dans les ruines d’Uzrun, dans les anciens laboratoires des alchimistes adorateurs de la Chèvre Noire. Mais je vais devoir faire attention à ces « automates ». De quoi s’agit-il au juste ? Sont-ce des créations des alchimistes ou viennent-ils d’ailleurs ?

            Je continue ma route vers l’ancienne capitale des Dominions Fracturés et, alors que j’escalade un monticule de pierres, mon regard est attiré par une lueur bleue. Un saphir. Je me saisis de la pierre, grosse comme mon poing. Je sens alors un grondement venant de l’intérieur. Je regarde à l’intérieur et distingue une rune qui s’agite. Je regarde autour de moi, j’ai l’impression qu’on m’observe. Et effectivement, je distingue plusieurs silhouettes tapies dans l’ombre des bosquets. Toutefois, elles n’ont pas l’air menaçante. J’ai même plutôt l’impression qu’elles auraient peur de moi. De moi ou… de cette pierre ? Cette rune ne m’est pas inconnue. Je suis sûr de l’avoir déjà vu quelque part, mais où ? Dans un livre ? Les Yeux, que me disent les Yeux ?

            « Le Fossoyeur et sa fiancée veulent surmonter leur peur… du cadavre ! »

            Je me retourne vers les bosquets. Les deux silhouettes m’observent toujours mais je lis dans leurs regards que quelque chose a changé. Je lis une sorte d’incompréhension, d’incrédulité. Elles n’ont plus peur. C’est comme si elles avaient… oublié de quoi elles devaient avoir peur.

            « Es-tu le Fossoyeur ? » Je crie.

            Pas de réponse, juste un signe de tête. Oui ! C’est bien lui. Et elle, c’est bien sa fiancée.

            Quelque chose de bizarre se passe. Ils sont en train d’oublier… oublier qui ils sont ? Oublier qu’ils sont fiancés ? Oublier leurs peurs ? L’oubli est-il le moyen de surmonter la peur ? Dois-je vraiment intervenir ? Je suis la Corneille qui garde les Souvenirs. Alors, peut-être c’est à moi maintenant d’être le gardien de cette peur du cadavre ? Mais quel cadavre ?

            Quand je leur demande, le couple d’amoureux semble paisible. Le cadavre, c’est celui de l’Explorateur…

            Et cette rune, c’est une rune de… Connection. Mais à quoi ? Je suis sûr qu’il y en a d’autres.



            Le cadavre d’un explorateur… mauvais présage. Pourtant, je continues ma route vers les ruines d’Uzrun. Aujourd’hui, il souffle un vent sec. Mais il ne porte avec lui aucune menace. Pourtant, je me suis méfié quand je suis arrivé à cette sorte de clairière. Ce n’était pas vraiment une clairière mais plutôt une « poche » du passé, une zone rocailleuse, désertique. La terre était là fracturée par une chaleur venant des profondeurs. Je savais que sous la putrescence de Millevaux coulait le feu de l’Enfer. Là, peut-être, il m’était possible de prendre le pouls de cet Enfer justement. Je posais la main au niveau d’une fracture, cherchant à sentir cette chaleur. Je fermais les Yeux et, en pensée, interrogeais les Yeux.


            Je les entends mais ce n’est pas à moi qu’ils s’adressent. Ils parlent d’un Agent sous couverture, d’un Agent… Dormant. Un Rêveur ? Ils parlent d’une… Révolution. Je ne comprends pas bien mais ils parlent d’une action contre le pouvoir en place. Quel pouvoir ? Les Yeux parlent aussi d’une ruelle sombre. Une ruelle… d’Uzrun ? Et qu’est-ce que cette chose qui ne doit ou ne sera pas enregistrée ?


            Sur ce dernier point, je pense spontanément à la mémoire. Le Fossoyeur et sa fiancée l’ont perdue si vite. Est-ce sous l’influence de l’Emprise qu’exerce Shub-Niggurath sur cette planète ? Je tente de faire un « bilan » de ce que j’ai appris, de ce que je sais ou crois savoir et je l’écris… au cas où je perdrais la mémoire moi aussi.


            Ainsi, cette planète, un désert de rocaille, est devenue une forêt putrescente après que des mages serviteurs de la Chèvre Noire aient attiré le Titan Rotting Christ afin qu’il répande sa pestilence. Toutefois, le Feu de l’Enfer coule toujours sous terre. Mon peuple a alors fui dans le Rêve mais s’est échoué sur l’Île de la Tristesse. Aujourd’hui, grâce au Lotus des Profondeurs, j’ai pu revenir pour tenter de comprendre ce qui s’était vraiment passer et, pourquoi pas, inverser le processus et chasser Millevaux. Alors, nous pourrions revenir. J’ai trouvé ce Saphir avec, à l’intérieur, cette rune de Connection. Le Fossoyeur et sa fiancée, juste avant de perdre la mémoire, m’ont mis en garde à propos du cadavre d’un explorateur. Là, les Yeux ont parlé d’un Agent dormant, peut-être un Rêveur, comme moi ?, et d’une révolution contre le pouvoir en place, celui de Shub-Niggurath ? Quelque chose devrait aussi se passer dans ce que je crois être une ruelle sombre des ruines d’Uzrun.


            Je me fixe donc pour objectifs de :


-gagner Uzrun et trouver cette fameuse ruelle.

-trouver d’autres runes, si possible, et comprendre quel sort elles permettent de lancer sachant que pour l'instant je possède celles de la Connection et de la Machine.

-apprendre qui était cet explorateur.

-apprendre qui est cet « Agent », celui que je pense être un autre Rêveur.

-trouver ce livre de poésies occultes et impies, certainement protégé par des Automate peut-être issus de la Science Anachronique.

            Je garde aussi à l’esprit que, sous terre, le feu de l’Enfer gronde toujours. C’est peut-être un allié. Cet endroit, cette sorte de clairière est une « poche » du passé, une « poche » d’Enfer. Je prends du recul et cherche un motif dans les fissures qui déchirent le sol. C’est bien ce que je pensais. Ces failles dessinent une sorte de rune. Ces tracés évoquent… une machine ?!

            Je quitte cette « clairière » et m’enfonce de nouveau dans les bois. Uzrun me semble alors si loin. Est-ce seulement car je suis pressé de percer tous ces mystères ? Alors que la nuit tombe, j’approche d’un village abandonné. Il s’agit d’un ensemble de vieilles huttes et de tentes miteuses accrochées hauts dans les arbres. Je devrais y être à l’abris d’éventuels prédateurs pour la nuit. J’espère seulement que ce village, ou plutôt ce campement, n’est pas hanté…



            Remettre de l’ordre dans mes idées me parait de plus en plus difficile. Et Uzrun ne se rapproche pas… assez vite. J’ai décidé de me déplacer à travers les branchages. J’espère que cela va me faire gagner du temps de filer ainsi tout droit. A vol d’oiseau, la capitale en ruine ne me parait pas si loin. La chaleur est soudain étouffante. Pourtant, le vent souffle. Et il dit « L’Oubli s’est infiltré partout ! »


            Le Vent m’a parlé mais… pas dans la Langue des Oiseaux, celle à laquelle je m’attendais. Il ne m’a pas non plus parlé dans la Langue Putride des Horlas, les créatures de Shub-Niggurath. Il m’a parlé dans la Langue des Profondeurs. La Langue… des Rêveurs ?


            La mémoire, l’oubli. Le Fossoyeur et sa fiancée ont perdu leurs souvenirs si vite ! Et moi ? Qui suis-je ? Je suis les Larmes, vraiment ? Je suis les Larmes, au sein des miens, sur notre triste île du Rêve. Mais ici, dans l’Eveil, qui suis-je ?


            Je m’arrête. Je suis la Corneille qui Garde les Souvenirs. Je dois savoir… quelque chose… Que me disent les Yeux. Je ferme les miens et je dis :


            « Je suis les Larmes !

            Ici et maintenant je ferme les yeux pour montrer une vision d’exaltation

            Je suis les Larmes ! »

            Et les Yeux me disent de suivre la piste jusque dans la salle des opérations. Et les Yeux m’infligent une légère blessure par l’intermédiaire d’une branche qui vient me fouetter l’avant-bras. Un peu de mon sang goutte jusqu’au sol et est aspiré parla terre… jusqu’au feu de l’Enfer ?

            La « salle des opérations » me fait penser à la rune de la Machine. Je dois y aller. Mais avant, je dois compléter cet ensemble de runes. Mon voyage jusqu’à Uzrun se poursuit sans incident. Je me retrouve face à cette muraille qui, bien qu’en ruine, reste infranchissable.

            Je réfléchis. Je suis les Larmes. Je suis la Corneille qui garde les souvenirs. Je suis la Horde de cœur et de sang. Les Yeux ont fait couler mon sang jusqu’aux feux de l’Enfer, sous terre. Je dois trouver un passage… sous terre. Et je me dis que si Millevaux nous fait perdre si vite nos souvenirs c’est parce que ce sont des armes que ces bois craignent. Alors, je cherche dans mes souvenirs. Ici, des hommes se sont organisés pour survivre. Cette planète était placée sous la juridiction sécrète d’un Prince-Démon. Pourtant, des hommes lui ont ravi le pouvoir. Peu à peu, ils ont tissé leur toile, en secret, dans l’ombre. Ils ont gagné en puissance au point d’invoquer le Titan Rotting Christ afin qu’il pourrisse cette planète et qu’elle devienne leur cadeau à la Chèvre Noire. Ces hommes sont toujours là, régnant sur ces ruines. Et les chemins qu’ils ont tracés pour œuvrer dans l’ombre des démons sont toujours là, eux aussi.

            Et les Yeux m’envoient l’image d’une chaise roulante. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce n’est pas clair. Les Yeux parlent de sombres désirs voulant être révélés. Que peux désirer de plus sombre que celui qui est contraint à la chaise roulante ? Marcher n’est pas suffisant… ni très… sombre. Un sombre désir pourrait-il être de retrouver l’usage de ses jambes quand tous les autres le perdront ? Millevaux joue avec nos mémoires. Cela veut-il dire que, si je veux conserver, récupérer, mes souvenirs, cela suppose que tous les autres perdent les leurs ? Ou alors, dois-je trouver un moyen de faire perdre leur mémoire aux habitants d’Uzrun pour conserver/retrouver la mienne dont je crains que des bribes se soient déjà envolées ? Pour cela, j’ai besoin d’un Rituel… et d’une machine pour en amplifier les effets. Et ceux qui ont invoqué le Titan Rotting Christ doivent forcément posséder une telle machine ? Je dois la trouver. Mais avant, je dois trouver un passage.

            Je sens que les Yeux ne sont pas satisfait du fruit de mes réflexions. Pourtant, alors que j’erre le long de cette muraille, un passage souterrain s’offre à mon regard. 






            Je m’engouffre dans ce tunnel et… il y a déjà quelqu’un et elle… me sourit ? Elle porte une tenue d’exploratrice. Mais je sens qu’elle n’est pas d’ici. Une exploratrice ? Le Fossoyeur a parlé du cadavre d’un explorateur. Je la sens… confiante. Je ne représente pas un danger pour elle. La réciproque me semble vraie. Pourtant, je me méfie.


            Je me présente. Je lui dis être les Larmes et être un Rêveur. Elle, elle ne rêve pas. Elle est… bibliothécaire ! Je lui dis chercher un livre moi aussi. Je lui propose de chercher ensemble mais elle refuse, catégoriquement. Pourquoi ? Elle m’explique ne pas être venue seule. Elle a été séparée de son compagnon mais elle va le retrouver. Or lui est très méfiant. Et je crains qu’il ne s’agisse de l’explorateur mentionné par le Fossoyeur. Je préfère ne rien dire. Connait-elle les lieux ? Peut-elle m’indiquer un chemin vers le livre que je cherche, ou une salle des machines ou juste une ruelle sombre ?


            J’ai de la chance. Elle est effectivement familière des lieux. Elle est souvent venue. Elle connait ces ruines. Elle m’explique que ces souterrains sont complexes car il y a beaucoup de cul-de-sac. Mais ce ne sont pas vraiment des impasses. Là, dit-elle, je dois trouver des « failles » qui me conduiront ailleurs. Et je lui demande comment elle a pu conserver une mémoire si précise de ces choses alors que cette planète est rongée par la pouriture et l’oubli. Elle me sourit encore et déploie ses ailes. C’est un ange. Au sens premier du terme. Elle est au service de Marc, Archange des Echanges. Mais elle n’est pas une assez bonne négociatrice aux yeux de son Archange. C’est pour ça qu’elle doit se débrouiller avec ses ailes qu’elle a du mal à cacher.

            Puis, elle me demande si je suis un démon ! Je dis que non, que je suis un Rêveur. Mais j’ai l’impression qu’elle ne me croit pas. Ou plutôt, elle me croit mais pense que je peux me tromper sur ma véritable nature. Comment savoir ans ce cas ? Et je me rappelle que je suis également la Corneille qui garde les souvenirs. Et je peux demander aux Yeux aussi. Elle dit qu’elle aimerait beaucoup assister à cela mais qu’elle doit partir. Et elle me laisse seul ici.

            Alors, je m’assois par terre et je dis :

            « Je suis les Larmes !

            Ici et maintenant, je m’en remets aux Yeux pour avoir une vision

            Je suis les Larmes ! »



            Et les Yeux me parlent d’une lettre… une lettre qui va blesser quelqu’un d’autre. Qui ? L’ange ? Non ! Moi ! C’est moi qui vais trouver cette lettre et être blessé par elle. Une lettre ou… une rune ? Non ! Je refuse cette vision ! Je ne veux ni blesser, ni être blessé. Je préfère rester encore un peu dans l’ignorance et l’oubli. Tout viendra au bon moment.

            Ai-je pris la bonne décision ? Les Yeux m’ont-ils fait passer une sorte de test ? Quand je me relève après ce que je crois être un échec, mes yeux se posent sur un objet qui traine dans la poussière. Un livre… Un journal. J’en parcours rapidement quelques pages et comprends que l’auteur y raconte sa visite des tunnels. Il y a un plan avec, indiquées, ces failles dont a parlé l’ange. J’examine cette écriture. J’ai l’impression que cela pourrait être la sienne. A-t-elle volontairement oublié son journal ? Est-ce seulement le sien. Il a l’air si vieux et elle a l’air si jeune. Mais c’est un ange. Et les anges n’ont pas d’âge. Ou alors, ils cachent bien leur jeu. En tout cas, qu’elle m’ait volontairement ou non laissé ces notes, j’ai maintenant un plan des lieux.



            J’emprunte ce tunnel qui descend à la suite de l’ange. Elle est déjà loin. Ailleurs ! Et soudain, de l’ombre, jaillit une forme ! Une abomination à la face sans Yeux ! Ses mâchoires sont démesurées et elle se jette sur moi. Ses crocs et ses griffes luisent d’une lueur sombre. Ça sent… la terre… les bois… la forêt et la pourriture ! Cette chose est-elle un Horla ? Peu importe, je suis les Larmes et je suis la Horde de Cœur et de Sang ! Et les Yeux crient au sujet d’une combinaison. Je pense aux deux runes. Connection et Machine mais… cela demeure dans effet ! Le Horla d’ombre le saisit et m’entraine dans ses ténèbres. Une sirène se met à hurler. Quand j’ouvre les yeux, je ne vois que des brindilles et des débris. Je suis par terre. Le sol est de terre grossièrement battue et on m’a recouvert de feuilles, de brindilles et autres débris. Cette salle ne ressemble à aucune de celles décrites dans le journal. Où suis-je ?



            Je me relève. Autour de moi, il fait sombre. Pourtant, le toit est défoncé. Je vois les étoiles. Il y a d’autres monticules de terre, de débris et de branchage. Et dessous, il y a d’autres corps. D’autres avant moi ont été enterrés ici. Est-ce que d’autres, comme moi, se sont réveillés ?


            Je fais le tour de cette fosse et constate que d’autres tas de débris ont aussi été balayé. Ce Horla a-t-il fait de ce lieu son… garde-manger ? A-t-il prévu de revenir ? Si d’autres, comme moi, se sont relevés, où sont-ils passés ? Je cherche une sortie. Je pense que cet endroit existait déjà avant que le Horla n’apparaisse et n’en fasse son domaine. Par contre, j’ai peur d’être toujours là quand il reviendra. Je regarde autour de moi et ne voit aucune sortie. Les ombres du Horla seraient la seule issue ? Non ! L’ange m’a parlé de la magie des lieux. Il doit y avoir ici une de ces fameuses « failles ». Mais, à quoi servait alors un tel endroit, avant l’avènement de Millevaux, s’il n’y avait pas d’accès visible ? Ce devait être une pièce secrète. Une pièce « importante », peut-être, pour ceux qui ont, en secret, ont œuvré à l’apparition du Titan Rotting Christ. Alors, je cherche autant une sortie qu’un indice de ce qu’a pu être cette salle pour eux, à l’époque. Je trouve deux fioles remplies chacune remplie d’un liquide coloré. Je reconnais ces reflets. De la Bile de Proteus. Ce sont des ingrédients alchimiques. Cette pièce leur servait-elle de laboratoire ou seulement d’entrepôt. Quoi qu’il en soit, avec son accès « secret », cette pièce a dû servir aux invocateurs du Titan. Et si les Yeux avaient vu quelque chose…


            Et je dis :

            « Je suis les Larmes !

            Ici et maintenant, je bois la Bile de Proteus pour montrer une vision d’exaltation !

            Je suis les Larmes ! »

            Et je pense que je suis aussi la Corneille qui Garde les Souvenirs. Si cette pièce a des souvenirs, j’espère que les Yeux accepteront que j’en devienne le gardien.

            Mais les Yeux veulent que je suive une piste. Cette piste, c’est… une vieille rancune ? Je dois me laisser aller… ? Mais, à qui est-ce que j’en veux, en vérité ? J’ai beau être la Corneille, ce souvenir s’est enfui. Ou on me l’a volé ? Millevaux aurait déjà commencé à me voler ma mémoire ?

            A qui j’en veux ? Qui m’a fait du mal ? La réponse serait dans ces ruines ? Et pourquoi je pense à cet explorateur mort dont a parlé le Fossoyeur ? Je suis venu ici avec une quête. Je devais comprendre ce qui s’était passé pour essayer d’inverser le processus et refaire de cette planète un endroit habitable pour les miens, réfugiés dans ce Rêve si triste mais… les Yeux me montrent autre chose. Ou quelque chose en plus ! Je ne sais pas si mon destin est ici mais une partie de mon passé y est, j’en suis convaincu maintenant ! Je viens de l’île du Rêve mais… j’ai vécu dans l’Eveil. J’étais quelqu’un dans l’Eveil ! Qui ? Je finis par trouver cette fameuse faille mais ses bords sont tranchant et m’arrachent quelques larmes…

            Je me retrouve dans un tunnel. Il descend. Il s’enfonce dans les profondeurs de la terre et je ne peux m’empêcher de voir là comme une métaphore. Je m’enfonce dans les profondeurs de ma propre psyché, dans le labyrinthe de mes souvenirs perdus d’Eveillé.

            Soudain, sorti de nulle part, un homme, plus jeune que moi, me saute dessus. Il est armé d’une lourde masse en acier mais… ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. Ce qui m’effraye, c’est son tatouage. Sur son torse est tatoué le nom d’un démon ! Comment le reconnais-je ? Parce qu’il s’agit d’un Prince-Démon. Cet homme porte le nom de Caym ! Mais il est mal orthographié. Il y a écrit Caïn. Mais c’est bien de Caym qu’il s’agit. Cet homme s’est approprié les pouvoirs du démon sur les animaux !

            Alors je dis :

            « Je suis les Larmes !

            Je suis la Horde de Cœur et de Sang !

            Ici est maintenant, je deviens Légion pour changer ta joie en regret !

            Je suis la Horde de Cœur et de Sang !

            Je suis les Larmes ! »

            Et, grâce aux Yeux, cela attire, détourne, son attention. Le jeune se fige et me fixe. « Nous » fixe ! Je suis Légion, je suis multiple, je suis un cauchemar !

            A lui comme à moi, les Yeux font cette révélation. Je suis… le Thanatrauma ! Dans l’Eveil, je suis un démon au service de Beleth, le Prince des Cauchemars. A mes ennemis, j’inflige des Cauchemars Mortels et quand je plaque des accords sur les touches de mon clavier coulent des Larmes de Furies !

            Je suis le Thanatrauma ! J’étais là quand le Titan Rotting Christ a répandu sa pestilence sur cette planète. Sa victoire, c’est mon échec ! Mon peuple… c’est celui qui s’est enfui dans le monde des Rêves de Blandine. Mais pourquoi le Rêve de l’Archange  est-il devenu si triste ? Parce que lui aussi a été corrompu par la pourriture des Anciens ! Ici, dans ces ruines, se trouve le secret de comment le Titan a été invoqué. Si je parviens à le découvrir, je pourrais peut-être non seulement sauver l’Eveil mais aussi le Rêve. Et pendant que je réfléchis, cette partie de moi issue de la poussière, ce cauchemar mort-vivant qu’est la Horde arrache son Cœur et boit son Sang à ce malheureux assassin.



            Maintenant que je me rappelle être Thanatrauma, démon au service de Beleth, mais que je me rappelle aussi et surtout mon impuissance face à l’Eveil du Titan Rotting Christ, tout prend une autre dimension. Ces runes de Connection et de Machine, est-ce que je dois me reconnecter à mon clavier et réussir là où j’ai échoué. Est-ce que les Larmes des Furies feront reculer Millevaux. Et si les mages qui ont invoqué le Titan avaient eu aussi utilisé la musique ? A l’époque, nous avions considéré que la musique contre laquelle nous nous battions était la plainte poussée par le Titan mais peut-être nous sommes-nous trompés de cible. Et si, dans ces ruines, il restait une sorte de… « studio d’enregistrement » ?


            Mes ombres mortes-vivantes achèvent leur repas et je réfléchis. il y a toujours eu un lien entre les mathématiques et la musique, question de… structure… Les mages qui ont ravi cette planète à Caym utilisaient une magie liée à la géométrie des volumes. L’auraient-ils appliquée à la musique. Y aurait-il une géométrie musicale, des superpositions possibles, des « failles » à créer et traverser ? Et quelle serait alors les règles « non euclidiennes » de cette nouvelle musique ?

            Ici, je ne peux pas compter ni sur BeauDarkness, ni sur Spider Tank. Et c’est bien dommage car ce dernier connait ces tunnels. Je rassemble mes Zombres. Nous avançons. Au bout de ce tunnel, il y a de la lumière. J’entends du bruit également. Une rumeur, il y a du monde dehors mais rien de menaçant. On dirait… un jour de marché ! Mais à mesure que je m’approche de la sortie, mes pas deviennent lourds. Mes vêtements aussi. J’ai de plus en plus de mal à avancer. Chaque pas est une torture. Je sens que mes os vont finir par se briser si je continue à les forcer ainsi. Je tombe ! Je peine à redresser la tête et je vois un visage penché sur moi. Un ange ! Ce n’est pas celle que j’ai croisé. Est-ce son compagnon. Je peine à articuler ma question mais les mots se fraient malgré tout un chemin jusqu’hors de ma gorge. L’ange fait non de la tête. Va-t-il m’aider ? Il me tend la main et, voyant que je ne parviens plus à bouger, il me saisit sous les épaules et me jette sur la sienne. Les Yeux ont exprimé leur volonté. Je ferme les miens.

            J’ouvre les yeux. Je suis toujours sous terre. L’ange n’est plus là. Je suis de nouveau dans cette fosse où m’avait laissé le Horla. Comment l’ange a pu m’y déposer ? Il doit connaitre la magie des Angles. Ou, au moins, il doit bien connaitre ces lieux. Mais pourquoi ne pas m’avoir porté à l’extérieur. Peut-être a-t-il perçu ma nature démoniaque et estimé que ma place est ici, dans les ténèbres. Ou alors, est-ce peut-être là encore la volonté des Yeux. J’ai des choses à faire dans ces ruines. Heureusement pour moi, je sais où est la sortie mais… où me conduira-t-elle cette fois ?

            Avant de partir, je pense à consulter le vieux journal. Est-ce que quelque chose rappelant un « studio » y est indiqué ? Oui ! Et c’est même nommé en ces termes-là ! Je n’y avais pas prêté attention lorsque j’avais survolé ces lignes la premières fois mais, effectivement, le plan mentionne l’existence de ce qui pourrait être un studio puisqu’il s’agit du laboratoire mathématicomusical. La faille doit pouvoir m’y conduire. Je n’ai que deux runes mais elles peuvent m’être utiles si je m’en sers pour me « connecter » aux « machines » qui doivent se trouver là-bas. Les Yeux s’invitent dans mes pensées et exigent du sang. Qu’à cela ne tienne, j’en ai ! Mes Zombres sont encore pleines du sang du jeune assassin. Il me suffit d’en vider une pour que la faille me donne accès à ce fameux laboratoire.

            De l’autre côté de la faille, je manque de chuter dans ce qui s’avère être non pas un laboratoire mais un gigantesque trou s’ouvrant sur les abysses ! Je manque de perdre l’équilibre. Je cligne des Yeux et… l’illusion se dissipe. Je suis déçu car il n’y a pas, ou plus, d’instruments de musique. Pourtant, il y en a eu. Il reste des câbles qui ne laissent aucun doute. Je fouille la pièce à la recherche de papiers, de notes, de partitions. Mais les mages n’ont rien laissé de tel. J’examine aussi le sol et les murs à la recherche du tracé d’un ou plusieurs pentacles. Là encore, je ne vois rien. Cela ne prouve pas qu’il n’y a jamais rien eu de tel ici mais… il n’y a plus rien. Pourtant, j’ai la certitude que des rituels ont eu lieu ici car il reste malgré tout quelques bougies rituelles ainsi que des coupelles au fond noircis. On a fait brûler des encens. Malgré le temps qui est passé, je peux reconnaitre certaines odeurs. Il y a des Cendres de Perle. Mais aussi du Nitrate et de la poudre d’Or Fulminaté. Je m’intéresse maintenant aux bougies. Leur composition a-t-elle quelque chose de particulier ? Oui ! L’une d’entre elles sent la Rose et la Violette. Ces odeurs sont celles de Vénus, la planète comme la Déesse. Il y a aussi des relents de Vétiver, rappelant l’élément Terre. Il est probable que, par ses odeurs, les mages aient voulu proclamer leur amour pour la Terre, pour Shub-Niggurath. Et alors que je me fais fort de me rappeler que si, de notre île du Rêve, nous devons nous aussi nous livrer à un rituel, il faudra bien faire attention à la conjonction avec Vénus, je sens quelque chose. Il y a quelque chose de plus dans cette pièce. Les mages ont emporté tout ce qu’ils ont pu mais ils ont oublié, ou laissé, quelque chose d’autres que ces bougies et ces coupelles. Il y a une présence… Quelque d’insidieux. Un… Parasite ! Est-ce un gardien ou un… « imprévu » ? Et si la présence de cette chose signifiait que, finalement, même si le Titan a bien répandu Millevaux sur cette planète, tout ne s’était pas passé comme prévu ? Après tout, le feu de l’Enfer coule toujours sous terre.



            Ma quête est loin d’être terminée. Pourtant, j’ai quand trouvé certaines réponses à mes questions. Ces mages corrompus qui ont invoqué le Titan Rotting, ce sont les Kadmonites, une ancienne secte d’alchimistes qui a pris possession de cette planète et de certainement plusieurs autres. D’après Spider Tank, ceux qui vivaient ici ont mis au point une espèce de magie géométrique permettant, grâce à l’utilisation de rituel non-euclidien, de superposer des espaces aux volumes différentes, créant ainsi des « failles », des « fractures » dans l’espace et le temps. Si j’en crois ce que j’ai vu, il est possible qu’ils aient « amplifié » les effets de cette magie en utilisant la musique d’une façon similaire à celle que nous utilisons avec BeauDarkness. La musique leur aurait permis d’utiliser leur magie à l’échelle cosmique afin d’attirer le Titan et offrir cette planète à Shub-Niggurath. Ainsi, la Chèvre Noire a transformé ce désert en une forêt en putréfaction. Pourtant, bien que nous ayons dû nous enfuir dans le monde du Rêve, le feu de l’Enfer coule toujours sous terre. Et bien que je n’ai pu vraiment le constater de visu ni creuser la question, il semble bien que la « vie » a repris certains de ses droits ici-même. Il n’y a pas que des monstres et des assassins dans ces ruines. Il y a aussi des anges – des explorateurs ? – et j’ai bien cru entendre une foule dehors. De là à dire que même envahie par Millevaux Uzrun serait finalement habitable pour les miens restés sur notre île de Tristesse…

            Pourtant, quelque chose me contraint à rester sous terre, justement. il ne m’a pas été possible de quitter ces tunnels. Est-ce à cause de ma nature de démon ? C’est BeauDarkness, Spider Tank et moi qui avant fait en sorte que le feu coule toujours sous terre. Alors, peut-être que c’est notre royaume et que nous ne pouvons pas le quitter ?

            Mais que tout cela ne me fasse pas oublier la présence de ce parasite. Je le cherche du regard. Je sens sa présence. Je me concentre et finis par voir quelque chose. Une silhouette, comme l’image d’un corps dessiné dans la terre. Mais ce n’est pas un dessin. C’est un véritable corps figé dans la souffrance et qui a… fusionné avec la terre. C’est pour cela que, ans la pénombre, on le distingue à peine. Il a pris la couleur de la terre et, bien que ne connaissant pas le rythme de cette absorption par le sol, il semble bien qu’il est sur le point de disparaitre. J’examine ce corps et constate qu’il est recouvert en partie d’une sorte de mousse, du moisi… une sorte de champignon. Je n’en trouve pas de trace ailleurs dans cette salle. Je n’ai pas de clavier pour user de mes pouvoirs musicaux. Et depuis que j’ai retrouvé la mémoire, les Yeux m’ont abandonné. Mes pouvoirs de démons visent à infliger des cauchemars à mes cibles mais… quelle cible ici ? Vais-je tenter de faire cauchemarder un… champignon ?

            Mais si j’en crois ce que m’ont laissé entendre les Yeux, il y aurait un autre Rêveur. Pourrais-je l’atteindre en lançant un cauchemar à la volée, au hasard. Et si je me laissais aller à fermer les Yeux et à rêver, tout simplement ? Et si je rêvais que je possédais mon clavier, pourrais-je en utiliser la magie ? Si ça marche, je pourrais au moins purifier ces lieux.

            Incroyable ! C’est une insomnie ! Impossible de m’endormir ! Mais au moins, j’en saisis l’origine. Et cela n’a rien à voir avec le parasite qui hante cette pièce. Il y a effectivement un Rêveur quelque part. Il sait que je suis là et ce dont je suis capable et il veut m’empêcher d’agir. Et il veut m’empêcher d’agir car… il doit penser que ça peut marcher ! Je ne sais pas s’il a espionné mes pensées ou s’il considère seulement que le Rêve est une menace pour ses plans mais, quoi qu’il en soit, il a dressé des défenses afin d’empêcher toutes actions dans et par le Rêve. Bien qu’ayant retrouvé mon nom et la mémoire, j’appelle quand même les Yeux. Mais personne ne me répond. Les Yeux m’ont bel et bien abandonné. Je vais devoir me débrouiller sans eux, sans Yeux !

            J’examine mes options. Je n’ai pas de clavier pour user de la magie musicale. Je n’ai pas accès au Rêve pour user des mes pouvoirs démoniaques. Je suis coincé sous terre car quelque chose ou quelqu’un m’empêche de quitter ces tunnels. Est-ce ce fameux Rêveurs ? Est-il l’agent dont ont parlé les Yeux ? Et quid de cette Révolution ? Une Révolution contre qui, contre quoi ?

            Parmi les questions sans réponse, je ne sais toujours pas qui était cet explorateur dont a parlé le Fossoyeur. S’agit-il d’un ange ? Mais il a bien dit qu’il était mort. Et si, sur son cadavre, je trouvais quelque chose ? Je dois aussi trouver ce Recueil de Poésies Impies. Il y a une musicalité dans la poésie. Cela pourrait me permettre d’utiliser certains de mes pouvoirs.

            Ce serait vraiment de la chance mais… et si ce corps juste à côté de moi était celui que je cherche. Si cet explorateur était là, juste sous mes yeux ? Alors je creuse. Comme un archéologue, je creuse autour de ce corps. J’essaye de le dégager de la terre avec le plus de soin possible. Il n’y a pas de hasard ! Enfouie sous terre, il y a une sacoche. Et dedans, un livre. Ce Compendium fourmille d’informations sur les Anciens, leurs cultes, leurs serviteurs, leur magie. Il y a là décris plusieurs rituels en diverses langues. Je reconnais les caractères de la Langue des Oiseaux. Mais il y en a aussi dans la Langues des Profondeurs et d’autres dans la Langue Putride. Ces rituels… ce sont des litanies, des chants, comme des poèmes. Et si… ?

            Mais ce sont là des rituels complexes et je n’ai pas les ingrédients nécessaires. 


            Et surtout… Je ne trouve plus la « Faille ». Ou plutôt, si ! Je la trouve mais… Je ne peux pas la traverser. Est-ce à cause de ce parasite ? C’est un peu la même sensation que celle que j’ai ressenti quand j’ai voulu sortir des tunnels, en moins violent toutefois. Pour autant, on dirait bien que je suis coincé ici. Alors même que je viens de trouver ce vieux Livre et ses rituels dont certains pourraient me servir, je ne peux pas quitter cette salle, physiquement ou oniriquement. Comment faire savoir aux miens restés sur notre Île du Rêve que je suis ici ? Comment traverser cette »faille » ? Qui est ce Rêveur qui m’empêche même de m’évader en rêvant ? Je vois là une cruelle ironie. Alors même que je pense avoir en main tout ce qu’il faut pour aider les miens, je suis coincé là d’où personne ne semble pouvoir me délivrer !

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