MICROSCOPE – STELLA INQUISITORUS



            Spider Tank est un démon de Bifrons nettement moins stupide que les autres. C’est pour ça que sa hiérarchie respecte son besoin de solitude et lui confie des missions pour lesquelles certes la force peut s’avérer nécessaire mais où il va aussi falloir se servir de son cerveau et savoir faire preuve d’à-propos. C’est une mission de ce genre qui le conduit dans ce coin reculé du Dunkle Reik. La planète sur laquelle il se rend orbite autour d’un soleil blanc. Comme elle en est assez proche, Spider Tank en déduit qu’il doit faire très chaud.

            Cette planète sans nom, officiellement ce système n’a été attribué à aucun Prince, est la seconde. La première doit être tout simplement inhabitable. L’autre, il verrait au besoin. Sa mission est simple. Bifrons sait bien que Caym est aux mannettes de ce système. Mais il sait aussi que cela doit rester un secret. Pourtant, là, il y a quelque chose qui intéresse son Prince car ce dernier sait qu’il va pouvoir le monnayer avec Beleth, Prince-Démon des Cauchemars. Il s’agit du Lotus des Profondeurs dont on dit qu’il permet d’accéder à un plan du Rêve qui échapperait au contrôle du Prince. Que cela soit vrai ou non, Bifrons s’en moque. Il veut le Lotus pour l’agiter sous le nez de Beleth. Il a mené son enquête et est au courant de l’existence des Kadmonites sur cette planète. Aussi, il attend de Spider Tank que celui-ci mette la main sur un des alchimistes et, si possible, un spécimen de la célèbre fleur.

            Spider Tank entre dans l’atmosphère. La température est effectivement très élevée. Cela risque d’être difficile pour le squad de goules qui l’accompagne. Il arrive en vue de la capitale et cherche un endroit discret où atterrir. Uzrun se dresse en plein milieu d’un vaste plateau rocailleux. Il n’y a aucun relief derrière lequel se dissimuler. Soit il s’approche et prend le risque d’être repéré, soit il se fait à l’idée de devoir traverser une partie de ce désert à pied.

            Sans trop y croire, il tente une approche mais se rend vite compte qu’il n’y a nulle part où cacher le vaisseau à proximité des murs d’Uzrun. Et un autre problème se pose. Il a été repéré. Les habitants de cette planète ne disposent pas des ressources technologiques permettant d’abattre un vaisseau. Par contre, ils possèdent visiblement des moyens surnaturels d’y parvenir. Un flash lumineux apparait juste sous ses yeux et lui fait perdre le contrôle des commandes du vaisseau. Et, en même temps, une vive douleur lui déchire les bras et le torse.

            Il parvient malgré tout à poser le vaisseau sans trop de dommage. Une fois le flash disparu, il constate de multiples lacérations tout le long de ses bras et de sa poitrine. Il nettoie ses plaies puis enfile son armure Mandelbrille, le top en la matière, tout droit sortie des laboratoires de Vapula. Il va en avoir besoin s’il veut arriver vivant jusqu’à Uzrun.



            D’après ses calculs, Spider Tank en a pour environ 5 jours de marche. Même si elle lui est indispensable, son armure pèse lourd et ses servo-moteurs ne sont pas très rapide. Et puis, il lui faut aussi trainer ses goules.


            Sans attendre, il entame son périple jusqu’à Uzrun. Le soleil cogne. C’est difficile à tenir, même avec la clim’ de l’armure. Et c’est encore plus dur pour les goules. Alors, Spider Tank décide de prendre un peu de repos à l’ombre. Un peu plus loin, sur sa droite, il voit des ruines. On dirait un temple. Pendant que ls goules se reposent, il examine certains bas-reliefs et fait une recherche dans la base de données de l’armure pour savoir si la ou les dieux qui ont été vénérés ici sont connus. C’est un peu ce qu’il craignait. Ce temple était dédié autant à Chtulhu qu’à Azathtoth. Il ne les connait que de réputation. Ce sont des dieux très très Anciens. Ils ont régné sur Terre avant que l’homme n’apparaissent. Puis, ils sont revenus. Et ils sont repartis. C’était il y a très longtemps. Où sont-ils maintenant ? Plus ici, c’est ce qu’espère Spider Tank en tout cas.


            Soudain, les goules gémissent bizarrement. Du fond des ruines émerge une silhouette maigre et tordue. Spider Tank se cache derrière un pan de mur et observe ce qui fut un être humain approcher des goules. Sa démarche est chaloupée, saccadée. Ses lèvres sont retroussées sur une mâchoire déformée par des dents surnuméraires et hypertrophiées. Ses mains sont tordues et déchirées par des excroissances osseuses. L’« homme » est d’une maigreur cadavérique. Sa peau est brulée par le soleil. il ne porte qu’un haillon blanchâtre en guise de pagne. Cette chose ne parait pas armée. Elle a vu les goules mais Spider Tank. Il se met à distance et épaule son fusil. Mais, au dernier moment, le cadavre ambulant « trébuche » et évite le tir de Spider Tank. Il se retourne et le fixe de ses yeux vides. Dans son armure, Spider Tank tremble face à ce vide. Pour autant, il se ressaisit et, cette fois, touche.


            Sa cible tombe au sol, sur le dos. Mais Spider Tank a l’impression qu’elle s’est jetée au sol volontairement. Elle s’arc-boute et il peut entendre sa colonne vertébrale craquer. Ses mouvements défient toute logique et Spider Tank ne parvient pas à verrouiller sa cible. Pire que ça, son arme s’enraille. Il ordonne aux goules de réagir et tombe à terre, touché par des flammes de glaces.


            Les goules fondent, enfin !, sur leur cible. Elles la plaquent au sol et lui déchirent la peau, se nourrissant de ce qui lui reste de muscles et autres organes internes. Mais, avant de mourir, cette lance un dernier regard et une dernière gerbe de flammes gelées en direction de Spider Tank qui a juste le temps d’activer le bouclier magnétique de son armure.


            Spider Tank fait un check-up de son armure. Son bouclier énergétique est mort. Il fait l’appel de ses goules. Deux sont mortes également. Et il est encore loin d’Uzrun. Au cas où, il fouille le corps et ne trouve qu’une demi-douzaine de pièces d’un métal usé. Cette « monnaie » est-elle seulement toujours en vigueur à Uzrun ?

            Le démon et ses goules reprennent leur marche et arrivent en vue d’un campement nomade ou plutôt semi-nomade. Ce ne sont que des tentes mais on dirait bien qu’elles n’ont pas été démontée depuis très longtemps. Spider Tank préfère retirer son armure et s’y rendre seul. A la charge des goules de protéger son matériel.

            Errant au hasard dans ce marché, il cherche ce qui pourrait éventuellement lui permettre de réparer le bouclier énergétique de son armure quand un bagarre éclate juste devant lui. Il évite un coup de justesse. Ne souhaitant pas s’en mêler, il préfère s’éloigner. Il a beau tourner et virer entre les étals, il ne trouve évidemment rien qui lui permette de réparer son armure. Toutefois, les pièces récupérées sur le cadavre ambulant lui permettent de s’acheter quelques rations, de quoi tenir jusqu’à Uzrun.

            Ils sont maintenant face à un ravin. Il va falloir le contourner… et perdre un temps précieux. Quoique… Errant au hasard, longeant le ravin, ses pas le mènent à l’entrée d’un grotte. Au moins, ils seront à l’ombre.

            La grotte s’ouvre sur une grande salle ovale et, heureusement, vide. Il n’y a qu’une seule issue. Autant avancer. Spider Tank allume les systèmes d’éclairage de son armure et s’engage dans un couloir. Il marche un moment. Celui lui parait long car il est prudent. Le couloir tourne sur la droite puis, encore une fois, sur la droite. Il craint de revenir sur ses pas mais le couloir s’ouvre sur une salle carrée. Là encore, il ne voit qu’une seule autre issue. Il avance, prudemment mais… pas assez ! Le sol se dérobe sous ses pieds et, emporté par le poids de l’armure, il se retrouve au fond d’une fosse.

            Les goules ont beau se pencher et lui tendre les bras, le trou est trop profond et l’armure trop lourde. Alors, Spider Tank décide de faire hurler les servo-moteurs de l’armure pour effectuer un bond lui permettant de se rattraper au bord du trou. Là, les goules l’aident à se relever. Un deuxième bond lui permet de franchir le vide. Une fois de l’autre côté, il aide ses monstres à le rejoindre et ils continuent leur route le long d’un corridor des plus sinueux.

            De nouveaux une salle carrée, mais sans aucune issue visible. Mais ils ne sont pas seuls. Quelqu’un est déjà là. Spider Tank l’entend avant de le voir. Des halètements frénétiques. Des bribes de phrases prononcées dans la langue du Dunkle Reik. Est-ce un démon ? La lecture d’aura de l’armure indique que oui. L’aura est faible mais cet homme est bien possédé par un démon. Spider Tank s’approche mais reste prudent. Il observe l’homme, le démon, est comprend que celui-ci a perdu la raison. Y a-t-il un moyen de la lui rendre ? Et puis, depuis combien de temps est-il ici ? Qu’est-il venu y faire ? Est-ce que lui aussi cherchait un spécimen de Lotus des Profondeurs ?

            Spider Tank attend et observe. L’autre tient des propos complétement incohérents. Et pire que ça, il prononce même les noms de certains dieux Anciens. Manifestement, il cherche quelque chose ici et il n’y a rien à en tirer alors… Spider Tank vise et tire ! Le démon s’écroule… et se relève aussitôt et, fixant Spider Tank droit dans les yeux, prononce ces mots, cette malédiction par laquelle il le condamne à mourir d’une corruption infectieuse dans les 6 mois. Spider Tank connait ce pouvoir démoniaque mais là il s’agit d’une sorte de « variante ». Quelle forme va prendre cette maladie ?

            Il se posera la question plus tard ! Il tire, touche le démon à la tête. Celle-ci éclate et le corps disparait. 



            Comment ce démon avait atterri là, il n’en saura certainement jamais rien. Que cherchait-il ? Cherchait-il seulement autre chose que la sortie ? Était-il devenu fou au point de ne même plus songer à faire simplement demi-tour ? Spider Tank en doute car il a bien reconnu les noms de certains dieux Anciens. Non, ce démon était là pour une raison bien précise et cette caverne doit refermer un secret quelconque. Aussi, il ordonne à ses goules de fouiller les lieux pendant que lui mobilise les senseurs de son armure afin de tenter de percer les mystères de ces murs.


            Alors qu’une des goules l’appelle, l’armure émet un bip significatif. Il fait taire la goule et se concentre sur ce qu’a « perçu » l’armure. Quelque chose ne va pas dans la structure de cette pièce. Il y a un « écart » entre ce que l’armure a perçu et ce que lui a vu. En fait, l’armure signale un « bug » à l’intersection de deux parois. Spider Tank s’approche. Quelque chose cloche au niveau… géométrique.


            Comme la goule insiste, il la suit et découvre l’une d’entre littéralement fusionnée avec la paroi. Il relance les senseurs de l’armure qui signale un bug similaire. Et la goule lui montre une série d’inscriptions aux ¾ effacées. Quelle est cette langue ? Il devrait s’occuper de sa goule mais scanne d’abord les inscriptions et lance une recherche dans la base de données de l’armure. Bien qu’il ne s’agisse pas de ce langage-là, certains caractères ressemblent à ceux de la Langue Putride, celle qu’utilisaient, il y a très très longtemps, les serviteurs de Shub-Niggurath. Pourquoi ces caractères ne font que ressembler à la langue de la Chèvre Noire ? Est-ce une évolution de langue ou une corruption due à une mauvaise connaissance ? Si seulement il pouvait savoir ce que ce démon fichait ici ?


            Sans trop y croire, il demande à l’armure de lui traduire ces caractères et examine la situation de la goule coincée dans le mur. Comment la sortir de là ? Spider Tank tente de comprendre. Il ne peut être certain de rien mais c’est un peu comme si l’architecture de la pièce ne correspondait pas à ce qu’il peut en percevoir. Ses sens ne sont pas conçus pour la percevoir. Ou alors, il y a deux pièces qui se superposent. L’une est conçue selon les règles de la géométrie en vigueur dans cet réalité et l’autre… Et la goule serait tombée dans une sorte de faille entre les deux ? Serait-ce cela que cherchait l’autre démon, le corrompu ?


            Pour autant, il a une mission. Il doit gagner Uzrun et trouver un spécimen de Lotus des Profondeurs. Aussi, il enregistre toutes les informations possibles concernant cet endroit en vue de les transmettre à sa hiérarchie qui saura quoi en faire. Ensuite, il tente d’extraire la goule de ce mauvais pas. Il l’attrape par les épaules et tire. effectivement, elle est bien coincée et il doit utilise les servo-moteurs de son armure pour parvenir à l’extraire, non sans douleur.

            C’est à regret qu’il fait demi-tour et regagne la surface. Il espère qu’on lui confiera pour mission de revenir ici et percer le mystère de cette grotte. Et la petite troupe longe de nouveau le ravin, à la recherche d’un passage vers Uzrun. Après quelques heures de marche, Spider Tank aperçoit un petit campement. Une silhouette décharnée s’escrime au-dessus d’un chaudron fumant. Trop fatigué pour être discret, lui et les goules débarquent comme des cheveux sur la soupe mais cette vieille femme ne parait ni surprise, ni effrayée. Elle invite Spider Tank à la suivre dans sa tente. Là, une multitude de bocaux sont remplies de liquides aux couleurs étranges. Elle se présente comme étant une sorcière et lui propose de le guérir de ses maux… contre rémunération évidemment. Spider Tank n’a rien à lui offrir en échange de ses services mais il joue le jeu. Et si, se dit-il, elle connaissait la nature de la malédiction dont il a été l’objet dans la grotte. Mais elle demande à être payée d’avance. Alors, il lui propose, à défaut de la monnaie locale, de lui céder une goule comme serviteur. Elle fait la moue mais accepte.

            Sans rentrer dans les détails, il lui explique donc être victime d’une malédiction qui risque bien de le tuer. De quel mal est-il atteint ? Peut-elle le guérir ? La sorcière fait la grimace. Elle l’observe, le fixe, colle quasiment son visage contre le sien .sa fierté en prend un coup car… Elle ne décèle rien. Elle ne peut même pas confirmer la réalité de cette malédiction. Spider Tank se moquerait-il d’elle ? Le démon lui assure que non et lui en dit un peu plus sur son histoire. Il lui parle de la grotte. Mais cela ne dit rien à la sorcière qui lui assure qu’il n’est l’objet d’aucune malédiction ou alors… celle-ci est tellement puissante, ou fourbe, qu’elle se cache très bien ! Malgré tout, elle exige d’être payée. Spider Tank s’acquitte de sa dette en la délivrant d’une vie bien difficile sur cette planète inhospitalière. Qui que furent ses dieux, elle est à leurs côtés maintenant.
            Et il reprend la route. Après encore une journée et une nuit de marche, Uzrun semble enfin se rapprocher. Et, à quelques kilomètres des portes de la cité de pierre, le démon et les goules traversent une étonnante oasis. Là, enfin, ils peuvent prendre un peu de repos et, conformément à des lois de l’hospitalité qu’il ne pensait pas voir en vigueur ici, on leur offre de l’eau et des fruits. Spider Tank reste malgré tout prudent et sur la défensive car, évidemment, cela pourrait être un vulgaire piège pour endormir sa méfiance. Mais, après avoir récupéré de cette longue marche, il rappelle ses goules et arrive enfin aux portes d’Uzrun. Maintenant, il faut réussir à entrer dans se faire repérer. Quelle est la meilleure solution ? Trouver des souterrains, des égouts ? Attendre la nuit et escalader les murailles ? Il opte pour des souterrains. Un scan des environs lui permet de localiser une entrée. Autant ne pas attendre, il a déjà perdu assez de temps.


            Curieusement, mais heureusement, ces souterrains ne sont pas d’actuels ou anciens égouts. En fait, il semble qu’il s’agisse d’un passage secret et… pas si ancien et abandonné que ça. Spider Tank se demande même s’ils n’ont pas été utilisé récemment mais rien ne permet pourtant de l’affirmer.

            Cette entrée, ou sortie, donne sur une pièce ovale. Une inspection des lieux permet d’éviter de tomber dans un nouveau piège. Les servo-moteurs de son armure permettent à Spider Tank de sauter de l’autre côté mais il lui faudrait faire plusieurs allers et retours s’il veut que les goules l’accompagnent. Il préfère donc les laisser là, prêtes à intervenir s’il doit revenir en urgence.

            Son saut le fait atterrir à l’entrée d’un couloir tournant plusieurs fois sur la gauche. Soudain, du bruit, comme des bruits de pas. Les senseurs de l’armure reconstituent l’image d’une créature empruntant notamment ses pinces géantes à un crabe. Est-ce le résultat d’une expérience menée par un démon de Caym ou par un Kadmonite ? Peu importe de le savoir. Spider Tank épaule son fusil et approche silencieusement. Il tire et touche mais… l’armure de ce « crabe » est résistante. Et il est rapide. D’un bond, il se jette sur Spider Tank qui n’a pas le temps de l’esquiver. Il est projeté au sol et la crustacé est déjà sur lui refermant une de ses pinces sur sa jambe gauche. Malgré l’armure et les produit chimique qu’elle lui injecte instantanément, la douleur est à la limite du supportable. Malgré cela, Spider Tank parvient tout de même à lui décrocher un coup de point au niveau de ce qui semble être sa tête. Mais cette chose ressemble finalement si peu à un humain, et si vaguement au crabe dont elle tire ses pinces et sa carapace, qu’il ne sait pas vraiment où il frappe. Mais il a dû toucher un point sensible car le monstre se relève aussitôt et s’enfuit.
            Spider Tank se relève aussi et récupère son fusil. Il examine sa jambe et constate qu’elle a subi une sorte d’écrasement musculaire, malgré l’armure. Il est mal en point mais les servo-moteurs vont pallier ce problème et lui permettre de continuer sa route. Il a ouvert tous ses capteurs mais il n’y aucune trace du « crabe ». Il arrive maintenant dans une nouvelle salle. Contrairement à la précédente, ses parois ont été taillé et elle est de forme hexagonale. Par contre, il n’y a pas de sortie apparente. D’où la question que se pose Spider Tank, où est passé la créature qu’il vient de combattre ?
            Il fait le tour de la pièce et ressent quelque chose d’étrange. Du… bien-être ? Oui, c’est ça ! Cette salle dégage une sorte d’aura qui lui fait du bien. Déjà, il sent qu’il n’a plus besoin de l’aide de l’armure pour se servir de sa jambe. Il regarde au plafond. La salle est assez haute mais, contrairement à ce qu’il craignait, le crustacé n’y a pas trouvé refuge. Cela veut dire qu’il y a une issue, cachée ! Il a beau faire le tour, il ne trouve pas. Les senseurs de l’armure restent muets. Et s’il s’agissait du même genre d’« anomalie » que celle de l’autre grotte ? Alors, il examine les angles et demande aux systèmes de l’armure de procéder à des simulations et des superpositions de modèles. Il y a forcément une issue, une faille. Le crabe l’a bien trouvée, qu’il l’ait fait exprès ou non.
            Et les systèmes de l’armure mettent finalement un point de la pièce en évidence. Spider Tank est un peu réticent car il se rappelle du démon fou et de sa goule qui était restée coincée. Pourtant, la suite de sa mission est de l’autre côté. Il n’a pas le choix, il doit avancer. Il se jette donc contre le mur et traverse cette faille invisible. De l’autre côté…
            … l’aura bienfaisante cède la place à quelque chose qui ressemble beaucoup plus à l’Enfer. C’est une aura faite de rage qui empreigne Spider Tank et, il s’en doute, les choses qui peuplent ce nouvel endroit. Cette pièce a la forme d’une pyramide, conformément au modèle établi par la base de données de l’armure qui lui a permis de détecter cette faille. Spider Tank se demande si une partie des expériences menées ici par les Kadmonites ne consistent pas, justement, en la manipulation de l’espace par superposition de volumes aux formes et aux géométries différentes. En attendant, deux issues, bien visibles, s’offrent à lui. Un check radar lui permet de détecter la présence du « crabe » dans l’un des couloirs. A priori, l’autre est désert. Alors, c’est celui-là qu’il choisit.






            Spider Tank s’engage prudemment dans un couloir sinueux, obliquant d’abord à droite, puis à gauche. Il enregistre bien son trajet dans la mémoire de l’armure. Au cas où il devrait s’enfuir en courant. Et il se retrouve dans une salle à la géométrie étrange. Elle est en forme de trapèze. Convaincu que ceux qui vivent ici pratiquent une forme de magie liée à la géométrie, Spider Tank pense que cette pièce doit elle aussi cacher une « faille ». Et s’il y en a bien une, où mène-t-elle ? Pour autant, il y a aussi une issue « normale ». Et elle aussi, où mène-t-elle ? Le chemin le plus court est-il forcément le plus sûr ? Par acquis de conscience, il cherche tout de même cette éventuelle faille ainsi que des inscriptions semblables à celles qu’il a vu dans la grotte. Et, effectivement, il finit par en trouver, à demi-effacée. Il les scanne mais rien dans la mémoire de l’armure ne permet de les traduire. Il peut juste déduire qu’il s’agit d’une version altérée de la Langue Putride. Alors, ces mots indiquent-ils l’existence d’une faille, sa destination ou sont-ils une mise en garde contre quelques dangers ? Poursuivant sa recherche à proximité des inscriptions, il finit par trouver la « faille » mais les senseurs de l’armure signalent un danger sans pour autant pouvoir l’identifier. Alors, il se dit qu’il va emprunter la voie « traditionnelle » et s’engage dans l’autre couloir.


            Rapidement, le tunnel oblique sur la droite. Puis, après quelques minutes de marche, il tourne encore dans la même direction. En fait, à force de tourner toujours à droite, Spider Tank comprend qu’il s’agit d’une sorte de spirale. Mais, est-il en train de monter ou de descendre. S’éloigne-t-il ou se rapproche-t-il du centre ? Déçu mais pas si étonné que ça, il constate l’échec des senseurs de l’armure à lui apporter une réponses à ces questions. Et il constate également que ses propres sens échouent à lui dire s’il monte ou s’il descend. Il respire un grand coup et continue sa route jusqu’à une nouvelle salle, ovoïde cette fois. Et… c’est un cul de sac !

            Il fouille la pièce à la recherche d’inscriptions en Langue Putride mais ne trouve que quelques pièces métalliques. Il en compte neuf, dispersées au hasard dans la salle. Quelqu’un est bien passé par ici. Y a-t-il une faille ? Un examen minutieux des lieux ne lui permet pas d’en trouver une. Après réflexion, il ne voit pas d’autre solution que de retourner sur ses pas pour emprunter la faille de l’autre pièce. Cela ne le réjouit pas mais… comment faire autrement ?

            Et il se retrouve dans une nouvelle pièce, ronde cette fois. Cette salle serait aussi un cul de sac pour celui ou celle qui viendrait de la seule issue qui lui fait face. Aussi, il se dirige vers ce couloir. Il marche tout droit puis tourne à droite. Et il se demande si ces virages sont le fruit du hasard où s’ils font eux aussi partie de cette « magie géométrique » ? Ayant pris soin d’enregistrer son parcours, il demande à l’armure de lui en faire une représentation en 2D et en 3D. Aucun motif particulier n’émerge et, quelque part, ça le rassure. Puis, le couloir tourne soudain vers la gauche pour s’ouvrir sur une pièce carrée. Là, il ne voit aucune issue. Non seulement il n’y a pas de sortie, mais surtout il fait maintenant face à…

            … Spider Tank ne peut en attester à la seule vue de cette silhouette intégralement recouverte de bandelette de cuir noire mais c’est bien une voix de femme qui s’adresse à lui. Elle se présente comme appartenant à la caste des Faucheurs d’Eau, rattachée à la Guilde des Assassins. La pièce serait entièrement vide s’il n’y avait pas cette servante en acier sur laquelle reposent divers instruments coupant mais aussi des flacons en verre. La femme, cette momie de cuir, se saisit nonchalamment de deux couteaux. Mais Spider Tank ne lui laisse pas le temps de finir son speech et lui tire dans le dos. Mais ses réflexes sont excellent et la balle ne fait que l’effleurer. Elle se jette sur lui. Il tire en reculant. Il esquive ses lames mais ne parvient pourtant pas à la toucher. Ils sont maintenant au contact et son fusil lui est inutile. Il tente de se saisir de son arme de poing. Malgré les coups portés, et heureusement encaissés par l’armure, il se saisit de son pistolet.

            Il tire dans le vide et elle parvient à enfoncer une lame entre deux plaques de l’armure. Il tire à bout portant. Il ne peut pas la manquer et, effectivement, il ne la manque pas. Mais, elle semble de moquer des balles. Lui par contre, sent bien la lame qu’elle fait vriller à l’intérieur. C’est dingue mais elle a clairement l’avantage. Comment peut-il s’en sortir ? Alors que la douleur devient insoutenable, il se souvient. C’était il y a longtemps. Très longtemps. C’était une autre vie, une incarnation précédente. Il était au service de Bifrons évidemment mais faisait équipe avec un démon de Bélial, Prince-Démon du feu. C’était une mission délicate qu’ils avaient menée à bien. Aussi, pour le remercier, le Prince-Démon lui avait fait don de ce pouvoir dont il gratifie habituellement uniquement ceux qui sont à son service. Aussi, le temps de cette ancienne incarnation, Spider Tank avait-il le pouvoir de déclencher des Incendies à volonté. Spider Tank ne se souvient pas de cette vie. Mais quelque part, en lui, pas dans ce corps évidemment mais dans son « âme » de démon, quelque chose se rappelle de ce pouvoir. Et il s’en sert. La momie de cuir s’enflamme instantanément.

            Alors qu’elle agonise, il recule, s’éloigne. Après s’être assuré qu’elle était bien morte, il panse ses blessures et décide de rebrousser chemin, une fois encore. Examinant son trajet, il se rend compte qu’il ne lui reste plus que le couloir qu’avait emprunté l’espèce de crabe qui l’avait attaqué. Après tout, cette créature n’était peut-être l’adversaire le plus coriace qu’il ait rencontré ici. Mais, avant de quitter les lieux, il se dit que cette « momie » ne pouvait être là par hasard. Manifestement, il était attendu. On, mais qui ?, savait qu’il était ici et suivait son chemin. Fouillant les restes calcinés de l’assassin, il ne trouve qu’un bijou. S’agit-il d’un artefact magique ? Rien ne permet de l’affirmer, ni de dire le contraire. Dans le doute, il le prend et s’en retourne jusqu’à cette salle où il emprunte alors le même couloir que ce monstrueux crabe.



            Avant toute chose, s’assurer que le couloir est vide. Les senseurs n’indiquent rien. Spider Tank se lance. Le couloir oblique deux fois vers la droite. Spider Tank enregistre ce tracé dans la mémoire de l’armure car il reste convaincu que cette architecture n’est pas le seul fruit du hasard mais qu’il y a bien quelque chose de « magique » derrière cette architecture. Le couloir s’ouvre sur une pièce carrée de taille moyenne. Il y a une issue en face.

            Ici, tout est recouvert d’une épaisse couche de poussière mais Spider Tank reconnait ce qui fut un laboratoire d’alchimie. Il est donc bien sur les traces des Kadmonites. Reste à savoir pourquoi cet endroit a été abandonné. Peut-être n’en ont-ils juste plus l’usage aujourd’hui. En tout cas, ces souterrains font bien partis de leur repaire et doivent donc bien mener jusqu’à l’un d’entre eux.

            La sortie donne sur une autre pièce carrée d’environ la même taille. Elle aussi ne présente qu’une seule autre issue sur la droite. Sous une épaisse couche de poussière, il trouve cette fois une pièce d’armure. Elle ne montre pas de fêlure, elle ne semble pas avoir été percé mais elle est toutefois très usée et, de toute façon, ce bout de ferraille ne lui est d’aucune utilité en comparaison de l’armure qu’il porte déjà.

            La pièce suivante est triangulaire cette fois. Et il n’y a pas d’autre issue. Enfin, pas d’issue visible. Par contre, problème ! Il y a quelqu’un dans cette pièce. Ou plutôt, quelque chose. Ça bouge dans un coin. Ça se lève. Il y en a plusieurs. Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est vaguement humanoïde mais cela n’en a que la silhouette. C‘est… spongieux, gris… ça a la texture d’un champignon ou de quelque chose de moisi. La chose qui a attiré l’attention de Spider Tank est de taille humaine mais déjà d’autres plus petites émergent de l’épaisse couche de terre et de poussière qui recouvre le sol. Spider Tank s’empare de son fusil et commence à tirer dans le tas, sans vraiment prendre la peine de viser. En vérité, ces espèces de champignons humanoïdes et moisis sont beaucoup plus nombreux que ce qu’il pensait.

            Et il est rapidement submergé par une horde d’êtres miniatures qui, s’ils ne causent aucun dommage à l’armure, limitent ses mouvements. Spider Tank ne saurait dire pourquoi mais il pense qu’il doit concentrer ses tirs sur le plus grand. Comme s’il s’agissait de la « tête »du groupe. Mais une grappe de mini-champignon détournent son bras au dernier moment. Le plus grand ne fait aucun geste dans sa direction. Spider Tank n’est même pas sûr qu’il a vraiment conscience de sa présence. Ou alors, il se borne à « contrôler » les plus petits qui l’empêche de le mettre en joue. Mais il finit pourtant par faire mouche ! Le « grand » champignon e semble pas faire grand cas de la balle mais Spider Tank a quand même réussi à piétiner trois petits qui ne se relèveront pas.

            Une alarme se fait entendre dans l’armure. Quelque chose s’est introduit à l’intérieur. Comment ce champignon a fait ? Spider Tank sent la chose grimper le long de sa jambe. Il actionne alors la commande d’éjection de l’armure ! Celle-ci s’ouvre et Spider Tank bondit en arrière, pointant de son arme la petite chose grise, qui n’était pas seule dedans ! En réalité, c’était quatre mini-humanoïdes fongiques et moisis qui s’étaient introduit dans l’armure. Comment ?

            Spider Tank enchaine les tirs sans que cela ne semble affecter les champignons. Pourtant, le plus grand finit par s’approcher et, soudain, ce sont tous les petits cadavres qui explosent d’un coup ! Spider Tank est projeté en l’air par le souffle. Il se réceptionne mal et se retrouve assez mal en point alors que la plus grande de ces créatures fonce sur lui. Mais il braque son fusil et tire, au jugé. Et il touche. La balle emporte le bras gauche de la créature qui se décompose en plusieurs mini-humanoïdes qui explosent en touchant le sol. Le « grand » champignon semble étourdi mais continue de s’avancer.

            Pendant ce temps, d’autres, plus petits, sont arrivés en courant et pèsent déjà sur les bras de Spider Tank ; l’empêchant de viser. D’autres se sont agrippés à ses jambes pour le maintenir au sol. Après quelques tentatives infructueuses, il parvient à mettre le plus grand en joue. Il tire et touche. Une fois de plus, la balle emporte un bout de chair qui se décompose en plusieurs êtres miniatures. Cette fois, le grand semble vraiment mal en point et il sent que les plus petits ont plus de mal à le maintenir au sol.

            Pourtant, le plus grand finit par se jeter sur lui et Spider Tank ne parvient pas à l’esquiver. Une fois sur lui, le corps du champignon se recouvre d’épaisses écailles et ses yeux se mettent à luire avant de projeter un faisceau de lumière sur le bras gauche de Spider Tank qui se met à hurler de douleur. Forcé de lâcher son arme, il n’a plus que son poing pour se défendre. Son poing… et ses jambes ! Parvenant à les replier sous le corps du champignon carapaçonné, il le projette au loin et la chose s’écroule un peu plus loin. Elle explose ne touchant le sol, projetant des shrapnels d’écailles que Spider Tank n’évite que parce qu’il est déjà au sol. Autour de lui, tous les autres mini-champignons explosent également.

            Spider Tank se relève. Son bras est… inutilisable ! Il examine l’armure et, une fois certains qu’il n’y a aucun « intru » à l’intérieur, il l’enfile et laisse jouer les servo-moteurs pour compenser la perte de mobilité de son bras. Malgré tout, il demeure mal en point. En vérité, s’il voulait être sûr de sauver sa peau, il devrait rebrousser chemin et quitter cette planète mais… Il a une mission, trouver un spécimen de Lotus des Profondeurs. Et puis, il veut en savoir plus sur la magie qui régit l’architecture de ces lieux. Alors, il examine chaque surface et chaque angle de cette pièce triangulaire à la recherche d’une « faille » car, il en est certain, il y en a une. Et il la trouve !


            Spider Tank a un doute. Il sait que depuis quasiment le début de cette mission ses faits et gestes sont connus de ses ennemis. La présence de l’assassin, la momie de cuir, le Faucheur d’Eau, en est la preuve. Il était attendu là ! Et si celui ou ceux qu’il cherche n’étaient pas tout simplement en train de se moquer de lui, de le perdre dans ce labyrinthe, l’envoyant de cul-de-sac en créatures toujours plus grotesques et dangereuses. Et si c’était une des magie de ces lieux. Alors, avant de se jeter dans cette faille, il cherche un moyen de « contourner » le problème ou de le tourner à son avantage.

            Il réfléchit et tant pis si ces ennemis le voient réfléchir. Au moins, espère-t-il, ils ne peuvent lire dans ses pensées. Ces failles sont le produit de la superposition d’espace répondant à des géométries différentes dont les lois font qu’elles ne sont pas forcément accessibles ni à nos sens ni à nos schémas de compréhension de la réalité quadridimensionnelle dans laquelle nous évoluons. Ou alors, c’est l’usage de ces lois « autres » qui permet de juxtaposer un espace triangulaire et une autre carré, créant ainsi une faille vers un ailleurs. Spider Tank se rappelle avoir enregistré des inscriptions dans une version altérée de la Langue Putride, celle des serviteurs et des créatures de Shub-Niggurath. Ces altérations sont-elles la conséquence d’une mauvaise connaissance la Langue Putride ou d’une évolution ? Est-il possible qu’à l’origine il y ait eu de telles inscriptions à côté de chaque faille mais qu’elles aient disparu sous l’effet du temps ? Et si ces formules, même si elles avaient dû disparaitre à cause de l’érosion, étaient une composante de ces failles, qu’elles en indiquaient le mode d’emploi ou… la destination ? Spider Tank se demande alors ce qu’il se passerait si, à côté de la faille, il inscrivait le nom de son but. Il cherche le Lotus des Profondeur. Comment cela s’écrit-il en Langue Putride ? Evidemment, une telle traduction n’est pas contenue dans la base de données de l’armure. Pourtant, il est certain de pouvoir influer sur l’action de la faille et ce en usant de la Langue Putride. Il cherche le Lotus mais aussi n’importe qui pouvant le renseigner à ce sujet. Alors, peut-il trouver un équivalent des mots « magicien », « sorcier » ou « alchimiste » ? Oui ! Et bien soit, à côté de la faille, il inscrit en Langue Putride, les caractère formant le mot « magicien ». Et la faille apparait alors dans une sorte de lueur, une nuance du spectre que les senseurs de l’armure peinent à analyser. Une Couleur venue… d’ailleurs… Mais qui devrait le conduire vers celui, ou l’un de ceux, qui se jouent de lui depuis trop longtemps. Il vérifie l’état de ses armes et, cette fois, saute dans la faille.

            Une nouvelle salle carrée avec une seule issue. Une sorte d’« aura » malsaine empreigne les lieux. Une analyse de l’air ambiant montre une forte concentration d’Egrégore. Forte ou… trop forte ? L’armure est formelle, le taux d’Egrégore est anormalement élevé mais, contrairement à ce que Spider Tank a craint l’espace d’un instant, il est toujours dans les profondeurs d’Uzrun. Son saut à travers la faille ne l’a pas projeté… ailleurs…

            Collant son oreille à la porte, il entend du bruit. Mais ce ne sont pas des mots. Plutôt, des cris d’animaux. Spider Tank défonce la porte et tire avant même de savoir à quoi il a vraiment à faire. C’est une montagne grouillante faite de bouts de corps humains soudés les uns aux autres et à des plaques de chitine noire par de la boue et de la mousse. Les partie carapaçonnées de cette chose sont couvertes de poils fins et il s’en échappent, parfois, des pattes ou des ailes d’insectes. Les parties humaines sont recouvertes de moisissures et autres champignons. Et comme l’être-champignon qu’il a déjà combattu, certains des lambeaux de chair arrachés par son tir prennent vie indépendamment alors que d’autres explosent en touchant le sol, répandant autant de spores gorgés d’Egrégore. Si sa « formule » a fonctionné, la faille a dû le conduire à un magicien. Est-il possible que ce monstre soit le sorcier en question ? Spider Tank doit lui arracher ses secrets, les secrets du Lotus des Profondeurs et de cette magie architecturale. Aussi, il vise une partie insectoïde du monstre, espérant le vaincre mais tout en préservant une partie humaine qu’il pourra interroger. Mais, est-ce à cause de l’Egrégore, son système de visée est défaillant. Alors, il lâche son fusil et se saisit de son arme de poing en sautant sur le monstre. La créature se dresse et Spider Tank se rend compte qu’elle atteint en réalité largement les cinq mètres de haut. Il tente de se maintenir mais chute au sol. Il se relève et enfonce cette fois son poing armé dans la masse de chair et de chitine. Il tire et la créature semble imploser. Il a déclenché une sorte de réaction en chaine et le monstre est animé de plusieurs explosions internes. Il retire sa main et court se mettre à couvert. Contrairement à ce qu’il craignait, la créature n’explose pas mais s’écroule, haletante, au sol. Alors, Spider Tank récupère son fusil et s’approche d’une partie humaine présentant un visage, une oreille et une bouche. Et il ordonne qu’on lui remette le Lotus des Profondeurs.

            Bien qu’agonisante, le monstre reste fier et arrogant. La chose veut jouer. Spider Tank a les moyens de la faire parler. Il est un démon de Bifrons et son Prince lui a fait don de son pouvoir de Résurrection. Aussi, Spider Tank a le pouvoir de transformer en zombie obéissant toute créature qu’il a lui-même tué dans la minute précédant l’utilisation de de ce pouvoir. Alors, il pose le canon de son fusil sur la « tête » du « sorcier » et tire… et le ramène à la vie. Peut-être, avant, il y a longtemps, cet homme était un mage doté d’un esprit fin et retors, un homme d’une grande culture occulte. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une créature corrompue et débile, rendu folle par l’Emprise et l’Egrégore. Elle n’offre aucune résistance au pouvoir de Spider tank et revient à la vie en tant que mort-vivant docile. Alors, Spider Tank lui arrache ses secrets. Concernant le Lotus des Profondeurs, Spider Tank sait désormais où en trouver un spécimen. Grâce à la magie des lieux, c’est même assez facile d’accès. Il lui suffit, comme il l’a compris, de « programmer » une faille afin de se rendre sur les lieux. Et cette magie de l’architecture ? Il semble bien que Spider Tank en ait compris les grands principes. Pour autant, il ne trouvera aucun grimoire ou parchemin contenant ces secrets à Uzrun. Ces savoirs se transmettent oralement depuis des générations. Les mages sont les Livres et les Grimoires. Et certains de ces grimoires vivants dateraient même de l’époque où les Anciens se partageaient le monde des hommes. Grands sont les secrets gravés sur le parchemins de leur peau.

            Et Spider Tank passa ainsi plusieurs jours à arracher ses secrets à ce monstre-mage. Puis, quand celui-ci tomba en poussière, il usa des mots désignant le Lotus des Profondeurs en Langue Putride pour s’emparer du dernier spécimen présent sur cette planète. Il récupéra ensuite ses goules, son vaisseau et se jura de ne plus remettre les pieds sur cette planète. Bifrons se réjouit de posséder le Lotus des Profondeurs. Il se réjouit également d’en savoir certainement plus que Caym lui-même sur ce qui se tramait sur ses planètes. Le Prince allait faire un bon usage de tout cela mais cela ne concernait plus Spider Tank qui se réjouit pour sa part de voir levée la malédiction jetée par le démon fou.

            Accessoirement, Spider Tank fut promu au grade de Lieutenant et Bifrons fit en sorte qu’il obtint l’autorisation d’user de nouveau du pouvoir de Bélial, comme il l’avait gagné lors d’une de ses précédentes incarnations.

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