GREY CELLS vs STEAMSHADOWS



                Au XIVème siècle, Louis-Marie de Beauténèbres exerçait les fonctions d’astrologue et d’alchimiste auprès du nobliaux auquel appartenaient quelques arpents de terres et de forêts au pied des montagnes dans l’Est de la France.

                Au XVIIIème siècle, Louis-Marie de Beauténèbres n’est plus qu’une Horreur, un Poltergeist selon la terminologie établie par sir Stockwell. En réalité, de Beauténèbres a été rappelé, invoqué par les membres de cette Arcade officieuse de Steamshadows qui se fait appeler « les Daimons dans la Brume ». Cette Arcade est composée pour l’essentiel d’occultistes, de spirites et autres mages utilisant la magie pour combattre ces Horreurs un peu particulières et méconnues issues non pas d’un des Cercles décrit par sir Stockwell mais de ce lieu étrange qu’est la Forêt de Millevaux.

                Poltergeist de son état et résidant désormais à Londres, Louis-Marie de Beauténèbres officie donc au sein des « Daimons » et poursuit ses recherches afin de percer les mystères de cette forêt maudite à la fois domaine et avatar de la Chèvre Noire aux Mille Chevreaux, l’horrible Shub-Niggurath.

                Pour l’invoquer et profiter de ses connaissances, les Daimons ont eu recours à cette Ancre qu’était son cœur, conservé encore palpitant dans une cage magique. Mais cette Ancre fut volée en 1710, par d’autres Horreurs. Dans l’urgence et afin que l’esprit de Beauténèbres ne se dissolve pas no ne sombre dans la sauvagerie la plus complète, les Daimons créèrent pour lui une nouvelle Ancre et le confinèrent dans un laboratoire à proximité d’une faille naturelle s’ouvrant sur le 1er Cercle.

                10 ans plus tard, Louis-Marie continue d’étudier tous les phénomènes liés de près ou de loin à Millevaux. A sa façon, il combat les Horreurs en tant que Daimon dans la Brume. Dans son laboratoire, il apparait comme le vieil astrologue médiéval qu’il était, un visage anguleux avec un regard redoutable planté sur un corps vouté sous une épaisse robe de bure. Et dans un coin de ce laboratoire se trouve une armure vapotech conférant à celui qui la porte une vitesse et une force surhumaine. Pourquoi ? Parce que si lors du vol de son Ancre, les Daimons ont dû travailler dans l’urgence, ils n’en ont pas moins travaillé avec intelligence. Aussi, ils ont choisi cette armure comme nouvelle Ancre pour Beauténèbres. Celui qui la porte bénéficie donc de tous les avantages qu’elle propose mais lui permet aussi d’être accompagné par le Poltergeist qui peut ainsi, à l’occasion, œuvrer « sur le terrain ».

                Ainsi, Beauténèbres entend poursuivre son œuvre consistant à percer les mystères de Millevaux et continuer à préserver le monde de l’influence de Shub-Niggurath. Il espère aussi pouvoir percer les secrets inhérents à sa nouvelle nature car, est-ce seulement la conséquence du rituel qui l’attache à cette armure ?, il a bien conscience de ne pas être un Poltergeist « comme les autres ». Si, d’un manière générale, les Poltergeist et autres Horreurs viennent des Cercles décrits par sir Stockwell, lui, vient d’ailleurs. Mais d’où ? Cela, il entend bien le découvrir. Où était-il durant sa mort, avant que les Daimons ne le ramènent ?



                Quoi qu’il en soit, dans l’immédiat, les Daimons sont sur le pied de guerre. Les astres ont parlé et l’influence de Shub-Niggurath s’est fait ressentir non loin de Londres. Quelque chose est en marche…



                De Beauténèbres a tout d’abord cherché une confirmation des évènements évoqués par les astres dans le tarot. Le Bateleur et la Justice. En numérologie, I & VIII, soit IX, soit 3 fois 3. Mais, le Bateleur, c’est avant tout la folie, l’indiscipline, le délire et le frénésie. La Justice, au contraire, représente l’harmonie et l’équité. Fallait-il voir là ma menace de deux Trinités s’affrontant, l’une représentant le désordre et l’autre la Justice. C’était une interprétation possible mais Louis-Marie avait besoin de plus d’informations, de plus de détails. Alors, il se résolut à jeter un œil au fond du légendaire Chaudron de Mareloot. C’était un vieux chaudron triangulaire en acier foncé rempli d’un liquide visqueux. Il dégageait aussi une odeur curieusement familière. Louis-Marie se penchait donc au-dessus du Chaudron et vit une sorte de procession venant du sud et se dirigeant vers Londres. Et les membres de cette procession répandaient autour d’eux la parole de… Shub-Niggurath ! Et ce n’était pas tout ! parmi eux, il y avait également un Cœlacanthe et une Horreur, une sorte de Vrykas, comme ceux qui lui avaient volé son Ancre il y a 10 ans.

                Toujours penché au-dessus de cet étrange liquide à la surface duquel se dessinait cette vision du sud de Londres, Louis-Marie ne remarqua pas tout de suite que quelque chose ou quelqu’un le fixait. Il sentait le poids d’une regard peser sur lui. Et ce regard venait du Chaudron. Le Cœlacanthe ! Il l’avait vu, lui aussi. Et ça, ce n’était pas une bonne nouvelle. Il mit fin hâtivement à la vision, espérant que le Cœlacanthe n’en avait pas plus appris sur lui que réciproquement. Toutefois, ces serviteurs de la Chèvre Noire étaient en route pour Londres. Ils n’en avaient certainement pas après les Daimons mais, après cette vision réciproque, tout pouvait changer. Comment pouvait-il prendre les devants ? En vérité, il n’avait aucune idée précise de là où se trouvait cette procession. Pourtant, il ne pouvait pas se borner à les attendre passivement.

                De Beauténèbres réfléchissait tout en consultant plusieurs de ses grimoires. Il y avait parmi eux un Vrykas. Or, ces Horreurs, comme lui-même, sont contraint par un territoire qu’elles ne peuvent quitter. En l’occurrence, quelque chose avait dû faire en sorte que cette procession devienne son territoire mobile. Toutefois, les Vrykas sont liés à la terre, et en cela à Shub-Niggurath. Ils doivent se réfugier sous terre après s’être nourrit. Aussi, cela suppose que cette procession va devoir faire quelques étapes avant d’arriver à Londres mais aussi qu’il devrait malheureusement possible de trouver les traces de ses festins sous formes de cadavres exsangues. Il y avait peut-être là une piste à remonter afin de les prendre par surprise avant qu’ils n’atteignent la capitale.

                Il proposa donc ce plan aux Daimons. Certains d’entre eux pourraient se renseigner quant à la découverte de corps vidés de leur sang dans la campagne au sud de Londres. Lui-même et d’autres, pendant ce temps, pourraient tenter un rituel de localisation. Ce type de rituel nécessitait de connaitre sa cible. N’ayant vu le Vrykas et le Cœlacanthe qu’à la surface du Chaudron, sa « connaissance » était faible mais il fallait tout tenter pour les trouver avant qu’ils n’atteignent la capitale.

                Se concentrant sur le Vrykas, Louis-Marie suggéra de recourir à un sacrifice sanglant, un animal devant faire l’affaire. Heureusement, la proximité de la faille naturelle vers le 1er Cercle leur assurerait de bonne chances de succès, contrebalançant l’absence de « focus » appartenant à leurs cibles. Et bien qu’un seul Daimon ne l’ait aidé, ce rituel fut un succès. Une partie du Monde des Rêves du Peuple des Chats apparut dans le laboratoire et les deux Steamshadows virent tout en réseau de lignes colorées rappelant une carte de la région. La présence d’une Flamme Noire entourée de scintillements allant du jaune orangé au rouge foncé ne laissait aucun doute. La procession était actuellement non loin de Basingstoke.

                Avant d’informer les autres Daimons de cette découverte, les deux occultistes tombèrent d’accord sur le fait que cette vision leur était apparu dans le langage onirique du Peuple des Chats. Aussi, si cette procession prenait ces couleurs-là, c’est qu’elle représentait également une menace pour eux et que, par conséquent, ils pourraient devenir des alliés.

                A leur retour, les autres Daimons confirmèrent l’existence de morts non élucidées le long dune route allant de Basingstoke jusqu’à Bournemouth. Grâce à l’express vapotech, ils avaient même pu effectuer l’aller-retour dans la journée pour recueillir les témoignages des locaux. Il s’était bien passé quelque chose de bizarre à Bournemouth et il semblait bien que c’était de là qu’était partie cette procession qui semblait être apparue spontanément. Mais les événements les plus bizarres avaient eu lieux à Southampton. Les habitants relatèrent en effet plusieurs phénomènes à caractère surnaturel et les Daimons s’étonnèrent que ces nouvelles ne soient pas remontées jusqu’à Londres. Si les phénomènes décris avaient bien eu lieu, certains d’entre eux avaient été particulièrement extravagants. Aussi, les habitants avaient dû faire le nécessaire pour garder cela secret. Pourtant, ils en parlaient avec une certaine ferveur quand les Shadows les avaient interrogés. Ces gens là étaient vraiment étranges, exaltés. Certains avaient ouvertement prononcé le nom de Shub-Niggurath. Ils en parlaient avec enthousiasme, sans crainte, mais sans cette folie mortifère qu’on lisait dans le regard des occultistes les plus enfoncés dans leur quête des secrets les plus sombres. Non, il y avait là une certaine… naïveté. Ils étaient rentrés avec un sentiment étrange et assez ambigu. L’influence de la Chèvre Noire était manifeste. Pour autant, la procession s’en était allée et ces gens, aussi bizarres qu’ils paraissent, ne représentaient pas vraiment un danger. Pas dans l’immédiat en tout cas.

                Pour autant, il fallait décider d’un plan d’action. Cette procession remontait donc vers Londres depuis maintenant Basingstoke. En étudiant une carte de la région, il était possible de deviner leur trajet et de trouver le meilleur endroit où leur tendre une embuscade. Il fut décidé de les attendre à Bagshot. Avant de décider s’il était plus pertinent que Louis-Marie les accompagne ou non, il fut décidé de recourir une nouvelle fois aux visions du Chaudron de Mareloot. Mais ce fut une bien sombre vision cette fois car, non seulement, il devint clair pour le Cœlacanthe et le Vrykas que « quelqu’un » usait de magie pour les surveiller mais, en plus, Louis-Marie eut l’horrible vision d’un des leurs périssant dans la lutte. Il y allait donc bien y avoir un combat. Personne ne pouvait dire quel camp en sortirait vainqueur mais… un Daimon allait malgré tout mourir !




                Bien que cette embuscade n’en soit plus vraiment une, le Cœlacanthe et le Vrykas s’étant aperçu qu’on les épiait, les Daimons ont malgré tout décidé de passer à l’attaque. C’est Alex Smyth, un médium, qui portera l’armure vapotech servant d’Ancre à Beauténèbres. Ainsi, le Poltergeist sera présent et pourra user de ses pouvoirs.

                Afin de protéger la population de Bagshot, les Steamshadows ont décidé d’attendre la procession à l’entrée de la ville et ainsi éviter que ne recommence ce qui a déjà eu lieu à Southampton et, peut-être, ailleurs sur le trajet de cette procession. Alex Smyth est nerveux. Il sent l’influence de la Chèvre Noire. Craignant que les membres de la procession ne tentent d’ouvrir un Portail, il pose d’emblée les bases d’un rituel de fermeture. Il ordonne que l’on trace des pentacles à des endroits stratégiques et que l’on y prépare des coupelles d’encens et des bougies consacrées. Mais un vent porteur de miasmes rappelant un corps en putréfaction se répand et souille le lieu de cérémonie. Pour Smyth et Beauténèbres, ces relents sont ceux de la Chèvre Noire. Le Poltergeist demande aux Daimons de s’unir par la pensée afin de prendre les contrôle de cette vague pestilentielle. L’influence de la Chèvre Noire ne disparait mais elle est néanmoins sous contrôle… pour l’instant.

                Il se passe alors quelque chose d’à la fois étrange et ironique. Les Shadow s perdent le contrôle de l’influence de Shub-Niggurath mais, par conséquent, leur « piège rituel » de fermeture de Portail retrouve son efficacité. Toutefois, on dirait que mes membres de la procession détiennent la clé de ce rituel. L’espace d’un instant, Smyth envisage d’ouvrir un Portail afin d’invoquer une entité capable de réduire cette procession à néant. Mais Beauténèbres l’en dissuade, préférant chercher dans ses grimoires une réponses moins destructrice. Mais il ne trouve rien !

                Alors, la procession se livre à une série de manœuvres étranges par lesquelles elles s’exposent sans que l’ont puisse déterminer au juste ce qu’elle risque réellement. Est-ce un piège ? Même si les Daimons détiennent assez d’influence pour les contrer, la procession a malgré tout un net avantage. Alors Smyth décide de lancer toutes ses forces dans cette assaut tout autant physique que mystique. Et la procession répond avec les coups de griffes du Vrykas et du Cœlacanthe, mais aussi avec une série d’imprécations criées en Langue Putride par une jeune visiblement simple d’esprit. Quel que fut le leurre jeté là par la procession, Smyth doit y renoncer. Mais lui et Beauténèbres ont malgré tout fait l’effort de retenir les mots prononcés par cette femme. Ils tenteront de les traduire plus tard.

                Smyth demande alors à Beauténèbres d’accompagner un autre Daimon afin de contourner le champ de bataille et, autant que possible, fouiller discrètement la caravane. Là, ils trouvent quelques feuillets remplis de notes. On dirait les fragments d’un journal. Smyth « sent » que ces notes sont importantes. Aussi, il renonce à toute tentative éventuelle de se livrer à un rituel de fermeture de Portail et préfère porter secours à Beauténèbres et l’autre Shadow afin de les récupérer. Et c’est une bonne idée car, une fois sur les lieux, c’est sur l’intégralité des feuillets que Smyth met la main. Mais, maintenant au cœur de la caravane, il faut réussir à s’enfuir tout en leur portant un dernier coup, fatal si possible.

                Mais, alors qu’ils tentent de s’enfuit, les Daimons assistent à un rituel d’ouverture de Portail. Beauténèbres ayant exigé qu’on emporte certains de ses grimoires, il y a là moyen de tenter quelque chose. Un Daimon s’empare donc de l’antique ouvrage et, aidé par Beauténèbres lisant avec lui par-dessus son épaule, ils lisent la formule grâce à laquelle le Portail se fracture avant que quoi que ce soit venu d’ailleurs n’ait pu souiller de sa présence les environs de Bagshot.

                Comme annoncé dans la vision du Chaudron de Mareloot, les Daimons ont bien subi une perte. Aussi, cette victoire est amère. Pourtant, il y a de quoi se réjouir puisqu’ils ont malgré cela réussi à contrer l’influence de Shub-Niggurath. Ils ont empêché l’ouverture d’un Portail et ont même récupérer des informations sous la forme de cette imprécation en Langue Putride et de ce journal. Beauténèbres a du travail. Mais avant cela, il se jette sur le Chaudron de Mareloot afin de savoir ce que trament les monstres de cette procession après ce qu’ils peuvent considérer comme une défaite.

                Et, à la surface du chaudron, c’est le regard noir au fond de sa face osseuse de Cœlacanthe qui fixe Beauténèbres droit dans les yeux. Il passe son pouce sous son menton en un geste significatif. Il y aura d’autres morts parmi les Daimons dans la Brume.


                Avant toute chose, Beauténèbres consacre plusieurs heures à la lecture des notes manuscrites, du journal, récupérées dans la caravanes. Les remettre dans l’ordre semble une tâche vaine car, en définitive, rien ne semble ordonné dans la tête même de leur auteur mais elles permettent néanmoins à Louis-Marie de prendre conscience de quelques « coïncidences » qui n’en sont peut-être pas…

                Ainsi,…

I-

-Les années passent. Nous sommes maintenant en 1721. J’ai compris que je n’étais finalement pas si loin de Londres que cela. En quelques heures, il m’est possible de me rendre dans la capitale. Pour autant, j’évite de le faire. Le Kamikire et moi, ici et notamment grâce à l’aide d’Isadora, nous ne manquons de rien et avons gagné en force et en puissance. Mais là-bas, à Londres, on raconte des choses concernant les Horreurs… mais aussi ceux qui les traquent. Conséquences des progrès de la science dans le domaine de la vapotech, les Steamshadows sont de mieux en mieux équipés. Mais, heureusement pour nous, ils sont encore rares ici.

-Le progrès nous rattrape, malheureusement. Cette longue plage est en train de devenir une destination prisée de la population londonienne et déjà on commence à renforcer le réseau de chemins de fer et d’équipements vapotechs. Les touristes vont venir en plus grand nombre. Cela fera plus de proies mais aussi plus de risques d’attirer l’attention. Il va falloir être prudent et discret.

-Comme je le craignais, des chasseurs de monstres sont arrivés. J’ai pu leur fausser compagnie en me réfugiant sous terre mais là, à ma grande surprise, mes pas m’ont guidé jusqu’à une sorte de lieu de saint. Non, pas saint ! Tout le contraire même. Oui, il s’agit d’un lieu de culte mais non d’un culte rendu à un saint. Je me suis découvert cette nouvelle aptitude à modifier la pigmentation de ma peau pour me fondre dans le décor et dans l’ombre. Et là, j’ai assisté à quelque chose que je pensais impossible. Des hommes et des femmes s’étaient réunis sous terre pour rendre un culte à une incarnation de la forêt qu’ils appelaient Sub-Niggurath, la Chèvre Noire des Bois aux Mille Chevreaux. Et ce nom a resonné étrangement jusqu’au plus profond de mes os. Cette Chèvre Noire, je le sentais, nous étions liés elle et moi. En fait, je lui appartenais. J’étais, je suis sa créature, sa création ! Shub-Niggurath est notre au Kamikire et moi. Elle est la Mère de tous les Horlas de la Forêt. Les Steamshadows nous appellent des Horreurs mais… nous sommes, je suis un Horla !



II-

-Isadora est une simple d’esprit. Elle serait jolie si elle prenait un peu plus soin d’elle mais ses maigres facultés mentales ne lui permettent pas d’accéder à ce genre de considération. Elle est la fille d’un pécheurs, ce ceux qui vivent dans ce petit village non loin de la plage où j’ai repris goût au jour. Ce village portuaire est mon nouveau territoire, mon nouveau garde-manger. Et Isadora, je ne sais pourquoi, s’est mis en tête de m’aider. Non, plus que ça, elle s’est mis en tête de me servir. Elle répond à la moindre de mes sollicitation avec déférence. C’est ça d’avoir un domestique, une âme damnée ? Car, si elle continue à vouloir exécuter la moindre de mes volontés, je la forcerais bien à accomplir quelques vilainies qui lui feront perdre le peu d’âme qui lui reste.

-Cette nuit, j’ai été dans la forêt. Je pensais trouver un cerf ou un daim pour me repaître mais… rien ! Aucun animal dans ces bois. Impossible ! Cela n’a rien de logique. Alors, j’ai tourné et viré une bonne partie de la nuit et j’ai fini par les voir et par comprendre. Ici, les animaux sentent ma présence. Et ils me fuient. Finalement, ce sera peut-être plus facile d’étancher ma soif auprès des villageois.

-Maintenant, je chasse dans les rues de ce petit village. Notamment grâce à Isadora qui joue pour moi le rôle d’appât, il est assez facile d’approcher des proies imprudentes. Mais ici, comme c’est un petit village, je fais plus attention qu’à Londres et je prends soin d’emporter les restes de mes repas et de les enterrer dans les bois. Là, les animaux continuent de me fuir. Sauf, cet essaim de mouches vertes qui semblent apprécier mes restes.



III-

-Que se passe-t-il ? Ce matin, avant de regagner ma tanière après une nuit de chasse, j’ai été au bord de l’eau pour me laver de tout ce sang. Mais, alors que je m’y plongé, l’eau s’est mis à bouillir et me brûler. Je suis sorti précipitamment. Était-ce à cause du soleil ? Non, je ne crois pas. La lumière solaire ne m’est pas agréable mais elle ne me brûle pas. Pas comme ça. Pourquoi l’eau se met-elle à me brûler ainsi ? Car, après plusieurs tentatives, il s’avère que c’est bien l’eau qui me brûle. Que signifie ce nouveau changement ?

-J’ai demandé – ordonné ! – à Isadora d’aller en ville et de me ramener des livres. J’ai besoin d’en savoir plus sur ce qui m’arrive. Ce qu’on m’a fait cette créature, dans mon village d’origine, m’a transformé. Mais, pour autant, j’ai l’impression de devenir autre chose encore que ce monstre. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas non plus comment elle s’y est pris mais Isadora a mis la main sur des feuillets, des copies, de notes prises par des proches de sir Stockwell. Là, il y a des informations concernant certaines des « Horreurs » qu’ils ont combattues. Alors, c’est donc ce que je suis, une Horreur ? Mais, alors qu’afin de poursuivre ma lecture, j’allumais une bougie, celle-ci s’est aussitôt éteinte. Comme au bord de l’eau, plusieurs tentatives m’ont mis en face de l’évidence. Aucun feu ne veut s’allumer en ma présence. Suis-je donc condamné aux ténèbres ?

-Je croyais qu’il s’agissait de racines. Mais non ! Ce n’était pas un arbre qui s’étendait dans ma cachette. Maintenant je le vois bois, ces excroissances tordues et noueuses sont en fait… des cadavres ! Des bouts de cadavres ! Et ça me parle. La chose a agité ses tentacules de sang pour attirer mon attention. Et elle m’a parlé. Elle dit être un Kamikire. Elle dit être enterrée un peu plus loin mais avoir suffisamment gagné en puissance pour étendre ses racines jusqu’ici. Elle dit ne pas vouloir s’en prendre à moi. Elle ne se nourrit que d’êtres humains, elle aussi. De moi, elle attend… de la compagnie et, pourquoi pas, une aide réciproque.



IV-

-L’étau se resserre. Des soupçons pèsent sur… Isadora. La pauvre ne sera pas capable de se défendre. Et elle ne sera pas non plus capable de garder mon existence secrète. Pour autant, je n’ai pas envie de me débarrasser d’elle. Alors, je lui explique comment survivre sous terre, comment se cacher, comment se nourrir.

-Je ne sais pas comment mais ils ont trouvé notre trace. Les Steamshadows, ceux de Londres, ont débarqué. Ils m’ont poursuivi dans la forêt. J’ai couru. Je les ai éloignés de ma cachette, du Kamikire et d’Isadora. Mais j’ai dû me réfugier au fond d’un cours d’eau et y rester plusieurs heures. Les brûlures… la douleur fur difficilement tolérable. Et quand ce jeune couple a mis les pieds dans l’eau, me frôlant alors que j’étais tapi là, au fond, je les ai attrapés et entrainés par le fond. Je me suis repais de leur sang. Et ainsi, j’ai pu ressortir de l’eau dont la brûlure n’était plus qu’un souvenir.

-Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce à cause de la présence des Steamshadows, mais j’ai ressenti le besoin de me présenter à ces gens, ceux qui vouent un culte à Shub-Niggurath. Ils m’ont reconnu comme un Horla, comme un envoyé de la Chèvre Noire. Ils m’ont invité à participer à un de leur rituel. Là, leur mage m’a fait ingurgité une sorte de ver venu, affirma-t-il, de la légendaire forêt de Millevaux. Ce ver va restaurer le lien entre moi et le domaine de la Chèvre Noire. Grâce à lui, désormais, j’entends et comprends la Langue Putride. Et ainsi, je peux entretenir ses serviteurs de la parole de Shub-Niggurath. Et la Chèvre Noire des Bois aux Mille Chevreaux me promet que je vivrais Mille ans. N’est-il pas temps de rentrer à Londres maintenant ?



V-

-Pourquoi, je ne sais pas, j’ai entrepris d’explorer ce réseau de grottes dont j’ai fait mon nid. Et je suis arrivé jusqu’à une autre grotte. Là, il y avait des enfants qui courraient partout. Je remarquais tout de suite ces étranges dessins sur les parois. Ne prêtant pas attention aux gamins, je m’approchais mais l’un d’entre eux s’interposa. Il ne semblait pas avoir peur de moi. Je n’avais pas faim. Je ne voulais pas les tuer. Je voulais… les garder pour plus tard ? Alors, pour lui montrer que je suis quand même le plus fort, je me saisis d’un caillou que je broies entre mes mains ! D’un signe de tête, je montre au garçon que je veux observer les dessins. Il me laisse passer. Tous les autres sont immobiles et muet de stupeur. Je ne comprends rien à ces dessins. Je demande au garçon ce qu’ils signifient et, d’une voix tremblante, il me dit que c’est un moyen de rentrer chez lui. Je réfléchis. je lui dis que, le temps de mettre un peu d’ordre dans mes affaires, moi aussi, je vais rentrer chez lui. Je ne lui laisse pas le choix. Je les accompagne. Je dois en finir avec le village et, surtout, mettre la plus grande distance entre moi et cet étranger.

-Cette ville est immense. Rien à voir avec le village. Ici, il y a de la vapotech partout mais il y tellement de gens que personne ne fera attention à moi. Finalement, je suis bien plus en sécurité ici que je ne l’étais chez moi ou dans la forêt. Je ne partirai jamais ! D’ailleurs, quand bien même on tenterait de s’en prendre à moi, c’est si facile de se cacher dans ces ruelles, ces égouts… Ces chasseurs de monstres, ces « Steamshadows » comme on les appelle, sont peut-être plus nombreux et mieux équipés que celui qui est venu au village mais… On dirait que cette ville a été conçu pour que je puisse leur échapper…

-Les égouts furent, une fois de plus, mon échappatoire mais, cette fois, je n’ai pas eu de chance. Je suis tombé et le courant m’a amené loin. Loin de ma cachette. Loin de Londres. Loin sous terre. Ma jambe était cassée. Alors, je suis resté là. Mes yeux se sont habitués aux ténèbres. Ces tunnels sont devenus mon nouveau chez moi. Au début, je me bornais à attraper les maigres proies qui avaient le malheur de passer à porter de ms griffes. Puis, je rampais. Puis, je pus enfin me tenir debout. Quand j’ai retrouvé assez de force, je me suis rendu compte que j’étais perdu, incapable de retrouver mon chemin jusqu’à Londres. En réalité, peu importe. J’avais tout perdu, certes mes quelques possessions et même la plupart de mes souvenirs. Elle est si loin l’époque de ma vie de charpentier… Mais qu’importe. Plus que jamais, je suis moi-même ! Je sors enfin des tunnels. Je suis sur une plage. J’apprendrai plus tard que je suis non loin de Bournemouth et que j’ai passé trois ans sous terre !



VI-

-J’ai vu Elois roder autour de ma maison. J’espère qu’il n’en a pas après mes économies.

-L’épée de mon grand-père a disparu. Non que je la gardais précieusement mais qui a bien pu me la voler ? Et pourquoi ? Est-ce un sale coup de cette fripouille d’Elois ? A cause de cet étranger, je n’ose pas sortir pour l’interroger.

-Je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé que tout ce qui m’arrive était la faute de ce cœur en cage. Alors, une nuit, j’ai été le jeter dans les bois. Mais cela n’a servi à rien. Au matin, rien n’avait changé !



VII-

-Cette chose inhumaine, cette Horreur dont j’ai finalement appris qu’elle portait le nom de Vrykas, m’a attaqué. Je ne sais pas comment elle a fait mais elle s’est introduit chez moi. Elle était là, dans ma chambre, sorte de squelette filiforme. Elle n’avait que la peau sur les os et de si longues canines. J’étais pétrifié de peur et elle s’est repu de moi. Elle m’a laissé exsangue et s’est enfuie par la fenêtre du premier étage. Mais, je n’étais pas mort… ou plutôt, si. Je suis mort et j’ai soif.

-Mes doigts ont changé depuis que le Vrykas m’a laissé pour mort. Ils se sont allongés. Ils sont plus fins. Paradoxalement, j’ai perdu en dextérité pour ce qui est de manier mes outils et je me suis blessé. J’ai beaucoup saigné et j’ai même perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, les gens autour de moi étaient inquiet. Je les ai rassuré mais, quand je suis rentré chez moi, j’ai vu mon visage. Mon teint a changé maintenant et le soleil m’est devenu désagréable.

-Pourquoi suis-je sorti cette nuit ? Qu’est-ce qui m’a poussé dans les bois ? La faim, la soif ? Je ne sais pas si c’était le même monstre mais j’ai surpris, dans le noir, une créature semblable à celle qui a fait de moi ce que je suis. Et j’ai senti quelque chose monter en moi. Je me suis jeté sur cette chose et j’ai bu son sang comme elle avait bu le mien. Tout le temps de notre lutte, elle a tenté de protéger cette étrange cage. Quand j’ai fini mon diner, je l’ai ramassée et j’ai vu, dedans, un cœur humain… toujours palpitant…



VIII-

-Ce soir, je suis sorti. Non pour étancher ma soif de sang. Juste pour étancher ma soif de… normalité. Je me suis rendu à l’auberge et là j’en ai après un peu plus sur cet étranger. En réalité, les autres disent que c’est un chasseur de monstres. Il y aurait, dans nos bois, des Horreurs qu’on appelle Vrykas. J’écoute et je comprends que c’est une de ces Horreurs qui s’en est pris à moi. Suis-je en train de devenir un Vrykas moi aussi ? Alors, j’annonce à tout le monde que je prends ma retraite. Je suis trop jeune, je sais mais… je ne peux plus continuer à exercer mon métier avec toutes ces difficultés que m’impose cette nouvelle nature. J’explique être « malade ». Je les rassure, ce n’est pas contagieux. C’est juste un long état de faiblesse et je dois prendre le temps de me remettre, de récupérer. Ils ont l’air de croire à mon mensonge. Je voudrais partir loin mais je ne peux pas.

-Non ! Non ! Maudit étranger ! Que fait-il ici ? Comment a-t-il su où me trouver ? Et pourquoi les autres sont-ils avec lui ? Je comprends maintenant à quoi lui sert tout son bric-à-brac vapotech. Ce sont des armes contre les créatures telles que… moi ! Je n’ai pas totalement étanché ma soif mais… D’un bond prodigieux qui m’étonne moi-même, je quitte cette clairière et les laisse là, aussi surpris que je le suis !

-De crainte que ce chasseur de monstre ne me démasque, j’ai préféré « déménager » mon « installation ». Je me suis donc créer un nouveau refuge dans les bois. J’ai trouvé une faille étroite donnant sur une caverne assez grande pour accueillir tout mon matériel. Dorénavant, c’est là que je garderai mes proies. C’est là que je mangerai. C’est là que je trouverai le repos et la paix. C’est mon nouvel « Atelier ».



IX-

-Je crois que la fille du fauconnier n’est pas indifférente à ma force physique.

-Ce n’est pas seulement mon corps qui change. Mes pensées aussi. Quelque chose de malsain les « contamine ». Jusqu’à présent, je me contentais d’étancher ma soif en tuant des animaux dans les bois mais ce n’est plus suffisant. Quelque chose en moi réclame plus. Cette chose me force à regarder les autres villageois. Je n’aime pas le regard que je porte sur eux. Mais, comment dire, la soif m’a poussé à expérimenter de nouveau « raffinement ». ainsi, j’ai « adapté » mes connaissances du travail du bois pour « travailler » mes proies. Ainsi, j’ai construit, dans ma cave et à ma propre grande et honteuse surprise, un repaire monstrueux où je peux désormais retenir quelqu’un prisonnier durant plusieurs jours. Et là, je peux aussi, tout en étanchant ma soif, travailler ses chairs et ses os pour en faire… autre chose. Je suis devenu le Charpentier de la Chair, le Charpentier de l’Horreur !

-C’est bizarre. Mon « instinct » me commande de rester dans ma cave après avoir mangé. J’ai voulu remonter et j’ai vomi le sang que je venais de boire. Je me suis senti très mal. Je suis redescendu et la douleur s’est apaisée toute seule. Maintenant, je n’essayerai plus de remonter. Je resterai là, dans ma cave, auprès de ma victime.



X-

-Je m’appelle Arsène Desmoulin et je suis charpentier. Je suis dans un petit village du nord-est de la France en 1710. J’écris pour… ne pas oublier.

-J’ai peur. Un étranger est arrivé au village. Il a plein d’objets vapotechnologiques avec lui. Il pose des questions. Est-ce après moi qu’il en a ?

-C’est étrange. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Après « mangé », quelque chose m’a poussé à remonter à la surface. Je pensais être malade mais non. Cela veut-il dire que mon organisme s’habitue à cette, à ma nouvelle nature ?



XI-

-Conrad est avare mais moi aussi je peux être fort en affaire. Aussi, je compte gonfler la note des travaux à effectuer au moulin.

-Quelle horreur ! La soif et la faim m’ont précipité dehors la nuit dernière et, alors que je me repaissais du sang d’un cerf, mon visage est… tombé ! Ma peau ! La peau de mon visage est tombée ! Et dessous, je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Tout ce que je sais, c’est que j’ai pu « remettre » mon visage à sa place. Je le porte désormais comme… un masque !

-Est-ce sous l’influence de cet étranger, mais voilà que Conrad veut équiper le moulin d’un moteur vapotech. Mais ce n’est pas une bonne idée. Cette technologie est peut-être bonne pour la ville mais ici, au village, cela n’est pas bon. Cela va attirer des choses. On raconte des choses sur ce qui se passe en ville et on dit que c’est à cause de cette technologie justement. Alors, j’ajuste mon masque, je me poudre le visage pour lui redonner des couleurs et je me rends au conseil tenu par le maire pour discuter du projet de Conrad. Et, comme je ne suis pas qu’un simple charpentier mais que je sais aussi être dur en affaire, je parviens à convaincre les villageois de s’opposer à ce projet. En fait, j’espère surtout que cela signifiera le départ de cet étranger fouineur.



                Alors cet chose n’a pas toujours été une Horreur. Ce charpentier, cet Arsène, est devenu ainsi après avoir la proie d’un autre Vrykas. Mais ce n’est pas ce qui choque le plus Beauténèbres dans ce journal. Non ! Ce ne peut pas être une coïncidence ! Cet Arsène aurait eu entre les mains sa Première Ancre, celle que des Horreurs lui ont volé. Et il s’en serait débarrassé dans ces bois de l’est de la France ?!

                A défaut de mettre de l’ordre dans les notes d’Arsène, il tente de mettre de l’ordre dans ses propres pensées. Ainsi, il apparait que ce Vrykas est vulnérable à l’eau, qui le brûle, et que son corps comme son esprit sont soumis à diverses mutations apparemment inexpliquées. Arrivé en Angleterre, il s’est lié avec cette jeune femme, sans doute celle qui hurlait dans la Langue Putride, mais aussi à une autre Horreur, un Kamikire, restée sur la côte. Toutefois, une autre Arcade de Steamshadows semble être sur ses traces. Mais, ce qui intrigue le plus Beauténèbres est la manière dont Arsène s’est retrouvé en Angleterre. Un Portail a été ouvert dans une grotte donnant accès à… une de ces Workhouse où on enferme les enfants des rues sous prétexte de leur donner un abris et à manger mais, surtout, pour les faire travailler dans des conditions horribles et dégradantes. Est-ce par hasard que cette Workhouse se trouve mêlée à des activités occultes ou est-ce tout le réseau de ces sinistres ateliers qui est corrompu ? Il va falloir mener l’enquête car ces Workhouses sont peut-être une porte supplémentaire permettant à la Chèvre Noire de s’introduire dans notre monde. Et puis, peut-être aussi que, de là, il pourrait se rendre dans cette forêt et y retrouver sa première Ancre, son cœur encore palpitant conservé dans une cage en or ?

                Avant de partager ces informations et ses réflexions avec les autres Daimons, Louis-Marie tente de traduire les paroles prononcées par celle dont il pense qu’il s’agit de la fameuse Isadora en Langue Putride. Il cherche dans de nombreux grimoires et finit par comprendre qu’il ne s’agissait pas vraiment d’une malédiction ou d’un sort. En fait, elle racontait une histoire. Elle parlait du « chef » d’un peuple en quête d’espoir. Et cet espoir, il le cherchait dans… une usine ! Peut-il s’agir de la même Workhouse ? Comment peut-elle savoir ? Arsène lui en aurait parlé ? Mais cet espoir a un prix consistant à briser les conventions, les règles. Cela suppose-t-il de vouer allégeance à la Chèvre Noire ?

                Louis-Marie fait donc son rapport aux Daimons et insiste sur le fait qu’il faut enquêter sur ces Workhouse pour enfants. D’après lui, les mots d’Isadora laissent surtout entendre que, de leur point de vue, ils agissent pour leur propre bien et qu’ils seront prêts à tout. Pour autant, que faire, comment procéder ?

                Après réflexions, il apparait que se présenter à la workhouse pour poser des questions n’apporterait pas grand-chose. Au mieux personnes n’auraient rien à dire, voire ils attireraient les soupçons. Puis, surtout, jamais on ne laisseraient les enfants parler librement. Alors, Beauténèbres proposa d’user de ses facultés de Poltergeist. Ainsi, il fut décidé qu’un Daimon revêtu de son ancre-armure vapotech se posterait dans les égouts, sous la workhouse. Ainsi, invisible et intangible, il pourrait fureter un peu partout.

                Et il se passe effectivement des choses étranges en ces lieux. Ce n’est pas une surprise, les enfants sont maltraités. Mais il est de notoriété que les autorités ferment les yeux. Le plus « étrange » toutefois a lieu au moment du coucher. Dans un dortoir, un jeune garçon semble attendre que tout le monde dorme pour se glisser sous son lit. Là, Beauténèbres le voit tracer des dessins dans la poussière. En les voyant, il repense à ceux décrits par Arsène. S’agit-il des mêmes, de ceux capables d’ouvrir un Portail vers cette grotte en pleine forêt française ? Il commence alors à songer à comment entrer en relation avec cet enfant. Sa nature de Poltergeist lui interdit de parler sans qu’on lui ait d’abord adressé la parole. Il pourrait se rendre visible mais il craint d’effrayer le jeune garçon. Mais, à sa grande surprise, ce dernier lui adresse la parole :

                « Ce n’est pas pour toi que je dessine ! Vas-t-en ! Ou je lui dis de te faire du mal. »

                Beauténèbres n’ose pas répondre. En réalité, il se concentre pour visualiser les dessins et en rechercher le sens dans ses grimoires. Ceci fait, il préfère ne pas s’attarder mais ne part pas sans tenter de dérober au passage un objet appartenant à se garçon. Il pourrait servir de focus pour un rituel qui lui permettra d’en savoir plus sur qui est véritablement cet enfant. Il essaye de se saisir d’un cahier mais, est-il troublé par les quelques mots qu’il lit, il ne parvient à se solidifier suffisamment. Aussi, il s’en va les mains vides mais sachant qu’un garçon du nom de Danny a récemment disparu. Un matin, on a retrouvé son lit vide, les draps  en sang et avec des morceaux de fourrure. Il va falloir revenir !

                Après avoir fait son rapport, et avant d’entamer ses recherches, Beauténèbres se penche au-dessus du Chaudron afin de savoir où en est la procession. Mais une fois de plus, il croise le regard du Cœlacanthe qui lui signifie clairement que leur temps est compté. Au moins, ils ne sont pas encore à Londres. Mais Beauténèbres est convaincu que, consciemment ou non, leurs pas les mèneront à cette workhouse.


                Beauténèbres serait bien retourné poser quelques questions à ce jeune garçons mais, contraint par sa nature de Poltergeist, il est confiné dans son laboratoire, à proximité de l’armure vapotech. Alors, il se plonge dans ses grimoires et parchemins.

                Là, il trouve des dessins similaires à ceux que ce le garçon dessinait sous son lit. Ils sont les composantes d’un long rituel d’ouverture de Portail entre les mondes et le temps. Mais ce rituel comporte également quelque chose de… corrupteur. Celui qui s’y livre n’en ressort pas indemne. Ce jeune homme sait-il vraiment ce qu’il fait ou est-il manipulé, et par qui ou quoi ? En tout cas, à en croire le journal d’Arsène, ce sont des dessins de ce genre qui lui ont permis de quitter sa grotte pour Londres. Alors, ils devraient permettre le trajet inverse et, une fois là-bas, pourquoi pas, rechercher sa première Ancre. Il trouve également mention de faits rappelant l’état du lit du jeune disparu. Une sorte de sacrifice sanglant permet également d’ouvrir un Portail. Mais Beauténèbres ne peut déterminer si ce sacrifice est ou non un complément indispensable des dessins. Peut-être s’agit-il d’un autre rituel ? Quoi qu’il en soit, quelque chose, un animal ?, est mort dans ce lit et le garçon qui l’occupait a disparu ?

                Beauténèbres veut en savoir plus sur ce garçon, celui qui dessine. Mais peut-il exiger qu’on utilise une fois de plus l’armure vapotech et qu’on l’immobilise sous la workhouse « juste » pour qu’il puisse mener son enquête ? Il pense en effet à la menace que fait peser la procession qui approche. Et s’ils attaquaient à ce moment-là ? Le Cœlacanthe l’a vu à travers sa vision dans le Chaudron et il lui a promis qu’il y aura des morts. Pourtant, l’ensemble des Daimons répond favorablement à sa demande. D’après eux, la procession est encore loin de Londres puisqu’elle se déplace à pied. Aussi, il devrait avoir le temps de retourner là-bas.

                Il survole l’atelier et aperçoit le garçon. Mais, celui qui travaille à côté de lui lève la tête à ce moment-là et, voyant le Poltergeist, il se met à hurler. Beauténèbres redevient invisible et descend. Il s’approche du garçon et observe. Des gardes interviennent. Le garçon n’ose pas avouer la raison de son cri et promet de se remettre au travail. Les gardes s’en vont en maugréant mais le garçon est toujours effrayé. L’autre à côté, le « dessinateur », continue son travail, apparemment imperturbable. Pourtant, Louis-Marie le voit jeter des coups d’œil discrets par-ci par-là. Alors, discrètement lui aussi, et toujours invisible, il fait se déplacer un outil sous le regard du garçon. Il espère attirer son attention sans que celui-ci ne se mette à hurler à son tour. Et celui-ci, voyant un marteau bouger tout seul, pousse un cri étranglé. Il regarde autour de lui mais personne ne semble lui avoir prêté attention. Alors, dans la poussière recouvrant le poste de travail, Beauténèbres trace une série de mot. Sa nature de Poltergeist lui impose le silence tant qu’on e lui a pas directement adressé la parole. Alors, il se présente et explique avoir besoin de parler avec lui. Mais le garçon efface les mots d’un geste nerveux. Manifestement, il n’en croit pas ses yeux et reprend sa tâche après avoir respirer un grand coup.

                Beauténèbres reste quelques instants à côté du garçon, ne sachant pas vraiment comment l’amener à lui parler. Alors, il écrit de nouveau dans la poussière qu’il peut le faire sortir d’ici et précise qu’il n’y aura pas besoin de dessiner sous le lit cette fois, ni de tuer un animal. Pas de dessin, pas de sang ! Mais, de nouveau, le garçon efface ses mots. Pas la peine d’insister davantage, Beauténèbres décide alors de se borner à « chiper » quelque chose appartenant au garçon afin de l’utiliser comme Focus pour un rituel plus tard. Il espère qu’un des outils fera l’affaire. Et alors qu’il rejoint les égouts et le porteur de l’armure, Louis-Marie se dit qu’une autre option s’offre à lui. Ce garçon refuse de lui parler mais… l’autre, celui qui a disparu, Danny ? Ce garçon doit bien être quelque part ! Si ce rituel sanglant a fonctionné, il doit être ailleurs, peut-être dans cette grotte en France. Et sinon… peut-être est-il mort ?

                Une fois de retour dans son laboratoire, Beauténèbres décide alors d’utiliser le journal évoquant la disparition du jeune Danny pour tenter de le localiser, espérant qu’il est toujours vivant. Et il trouve bien ce garçon mais… pas là où il aurait souhaité le trouver. Danny n’est pas dans une grotte en France. Danny est… mort ! Son âme erre encore entre notre monde et le premier Cercle des Horreurs. Le jeune garçon est perdu et il a peur. Alors, Beauténèbres entreprend de se livrer à une séance de spiritisme afin de l’attirer dans son laboratoire. Mais, pour cela, il lui faut une sorte de signal, quelque chose, comme un phare, qui guidera l’esprit du garçon jusqu’ici. Il n’aime pas « travailler » dans l’urgence mais entreprends en toute hâte d’enchanter une lanterne afin de guider Danny. Mais, dans sa précipitation, quelque chose tourne mal et un chant sinistre se fait entendre. Beauténèbres a attiré l’attention d’autre chose ! Alors, au loin dans les ténèbres du monde des morts, il voit s’approcher la silhouette d’un homme à cheval. Et, à mesure que cette apparition se précise, il apparait que l’homme et sa monture sont dans un tel état de décomposition qu’ils sont tous les deux quasiment réduit à l’état de squelette. Et ce cavalier est accompagné d’un chant évoquant la présence d’une armée de squelettes dans les bois ! S’agit-il de ces bois en France ? En toute hâte, il tente de refermer ce portail, d’empêcher le cavalier d’approcher mais c’est lui qui est aspiré hors de son laboratoire ! Et quand il peut enfin reprendre un tant soit peu le contrôle de ses mouvements et de ses pensées, il se rend compte qu’il est dans une caverne. Il regarde autour de lui. Spontanément, il cherche des dessins sur les murs mais n’en voit pas. Par contre, il y a là les traces d’un campement de fortune. Cette grotte est habitée. Ou plutôt, elle l’a été. En effet, tout ici a l’air abandonné depuis longtemps.


                Si loin de Londres, Beauténèbres a conscience que son temps est compté. Il doit rentrer au plus vite, se rapprocher de son Ancre, de ce qui le relie à notre monde, afin de ne pas sombrer dans l’Oubli, de ne pas se Perdre. Avant tout, fouiller les lieux ! Ces grottes ont servi de refuge, il y a longtemps. Il reste des affaires. Tout et usé et moisi mais… Soudain, du bruit ! Louis-Marie se retourne. Un Cœlacanthe ! Non que tous se ressemblent, mais c’est difficile de savoir s’il s’agit de celui de la procession ou non. En fait, il et peu probable qu’il s’agisse du même puisque ce dernier est sensé être en route pour Londres. Alors, qui est celui-là et que fait-il ici ? Louis-Marie a bien des questions à lui poser mais cela ne lui sera possible que dès lors que cette créature lui aura adressé la parole. Alors, loin de se rendre invisible, il reste là et attend. Mais le Cœlacanthe garde le silence. En fait, il ignore complètement la présence de Beauténèbres. Alors, il l’observe en silence.

                Le monstre lui tourne le dos mais Beauténèbres sent une odeur de tabac. Le monstre, création et serviteur de Shub-Niggurath, a allumé une pipe. C’est une longue et tordue pipe en bois de chêne avec le visage d’un vieil homme sculpté. C’est la flamme de la sagesse et de la connaissance qui brule, donnant l’impression que le vieil homme a une chevelure de feu et de fumée. Et le monstre parle. Il interroge le vieil homme au sujet de celui qu’il appelle le « Conteur ». Il demande comment l’« impressionner ». Mais au lieu, ou avant, de lui répondre, la pipe (?) lui demande quels sont ses plus grands désirs et plus grandes peurs. Alors, bien qu’il n’y semble pas contraint, le Cœlacanthe répond. Il voudrait devenir un grand chef charismatique ! Mais, il a très peur… de la magie. Être de force brute et pourtant pur produit de la magie, il est effrayé par cette science (?) dont, finalement, il ne maitrise pas les arcanes bien qu’une partie de ses pouvoirs soient précisément d’origine et de nature magique. Tout cela lui semble si fragile, si incertain. Les risques d’une catastrophe sont si grands. Beauténèbres n’en revient pas d’entendre ceci. Est-ce que le Cœlacanthe de la procession a peur de la magie lui aussi. Il lui a semblé que non mais, avec leur faciès en plaques d’os, les Cœlacanthes ne sont pas les créatures les plus expressives qui soient. Et puis, est-ce cette peur qui l’empêche de parler à Beauténèbres ?

                L’espace d’un instant, il envisage d’utiliser ses propres pouvoir de Poltergeist pour terroriser, si c’est possible, le Horlacanthe. Pourtant, il devient invisible et attend. En fait, il voudrait lui aussi utiliser cette « Pipe de Sagesse ». Le monstre finit de fumer la pipe. Plusieurs fois, Beauténèbres a l’impression qu’il va lui poser de nouveau des questions mais le monstre renonce à chaque fois. Il finit par la remettre là où il l’a trouvée et s’en va. A aucun moment il n’a prêter attention à Louis-Marie. Ce dernier redevient alors visible et quelque peu tangible, juste assez pour se saisir de la pipe. En tant que Poltergeist, il est doué de pyrokinésie. Aussi, l’allumer est facile. Et il demande si ces grottes sont celles-là mêmes qui ont vu les évènements rapportés par Arsène le Vrykas. La Pipe lui répondra mais avant, elle veut connaitre sa plus grande peur. Louis-Marie n’y a finalement jamais vraiment réfléchi. En fait, il se demande si sa plus grande peur ne serait pas de cesser d’être lui-même. Peu lui importe d’être un fantôme tant qu’il reste lui-même. Sa plus grande peur serait alors de sombrer dans l’Oubli, de devenir une véritable Horreur, de ne plus être Louis-Marie de Beauténèbres, l’astrologue et alchimiste, de ne plus être en capacité d’apprendre de nouvelles choses.

                La Pipe semble satisfaite de cette réponse et explique qu’effectivement ces grottes sont bien ce que Louis-Marie pense quelles sont. Un peu plus loin, il trouvera celle couverte de Sigils, ces dessins qui lui permettront de rentrer à Londres. Mais il pourra aussi trouver celle qui a abrité l’« atelier » d’Arsène quand il ne lui a plus été possible de séquestrer ses victimes chez lui. L’espace d’un instant, Beauténèbres va pour remettre l’objet à sa place. Mais, finalement, il préfère le garder avec lui et, si possible, le ramener à Londres. Mais, pour autant, il ne sait pas où trouver cette fameuse grotte. Aussi, parti un peu trop précipitamment, il se retrouve… face à un groupe de squelettes armés et disposés au combat !

                Il tente tout d’abord de les brûler mais les squelettes se montrent insensibles au feu. Puis, il réfléchit et se dit que ce combat et finalement tout à fait évitable. Alors, il devient invisible, juste assez tangible pour ne pas perdre la Pipe et fonce dans les couloirs, espérant que les squelettes ne le suivront pas. Et cela est effectivement le cas ! Beauténèbres erre pendant quelques heures dans le noir. Il traverse plusieurs grottes, la plupart n’ayant jamais été occupées, et trouve finalement celle dont les parois sont couvertes de Sigil. Il inspecte les dessins et constate que le temps a dû passer car il ressent une sensation étrange et désagréable. Typiquement, c’est la conséquence de son éloignement d’avec son Ancre. Il n’y a donc pas de temps à perdre. Heureusement, il a passé du temps à étudier ses grimoires et les notes d’Arsène et du jeune garçon à la workhouse. Aussi, ces Sigils lui « parlent ».

                Par chance, cet endroit constitue en lui-même un Lieu de Pouvoir. Mais, qu’en est-il du Focus et du sacrifice nécessaires ? Se rappelant les notes d’Arsène, Beauténèbres sait que cette grotte, à l’époque, a accueilli des orphelins de la workhouse. Alors, reste-t-il quelques-unes de leurs affaires qui pourraient être utiles ? Il trouve effectivement une vieille chaussure ayant certainement appartenue à un enfant mais elle est si usée… Toutefois, avec du temps… Le temps est son ennemi. Beauténèbres doit rentrer au plus vite sous peine de voir son lien avec ce monde se rompre. Alors, il se perdrait lui-même et deviendrait une Horreur. Toutefois, il décide de prendre le risque de consacrer du temps à ce rituel car, si ça marche, il sera de retour à Londres. Et puis, puisque cela semble nécessaire, il sacrifiera toute la Magie dont il est le dépositaire. Il se concentre pendant très longtemps. Il repense à Londres, aux Daimons, à son Ancre. Il pense aussi aux enfants de la workhouse. Il pense au Cœlacanthe et à sa peur de la magie. Il se concentre sur sa propre magie. Et, au bout de plusieurs heures, alors qu’il se sent de plus en plus fatigué, les Sigils s’animent et se mettent à briller. Le Portail s’ouvre. Il raffermit sa prise sur la Pipe de Sagesse et se jette dans le vortex qui le ramène à Londres.

                De retour dans son laboratoire, il ne prend pas le temps de prévenir les autres Steamshadows. Son premier réflexe et de se jeter au-dessus du Chaudron pour savoir où en est la procession.



                Horreur ! La procession est aux portes de Londres. Une fois de plus le Cœlacanthe le fixe à travers la surface du Chaudron. Il fait le même geste équivoque puis dresse trois doigts devant son visage. Trois Daimons mourront !


                Et Beauténèbres se dit que la Pipe de Sagesse pourrait peut-être lui dire pourquoi ce Cœlacanthe le voit à travers le Chaudron mais l’artefact le renvoit à lui-même et lui demandant pourquoi il craint tant cette procession. Il réfléchit. Cela a toujours été son objectif que de lutter contre ls forces du mal, les choses tapies dans les ténèbres et attendant la moindre opportunité de se jeter sur notre monde. Déjà, de son vivant, il s’était fait un devoir de collecter le maximum d’information sur ce monde caché afin que ceux qui étaient plus capables que lui de se battre disposent d’un maximum de chances de l’emporter. Alors, pourquoi craint-il cette procession ? Parce qu’elle est composée de serviteurs et d’adorateurs de Shub-Niggurath, et qu’elle compte au moins deux monstres dans ses rangs. Ils auraient pu se borner à rester dans les environs de Southampton mais s’ils ont entrepris cette marche jusqu’à Londres, c’est dans un but bien précis. Et ce but est nécessairement mauvais. Alors oui, il a toutes les raisons d’avoir peur. Et son plus gros défaut ? Il ne saurait le dire… mais peut-être que c’est lié à son besoin obsessionnel d’engranger toujours plus de savoirs. Ces connaissances, il doit bien le reconnaitre, servent autant à protéger le monde qu’à faire de lui un être à part, dépositaire de secrets. De son vivant, si on était pas un combattant, comment exister aux yeux des autres sinon en étant un initié ? Alors oui, peut-être aussi que sa quête à quelques racines plus égocentrique qu’il n’est prêt à l’avouer ? Mais cet égocentrisme peut permettre d’empêcher les plans de la Chèvre Noire d’aboutir, alors cela aura servi à quelque chose.

                Mais alors qu’il semble bien le Sage de la Pipe ne soit disposé à lui faire quelque révélation que ce soit, Louis-Marie ne peut se permettre de l’attendre. Alors, après avoir rassemblé les autres Daimons pour faire le point sur la situation, il est décidé de procéder plus simplement à une enquête sur le terrain afin de voir si oui ou non la procession a commencé à répéter les mêmes choses qu’à Southampton. Et il s’avère que des évènements singuliers commencent effectivement à se produire. Dans un quartier populaire du sud de Londres, une charrette sans roues a dévalé la rue, répandant sa cargaison de nourriture alors même que les journaux fustigeaient l’inaction des pouvoirs publics afin de faire face à une pénurie. Il n’y avait certes aucun lien concret mais il était évident pour tous qu’il s’agissait de l’œuvre de la procession qui commençait ainsi à répandre l’influence de Shub-Niggurath. Il convenait donc d’enquêter dans ce quartier. Les Daimons attendirent la nuit. L’un d’eux revêtit l’armure vapotech-Ancre de Beauténèbres et tous les deux se dirigèrent vers le sud de la ville.

                La nuit aidant, le porteur de l’armure évoluait au sol, se dissimulant assez facilement dans l’ombre. Beauténèbres quant à lui volait au niveau des toits. Et, au bout d’un moment, il localisa la procession qui avait édifié son campement au milieu d’une petite place. A cette heure, il n’y avait aucune activité. Tout le monde semblait dormir. Même les monstres ? Il fallait s’en assurer. Beauténèbres demanda au porteur de l’armure de s’approcher mais de rester discrètement en retrait le temps qu’il fouille les tentes. Invisible et intangible, il y avait peu de chance qu’on le remarque.

                Dans une roulotte vide, il trouve un journal. L’écriture est maladroite. Non qu’il y a des fautes mais on dirait que c’est difficile pour l’auteur de ces mots que de tenir une plume. Beauténèbres comprend alors que ce journal est celui du Cœlacanthe. Avec ses mains osseuses et griffues, il comprend bien qu’écrire doit être difficile. Il parcourt rapidement quelques lignes. Le monstre semble être en proie à une sorte de crise d’identité. Il parle de lui comme ayant deux visages mais se plaint d’en avoir oublié un. Un visage blanc et un visage noir. C’est le blanc qui a disparu. Avec une certaine hésitation, il évoque ceux qu’il présente comme ses parents adoptifs, notamment sa mère, une « dame de compagnie ».

                Beauténèbres n’en lit pas plus. Il n’est même plus certain de vouloir en savoir plus. En fait, il a une idée. Il repense à ce que lui a dit, ou plutôt ce que lui a fait dire, la Pipe de Sagesse. Incapable d’être un combattant, il s’était réfugié dans le rôle d’érudit, de conseiller. Mais ici et maintenant, avec ses pouvoir de Poltergeist, il peut faire quelque chose. Pas besoin d’attendre, d’autant plus que le temps est compté. Alors, il se met à voler à toute vitesse dans le campement et user de sa pyrokinésie pour l’incendier. Il y a des femmes, peut-être des enfants… Mais tous sont des serviteurs de Shub-Niggurath ! Alors, en pleine nuit, il répand le feu. Il est tenté de pousser quelques hurlements effrayant mais cela pourrait en alerter qui trouveraient là le temps de fuir. Ou alors, ce serait des habitants qui, ignorant le caractère maléfique de ces gens, appelaient des secours.

                Mais, alors qu’il ne s’y attendait pas, ou plus, voila que le Vrykas jaillit des flammes et se précipite vers lui. Heureusement, il souffre déjà de brûlures et a du mal à courir. Beauténèbres fait voler une poutre qui le fait trébucher. Il appelle ensuite le porteur d’armure qui arrive avec toute la célérité que lui offre ses vérins alimentés par la chaudière Stockwell. Affaibli par ses brûlures, le Vrykas n’offre qu’une faible résistance. Et alors que la créature git au sol, Beauténèbres se rappelle de ce qu’il a lu dans les notes de sir Stockwell. Ces créatures sont indestructibles. Il faut les brûler intégralement pour s’en débarrasser. Qu’à cela ne tienne, cela ne lui pose aucun problème. Maintenant, il faut trouver le Cœlacanthe. Le porteur de l’armure ne l’a pas vu mais croit avoir repérer sa trace. Ils décident alors de laisser le camp se consumer et se mettent en chasse.

                Effectivement, le Cœlacanthe a laissé des traces de son passage. Beauténèbres et le porteur d’armure progressent vite. Trop vite, même. Beauténèbres éprouve alors une sensation étrange. Il a beau être très proche de son Ancre, il se sent affaibli. Et il se rappelle qu’il a usé de beaucoup de son énergie magique pour revenir à Londres. Il n’a pas pris le temps de se reposer et de raffermir son lien à l’armure. Va-t-il pouvoir continuer ainsi ? Il le veut, oui ! Mais…

                Et le porteur d’armure, lui, continue de courir. Et il commence à prendre une sérieuse avance sur Beauténèbres qui peine à le rattraper. Mais son camarade ne semble pas s’être rendu compte que le Poltergeist ne le suivait plus. Alors, Beauténèbres se met à crier ! Le Daimon l’a entendu. Il se retourne et lui fait signe d’accélérer. Il n’a pas compris que Beauténèbres a besoin de… repos. Et ce dernier n’a alors qu’une crainte, que la distance se creuse au point que le lien avec l’Ancre ne se rompe. Et c’est dans cette peur qu’il retrouve un regain d’énergie !

                Les équipements visuelles de l’armure rendent la trace du Cœlacanthe assez facile à suivre. La créature de Shub-Niggurath a laissé derrière elle toute une piste d’Egrégore qui les mènent tout droit à… la workhouse !



                Arrivés devant la workhouse, ce n’est pas la catastrophe qu’ils craignaient. Le jour se lève. La brume a envahi la rue. On entend des bruits étouffés (des cris ?) venant de l’intérieur. Qu’est-ce que le Cœlacanthe est venu faire là ? Quelque chose ne « colle » pas car, si Beauténèbres a bien compris la « procédure », il ne devrait apparaitre à sa victime que la nuit, après qu’elle ait dessiné les bons Sigils. Le porteur de l’armure se tient devant la porte, prêt à l’enfoncer. Il attend l’accord du Poltergeist qui le lui donne en traversant ladite porte sans difficulté, étant intangible. D’ailleurs, un fois à l’intérieur, il se matérialise juste assez pour ouvrir la porte. Le hall d’entrée et vide mais on entend effectivement des cris venant de l’étage. Le porteur de l’armure se rue dans les escaliers. Beauténèbres traverse le plafond et se retrouve dans un dortoir.

                Là encore, ce n’est pas la scène de carnage qu’il craignait. Toutefois, c’est la panique. Le Cœlacanthe est bien là, au milieu des enfants saisis d’effroi. Dans un coin de la pièce gisent les corps de plusieurs gardiens. Le monstre semble avoir trouvé celui qu’il cherche. Il se tient face au garçon auquel Beauténèbres avait tenté de parler. Mais le monstre est hésitant. Le garçon, lui, parait étrangement calme. Et le Cœlacanthe se met à parler. Il explique au garçon savoir que ce dernier n’est qu’un bâtard et que ceux qu’il prend pour ses parents n’ont fait que le recueillir. Mais il n’y a aucune trace de méchanceté dans ses propos. Il énonce ceci comme un simple fait. Il lui tend la main et lui propose de partir avec lui explorer le vaste monde. Comme pour tenter de le convaincre, il lui dit qu’il était comme lui, avant, que lui aussi travaillait à la workhouse et, la nuit, dessinait des Sigils sous son lit. Mais ces mots semblent bien difficiles à sortir. Le monstre bute, se reprend, hésite. Il mélange l’Anglais et la Langue Putride. Le garçon, quant à lui, parait tout autant circonspect et émerveillé. Alors, le Daimon en armure surgit, prêt au combat ! Mais Beauténèbres lui fait signe de rester en retrait.

                Alors, le Poltergeist s’approche. Il ne peut s’adresser en premier au Cœlacanthe. Alors, il se met à lui tourner autour pour attirer son attention. Et la créature lui parle mais… en Langue Putride. Beauténèbres peine à comprendre et lui demande de répéter en Anglais. Mais le monstre insiste pour s’adresser à lui dans la Langue de Millevaux. Et Beauténèbres croit comprendre qu’il ne veut pas que le garçon puisse saisir la nature de leur conversation. Alors, il a une idée ! Il affirme savoir qu’en réalité le Cœlacanthe craint Shub-Niggurath et sa magie. Même s’il n’est sûr de rien, il affirme savoir qu’avant de devenir un monstre, lui aussi était un jeune garçon. Et, dans la foulée, avec sa maigre maitrise de la Langue Putride, il lui propose d’user de sa propre magie pour rompre le lien qui l’enchaine à la Chèvre Noire. Mais, le monstre se crispe et Beauténèbres pense s’être mal exprimé. Aussi, il lève les mains pour le calmer et reformule son propos. Le Cœlacanthe semble avoir compris cette fois. Toujours en Langue Putride, il lui explique avoir compris qu’il craignait autant qu’il usait l’Egrégore dans lequel baigne la Forêt de Millevaux, domaine et avatar de Shub-Niggurath. Il se présente alors comme étant avant tout un alchimiste et un astrologue. Il insiste donc bien sur le fait que sa magie est bien différente de celle qu’il connait et redoute. Il peut l’aider. Il peut combattre la Chèvre Noire et lui rendre sa vie d’avant. Il peut même, s’il le souhaite, lui offrir une nouvelle au sein des Daimons dans la Brume. Alors, accepte-t-il ?

                Le poltergeist lâche un soupir quand, après un long silence, le Cœlacanthe se dit prêt à accepter. Mais, qu’est-ce qui l’assure de la réussite de cette entreprise ? Et qu’est-ce qui l’assure qu’il n’y aura pas de représailles de la part des autres Cœlacanthes ? Beauténèbres réfléchit. Il se met à penser tout haut. Il peut se livrer à plusieurs rituels. En effet, il peut commencer par rompre le lien entre ce Cœlacanthe et Shub-Niggurath pour lui rendre sa nature humaine. Il peut ensuite user d’un rituel ou d’une potion de purification pour s’assurer qu’il n’a plus aucune trace d’Egrégore et le rendre en quelque sorte indétectable pour les serviteurs de la Chèvre Noire, notamment les membres de la procession. Ensuite, pour plus de sécurité, il est toujours possible de le confier à une autre Arcade de Steamshadows loin de Londres, lui qui semble vouloir voyager. Et puis, cet autre jeune garçon pourra l’accompagner s’il le souhaite. Tout cela peut prendre un peu de temps mais il sera toujours sous la protection des Daimons. Alors ?

                Et après une longue hésitation, le monstre finit par accepter l’offre de Beauténèbres. Il veut redevenir un humain, un enfant. Et il veut s’en aller loin d’ici, loin de Londres et de cette workhouse. Il veut que ce jeune garçon, le « nouveau dessinateur » vienne avec lui et il veut aussi que tous les autres puissent quitter cet endroit. Il parait difficile de s’engager sur ce dernier point. Toutefois, il promet de faire de son mieux pour attirer l’attention de l’opinion publique et tenter de faire en sorte que la population exige la fermeture de ces ateliers. Mais Beauténèbres préfère être franc et explique qu’il ne lui parait ni bon ni réellement possible d’obtenir la fermeture des workhouse en usant de magie. Toutefois, peut-être qu’une fois redevenu humain, il pourra entreprendre des études de droit par exemple et s’engager en politique pour faire changer les choses. Là, nul doute qu’il aura tout le soutien dont il aura besoin de la part des Daimons. Peu à peu, Beauténèbres sent qu’il ne s’adresse plus à un monstre mais à un petit garçon qui a besoin d’être rassuré et protégé. Aussi, lorsqu’il fait signe au porteur d’armure de sortir de l’ombre, il lui demande de faire attention et de se montrer le moins menaçant possible. La situation demeure tendue mais, pour l’instant au moins, il parait toujours possible d’éviter de recourir à la violence.

                Le Cœlacanthe semble disposer à coopérer mais… peut-on vraiment lui faire confiance ? N’est-il pas en train de mener Beauténèbres en bateau ? Est-il vraiment raisonnable de le conduire au repaire des Daimons dans la Brume sachant qu’il a fait la promesse de les tuer tous ? Le Daimon a raison. Il faut trouver une autre cachette. Heureusement, les Steamshadows ne manque pas de point de chute. Ainsi, le Cœlacanthe pourra se cacher dans une ancienne tannerie du quartier de Bermondsey.




                Une rapide revue de presse indique que, contre toute attente, personne ne parle de l’incendie du campement. Quelqu’un a-t-il à la fois intérêt et les moyens d’étouffer une telle affaire ? Doit-on y voir une manœuvre de Shub-Nigurath par l’intermédiaire de serviteurs haut-placés ? Les Daimons se posent la question et se promettent d’y chercher une réponse. Mais, pour l’instant, le plus urgent est d’accomplir les rituels qui rendront sa nature humaine et son âme d’enfant au Cœlacanthe.

                Avant toute chose, il convient de bien définir les éléments les plus importants dont Beauténèbres aura besoin. Tout d’abord, un « Lieu de Pouvoir ». La workhouse s’impose puisque c’est là que tout a commencé. Et puis, cet endroit est chargé de toute la magie issue des Sigils dessinés par le Cœlacanthe et son successeur. Un problème se pose toutefois quant au « Vrai Nom » du monstre. Il parait de bonne foi quand il dit ne pas s’en souvenir. Mais peut-être que la Pipe de Sagesse pourra combler cette lacune ? Au titre de Focus, le Cœlacanthe propose de dessiner lui-même des Sigils qui symbolisent d’après-lui à la fois sa nature humaine et sa nature monstrueuse. De plus, Beauténèbres possède dans ses grimoires plusieurs représentations de pentacles dédiés à la Chèvre Noire. Il pense qu’en les dessinant en « négatif », cela devrait contribuer à annuler son influence. Enfin, il pense aussi pouvoir réussir à créer une potion qui rompra définitivement tout lien entre le Cœlacanthe et Millevaux en se livrant à un rituel de purification sur une solution d’origine alchimique buvable.

                Mais, au lieu de dévoiler le véritable nom du Cœlacanthe, elle interroge Beauténèbres quant à ses désirs et ses peurs. Le poltergeist a bien compris qu’il ne tirerait rien du Sage à moins de lui obéir. Aussi, en toute sincérité, il explique désirer non seulement sauver le jeune garçon qui subsiste sous la carapace de ce monstre mais aussi en apprendre plus sur ces mystérieuses créatures et les moyens de les combattre. Et aussi, il a peur non seulement d’échouer mais… que le Cœlacanthe ne lui ait menti et se retourne contre eux au dernier moment, mettant ainsi à exécution les menaces révélées par les visions du Chaudron. Le Sage semble satisfait mais il veut aussi connaitre le pire défaut de Beauténèbres. Celui-ci est ennuyé car il ne sait répondre en toute sincérité. Il peut nommer un défaut mais est-ce vraiment le pire ? En vérité, le défaut auquel il pense rejoindrait une de ses craintes. Il craint en effet que son obsession d’acquérir toujours plus de connaissances ne l’aveugle et ne le perde… à moins qu’elle ne finisse par le corrompre… Pour autant, doit-il renoncer à ses recherches ? Et s’il le devait, le pourrait-il ? Le Sage parait satisfait. Emil est le véritable nom du Cœlacanthe dont le regard semble alors s’illuminer.

                Avant de partir pour la workhouse, un Daimon jette un sort sur Beauténèbres afin de lui rendre un peu de son pouvoir magique. Il est vrai que le poltergeist a tout simplement « oublié » de prendre du repos. Or, comment venir à bout de ces rituels s’il est épuisé ? Ainsi, sans avoir recouvré l’intégralité de ses facultés, il pourra, avec l’aide des autres Daimons, venir à bout de cette entreprise.

                L’élaboration de la potion est un succès. La preuve réside en ce « test » par lequel il a été possible de purifier un liquide corrompu par de l’Egrégore. Nul doute donc que cela purifiera l’organisme d’Emil quand il sera redevenu humain. Maintenant, il faut s’introduire dans la workhouse.

                Les Daimons attendent la nuit. L’idéal serait de pouvoir œuvrer dans le dortoir où vivait Emil. Mais cela va-t-il être possible en présence de tous les autres enfants ? Va-t-il falloir les faire sortir, les « envouter » ? Ou, tout simplement, se résoudre à se livrer à ce rituel sous leurs yeux ? Ce serait aussi l’occasion de leur permettre de s’enfuir. Et puis, comment composer avec les gardes ? Autant, il est facile pour Beauténèbres de passer à travers les murs, autant pour les autres, la plus grande discrétion s’impose. Mais cela ne devrait pas poser de problèmes aux autres Daimons tous experts dans divers Arts Magiques. Certains pourront se téléporter, d’autres se transformeront en oiseaux. Certains pourront prendre l’apparence de gardiens et d’autres devenir invisibles. Tout ce dont ils ont besoin et d’assez de temps pour se concentrer et… rassembler assez d’énergie magique. Or, il se trouve que même si cette énergie mériterait d’être purifiée, la workhouse baigne dans l’Egrégore. Aussi, s’ils lancent leurs sorts à proximité, cela fonctionnera.

                Chacun utilisant son Art, il faut un peu de temps aux Daimons pour se rassembler dans le dortoir mais, qu’il s’agisse des gardes comme des autres enfants, aucun ne se réveillera au « mauvais » moment. Le temps que tout le monde arrive, Beauténèbres a tracé les pentacles et autres Sigils. Emil s’est installé à côté de son ancien lit. Il regarde celui qui a pris sa place. Dessous, il découvre de nouveaux dessins mais n’ose pas les effacer. Beauténèbres commence à psalmodier quand il se rend compte que… ça ne va pas ! Cela ne fonctionne pas ! Ses pires craintes vont-elles se réaliser ? Le Cœlacanthes va-t-il se retourner contre eux ? En vérité, ce dernier semble lutter contre quelque chose qui l’agresse de l’intérieur mais… il semble perdre ! L’étincelle dans son regard est devenue menaçante. Il montre les dents et les griffes. Beauténèbres continue pourtant, espérant reprendre le contrôle de la situation et mener le rituel à son terme. D’un signe, il fait comprendre à un Daimon qu’Emil doit boire la potion de purification tout de suite. Un Steamshadow se jette alors sur le monstre qui refuse de boire. Il le contraint malgré tout mais une partie du liquide se répand au sol. En a-t-il bu assez ? On dirait, oui, car il se calme. Beauténèbres aussi… Et il arrive au bout du rituel sans qu’il n’y ait plus de nouveaux problèmes.

                Une fois le rituel accompli, la transformation du Cœlacanthe reste lente et douloureuse. Les Daimons n’osent pas quitter les lieux bien qu’ils craignent que les effets de leurs sorts ne se dissipent et que gardes et enfants ne se réveillent. Heureusement, après un grosse frayeur, tout se passe finalement comme prévue. Les Daimons quittent les lieux sans encombre, emportant avec eux le jeune Emil qu’est redevenu le Cœlacanthe. Dès demain, ils prendront les dispositions nécessaires afin de le confier à une Arcade de Steamshadows basée loin de Londres. Ensuite… il faudra s’occuper de cette procession et s’assurer de sa disparition définitive.


                Le commander Seater n’en peut plus. Son tank, un Landship Hull Mk. 3 est le dernier. Son escouade a été laminé par les Mechs vapotechs de la Coalition de l’Est. Il faut dire que ce n’était pas forcément le plus malin que d’envoyer des chars d’assaut en terrain forestier. Mais les gradés ont pensé qu’il fallait quelque chose ayant du « poids » pour faire face aux Mechs. Certes, les Mechs sont lourds mais eux, au moins, sont maniables. Seater demande à son pilote, Danielson, de lui faire un rapide état des lieux de la situation. Le Hull ne souffre que d’égratignure superficielles et, autour d’eux, il y a encore quelques Shocks Troops capables de se battre. Alors qu’un Bison et un Mink émergent des bois, Seater se dit que ça va être compliqué de sauver les meubles ! La retraite s’impose mais pas sans se battre.

                Danielson se postionne afin de protéger au mieux le tank. Les Troops se jettent sur le Bison juste après que le canon l’a pris pour cible. Mais une rafale fait de gros dégâts parmi les Troops alors que le Mink s’approche du Hull. Ce dernier conserve sa position de défense et, derrière lui, ce qui reste des Troops se rallie pour reprendre des forces. Le canon prend le Mink pour cible. Le Bison contourne le Hull est sème de nouveau la mort dans les rangs des Troops. Le Hull est pris pour cible. Il y a un sniper dans les bois !

                Seater ordonne qu’on répare immédiatement le Hull. Il ordonne également qu’on prenne le Mink pour cible. Pendant ce temps, les Troops se lancent dans une nouvelle attaque quasi-suicide du Bison. Le choc est rude à l’intérieur du tank après la rafale tirée par le Mink. Le sniper semble s’être retiré du champ de bataille.

                Le tank est provisoirement immobilisé. Seater ordonne qu’on achève le Mink. De plus loin, cette fois, les Troops continuent de harceler le Bison. Mais, alors que le tank se remet en mouvement, Seater découvre que le terrain est piégé. Il ordonne alors à Danielson de changer de cap ; d’autant plus que l’artillerie de la Coalition vient de faire son apparition. Cela n’empêche pas le Bison de les prendre pour cible mais, au moins, ils ont évité le piège et contraint l’artillerie retarder leur attaque en se déportant sur la droite. Mais, manque de chance, il se retrouve nez-à-nez avec un Mech de la catégorie Badger !

                Danielson lance le Hull sur l’artillerie alors que Seater prend le Badger pour cible. Les Troops, pourtant au plus faible, laminent ce qui reste de l’artillerie ennemie. Mais c’est pour mieux se faire exterminer à son tour par le Bison. Seater a conscience qu’il aurait dû les protéger. Pour éviter d’autres pertes, il ordonne qu’on répare autant que possible le Hull et le canon. Remis en état, il achève le Bison ! Mais un autre Badger le remplace et le canon doit de nouveau essuyer un tir.

                Seater s’occupe encore de réparer les dégâts à mesure qu’ils encaissent des tirs ennemis. Danielson, de son côté, se positionne de façon à offrir le meilleur angle de tir au canon et rendre la monnaie de sa pièce au Mech. Mais les deux Mechs se lancent dans une attaque combinée.

                Les tirs se concentrent sur le premiers des Badgers qui montre des signes de faiblesse. Pour autant, est-ce que le canon tiendra encore longtemps ? S’il lâche, tout est fichu ! Il est à la limite de la surchauffe mais un tir vient à bout du Mech. Pour l’instant, il ne reste plus qu’un Mech mais… Seater sent que la coalition n’a pas dit son dernier mot.

                Malheureusement, malgré les réparations à la volée de Seater et les manœuvres de Danielson, le canon rend l’âme. Seater, s’il veut sauver sa peau, doit fuir. Il abandonne donc le terrain, espérant que, sur l’ « Autre Front », les troupes moins conventionnelles auront réussi à mettre la main sur l’Artefact avant les occultistes de la Coalition.


                Alex Smyth a été envoyé dans l’est de la France afin de mettre la main sur un Artefact. On ne lui a pas dit pourquoi mais, en très haut lieu, on tient absolument à mettre la main sur cette Cage Dorée. Et on y tient tellement qu’on a même envoyé une escouade de tanks en support ! Il faut dire que cette Cage suscite bien des convoitises puisque des troupes de la Coalition de l’Est ont été vu en manœuvres dans la régions.

                Alex Smyth dirige sa propre troupe de médiums et spirites dans les bois. Or, il le sait, la forêt est le domaine de Shub-Niggurath. Tous ne sont pas, comme lui, des Steamshadows, des Daimons dans la Brume. Ils ne savent donc pas quelle menace la Chèvre Noire fait planer sur Londres. Aussi, il tente de détecter l’influence toute trace d’influence de la divinité dans ces bois. Et il semble que celle-ci soit effectivement bien présente. Smyth ne sait pas qui sont ses serviteurs dans ce coin de France mais il sent qu’ils sont puissants. Assez pour avancer leurs pions dans un semblant de « découvert ». Mais, même s’il est conscient des enjeux et de la nécessité de ne pas perdre de temps, il ne veut pas prendre de risque inutile. Ainsi, il « tâte » le terrain psychique et sent de nouveau la forte influence de la Chèvre Noire. Il tente alors de reprendre le contrôle et découvre une tentative d’ouverture de Portail. Il ordonne alors qu’on pose les base d’un rituel de fermeture. Il mobilise le gros de ses troupes. Il ne veut offrir aucune faille aux cultistes de la Coalition. Tout est en place. S’ils tentent une invocation, il pourra la contrer.

                Mais la Coalition avance encore de nouveau pion, toujours sans apparente défense. C’est trop tentant. Pourtant, Smyth se sent obligé d’avancer ses propres pions, ne serait-ce que pour savoir de quoi il retourne. D’une certaine façon, sa manœuvre fonctionne puisqu’il découvre qu’effectivement les forces de la coalition tentent d’ouvrir un Portail. Pour autant, il n’a pas été en mesure d’empêcher ces préparatifs. Toutefois, son rituel de fermeture demeure opérationnel.

                Smyth tente alors de les prendre à leur propre jeu. Il répand une information comme quoi il est en possession d’un journal très ancien. Il accompagne cette rumeur de quelques informations concernant sa localisation et espère que les cultistes ennemis tomberont dans le panneau. Et, effectivement, la Coalition dépêche quelques hommes sur lesquels les troupes de Smyth se jettent. Malheureusement, si certains sont capturés, d’autres fuient… avec le journal.

                Smyth lance immédiatement d’autres médiums à la poursuite des serviteurs de la Chèvre Noire. Il faut récupérer ce journal ! Mais le journal leur échappe ! Et l’influence de Shub-Niggurath n’a jamais été plus forte dans cette forêt. Alors, avant toute chose, Smyth décide de consacrer une partie des composantes mobilisées pour les préparatifs du rituel de fermeture pour contrer la forces psychiques de la Coalition. Mais, conscient de se retrouver potentiellement en position de faiblesse, il demande à ce qu’on aille au plus vite lui cherche quelques-uns des grimoires qu’il a laissé à l’arrière du front.il espère que ces tablettes contiendront des sorts et des rituels assez puissants…. Mais, surtout, il espère qu’il n’aura pas à s’en servir !

                Mais les forces de la Coalition ont été informé de sa manœuvre et des hommes ont été chargé de mettre la main sur ces tablettes. Smyth parvient à les conserver mais pour se rendre compte avec effroi que la Coalition est en possession d’un journal contenant des secrets pouvant leur porter à tous gravement préjudice. S’il pouvait mettre la main dessus…

                La situation est devenue extrêmement tendue. Quand il fait un état des lieux de ses ressources, Smyth est conscient que, même si ce n’est que très légèrement, il est surpassé par les forces de la Coalition. Pourtant, il doit mettre la main sur cet Artefact. Alors, il prend le risque d’utiliser la potion de Beauténèbres. Parviendra-t-il grâce à elle à localiser et mettre la main sur cet Artefact ? Mais alors, qu’il compte utiliser la potion pour avoir une vision de la Cage, les sorciers de la Coalition font irruption. L’un d’entre eux possède quelques feuillets. De loin, Smyth reconnait certains symboles en Langue Putride. Jusqu’à présent, par la force de leur concentration, les médiums de Smyth parvenaient à « contenir » l’Egrégore polluant la zone. Mais Smyth leur ordonne de tout lâche pour lancer une attaque télépathique sur le détenteur du journal. Non seulement Smyth veut l’empêcher qu’il n’en utilise le contenu, mais il veut aussi le récupérer. Malgré cela, même s’il parvient à conserver la potion de Beauténèbres et le secret de la localisation de l’Artefact, les cultistes s’enfuient… avec le journal.

                Smyth décide alors d’envoyer tous ces hommes récupérer l’Artefact. Il ne sait pas si la Coalition est au courant mais, au cas où, il ne veut pas leur laisser le temps de mettre la main dessus. Mais, quand ils arrivent sur les lieux, les serviteurs de la Chèvre Noire sont déjà là. A l’aide d’une imprécation en Langue Putride, ils font sortir la Cage Dorée de terre. Bien que couverte de boue, Smyth en voit le contenu et comprend alors de quoi il s’agit vraiment. Cette Cage est la première Ancre de Beauténèbres, celle qu’on lui a volé il y a une dizaine d’année. Et dedans, ce cœur palpitant, c’est le sien ! Et c’est avec effroi qu’il voit les sorciers de la Coalition s’enfuir avec !


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