SEEKERS BEYOND THE SHROUD / URBAN SHADOWS / POWERED BY THE DREAMR



                Damon Haze vit à Londres. Il consacre l’essentiel de son temps à l’étude de la magie, acceptant des missions pour des Ordres comme la Causia Scientae ou le Siddha qu’il contacte par le biais de l’Omphalos.

                Il a toujours été un « rat de bibliothèque » (BG : Bookworm) et, très ou trop jeune, il a lu les écrits de Lovecraft qu’il a, peut-être, un peu trop pris au sérieux. Il a tout d’abord exercé les fonctions de bibliothécaire avant d’être embauché par un riche excentrique en tant que curateur. Sans jamais connaitre la véritable identité de son employeur, Haze a rempli diverses missions pour cet homme, récupérant et étudiant pour son propre compte de très vieux Grimoires faisant étrangement écho à ses lectures de jeunesse. Sont également passés entre ses mains d’étranges et anciennes reliques. Ainsi, peu à peu, il a appris et acquis son propre matériel.

                Haze travaille toujours pour cet homme, mais il accepte également les missions qu’on lui propose lors de ses visites à l’Omphalos.



                Haze dispose d’un sanctuaire doté d’un bibliothèque de vieux ouvrages. Il possède également quelques artefacts et reliques. Il s’est également doté d’un cercle d’incantation et d’une prison mystique à l’intérieur de laquelle il espère pouvoir retenir les Esprits qu’il tente de convoquer. Malheureusement pour lui, ce sanctuaire se trouve à l’intérieur de l’Omphalos et demeure connu de nombreuses personnes. De plus, il lui manque quasiment toujours un élément essentiel à la réalisation de ses rituels, à la poursuite de ses recherches, l’obligeant à accepter sans fin les missions qu’on lui propose.

                Pour accomplir ces mission, Haze utilise certains des sorts qu’il maitrise, notamment l’invocation d’élémentaires ou encore des sorts d’invisibilité et de protections magique. Il utilise aussi une longue épée. Il garde également toujours sur lui la Rose du Désert, un artefact lui servant de focalisateur mystique, ainsi qu’une clé USB contenant des scans d’ouvrages occultes.



                Raj Wilson est membre du Siddha. Il guide Haze dans l’apprentissage de certaines pratiques méditatives afin de l’aider à le préserver de la Corruption. Il lui doit une faveur.

                Elias Woodrow est son principal contact au sein de la Causa Scientiae. C’est vers lui que il se tourne en cas de besoin. Il dit rarement non quand il est sollicité mais Haze lui doit deux faveurs.

                Quand ses rituels d’invocation tournent mal, c’est vers Haze que se tourne Pete Page, membre de Mesu-Betesh. Il doit une faveur à Haze qui conserve dans sa prison mystique ce qui reste de l’esprit perdu et enragé (Lost, Seekers p139) de ce qui a peut-être été un Dreamr. D’ailleurs, peut-être que le corps de ce Dreamr git dans le coma quelque part, attendant de récupérer son esprit ?



                D’ailleurs, Haze n’est pas seulement un Mage, il est également un Dreamr. Il a la capacité de s’introduire dans les rêves des autres, de les explorer et les manipuler dans la limites de ses facultés. Il utilise diverses techniques méditatives, dont certaines lui ont été enseignées par Raj, pour rêver et explorer les rêves d’autrui.

                Haze est ce qu’on appelle un Lucid Dreamr. Il a plus la faculté de naviguer dans les rêves et les interpréter que les modifier réellement. Il se sert notamment de ses capacités pour contraindre le Sleepr à entrer dans un état de Rêve Eveillé afin de l’interroger à l’intérieur même de son propre rêve.



                A peine arrivé à l’Omphalos, un espion à la solde du Siddha l’informe qu’il doit être sur ses gardes. Il y a eu des fuites au sein de la Causa Scientiae et il se pourrait qu’on lui mette des bâtons dans les roues lors de sa prochaine mission. Et non seulement Haze se demande comment cet homme a eu cette information, mais il se demande également comment il savait qu’il allait venir aujourd’hui précisément pour s’enquérir d’une mission auprès de la Causa Scientiae. Peut-être devra-t-il poser la question à Raj ?

                Sur ses gardes, il se dirige vers l’un des QG de la Causa Scientiae. Il finit par repérer un type au comportement étrange. Après quelques détours pour se retrouver derrière lui, il se rend compte qu’il est en train de discuter avec d’autres hommes plutôt louches. Discrètement, il alerte le service de sécurité de l’Omphalos qui intervient et se saisit du groupe. Alors qu’on les embarque, l’un d’entre eux jette un regard noir en direction de Haze. Ne porte-t-il pas un des symboles des « True Sons of Yaldabaoth » ? On dirait qu’il vient de se faire une ennemi.

                Haze trouve enfin Elias. Ce dernier l’informe de l’existence d’un groupe de terroristes occultes. Haze accepte de s’en occuper. Elias lui remet l’adresse et un plan des lieux. Il doit se rendre dans la City. Il y a un ancien atelier métallurgique abandonné non loin de Bank Station. C’est là que ces terroristes se sont repliés.

                Les lieux sont faciles à localisés. Haze espère que son épée et ses quelques sorts suffiront. Avant de franchir l’entrée principale, il recharge la Rose du Désert. Quand il sent que l’artefact est plein d’une énergie pas forcément très positive, il se sent prêt. Alors, il s’empare de son épée et entre.

                L’entrée principale étant déserte, il fonce à travers le parking. Mais il est surpris par un garde qui le jette à terre. Haze peine à se relever. Il finit par lui infliger une blessure mais c’est un peu par hasard et son adversaire est maintenant dans son dos. Il attaque à mains nues mais Haze sent qu’il utilise son Vrill. Il ne sait toutefois pas si c’est pour se protéger ou renforcer ses coups. En tout cas, ce type lui rentre dedans comme une locomotive ! Haze ne parvient pas à récupérer son souffle. Pourtant, il doit en finir avec ce type avant qu’il n’alerte les autres. Il décide alors de Lâcher la Bête ! Il s’y reprend à deux fois mais, la colère aidant, il dégage une aura qui fait perdre sa contenance à son ennemi. Mais, toujours sonné, Haze ne parvient pas à en finir. Ce combat s’éternise. Haze se demande s’il n’est pas sous l’emprise d’un quelconque sortilège qui le mine et ruine ses efforts. Alors, il invoque un Elemental d’air afin qu’il s’engouffre dans la gorge du garde et lui fasse rendre son dernier souffle. L’homme tombe à genoux et Haze lui fend le crane ! Il dissimule le corps sous une voiture et fouille le parking. Alors qu’il vient de s’emparer du Grimoire qu’il a trouvé dans la guérite du garde, Haze est soudain interpelé.

                La femme ne semble pas appartenir à la secte terroriste. Haze pense qu’elle passe par hasard. Mais elle a le regard vif et l’air fier. Haze estime que ce ne serait pas une bonne idée de la provoquer. Aussi, il lui explique avoir oublié quelque chose d’important dans sa voiture. La femme semble le croire. Haze se félicite qu’elle ne se pose ni ne lui pose plus de question. Visiblement satisfaite de sa réponse, elle reprend sa route en lui souhaitant une bonne soirée. Haze fait mine de quitter le parking, renforçant son mensonge en expliquant que sa voiture est tombée en panne dans la journée et qu’il l’a poussée jusqu’ici. Puis, une fois qu’elle n’est plus en vue, il retourne sur le parking en courant et récupère l’épée qu’il avait cachée à l’arrière de l’auto.

                Direction la salle de vidéo-surveillance, au cas où le combat sur le parking aurait été enregistré. Et ce sera l’occasion aussi de s’assurer que son passage n’aura laissé aucune trace en court-circuitant le système de sécurité du site. Mais Haze était attendu et il est ceinturé par un garde. Haze le fait basculer par-dessus son épaule mais peine à reprendre son souffle. Il invoque un Elémental de feu et son adversaire commence à bruler vif. Ce dernier se met à hurler et court en direction de la sortie. Haze le rattrape et l’achève d’un coup d’épée. L’homme s’écroule, non sans infliger de sales brûlures à Haze. Il fouille le type et trouve sur lui des chaussettes d’enfants. Qu’est-ce qu’il faisait avec ça dans les poches ? Haze ne tient pas vraiment à le savoir mais se réjouit toutefois de l’avoir tué. Par contre, il est plus amoché qu’il ne le croyait. Aussi, avant de continuer, il s’assure de ne pas apparaitre sur les enregistrements vidéo et appelle Page, espérant que le Mesu-Betesh pourra panser ses blessures. Celui-ci sera là dans quelques dizaines de minutes. Qu’Haze se fasse discret en attendant. Page le soigne et lui assure de rester dans le coin, au cas où.

                Prenant la seconde porte, Haze visite les bureaux. Là, un autre terroriste monte la garde, armé d’une épée. Haze lui fonce dessus. Il le frappe de son épée mais son élan lui fait perdre l’équilibre. Pourtant, l’homme n’en profite pas. Il saigne abondamment et demande son aide à Haze qui l’aide d’une certaine façon en libérant son âme des tourments de la vie terrestre d’un ultime coup d’épée. Mais il sent quelque chose dans son sac. Il regarde, vérifie. La Rose du Désert… elle est en train de se décharger ! Cherchant l’origine de ce qui est en train de siphonner le Vrill contenu dans la Rose, il trouve un aire de rituel. Il y a des Sigils et des Symboles arcaniques et rituels dessinés partout. Des bougies brûlent encore. Il y a eu un rituel récemment ici. Haze prend son téléphone et filme la scène. Il étudiera ces symboles plus tard. En tout cas, ceux qui squattent ici ont bel et bien leurs entrées à l’Omphalos car il met la main sur une poignée d’Oboles, la « monnaie locale ».

                Le grand hall et l’entrepôt suivant sont vides mais il plane dans l’air quelque chose de… vicié. Haze ne traine pas. Sa mission est accomplie. Il rentre chez lui. Là, il commence à étudier le Grimoire qu’il a trouvé sur les lieux. Il reconnait un Incunable. Parcourant rapidement les pages, il semble s’agir d’une monographie. Mais il a du mal à ne pas sortir de ce qu’il voulait n’être au départ qu’un coup d’œil superficiel. Le livre exerce une étrange attraction sur Haze. Il n’arrive même pas à le refermer, ne serait-ce que pour lire le titre et le nom de l’auteur. Plongé dans sa lecture, Haze apprend l’existence d’une Cité Sans Nom qui se trouverait quelque part dans le désert, en Arabie. Sa lecture lui apprend aussi, finalement, le nom de l’auteur, un certain Joseph Curwen. Au prix d’un violent effort, il parvient à s’arracher à cette lecture « hypnotique ». Il referme l’ouvrage et en lit le titre : Le Témoignage de Véga.



                Haze attend encore quelques jours d’être totalement remis de sa mission avant de se rendre à l’Omphalos. Avant de faire son rapport à la Causa Scientiae, il passe par son sanctuaire pour tenter de découvrir à quel rituel ces terroristes occultes s’étaient livrés. En vérité, il ne trouve aucune information concrète ou directe liée à ce rituel. Toutefois, certaines pistes pointent le Rêve. Mais le Rêve de qui ? Qui peut avoir cette information ?

                A l’Omphalos, ce jour, Haze a encore l’impression qu’on le surveille. Quelqu’un qu’il n’a jamais vient vers lui en souriant et lui remet 50 Oboles. Récompense ou corruption ? Il ne sait pas et se méfie un peu… mais empoche la monnaie. Mais, alors qu’il se dirige vers la Causa Scientiae, une bagarre éclate. Il se retrouve pris à partie et prend un sale coup.

                La Causa Scientiae se montre intéressée par le Grimoire de Curwen. Elias connait l’auteur mais seulement de réputation. Il croit, sans en être certain, que ce dernier serait de la famille de Charles Dexter Ward. Haze reconnait ce nom évidemment, ayant abondamment lu Lovecraft durant son enfance. Il a toujours pensé qu’il y avait un fond de vrai dans les écrits du reclus de Providence. Peut-être plus qu’il ne l’imaginait. Par contre, Elias ne sait rien, ou prétend ne rien savoir, de cette Cité sans Nom. Haze récupère quand même le texte du Rituel l’Invocation lui permettant d’entrer en contact avec ceux que l’on nomme, dans le jargon de l’Omphalos, les Vestiges : les Esprits des Morts. Il a encore besoin de bien des éléments avant de pouvoir tenter ce rituel, mais c’est un début. Maintenant, toutefois, il part à la pêche aux informations quant au Rêve qu’il doit investir pour en apprendre plus sur le rituel auxquels se sont livrés les terroristes occultes dont il s’est chargé. Elias déclare alors avoir un information, mais elle ne sera pas gratuite, évidemment. Haze s’engage donc pour trois missions supplémentaires au service de l’Ordre. En échange, Elias lui conseille d’explorer cette région du Rêve qu’on appelle « NACHTMAHR ».


                Haze s’enferme dans son sanctuaire et commence cette méditation grâce à laquelle il peut faire des « Rêves Lucides ». Il s’endort tout en restant éveillé. Il fait le vide dans son esprit tout en se concentrant sur cette région du Rêve qu’Elias appelle « NACHTMAHR ». Haze ferme les yeux et voit :



Der Todestag

Dans une grande pièce entièrement vide.

Les murs sont couverts d’une espèce de lèpre noire et verte, comme si Peggy Ann M. avait annexé l’univers de Giger pour peindre une fresque dans ses friches industrielles.

Pas toucher.

Pas toucher, mais très envie de, pourtant.

(Un bruit de fond. Permanent, désagréable)

Le cœur de la maison bat sous l’encre noire, et de loin en loin des cloques de moisissure éclatent, zébrant le tableau d’ensemble de cicatrices moussues.

Pas toucher, mais très envie de.

Très envie que la maison me transmette sa maladie, très envie que ses murs blessés tatouent mes mains en noir et vert. Très envie que Luna B. trouve le moyen de graver tout ça dans le marbre avant l’effondrement.

(Toujours ce bruit de fond)

Je m’approche.

De plus en plus près.

Je tends la main…

Et décroche le téléphone.

C’était ça, le bruit de fond.

Au milieu de la pièce, à même le sol, un téléphone.

Un vieux machin à cadran, dévoré par la rouille.

Qui sonnait, donc, sans doute depuis un bon moment.

À l’autre bout du fil, quelqu’un parle.

Mais je refuse d’entendre ce que je sais déjà, je refuse qu’on me dise que c’est arrivé.

Pourtant je pressens qu’il est trop tard – même pour le déni.

Alors j’approche le combiné de mon oreille.

Et j’entends la voix de Chris L.

Chris L., le chanteur de Agonoize, Funker Vogt et The Sexorcist.

Il me dit que c’est aujourd’hui. Que ça se passe à Schlachtensee.

Qu’il faut y aller. Qu’il n’y a pas le choix.

Qu’il y a urgence. Que ça a déjà commencé.

Sans transition, je me retrouve au bord d’un lac devenu mer.

Sur la plage, à perte de vue, des baleines échouées.

Des baleines qui toutes vomissent des poissons vivants.

Lesquels vomissent à leur tour d’autres poissons plus petits.

Lesquels…

Et ainsi de suite.

Partout sur la plage, des poissons gigognes en vomissent d’autres.

Jusqu’à une minuscule espèce que je n’ai jamais vue.

Qui vomit un truc bizarre.

Je m’approche.

Et réalise que le petit poisson.

Se vomit lui-même.

Ses intestins sont en plastique.



                Haze émerge dans ce Rêve les yeux rivés sur cet étrange petit poisson. Il ramasse un bout de ces intestins en plastique et croit reconnaitre dans cet entrelac la forme d’un espace de Calabi-Yau. Mais peu importe. Il parcourt la plage des yeux et se dit qu’il doit trouver un moyen de regagner l’autre lieu-clé de ce Rêve, la maison pourrissante.

                Haze se concentre et il lui en coute. Mais, se focalisant sur ce qu’est censé être Schlachtensee, il parvient à redonner au lac son aspect « normal ». Les baleines et autres poissons morts vomissant ont disparu. N’y étant jamais allé, Haze ne sait pas si la ville qu’il voit au loin est bien Berlin. Peut-être… Toutefois, dans sa main, il serre toujours ce petit bout de plastique à la forme étrange. Est-ce un signe ? Et si, finalement, Haze n’avait pas besoin d’essayer de retourner dans la maison du début du Rêve pour y réveiller le Sleepr ? Il n’en sait rien mais ça ne coute rien d’essayer.

                Une silhouette apparait. D’abord flou, elle se précise. L’homme n’a pas l’air content d’être là, ni très content de voir Haze. Il montre les dents et le Rêve se fracture. Haze n’avait pas prévu ça. Il n’en avait pas vraiment envie mais… alors que la silhouette du Sleepr disparait, il se retrouve finalement dans cette maison aux murs pourrissant. Surtout, ne pas toucher les murs et… ne pas les laisser le toucher. Haze sait que c’est un Rêve, il sait que normalement il devrait se réveiller en relativement bonne santé. Toutefois, il a peur. Et si, malgré tout, une infection contractée dans le Rêve le poursuivait dans l’Eveil ? En mourait-il ? L’Eveil serait-il corrompu peu à peu par ce cauchemar ? Le problème, c’est que c’est possible, non ? Peut-on vraiment rapporter quelque chose de « matériel » du Rêve ? Pour s’en assurer, Haze garde dans sa poche cet espace de Calabi6yau en plastique. Il verra bien quand il se réveillera. Mais pour l’instant, il doit rester sur ses gardes, trouver le Sleepr et le faire parler.

                Ses conversations avec Raj lui ont donné envie de creuser un peu la question des philosophies orientales. La façon dont y est traitée la notion d’Ego lui a « parlé ». Aussi, il tente, sinon de le faire disparaitre, de le réduire au maximum. Que son Ego fusionne autant que possible avec le Rêve pour y trouver une solution et contraindre le Sleepr à se révéler et à parler. Sans être certain que cela suffise, peut-être qu’il pourrait déjà commencer par redonner à cette maison une apparence « normale ». Une vive douleur l’informe que le Sleepr s’y oppose. Pourtant, Haze impose sa vision du Rêve. Mais, il tient maintenant une lettre dans sa main droite. Elle n’est pas écrite de la main du Sleepr mais d’un certain Lazar Arbutina. Haze a entendu parler de lui. C’est un Vestige. C’était un homme bon. Il a connu les deux Guerres et a à chaque fois tenté de faire le bien. L’Omphalos détient actuellement une de ses phalanges au titre de relique. Et s’il tentait de l’acquérir ?

                La lettre est écrite en Serbe. Evidemment, Haze n’y comprend rien. Toutefois, peut-être que tout cela signifie seulement que, pour en savoir plus, c’est Lazar qu’il doit maintenant invoquer une fois de retour dans l’Omphalos. Le Vestige saura peut-être lui dire ce que tramaient les terroristes et quel Esprit ils ont invoqué. Alors, est-ce le moment de s’en aller ? Le Sleepr est toujours là, quelque part. Haze ne pense pas pouvoir en apprendre beaucoup plus en restant ici. Au contraire même, à tout moment le Sleepr peut décider de lui tomber dessus. Alors… Wake up !



                Haze se réveille dans son sanctuaire. Il ouvre immédiatement la main. La forme de Calabi-Yau n’est pas là mais… la paume de sa main en porte la trace, comme s’il l’avait serrée très fort, ce qui fut le cas. Il rassemble ses esprits. Il n’a eu qu’un contact fugace avec le Sleepr du « NACHTMAHR » et il n’a pas été spécialement positif. Toutefois, il semblerait que le Vestige serbe nommé Lazar Arbutina soit disposé à lui venir en aide, à condition de réussir à l’invoquer. Pour cela, il aura besoin d’une relique lui ayant appartenu et il se trouve que l’Omphalos en possède une. Mais que devra-t-il faire pour qu’on accepte de la lui céder.

                A peine sortie de son sanctuaire, Haze est pris à parti par une bande d’adeptes. Ils ont besoin de Vrill pour remplir un Vas et sont prêts à payer pour ça. Il leur tend la Rose du Désert et procède au transfert de Vrill. Il aura toujours l’occasion de recharger l’artefact et un peu de monnaie locale lui sera utile.

                Il comprend mieux leur empressement quand il voit un attroupement autour d’une des personnalité de l’Omphalos, un membre des Kadmonites. Ces adeptes doivent vouloir tenter un rituel afin d’attirer son attention. Il aurait peut-être dû garde son Vrill. Dans l’immédiat, il s’approche du célèbre Kadmonite, Brandon Vivian, avec lequel il a déjà eu l’occasion d’échanger quelques mots. Cet homme est un chercheur en alchimie des plus sérieux. Peut-être pourra-t-il lui apprendre quelque chose sur Lazar ? Brandon est enthousiaste en écoutant l’histoire de Haze. Il lui promet la Phalange de Lazar en échange d’un service, évidemment. Ainsi, il accepte de retrouver, et de ramener au Kadmonites, le dénommé Frederick Mercier. Le dernier endroit où on l’a vu : un sanctuaire des « True Sons of Yaldabaoth ». Après quelques recherches supplémentaires, Haze obtient l’adresse exacte et quelques informations sur les lieux qui se situent à proximité des Seven Dials, en plein cœur de St Giles in the Fields. Et Haze se rappelle que St Giles était le patron des mendiant et autres éclopés, ce qui lui rappelle bizarrement la maison aux murs pourris de son Rêve.


                De dehors, rien ne différencie le repaire des « True Sons of Yaldabaoth » des autres demeures du quartier. Haze s’introduit en passant par une fenêtre mais ce n’est pas la meilleure idée qu’il est eu. Il se blesse en retombant et attire l’attention d’un membre de la secte qui lui tire dessus. La balle lui traverse le visage, lui déchire la joue. Retombant derrière un meuble, il a tout de même la présence d’esprit de recharger la Rose du Désert et lancer un Elémental de Feu contre le cultiste. Mais cela n’arrête pas le furieux qui, bien qu’en flammes, se jette sur lui ! Haze esquive mais lâche son épée. Rampant sous un bureau, il lance un second Elémental qui achève de consumer le culitste. Haze reprend ses esprits et recharge la Rose du Désert. Mais il est trop éprouvé pour que la magie fonctionne correctement. En fait, quelque chose ne va pas dans cette salle. Un bourdonnement assourdissement provoque une violente migraine à Haze. Mais c’est aussi l’occasion pour lui de se ressaisir. Il se concentre et fait cesser le bourdonnement. Il se sent alors comme rasséréné. Sa chute lui a causé une douleur plus forte qu’il ne le pensait mais cela ne l’empêchera pas de manier l’épée. Aussi, il entre maintenant dans le hall.

                Là, au centre de la pièce, un Golem se tourne vers Haze. Il connait se genre de créatures et sait qu’elles sont vulnérables à l’air. Aussi, il n’attend et projette dans sa direction un nouvel Elemental. L’être artificiel commence à s’effriter sous l’action de l’Esprit et implore la clémence. Cette chose serait-elle douée de « sensibilité », d’une « âme » ? Haze trouve qu’il serait plus prudent d’en finir mais lui demande s’il accepterait de se mettre à son service. Le Golem refuse car il est lié aux « True Sons of Yaldabaoth ». Haze comprend et… le transperce de son épée.

                Il y a deux portes. A celle qui lui fait face, il préfère celle à sa droite et entre aussi discrètement que possible dans une bibliothèque gardée, elle aussi, par un Golem. Il y a là aussi quelque chose de malsain dans l’air et Haze ne parvient pas à recharger la Rose du Désert avant que le Golem ne remarque sa présence. Heureusement, la créature est lente et Haze lui envoit à elle aussi un Elémental d’air. Comme le précédent, ce Golem semble attaché à la vie et demande à ce qu’Haze le laisse vivre. Il lui fait la même proposition et obtient la même réponse alors… il se passe la même chose. Il en profite ensuite pour inspecter les rayons. Il ne trouve rien de spécialement intéressant parmi les ouvrages présents ici mais met la main sur deux fioles. Il en vide une et se sent soudain investi d’un regain d’énergie. Il revient alors sur ses pas et emprunte l’autre porte.

                C’est une chambre rituelle mais elle est infestée de rats ! D’énormes rats ! Certains ont des pattes en plus ou tordues dans tous les sens. D’autres ont les traits du museau étrangement… humains. Ça grouille de partout. Il y a quelqu’un dans la chambre. L’homme flotte au-dessus de la nuée de rats. Il est entouré d’un aura… chaotique qui s’agite en de multiples pseudopodes ectoplasmiques. Haze reconnait là un Daeva ayant pris possession d’un des « True Sons of Yaldabaoth ». Fendant cette mer de rats, il fonce pour transpercer l’Avatar. L’épée transperce le cultiste possédé mais celui-ci s’empare d’Haze à l’aide de ses pseudopodes ectoplasmiques. Haze est coincé, il ne peut plus bouger. Il convoque alors un Elémental d’Eau et lui ordonne de se concentrer autour de la tête de l’Avatar afin de noyer son Vaisseau humain. Ce dernier et Haze tombent au sol. Le Daeva a abandonné son hôte. L’homme est mort, noyé…

                Haze se précipite et prend la porte la plus proche. Il se retrouve dans un dortoir. Heureusement, il est vide. Il en profite pour recharger encore la Rose du Désert. Est-ce parce qu’il a du sang sur les mains, il a l’impression que ce Vrill est… souillé.

                De retour dans la chambre rituelle, il emprunte la porte opposée et se retrouve dans un laboratoire alchimique, là où les golems ont été conçu. La salle est vide mais a manifestement servie récemment. Haze fouille les lieux et trouve des notes éparses. Il les parcourt rapidement et reconnait les nom et Sigil de la déesse Oba, une déesse africaine des rivières, et parfois du mariage. Elle représente non seulement les rivières au sens littéral, mais aussi les rivières et les eaux de la vie. Dans certaines histoires, la déesse est représentée comme une épouse jalouse qui apporte la punition sur ceux qui trahissent leurs êtres chers. Qu’est-ce que les « True Sons of Yaldabaoth » comptent trafiquer avec elle. Et quel est le rôle de Mercier là-dedans ? D’ailleurs, Mercier est bien passé par ici puisqu’Haze met la main sur sa mallette. Evidemment, celle-ci est fermée à clé. OK respire un grand coup et tente de forcer la serrure. Et ça marche !

                A l’intérieur, un rapide examen des notes de Mercier tend à montrer que ce dernier serait retenu quelque part dans les égouts. Cela ne l’étonne guère finalement, là aussi ça grouille de rats !


                Haze ouvre la trappe et descend. En bas, il trouve les traces d’un campements. Clochards ou cultistes ? A priori, il s’agirait plutôt de sans-abris. Il s’engage alors dans le tunnel. Au loin, il distingue une silhouette féminie. Il reconnait un Bhuta, un Vestige enragé ayant pris possession d’un corps humain. Cette catégorie d’Esprit est particulièrement vulnérable au feu. Aussi, Haze lâche sur lui un Elémental. La créature s’enflamme mais elle en parait d’autant énervée. Haze s’empare de son épée. Mais cela ne lui sert pas à grand-chose. Il n’évite que de peu le Bhuta et subit même quelques brulures légères. Mais, malgré le feu, il se jette sur la créature et l’empale.

                Le tunnel s’ouvre dans deux directions. Haze prend sur sa gauche et se retrouve au niveau d’un collecteur d’eaux usées. Coup de chance, Mercier est là ! Pas de chance, il est au prise avec une chimère, résultat d’une expérience alchimique ratée ! Il profite néanmoins de ce que le monstre soit concentré sur Mercier pour l’empaler. La chimère se cabre sous l’effet de la douleur et retombe lourdement sur Haze qui se retrouve coincé sous le cadavre. Et contre toute attente, Mercier s’enfuit au lieu de l’aider.

                Haze est toujours coincé sous la chimère quand il entend une voix lui demander qui il est. Il ne peut pas encore voir l’homme mais il y a de la sympathie dans cette voix, teintée toutefois d’une certaine lassitude. Après, qu’Haze se soit présenté, l’homme déclare s’appeler William Jensen. Et Haze comprend qu’il n’a rien à voir avec le monde de l’Omphalos. en réalité, Jensen est simplement un col bleu pratiquant l’urbex dans les sous-sols de Londres. Pour autant, cela l’a conduit à voir « certaines » choses. Mais il ne semble pas s’en formaliser. Il aide Haze à se sortir de sous la chimère puis, quand ce dernier lui demande s’il a vu quelqu’un courir dans les égouts, il lui explique qu’il n’a vu personne mais qu’il est possible que celle-ci tente de rejoindre la vieille station de métro abandonnée. Il lui explique alors comment y parvenir. Il suffit de suivre les tunnels descendant tout droit après avoir pris à gauche à la prochaine fourche.

                Haze se demande comment Jensen fait pour survivre ici. La fourche est gardée par un chien de combat. Mais il n’a pas de temps à perdre. Alors, il se met à courir jusqu’au tunnel suivant où l’attend un ennemi d’une autre envergure. L’homme porte un gilet en kevlar. Il est armé d’une dague et d’une arme de poing. Est-ce qu’il en a lui aussi après Mercier ? Haze décide cette fois d’être plus prudent. Il use du Vrill contenu dans la Rose du Désert pour se rendre invisible mais également se recouvrir d’une armure magique avant de précipiter un Elémental d’Air sur l’homme afin de le priver d’air, justement... Mais l’Esprit ne lui fait rien ! C’est comme si ce type n’avait pas besoin de respirer. Haze se jette sur lui, l’épée en avant, visant une partie de son corps non protégée par le kevlar. La lame s’enfonce. Il redevient visible et, plongeant son regard dans celui de l’homme, il voit… autre chose. L’homme est un Vessel, il abrite un esprit ! Le Vessel ne ressent pas la douleur, on dirait. Il assène un terrible coup de tête à Haze qui aurait eu le nez fracturé sans sa protection magique. Il fait de nouveau tourner la lame à l’intérieur de la plaie et le Vessel finit par s’écrouler. L’Esprit a abandonné le navire. Où est-il maintenant ? En toute hâte, Haze s’équipe du gilet en kevlar et empoche le Berreta et le couteau.

                Jensen a oublié un détail. Le tunnel suivant est inondé. Haze tente de passer malgré tout en protégeant ses armes à feu. Mais il perd pieds et manque de s’étouffer en buvant la tasse. Autant pour ses nouvelles armes qui restent au fond de l’eau ! A la sortie, il croit reconnaitre Jensen mais ce n’est pas lui. L’homme est mieux équipé. Il porte lui aussi un gilet en kevlar et pointe un Glock dans la direction de Haze. Haze n’en peut plus. Il est crevé et a besoin de repos. Il ne veut pas se battre et demande de l’aide. L’homme, soupçonneux, veut bien mais exige en échange que Haze l’introduise au sein de l’Omphalos. il ne sait pas comment cet homme a eu vent de l’existence de l’Omphalos et, pour l’instant, il s’en moque. Haze accepte. L’homme sourit et lui tend une flasque de whisky, du 20 ans d’âge. L’homme s’appelle Leroy Diaz et prétend chasser le monstre et le sorcier. Haze craint un instant que l’homme ne veuille s’introduire dans l’Omphalos pour faire un massacre mais il lui assure qu’au contraire il cherche des alliés. A ce stade, Haze est prêt à croire n’importe quoi. L’ancienne station de métro est toute proche. Diaz, quant à lui, déclare se rendre dans les catacombes pour y traquer un monstre. Haze recharge ses batteries et la Rose du Désert. Il finit par se lever en espérant que Mercier est bien dans le métro.

                Et c’est bien le cas. L’homme erre sur le quai. Il a l’air un peu perdu. Mais il reprend une certaine contenance quand il voit Haze. Ce dernier lève les mains et déclare venir en paix. Il explique venir de la part des Kadmonites et que ceux-ci ne lui veulent pas de mal, au contraire. Ils lui ont demandé de le sortir des pattes des « True Sons of Yaldabaoth ». Mais est-ce parce qu’il vient de tomber à l’eau ou parce qu’il ne ressemble plus à grand-chose après s’être pris une balle dans la joue, Mercier prend la fuite. Alors, il invoque un Elémental de Terre qui le maintient au sol le temps de l’assommer pour le ramener à l’Omphalos… et toucher sa récompense.


                Haze s’est accordé quelques jours de repos. Aujourd’hui, il a prévu d’essayer d’invoquer Lazar Arbutina. Il espère, non seulement accomplir le rituel, mais surtout obtenir quelques réponses du vieil Esprit Serbe. Mais, il a aussi donné rendez-vous à Diaz, le chasseur de monstre, afin de l’introduire dans l’Omphalos et il espère vraiment que ce dernier cherche des alliés et ne fera pas de grabuge.

                Mais pour l’heure, alors qu’il se prépare, Haze est distrait par des secousses venant de l’étage. C’est d’autant plus étrange qu’il est censé être seul, à moins que son employeur ne soit rentré pendant la nuit. Haze monte, personne à l’étage ni nulle part ailleurs dans la maison.

                Haze accompagne donc Diaz dans ses premiers pas au sein de l’Omphalos. et déjà, il est de nouveau pris à parti par ces adeptes qui lui avait proposé quelques Oboles en échange de Vrill. La Rose du Désert est encore chargée, aussi il accepte de céder ce qui lui reste et remplit leur Vas. Haze est plutôt satisfait de l’opération, jusqu’à ce qu’il se rende compte que quelqu’un en a profité pour lui volé une centaine d’Oboles justement. Il fait encore quelques pas avec Diaz, voulant s’assurer, autant que possible, que ses intentions sont pacifiques. Puis, quand il a vraiment l’impression que tout devrait bien se passer, il le laisse poursuivre seul et regagne son sanctuaire.

                Haze vérifie une fois de plus qu’il possède bien tout ce dont il a besoin. Il a rechargé la Rose du Désert en Vrill et à exactement la dose nécessaire. Il s’est doté des bougies et des encens idoines. Il a disposé le tout conformément au tracé du Pentacle. Il pense pouvoir contraindre le Vestige à lui obéir, mais ce n’est pas ce qu’il souhaite. Aussi, il a demandé à Raj de l’assister. Toutefois, ce dernier s’est vu dans l’obligation de lui refuser son aide. Mais, en échange, il lui a recommandé deux autres adeptes du Siddha qui l’aideront. Haze est tendu mais les deux hommes arrivent à l’heure et semble aussi sympathiques que Raj. Tout est prêt. Haze n’a plus qu’à se lancer.

                Malgré son anxiété, il parvient à attirer l’attention de Lazar. Celui-ci se présente et Haze se tourne alors vers les deux membres du Siddha. Tous les trois tentent donc de convaincre le Vestige de leur accorder son aide. Lazar est quelque peu suspicieux mais accepte néanmoins de répondre aux questions de Haze. Mais ce dernier est toutefois déçu car le Serbe ne reconnait pas les Sigils qu’il a filmé chez les terroristes. Aussi, impossible d’établir un lien avec les activités occultes des « True Sons of Yaldabaoth » concernant la déesse Oba. De même, Lazar n’a pas grand-chose à dire concernant la Cité sans Nom mentionnée par Curwen. Mais, il croit néanmoins savoir qu’on y a rendu, au moins un temps, un culte à Oba justement. Enfin, le Vestige ne peut affirmer que Haze trouvera plus de réponses à ses questions le Nachtmahr mais il l’invite malgré tout à tenter sa chance. Il se propose même de l’accompagner. Toutefois, pour ça, Haze devra accomplir un nouveau Rituel et se doter d’un Scasul afin de « lier » l’Esprit de Lazar et s‘en faire un « allié astral ».

                Il ne s’agit pas complètement d’un retour à la case départ. Au moins, Haze est en relativement bons termes avec Lazar et ce dernier l’accompagnera dans le Rêve au besoin. Mais, quand il quitte son sanctuaire, et après avoir salué et remercié les deux membres du Siddha, Haze est pris à parti par des membres du service de sécurité de l’Omphalos. est-celui qui a fait rentrer le dénommé Diaz ? Haze apprend alors que le chasseur de démon a tué Raj ! Heureusement, Diaz a été capturé mais, interrogé quant à ses motifs, il ne fait qu’enchainer des propos incohérents évoquant un « maître » et une mission de « recrutement ». Haze respire un grand coup. Il déclare qu’il va suivre les agents de sécurité et tenter de parler avec Diaz. Mais avant, il veut vérifier quelque chose dans son sanctuaire. Au moins, le bilan de la journée se sera pas entièrement négatif car il trouve là tout ce dont il a besoin pour créer un Scasul !

                Conduit dans les locaux de la sécurité, Haze est troublé. L’homme qu’on lui présente est bien Diaz mais il a quelque chose de « changé ». Il reconnait le visage mais sa façon de parler ni bouger, comme si quelqu’un d’autre avait pris le contrôle du corps du chasseur de monstres. Face à Haze, il se réfugie dans le silence mais le foudroie du regard. Il demande, à tout hasard, si on a pu trouver sur lui quelque chose attestant de son appartenance aux « True Sons of Yaldabaoth » mais on a rien trouvé de tel. Haze ne comprend pas. Cet homme est complétement différent de celui qu’il a accompagné à l’Omphalos. Puis, ce « faux Diaz » se met à marmonner. Haze n’est pas sûr d’avoir bien compris. Il lui demande de répéter mais, évidemment, l’homme refuse. Pourtant, il est presque certain de l’avoir entendu prononcer le mot « Nachtmahr ». L’espace d’un instant, Haze imagine que le Sleepr pourrait bien être derrière tout ça. Haze commence à avoir de dettes un peu partout au sein de l’Omphalos et il va devoir en régler certaines avant que cela ne devienne ingérable. Mais cette affaire peut-elle vraiment attendre ? Surtout maintenant qu’il vient de trouver le Rituel permettant à Lazar de l’accompagner dans le Rêve. Il expose son plan aux agents de sécurité. Ces derniers ne peuvent pas garder Diaz (ou qui que ce soit en réalité) trop longtemps car, même s’il a commis un meurtre au sein de l’Omphalos, ce lieu n’a pas d’existence légal et, vis-à-vis du reste du monde, c’est cette détention qui est illégale. Ils ne vont pouvoir que le chasser de l’Omphalos et garder l’œil sur lui par la suite, espérant trouver un moyen d’obtenir réparation pour la mort de Raj.

                Haze n’est pas très à l’aise à l’idée d’aller de nouveau solliciter le Siddha pour entrer en contact avec Lazar. Il se tourne donc vers les Kadmonites. Mais ces derniers ne veulent pas entendre parler de Haze. Et il en est de même pour les membres de Mesu-Betesh. Ce sont-ils tous passés le mot ? Haze n’ira pas importuner le Siddha maintenant mais il reste encore la Causa Scientiae. Elias est asse en colère contre Haze et lui reproche les actes de Diaz. Haze a beau s’expliquer, Elias ne l’écoute pas vraiment. En réalité, tout ce qui l’intéresse est que Haze reste son débiteur. Aussi, il accepte de lui prêter main forte mais Haze sait qu’il devra accepter quelques missions bien pourries !

                Après avoir chargé la Rose du Désert, il rapporte également un autre Vas remplit de Vrill. Il dispose tout le matériel de création du Scasul à la hâte, sous le regard impatient d’Elias. Quand tout est prêt, le Rituel commence. Là encore, Haze pourrait tenter de contraindre le Vestige, mais il préfère s’assurer de sa collaboration. Est-ce la pression ? En tout cas, le Rituel fonctionne à merveille. Haze soupçonne même qu’il aurait pu y arriver sans l’aide d’Elias. Il possède maintenant le Scasul lui permettra à Lazar de le suivre dans le Nachtmahr.

                Mais, alors que tout semblait se dérouler comme prévu, Lazar refuse finalement d’apparaitre. Elias prend un malin plaisir à rappeler que le Rituel ne pourra pas être de nouveau tenter avant 24h. qu’à cela ne tienne, Haze en profitera pour dormir et explorer, seul, un nouveau Nachtmahr.



Ouroboros

Invité à une séance de dédicaces / présentation de Galerie Noir et Du Délire, les livres de Sébastien Gayraud et Claire Von Corda fraîchement parus chez Rivière Blanche.

Une curiosité : cette rencontre doit avoir lieu sur l’ile de la Réunion.

Je prends donc l’avion, et après un voyage anormalement court, j’atterris à l’aéroport de Saint-Pierre.

Un guide m’y attend.

C’est un métis d’une trentaine d’années au teint clair et aux muscles secs.

Je reconnais l’acteur américain Woody Strode.

Il me souhaite la bienvenue et m’apprend que nous devons traverser une forêt pour rejoindre la librairie où a lieu la séance de dédicaces.

Nous nous mettons en route aussitôt.

La forêt est si épaisse qu’elle laisse à peine passer la lumière.

Après environ une demi-heure de marche, nous atteignons une clairière.

En son centre se dresse un arbre noir.

Il a une forme très étrange.

Avec son tronc voûté, ses branches et ses racines entrecroisées, il rappelle une silhouette humaine.

Comme un homme en pleine méditation. Ou en train de prier.

Il y a un petit papier collé sur le tronc.

Quelque chose est écrit dessus.

Quelques mots, que je distingue mal.

Mais que je veux absolument lire.

Alors je m’approche de l’arbre.

M’apprête à décoller le papier…

Quand mon guide hurle : ne faites pas ça !

Surpris, je sursaute.

Mais ne tiens pas compte de l’avertissement.

J’arrache le petit papier.

Enfin je peux voir ce qui est écrit.

Trois mots seulement.

« De quoi tenir. »

Heptanes F. est passé par là.

Mais ça n’a pas l’air d’être une bonne nouvelle, car l’arbre se « redresse ».

Puis déplie ses branches et ses racines. Et les lance vers moi.

Comme pour m’étreindre.

Comme pour m’étrangler.

« Suivez-moi. Vite ! », crie le guide en commençant à courir.

Je suis.

Et je cours aussi.

Mais les branches et les racines s’étendent.

Et se ruent à notre poursuite.

On court et on court encore. De plus en plus vite.

On traverse la forêt comme si on avait le diable à nos trousses.

Ce qui est sans doute le cas.

Enfin, nous atteignons l’orée du bois.

Une très belle femme noire semble nous y attendre.

J’aime beaucoup ce que vous faites, vous savez, me dit-elle.

Et comme pour appuyer cette affirmation, elle montre son avant-bras.

Toute la surface de la peau est recouverte par une scarification.

Dont le motif représente l’Ouroboros.

                Haze court, suit le guide, poursuivis qu’ils sont par Raj et ses racines, ses lianes. Comme dans l’Eveil, Haze projette un Elémental de Feu qui arrache un cri de douleur à l’arbre-Raj, l’arbre en rage ! Mais Haze subit un violent choc en retour. Est-il possible que Raj soit le Sleepr ? Haze tentera de répondre à cette question plus tard. Pour l’instant, il suit le guide et projette un nouvel Elémental pour freiner Raj. Mais cela ne se passe pas comme prévu.
                La forêt change. Ce n’est plus une forêt tropicale ou équatoriale, comme dans le Nachtmahr. C’est maintenant une forêt « occidentale ». Ce ne sont plus du tout les mêmes arbres, ni les mêmes cris d’animaux qu’Haze voit et entend. Est-il toujours dans le Nachtmahr ou a-t-il basculer ailleurs ? Le guide est toujours là et répète les mêmes phrases que dans le rêve d’origine. Raj est toujours derrière eux mais ce n’est plus vraiment un arbre. C’est plutôt une parodie d’arbre, en partie végétale et boueuse, en partie animale. Ses racines se terminent par de lourds sabots et ses branches sont un amas de tentacules grouillant. Haze se rappelle ses lectures adolescentes. Lovecraft les a abondamment décrit. C’est un Sombre Rejeton de Shub-Niggurath qui leur court après ! Plongé en plein cauchemar lovecraftien, Haze craint sa rencontre avec la femme noire…
                Tout cela n’est qu’un rêve. Et Haze garde en tête qu’il est là pour obtenir des informations. Aussi, il arrête de courir et use de sa magie pour se rendre invisible, espérant que le Rejeton, le Raj-ton, de Shub-Niggurath perde sa trace.
                Le monstre poursuit toujours le guide qui s’enfuit en hurlant. Haze, quant à lui, part à la recherche de la femme noire. Tout en marchant, il relit le mot arraché sur l’arbre. « De quoi tenir. » Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?
                Il parvient enfin face à la femme noire. Elle exhibe ses scarifications. Haze lui demande si elle est la déesse Oba. Et, à sa grande surprise, la femme acquiesce. Sait-elle que les « True Sons of Yaldabaoth » cherchent à entrer en contact avec elle ? Elle acquiesce encore. Mais, sait-elle que ce sont des dingues ? Elle acquiesce et sourit. Haze a peur de comprendre. Oba est une déesse de l’eau et de la vie. En cela, elle symbolise aussi la notion de cycle, d’où certainement l’Ourobourous. Mais tout cycle de vie et de renaissance suppose la destruction et la mort. Est-ce cela le projet des « True Sons of Yaldabaoth » ? Et compte-t-elle vraiment aider ces tarés à détruire le monde ? A moins que ce ne soit l’inverse et que ce soit eux qui la serve ? Haze est en panique ! Est-il possible que Lazar est pressenti cela ? Cela expliquerait qu’il n’a pas répondu lors de la dernière invocation.
                Face à Oba, Haze est coincé et ne sait plus quoi faire. Il avait bien des questions à lui poser, concernant la Cité sans Nom notamment. Mais cela n’a plus de sens ! La question qu’il se pose est plutôt de savoir ce qu’elle fait dans le Nachtmahr du Sleepr et, surtout, comment stopper ses plans de destructions du monde. Il doit se tirer d’ici en vitesse et alerter l’Omphalos ! et pour ça, il n’y a pas 36 moyens. Il doit réveiller le Sleepr. Alors, il se met à hurler, espérant que ces cris le réveilleront, les réveilleront tous les deux.
                Haze hurle et sent ses cordes vocales se déchirer. Mais, tout autour de lui, la forêt se déchire également. Il se réveille dans son sanctuaire au sein de l’Omphalos et ça ne va pas du tout. Il a très mal à la gorge. Il a du mal à tenir debout et réfléchit à ce qu’il peut faire. Il doit prévenir le Siddha, notamment pour qu’ils puissent au moins tenter de sauver l’âme de Raj. Et puis, il faut mobiliser tout l’Omphalos contre les « True Sons of Yaldabaoth ». Et si Oba est dans un Nachtmahr, peut-être aussi devrait-il essayer de trouver le Sleepr, mais dans l’Eveil.
                Sorti de son sanctuaire, Haze fait difficilement quelque pas. Il est de nouveau abordé par ces adeptes en quête de Vrill pour leur Vas mais aujourd’hui Haze n’a rien pour eux. Il contacte Page et lui propose de prendre un verre avant de trouver le Siddha. Il veut son avis sur la question. Page prend un malin plaisir à lui révéler qu’on « raconte des choses » sur lui. Haze s’en doute, surtout après le meurtre de Raj. Mais Page perd le sourire quand il lui raconte ses dernières aventures. L’heure est beaucoup plus grave que prévue. Alors, selon lui, est-ce une bonne idée de contacter le Siddha ou vaut-il mieux les laisser faire leur deuil ? Page pense qu’il faut effectivement les informer que l’âme de Raj est apparue dans un Nachtmahr. Toutefois, il e lui parait pas opportun de solliciter leur aide en un pareil moment. Evidemment, il propose de s’en remettre à Mesu-Betesh et c’est peut-être, effectivement, une bonne idée. Les Mesu Betesh prétendent se battre pour la liberté spirituelle ultime et la libération du cercle de Samsara en rejoignant les Sept Étoiles de Seth. A l’évocation de Seth, Haze repense à la Cité sans Nom. Il ne peut s’empêcher de penser que tout est lié. Oui, il va suivre Page au quartier général des Mesu-Betesh. Il verra bien ce qu’ils ont à lui dire sur Oba et la destruction du monde. Mais avant, il faut vraiment sensibiliser tout l’Ompholos à cette menace. Et, plus que cette bande d’anarchistes et de rebelles, les Kadmonites lui semblent plus à même de faire entendre sa voix.
                Les alchimistes le prennent au sérieux. Et il a même l’impression qu’ils l’attendaient. Ils se montrent très attentifs à son histoire et acceptent de se mobiliser pour fédérer au mieux l’Omphalos contre la menace que représente Oba et les « True Sons of Yaldabaoth ». Mais, avant ça, il faudra que Haze répare les dégâts qu’il a commis. Ne comprenant pas, les Kadmonites lui expliquent qu’il n’est pas revenu seul du Nachtmahr. Il y avait quelque chose avec lui. Et ce quelque chose va tuer. Ils le savent ! Haze accepte évidemment. Il traquera cette chose. Mais avant, comme 24 heures se sont écoulés, il veut de nouveau tenter de lier Lazar à son Scasul. Et cette fois, il demande leur aide aux Mesu-Betesh.
                Lazar se montre, cette fois. Haze lui explique comprendre son absence précédente. Il ne lui en veut pas mais il a besoin de lui. Il devra retourner dans le Nachtmahr et il aura besoin d’aide pour faire face à Oba.


Ce n’est pas ma forêt.

Ce n’est pas Millevaux.

Ça y ressemble d’une certaine façon. Il y a des bâtiments comme celui-là à Millevaux, mais ils ne sont plus que ruines.

Là, le bâtiment a l’air neuf. En tout cas, il est bien entretenu.

Et, comme à Millevaux, il y a des humains. Mais il y en a plus ! Et ils ne sont pas vêtus de haillons. Ils n’ont même pas d’arme !

J’ai faim. De leurs chairs et de leurs souvenirs.

Je ne sais pas où je suis. Je ne suis plus dans ma forêt.

Je suis… Hors de la foret.

Je suis… Horla !

J’ai faim.

Je me souhaite bon appétit.



Avant tout, je dois prendre forme humaine. Pour me fondre dans la masse, m’approcher d’eux. Je repère un homme au nez aquilin et qui se frotte le menton. Je serai lui ! Ou presque, je lisse mes mains dans mes poches car, je ne sais pas pourquoi, elles ont gardé la couleur et la texture de ma peau d’origine.

Je m’approche suffisamment de lui pour pouvoir projeter mes pensées dans les siennes. Je veux qu’il me suive. Je ne lui ai pas ordonné mais l’homme se retourne. Il me voit. Il me fixe droit dans les yeux. Il est surpris. Il est hésitant. Je sors mes mains de mes poches, les agite dans sa direction et lui fait signe de me suivre. Il s’exécute.

J’ouvre une porte. C’est une cage d’escalier. Nous sommes seuls. Je pose mes mains sur son visage et elles commencent à se fondre avec sa chair. Mais ça ne se passe pas comme prévu. Quelque chose « bloque ». L’homme sourit. Je dois forcer le passage car une dénommée Tellan, marquises des Montagnes Tranchantes, Gardienne des Obsessions me fait obstacle.

J’enfonce mes mains dans son visage mais Tellan fait barrage. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je me retire, je m’enfuis. Je ne suis pas le seul Horla ici ?! Je ne suis pas le seul… Prédateur ?

J’ai faim. Je dois me nourrir, prendre des forces. Ensuite, je retrouverai cette Tellan. Et je la tuerai !



Je me fonds dans la foule. Tellan ne me poursuit pas mais je sens le poids de son regard. Je cherche une autre proie. Je vois un adolescent à l’air pataud. Il me parait peu probable qu’il soit lui aussi sous la protection de Tellan. Je m’approche de lui. Une fois de plus, je dois découvrir mes mains forestières pour qu’il accepte de me suivre. Je le conduis dans un couloir vide. Pourquoi fait-il ça ? Il sort un briquet et s’allume une cigarette. Non ! Pas de feu ! Pas de feu à côté de moi ! J’ai mal !

Qu’est-ce que cet endroit ? Pourquoi est-ce si dur de se nourrir ? Pourquoi ces gens sont-ils plus forts et résistants qu’ils n’en ont l’air ? Je dois me reprendre, leur montrer !

Et je lui montre, à celui-là ! Je manifeste mon Emprise sur la faible quantité d’Egrégore présent dans l’air ambiant et il explose littéralement, projetant du sang et des viscères partout autour, sur les murs, sur moi !

Tuer me rassure.

Mais, pour autant, que cette endroit et cette situation sont étrange. J’ai l’impression que, d’un rêve, je suis tombé en plein cauchemar. Ma forêt a disparu. Ma puissance aussi. Est-ce parce qu’il y a moins d’Egrégore ? Puis-je retourner dans mon rêve ?

Un portail s’ouvre. Mais ce n’est pas Millevaux derrière. C’est un peu comme ce bâtiment plein d’humain où je viens d’arriver. Je jette un œil sur ce nouveau monde. Et ce nouveau monde jette un œil sur moi. L’œil d’Amansumod, l’ermite qui se souvient de la première sorcellerie. Et ce monde bave à travers le portail. Ce monde recouvre le monde et le monde change. Il demeure mais il change. Et, au loin, j’entends les Spectres d’Amansumod. Eux aussi ont faim !

La chasse a commencé et je suis la proie !



Je sors du couloir. Les bâtiments ressemblent à ceux que j’ai lissé derrière moi il n’y a plus d’humains.

Je me réfugies dans un endroit remplis de chapeaux. Dans un coin, une chose informe se tortille. Un énorme ver blanc laiteux. Non loin, une jeune femme s’approche, courbée sous le poids de la coquille d’escargot qu’elle porte sur le dos. Je la laisse s’approcher. Je me méfies. Le ver est soudain agité d’un soubresaut. La femme-escargot se tourne vers lui puis vers moi. Et elle dit qu’elle sait ce que je suis. Elle veut que je me dévoile. Mais je dois me nourrir avant. Alors, je lui saute dessus ! J’enfonce mes mains de Millevaux dans sa chair. Je me fonds en elle jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Puis, je me glisse à l’intérieur de sa coquille. Là, j’y trouve ses souvenirs. Elle est triste. Elle broie du noir. Elle a perdu un pari. C’est pour ça qu’elle est ici, contrainte de porter cette coquille et de veiller sur ce ver.

Je ressors de la coquille et reprends alors ma véritable forme. Là, je me sens fort, enfin ! Je me tourne vers le gros ver blanc. Il s’agite. Il a peur et il a raison ! Je vais dévorer ce ver ! Je vais le tuer ! L’annihiler !

Repu du gros ver blanc, je n’ai plus faim. Je n’en sais pas plus sur ce monde car il n’en sait rien lui non plus. Il n’est qu’un gros ver. Mais, il y a un moyen d’échapper aux Spectres de l’Ermite. Je dois arriver à ouvrir un portail.

Le portail s’ouvre. De l’autre côté, c’est le même endroit mais plein d’humains. Face à moi, comme mon reflet dans l’eau, celui dont j’avais pris l’apparence avant de dévoiler ma véritable forme. Il est à moi. Il fera ce que je lui dis de faire. Je me glisse à travers le portail.

Il va me falloir un peu de temps avant de pouvoir reprendre une nouvelle forme humaine. Cette étrange expérience m’a ébranlé plus que je l’imaginais. Mais cette créature à mon service va m’aider.



                Avec toutes ces histoires, Haze a plus que négligé ses obligations envers son mystérieux employeurs. Et celui-ci a décidé de se rappeler à son bon souvenir d’une façon des plus désagréables. Alors qu’il est toujours en train de réfléchir au moyen de combattre les « True Sons of Yaldabaoth » et la déesse Oba, il est contacté par le services de sécurité de l’Omphalos. Ils ont réussi à tirer quelques vers du nez de Diaz. Manifestement, sa présence dans les égouts au même moment que Haze ne devait rien au hasard. Le chasseur de monstre est en lien avec son employeur et la mort de Raj est à interpréter comme un avertissement. Son employeur est mécontent de Haze et il semble bien qu’il soit le prochain sur la liste. Haze ne comprend pas bien. Il doit forcément y avoir autre chose derrière tout ça. Toutefois, il prend acte de l’avertissement et décide de régler cette histoire avant toute autre chose. Ainsi, il se rend au manoir de son employeur. Comme il possède toujours les clés, il ne se donne pas la peine de sonner. Il entre, tout simplement. Manifestement, on l’attendait. Il reconnait le garde en faction mais ce dernier a l’air bien décidé à ne pas le laisser passer. Haze connait l’homme et ne veut pas le tuer. Aussi, il demande à Lazar de l’étourdir le temps nécessaire à le mettre hors de combat. Le garde, sous l’influence du Vestige, perd pied et Haze en profite pour l’assommer, dissimuler son corps et s’emparer de ses armes. Est-ce un hasard, dans l’entrée se trouve un journal. Est-il écrit de la main de son employeur ? Impossible d’en décider pour l’instant. Haze en survole quelques passages et comprend qu’il s’agit d’un voyage dans le désert. Il pense évidemment à la Cité sans Nom mais aussi à la Rose du Désert qu’il convient de charger à bloc.

                Il s’y attendait, dans la première bibliothèque, une statue s’anime et se dirige vers lui. Lazar ne va guère pouvoir l’aider contre cette sorte de golem. Son épée, par contre… La statue éclate en morceaux. Dans la foulée, il s’engouffre dans la seconde bibliothèque, celle qui contient les ouvrages qu’il convient de ne pas exposer au public. Une autre statue s’anime et se jette sur lui. Haze, ou plutôt sa protection en kevlar, encaisse le coup et, sous le tranchant de l’épée, la statue perd un bras. Mais ce combat ne serait pas facile car une seconde statue sort de l’ombre. Haze fend l’air de sa lame mais ne touche personne et perd un peu de sa confiance. Aussi, il fait passer l’épée dans sa main gauche et s’empare de son Glock… qui s’enraille. Est-il possible que cet endroit soit placé sous protection magique ? Haze use donc lui aussi de magie pour se rendre invisible. Il frappe ses adversaires, en vain. Il se passe quelque chose de vraiment anomal ici. Son employeur doit y avoir cacher quelque chose de très important. Mais Haze n’a pas vraiment le temps ni les moyens de fouiller les lieux avec ses deux adversaires. Aussi, il préfère s’enfuir, quitte à revenir plus tard.

                Un chien de combat lui saute dessus dès qu’il entre dans la grande salle à manger. Lazar a beau se précipiter sur l’animal, rien ne semble pouvoir le freiner. Haze, tenant toujours son épée de la main gauche, la pointe en avant et l’animal s’empale dessus. Mais, sous le choc et le poids du chien, il chute et en sera quitte pour quelques séances de kiné afin de se refaire une épaule. Mais, alors qu’il se relève, tous les bibelots de la pièce s’élèvent et fondent sur Haze qui voit là la présence d’un poltergeist. Lazar intervient le temps pour Haze de fouiller les lieux. Ne trouvant rien et soucieux d’éviter un projectile, il se réfugie dans la cuisine attenante. De là, il regagne le hall où l’attend un nouveau chien. Haze pointe son arme et tire. La bête s’écroule.

                Dans le salon, celui qui doit être le maître-chien se précipite sur Haze. Mais Lazar l’étourdit assez longtemps pour que Haze lui tranche la gorge. Mais alors que l’homme s’effondre, Haze ressent une vive douleur à l’épaule, celle sur laquelle il est tombé. La pressant de la main, il ressent comme une espèce de boule remplie de liquide. Passant la main sous ses vêtements, il presse un peu plus fort. La boule éclate et il ressort une main pleine de pus. Qu’est-ce que ça veut dire ? Haze commence à paniquer. Il faut en finir. Aussi, il se rend en courant dans la Chambre Rituel de son employeur.

                Dans cette pièce richement décorée, un homme, nu, se trouve assis en tailleur au milieu du pentacle peint au sol. Il fixe Haze et se met à grogner. Lazar a un mouvement de recul et Haze en déduit que cela sera peut-être plus compliqué que prévu de le vaincre. Néanmoins, il tire. Mais son arme lui explose dans la main ! Le temps qu’il s’empare du Beretta récupéré sur le garde, l’homme nu est sur lui. Il se retrouve projeté au sol et maintenu par le poids de cet homme dont il peine à éviter les coups de dents. Haze tire à nouveau mais la balle se perd dans un mur. Un coup de tête se révèle inutile. Heureusement, il parvient tout de même à éviter les mâchoires qui tentent de lui attraper la gorge. Une seconde balle arrache un cri à cet homme-animal qui, tel un loup vaincu, recule et offre sa gorge. Gorge que Haze tranche d’un coup d’épée. Dans la chambre rituel, il trouve deux vieux flacons poussiéreux remplis d’un liquide ambré. Rien ne permet de savoir quel est ce liquide. Aussi, il l’empoche, se promettant de tenter d’en analyser plus tard le contenu.

                Haze se rend maintenant dans le bureau de son employeur. Là, dans le confortable fauteuil, un homme d’une quarantaine d’année. Ce n’est pas son employeur, Haze en est convaincu. Lazar Aussi. L’homme sourit mais il y a quelque d’inhumain dans ses yeux, de vide, de froid.

                « Je suppose que vous êtes déçu de me voir ici à la place de notre maitre, mais honnêtement vous n'avez pas pu croire que ce serait si facile… Finissons-en ! »

                Puis, sautant par-dessus la table, il se précipite sur Haze. Haze est alors projeté en l’air et retombe lourdement. Il ordonne à Lazar d’attaquer. Le Vestige perturbe son adversaire, laissant à Haze le temps de le transpercer, une fois, deux fois de son épée. Lazar est formel, cet homme était possédé par un Daeva, un esprit ou un avatar d’un divinité zoroastrienne dont le but est de répandre le chaos. Faut-il voir là une manœuvre des « True Sons of Yaldabaoth » et de Oba ? L’homme possède sur lui une centaine d’Oboles, preuve qu’il fréquentait l’Omphalos.

                Sous le bureau, une cache secrète révèle quelques centaines d’Oboles, un vieux grimoire ainsi qu’un artefact en ivoire et onyx. Il s’agit d’une sorte de « casse-tête arcanique ». Haze connait l’objet de réputation, trouver la solution de ce casse-tête offre une sorte de protection magique. Il y a aussi un exemplaire du Manifeste de Yakthoob, ce dernier étant parait-il un disciple de l’Arabe dément auteur du Necronomicon. Par contre, il n’y a là rien concernant l’ancien employeur de Haze qui ne sait toujours pas pourquoi ce dernier a décidé de le tuer. Toutefois, il espère lui avoir bien fait comprendre qu’il vendra chèrement sa peau.

                Haze se réfugie dans son sanctuaire, à l’Omphalos. Là, il étudie le grimoire et le journal trouvé chez son ancien employeur. Le Manifeste de Yakthoob n’est qu’un volume d’une collection qui en contiendrait beaucoup d’autres. Ce journal est en très mauvais état. Haze sent qu’il a du mal à s’en détacher bien qu’il n’ait pas l’impression d’y trouver quoique ce soit d’intéressant concernant ses affaires urgentes. Aussi, il le referme prestement et se promet de l’échanger dès que possible, pourquoi pas auprès des Kadmonites. L’autre journal ne parle pas de la Cité sans nom mais évoque pourtant le désert d’Arabie. Il évoque également un artefact, sans le nommer, et Haze pense qu’il peut s’agir de la Rose du Désert. Une fois de plus, ce qu’il lit ne fait que tourner autour du pot, se bornant à évoquer la Cité sans Nom de façon allusive mais sans jamais délivrer aucune information concrète et exploitable. Haze tente, en vain, de déterminer le contenu des deux fioles. Là aussi, il compte s’en remettre aux Kadmonites.

                Alors qu’il se rend chez les alchimistes, Haze est rattrapé par Elias qui l’informe que quelqu’un lui en veut. Haze n’est pas vraiment étonné mais Elias sait que c’est en lien avec son ex-employeur. Ce dernier est sur ses traces et n’a pas apprécié qu’il ressorte vivant de chez lui. Aussi, Haze doit être très prudent. Coïncidence, ils sont alors attaqués par une chimère évadée d’un laboratoire alchimique. Adrénaline ou simple colère, Haze fend l’air de sa lame qui s’abat sur le monstre. La créature lâche un geyser de sang et crache une écume acide qui fait crépiter le sol à ses pieds. Le monstre vacille. Haze l’abat d’une balle en pleine tête, avant de s’écrouler à son tour.

                Il se réveille chez les Kadmonites. Elias n’est plus là. Les alchimistes ne lui posent pas plus de questions que nécessaire. Ils examinent les grimoires et journaux qu’Haze a à leur offrir. Il leur explique que, possédant les noms et Sigil d’Oba, il veut pouvoir l’invoquer et la soumettre afin de la contraindre à renoncer à ses plans. Et cela tout en continuant à harceler autant que possible les « True Sons of Yaldabaoth ». D’une façon ou d’une autre, il ne leur permettra pas de réaliser leur plan. Les Kadmonistes acceptent de lui remettre le Rituel lui permettant d’invoquer Oba mais… il devra toutefois se perfectionner dans l’art du rituel. Qu’à cela ne tienne, Haze y consacrera le temps et l’énergie nécessaire. Les Alchimistes semblent satisfaits. Toutefois, ils ont une mission pour lui. Ils lui confirment qu’ils n’est pas revenu seul de sa dernière incursion dans le Nachtmahr. Aussi, il leur parait opportun qu’Haze se rende dans ce centre commercial où on a remarqué un récent « pic d’Egrégore ».


                Après l’avoir bien étudié, Haze comprend pourquoi les Kadmonites lui ont donné aussi facilement le rituel permettant d’invoquer Oba. C’est un rituel complexe et il peut rapidement perdre le contrôle des évènements. De plus, la Rose du Désert ne contiendra jamais la quantité de Vrill nécessaire. Pour ça, il lui faudra se doter d’un Vas beaucoup plus conséquent et peut-être même, comme le font d’autres adeptes, se résoudre à acheter du Vrill auprès d’autres mages. Non pas donc qu’il s’agisse d’un cadeau empoisonné mais plutôt d’un cadeau pour l’instant inutile. Mais pour l’instant seulement.

                Haze a aussi pas mal réfléchi à la tentative d’assassinat dont il a été la cible de la part de son ex employeur. Il se demande si celui-ci a vraiment quitté Londres. En tout cas, où est-il ? Y a-t-il un lien avec ses activités concernant Oba ? Est-il un serviteur d’Oba ou juste un instrument involontaire ? Et puis, et s’il était le Sleepr ? D’ailleurs, les Kadmonites lui ont demandé d’enquêter sur un centre commercial où ils avaient constaté un « pic d’Egrégore », mais cette énergie n’est-elle pas celle qu’il a ressentie lors de son dernier voyage dans le Nachtmahr ? Là encore, et si tout cela était lié ?

                Les alchimistes lui ont lâché les informations qu’ils voulaient bien lui concéder. Mais il veut en savoir plus avant de s’exposer. Aussi, peut-être que leurs opposants les plus directs, ceux de Mesu-Betesh, accepteront de lui en dire plus s’ils ont l’impression de marcher sur les plates-bandes des Kadmonites. Ainsi, Haze donne-t-il rendez-vous à Pete Page. Alors que l’heure approche, il sent la paranoïa monter. Plusieurs de ceux qui ont attenté à ses jours récemment posséder des Oboles, signifiant qu’ils avaient leurs entrées à l’Omphalos. Et si on le surveillait ? Alors, simple paranoïa ou alors cet homme, là, a vraiment l’air douteux ? Il fait alors plusieurs détours, envoit un SMS pour prévenir Page de son retard et contacte le service de sécurité de l’Omphalos qui procède discrètement à l’arrestation de l’homme en question. Ce dernier ne fait pas de scandale mais braque un regard haineux sur Haze. Dans la foule, Haze croise d’autres regards tout emplis de haine à son égard. Il reconnait certains de leurs signes de reconnaissance. Les « Children of Erlik » sont-ils, comme les « True Sons of Yaldabaoth », entrés au service d’Oba ? Et la déesse, jusqu’à quel point s’est-elle infiltrée dans l’Omphalos ? Le Nachtmahr est-il sa porte d’entrée ? Haze secoue la tête. Il réfléchit trop, se dit-il, alors qu’il a une mission. Non pas que cela l’amuse spécialement de travailler pour les Kadmonites mais cette histoire de centre commerciale semble liée à sa dernière incursion dans le Nachtmahr justement. Alors, autant en avoir le cœur net et s’assurer que, si portail il y a, il est bien refermer.

                Les lieux semblent on ne peut plus normaux. Les gens s’affairent des les diverses boutiques. Haze surveille les alentours à la recherche de quoi que ce soit de suspect. Il envoit un SMS à Page qui a accepté de le suivre, mais en passant par une autre entrée. Le Mesu-Betesh était très curieux d’en savoir plus lui aussi sur ce « Pic » qui inquiète tant les Kadmonites. Et puis, sa présence rassure Haze. En cas de coup dur, c’est plus prudent de savoir qu’un allié peut intervenir. Et au titre de précaution, il a aussi résolu le casse-tête arcanique trouvé chez son ancien employeur. Celui-ci le protègera contre certaines attaques mais… pour combien de temps ? Il sait aussi pouvoir compter sur Lazar qui est là, quelque part, invisible mais à ses côtés. Il a rechargé la Rose du Désert. Il a son Glock, son Beretta et son épée. Il a revêtu son gilet en kevlar sous son costume sombre. Que faire de plus, à part foncer maintenant ?

                Pour l’heure, rien de spécial n’attire son attention. Toutefois, Haze reste sur la défensive. Il a un mauvais pressentiment. Il prévient Page qu’il monte à l’étage. Il emprunte un escalator. Là-haut, il n’y a personne. Tout est désert, vide. La plupart des boutiques sont fermées, voire murées. Il se retourne et jette un œil par l’escalator. En bas, plus personne ! Il prend son portable. Il y a du réseau mais Page ne décroche pas. Il tombe sur sa messagerie mais, si ce sont les mêmes mots, ce n’est pas la même voix. Haze recharge la Rose du désert et, sous le coup d’un léger vertige, prend quelques instants pour se reposer. Ce vertige passager est-il la conséquence de ce pic d’Egrégore que craignent les Kadmonites ? Rien, en réalité, ne permet de l’affirmer. Haze souffle un grand coup et se dirige vers l’une des boutiques dont l’entrée est ouverte.

                C’est un magasin de meubles. Mais, dès qu’il entre, Haze sent quelque chose de bizarre, comme un courant d’air. On lui a fait les poches ! Mais c’est même pire que ça ! Il n’a plus rien sur lui, ni arme, ni protection, ni téléphone, ni… Rose du Désert. Il appelle et du bruit se fait entendre. Ça vient d’un placard. Il y a quelqu’un ou quelque chose à l’intérieur qui tente de sortir. Haze fouille un tiroir. A l’intérieur, il y a un… bébé, en train de pleurer ! Haze referme le tiroir. Il n’en croit ni ses yeux, ni ses oreilles. Ça tape toujours à la porte du placard. Il ouvre à nouveau le tiroir. Il n’y a plus là que des sous-vêtements douteux. Finalement, il ouvre la porte du placard et un squelette se jette sur lui et le plaque au sol ! Haze le frappe mais rien n’y fait. Le squelette l’a immobilisé et tente de le mordre au visage. Il se protège comme il peut mais ne parvient pas à se dégager. Il cherche des yeux quoi que ce soit à sa portée qui pourrait lui servir d’arme. Il se saisit d’un pied de lampe et fracasse le crane du squelette.

                Alors qu’il regarde tout autour de lui sans vraiment savoir ce qu’il cherche, un banc ! s’approche en courant et lui propose, contre quelques Oboles, de le conduire là où il veut. Haze nage en plein délire. Il se demande s’il ne vient pas de tomber par inadvertance dans un nouveau Nachtmahr. Est-ce possible ? Peut-être bien ? Alors, il explique au banc vouloir récupérer ses affaires et lui propose 50 Oboles pour cela. Le banc accepte pour 75. Haze ne sent pas d’humeur à discuter. Il s’assoit sur le banc qui le conduit jusqu’à l’arrière-boutique, dans les vestiaires réservés aux membres du personnel. Là, dans un casier, il récupère ses affaires.

                Rêve-t-il ? Est-il dans un Nachtmahr ? Si c’est le cas, il doit pouvoir user de ses talents de Dreamr. Alors, il appelle… le Sleepr ! Il veut le faire venir. Il a des choses à lui demander. Qui est-il pour commencer ? Et le Sleepr apparait, au loin. Haze trouve cette silhouette familière mais il n’est sûr de rien. Le Sleepr se cache dans l’ombre. Et c’est autre chose qui se jette sur Haze, sorti tout droit de… nulle part ! Qu’est-ce que cette chose ? C’est vaguement humain mais c’est surtout en grande partie… végétal ! Est-ce un golem ? Haze n’a pas vraiment le temps de se poser plus de questions. Il esquive le monstre et se saisit de son Glock. Il tire et touche. Mais la créature était déjà sur lui et l’emporte dans sa chute. Elle est beaucoup plus lourde qu’elle n’en a l’air. Et surtout, elle ne semble pas du tout souffrir de sa blessure. Il appelle alors Lazar qui traverse la chose. Celle-ci se cabre et desserre son étreinte, mais plus sous l’effet de la surprise que de la douleur. Lazar a vu dans l’esprit de ce monstre qu’il craignait le feu. Haze est dans le Nachtmahr, il ne peut invoquer un Elémental comme il le ferait dans le monde de l’Eveil, mais il peut toutefois faire comme, voire faire pire ! Ainsi, ce n’est pas seulement la créature qu’il enflamme mais le sol et les murs tout autour d’elle. Le monstre se met à hurler. Mais ce hurlement se double d’un autre ? Le Sleepr ? Non, c’est Haze lui-même qui hurle à l’unisson avec le « golem ». Lui aussi prend feu. Il s’éloigne et tente de reprendre une certaine contenance alors que la chose de terre et de bois lui fonce dessus. Il tente cette fois d’enflammer la lame de son épée. Mais sa concentration est interrompue par une sorte de secousse sismique qui le fait vaciller. Il reconnait là les efforts du Sleepr pour… se réveiller. Il veut briser son propre rêve pour échapper à Haze.

                Que se passe-t-il ? Haze n’est plus dans le centre commercial. Il est au bord d’un lac. Il reconnait cet endroit. La petite ville non loin s’appelle Sturkeyville. Il y passait ses vacances plus jeunes. C’était il y a si longtemps. Il pêche. Au bout de sa ligne, ce n’est pas un ver mais… son petit doigt ! Dégouté, il le jette à l’eau avant de regretter son geste. Il aurait dû le récupérer et foncer à l’hôpital le plus proche. Mais c’est trop tard. L’eau du lac se met alors à bouillonner. Une forme sombre apparait et grossit. Quelque chose s’approche et crève la surface. Un homme-poisson jaillit de l’eau. Un Profond, comme ceux qu’il a vu décrit par Lovecraft. Mais pas n’importe quel Profond. Celui-ci porte la tiare des prêtres du culte de Dagon, c’est un sorcier ! Haze ouvre de grands yeux. Le lac de Sturkeyville disparait. Il est de retour dans le centre commercial. Et le prêtre de Dagon est là, à ses côtés. Il lance quelques imprécations dans sa Langues Putrides en direction du « golem ». Haze ne comprend que quelques mots comme « Horla » ou, plus effrayant, « Shub-Niggurath » ! Le golem, ou plutôt le Horla s’enfuit, non sans menacer explicitement Haze de représailles. Il n’en a visiblement pas fini avec lui.

                Le Profond prêtre de Dagon se tourne alors vers Haze et prononce des mots qu’il ne saisit pas. Il pose ensuite sur lui un regard méprisant et s’en va en direction d’une fontaine au fond de laquelle il plonge et disparait. Haze regarde sa main. Il a récupéré son doigts mais il est tordu d’une étrange façon et il y une cicatrice au bout, comme s’il avait transpercé… par un hameçon.

                Le centre commercial, bien que toujours vide, est redevenu aussi normal que possible. Le Sleepr est là, quelque part, et veut se réveiller. Haze veut le trouver avant. Au hasard, il entre dans une boutique de montres et horloges. Tout est silencieux jusqu’à ce qu’un coucou se mette à hurler d’une voix cassée. Haze se tourne dans sa direction, le coucou entre et sort de sa maisonnette à toute vitesse. Haze sent monter une bouffée de stress. Il tente de récupérer son calme mais n’y parvient guère. Il se saisit de son épée et avance en direction du coucou, s’attendant à tout moment à voir surgir le « Horla » ou le Sleepr. Il repense à la première fois où il a vu le Sleepr, dans cette maison bizarre aux murs pourris. Il repense à cette étendue d’eau aussi où un petit poisson a vomi un espace de Calabi-Yau. Il regarde le creux de sa main. La marque de Calabi-Yau est devenu un Ourobouros. L’eau, la mer, le lac de Sturkeyville, l’espace de Calabi-Yau et l’Ourobouros, Haze y voit le signe qu’il doit retourner dans cette maison pour y trouver le Sleepr. Alors, il tente d’altérer le Nachtmahr et reproduire ce rêve précédent. Mais cela ne marche pas comme prévu. Le rêve change, oui, mais Haze n’est pas de retour dans la maison aux murs pourris, ni même au bord de cette mer étrange où les poissons vomissent des espace de Calabi-Yau en plastique. Non, il est de retour dans la forêt. La forêt du cauchemar. La forêt de Oba et des rejetons de Shub-Niggurath ! Il s’attend à voir ce Horla-Golem fondre sur lui à tout instant mais, au lieu de cela, il est pris en chasse par trois créatures humanoïdes. Elles ont deux bras et deux jambes mais le haut de leur corps est fait de plaque d’os. Ce sont des créatures de cauchemars, des Coelacanthes. Haze court ! Il sait qu’il risque gros. Il veut se réveiller. Il doit se réveiller !

                Par réflexe, il fouille ses poches. Il ne cherche pas une arme dont il sait qu’elle lui sera inutile. A la place, il trouve un carnet, un journal. Tout en courant, il lit ouvre le carnet. Les pages sont blanches mais se noircissent, à toute vitesse, de ses propres pensées – mais sont-ce vraiment les siennes ? – et le journal écrit le récit de celui qui, dans le désert d’Arabie a trouvé la Cité sans Nom. Cette cité n’a pas de nom car elle n’existe pas. Elle n’existe pas dans le désert. Elle n’existe que dans le rêve. Cette cité, c’est R’lyeh ! La cité de Celui Qui Attend en Rêvant ! Alors, le nom de la Cité sans Nom est-il la clé pour sortir de ce cauchemar ? Haze se concentre sur R’Lyeh, espérant que son interprétation est la bonne, et… Il sent sa tête exploser !

                Haze pousse un hurlement ! Il se réveille. Il est de retour à l’Omphalos. Pete Page est à ses côtés. Il est de retour dans l’Eveil et se sent très très mal !


                Haze parvient à se lever et quitte les Mesu-Betesh afin de faire son rapport aux Kadmonites et… toucher sa récompense. Ils l’écoutent avec attention mais ne lui révèlent aucune information. Toutefois, Haze est convaincu que les alchimistes savent quelque chose, même s’il ne comprend pas pourquoi ils ne veulent rien dire.

                Il se rend ensuite dans les locaux de la Causa Scientiae. Elias lui demandé de l’aide pour interpréter le texte d’un rituel. Haze n’était pas certain de pouvoir l’aider mais Elias parait néanmoins satisfait. Par contre, alors qu’il voulait retourner remercier les Mesu-Betesh, il reconnait Diaz dans la foule. Comment a-t-il pu de nouveau entrer dans l’Omphalos ? Haze prévient le service de sécurité et file aussi rapidement que discrètement.

                De retour chez lui, il tente de faire le point. Tout est devenu extrêmement compliqué et… dangereux. Son ancien employeur veut le tuer. Ses incursions dans le Nachtmahr sont de plus en plus cauchemardesques et le Rêve est corrompu autant par Oba que Shub-Niggurath. Oba utilise des sectes dissidentes pour relancer une sorte de nouveau cycle de vie, supposant la mort de toute chose. Il envisage d’invoquer la déesse pour la contraindre, ou au moins tenter de négocier avec elle qu’elle renonce à son projet. Les Kadmonites lui ont remis le rituel mais Haze a bien compris qu’il ne lui serait pas possible de le réaliser sans aide. Et les Kadmonites lui cachent des choses… En plus, les dernier ragots font état de la venue à Londres d’une « personnalités » qui commencerait à fédérer bien des gens autour d’elle.



La Chèvre Noire m’a béni. Elle m’a transformé, transcendé. Elle a fait de moi un…

Cœlacanthe !

Et elle m’a donné une mission. Je dois retrouver cet homme, Haze. Celui qui a « invoqué » le prêtre de Dagon. Et je dois le tuer. Le torturer. Le rendre fou. Et le tuer encore ! Dans cet ordre, si possible ! Cette mission me plait beaucoup.

Je dois toutefois me familiariser avec cette nouvelle forme et mes nouveaux pouvoirs. Aussi, je charge mon myrmidon de retrouver la trace de cette homme.



                Un homme se présente chez Haze. Il l’a déjà vu quelque part, mais où ? L’homme ne se présente pas. Il a un message. Haze va mourir. Il va être torturer. Il va devenir fou. Et il mourra encore. Puis, l’homme fait mine de s’en aller comme si de rien était. Haze tente de le retenir mais l’homme se dégage. Et Haze se rappelle. Il a vu cet homme dans le centre commercial. Il accompagné ce monstre, le Horla. Haze le suit dans la rue. Il le rattrape et le somme de lui en dire plus. Mais le type lui répond par un coup de boule. Haze est sonné. L’homme s’enfuit.



Le myrmidon a pris son temps mais il a trouvé Haze. Mais il a une attitude étrange. Tout s’est-il bien passé comme je le voulais. Le myrmidon m’affirme que c’est bien le cas. Quoi qu’il en soit, je sais maintenant où trouver ce Haze. Je prends une forme humaine et me mêle à cette foule humaine. C’est étrange de voir tout ça, le monde… sans Millevaux.

Peu importe !

J’arrive devant l’immeuble dont le myrmidon m’a donné l’adresse. Je gravis les marches. Je tente d’ouvrir la porte. Elle est fermée. Mais elle n’est pas très solide et vole en éclat.



                Du bruit ! On vient de défoncer la porte ! Qui est ce type ? Il a l’air plus que décidé. Il fonce sur Haze qui a tout de même le temps de s’emparer de son Glock. Il vise. Il tire. L’autre recule à peine. Pourtant, son tir était parfait.



Haze brandit sa misérable arme vers moi. La balle me rentre dedans. Ça ne fait pas mal. Mais je reprends ma forme de Cœlacanthe. Mes plaques d’os me protègeront.

Haze doit mourir. Je vais l’annihiler puis je l’enverrai dans un véritable cauchemar où il sera torturé jusqu’à en devenir fou !



                L’homme… change de forme ! Haze reconnait ce truc. Il l’a vu dans le Nachtmahr ! Le monstre se jette sur lui à une vitesse effrayante. Haze vide son chargeur mais rien ne l’arrête. Il plante ses griffes dans sa poitrine, faisant exploser tous les os de sa cage thoracique.

                Ce truc, le Cœlacanthe, a tué Haze. Il se réveille en Enfer ! Et l’Enfer est une forêt, la forêt de Millevaux, le domaine de Shub-Niggurath. Et Haze est de plus en plus convaincu que la Chèvre Noire se cache derrière les agissements d’Oba. Est-cela que savent, ou au moins soupçonnent, les Kadmonites ? Ils sont au courant pour le « Pic d’Egrégore », cette énergie propre à Millevaux. Et le Nachtmahr ? Le Sleepr, via ses rêves, offre-t-il plus ou moins volontairement un accès vers notre monde à Shub-Niggurath ? Mais après tout, comme l’ont dit les Kadmonites, c’est Haze qui a ramené ce Cœlacanthe ? Est-ce que tout ça est… sa faute ? Est-ce pour ça que ce nœud coulant se balance à cette branche, juste sous son nez ? Doit-il mourir ? Il ne veut pas mourir. Il est coincé dans ce cauchemar. S’il reste trop longtemps, c’est sûr que des Cœlacanthes vont lui tomber dessus. Alors ? Haze ne sait plus s’il est mort ou endormi, s’il est en Enfer ou dans un Rêve, un Nachtmahr particulièrement cauchemardesque. Mais il tente malgré tout de sauver ce qui lui reste de peau et d’âme. Et si ses dons de Lucid Dreamr lui permettaient de transformer l’Enfer, sinon en Paradis, au moins en autre chose ?

                Et la forêt… recule, reflue, perd du terrain. L’enfer forestier cède la place à… la jungle. Il reconnait cet endroit. Il reconnait cet arbre aux allures d’être méditant. Il y a un mot dessus. Il ne l’arrache pas. Il sait ce qu’il y a écrit. Il laisse Raj reposer en paix et se tourne vers le guide, celui qui ressemble à ce vieil acteur. L’homme lui sourit et l’invite à le suivre. Ils traversent tranquillement la forêt. Et Haze se retrouve face à cette femme noire, la déesse Oba.



J’aime beaucoup ce que vous faites, vous savez, me dit-elle.

Et comme pour appuyer cette affirmation, elle montre son avant-bras.

Toute la surface de la peau est recouverte par une scarification.

Dont le motif représente l’Ouroboros.



                Et Haze se demande, lui demande, si elle sert la Chèvre Noire de son plein gré. Elle répond oui. Haze aurait préféré une autre réponse. Avant, il voulait se réveiller. Maintenant, il le doit ! Alors, il voit ses mains devenir celles, griffues, d’un Cœlacanthe et se planter dans sa poitrine. Il hurle de douleur. Il doit se réveiller.



                Et il se réveille, plein de boue, dans un marais ! Il ne sait pas s’il rêve encore, s’il est mort ou vivant. Dans ses bras, il serre un livre. Il n’y a pas de titre sur la couverture en cuir. Elle est chaude, très chaude. Haze la sert fort contre sa poitrine et a envie… de mettre le feu.


                Haze regarde autour de lui. Ce marais lui semble familier. Au loin, par-dessus les arbres, il reconnait la chaine des Appalaches entourant cette petite ville où il a passé des vacances quand il était enfant, Sturkeyville. Il se rappelle les histoires d’épouvantes de son oncle Bob concernant les monstres vivant au fond du lac. S’agissait-il des Cœlacanthes ? Il ne sait plus. Mais, serrant toujours très fort ce livre, il sent monter en lui l’irrépressible envie de mettre le feu à cette forêt, de brûler... Millevaux !

                Il s’assoit au pied d’un arbre et ouvre le Grimoire. Sur la page de garde, le titre indique qu’il s’agit du Credo de Theired Gustau. Il a déjà entendu ce nom. L’homme est connu pour avoir traduit et publié les célèbres « Legends of the Olden Runes ». Un rapide survol fait état d’un corpus de textes pouvant s’apparenter à des chants écrits tour à tour en Langue Putrides et dans le Langages des Oiseaux. Il lui faudrait être dans son sanctuaire pour pouvoir entamer leur traduction. Il verra ça plus tard, s’il revoit un jour l’Omphalos.

                Haze marche à travers la forêt avec, toujours, la furieuse envie d’y mettre le feu. Mais, à sa vision des bois se superpose bientôt… les mots, les pensées… d’un autre. S’agit-il du Sleepr ?



Terre brûlée



Huit heures du mat’.

Déjà vingt-cinq degrés.

Je marche sur une route de campagne.

Cette même route qui mène à la maison de mes parents.

L’endroit a beaucoup changé depuis la dernière fois que je suis venu.

Toutes les maisons semblent à l’abandon.

Et le serpent de bitume que je piétine depuis l’aube craque de partout sous l’assaut d’herbes devenues folles.

J’apprécie – cette invasion m’a permis d’enlever mes rangers, qui avaient commencé à fondre.

Mais je me demande ce qui s’est passé par ici.

Que les « propriétés » n’en soient plus et retournent à l’état sauvage, passe encore.

Que les humains se révèlent en voie de disparition, soit.

Mais où sont les animaux ?

Je suis à la campagne.

Mais il n’y a pas un bruit.

Pas un chien qui aboie dans le lointain, pas une vache qui meugle dans le pré d’à côté.

Pas une putain de mouche qui bourdonne à mes oreilles.

C’est quoi ce bordel ?



Midi.

Dites trente-trois degrés.

J’arrive à la maison familiale.

Volets tirés, porte close.

Le tout en ruines, voire plus si affinités.

Comme une politique de la terre brûlée – sans la politique.

Dans la boîte aux lettres, ouverte, ce simple mot, à mon intention :

« Retrouve-nous au lac. »

OK. Donc tout le monde n’a pas disparu.

Le truc, c’est qu’il n’y a jamais eu de lac dans les environs.



Seize heures.

Quarante à l’ombre et mille au soleil.

Quatre heures que je bats la campagne en plein cagnard, à la recherche d’une famille portée disparue et d’un lac qui en principe n’existe pas.

Impression persistante : je tourne en rond.

Sensation, forte : monkey on my back ; redneck sur ma nuque.

(Intime) conviction : je vais bientôt crever.



Vingt heures.

Le soleil décline et moi aussi.

J’ai fait le tour du cadran.

Et le tour de ce foutu lac, enfin trouvé par hasard.

J’ai compté trente-six cadavres.

Hommes, femmes, enfants : tous étaient allongés face contre terre.

Tous brûlés au troisième degré.

Aucun membre de ma famille.

Je vais attendre les miens parmi les morts.

Ils finiront bien par arriver.




                Si ces mots sont bien les mots et pensées du Sleepr, il n’a pas l’air d’aller très bien. Est-ce un présage ? La température monte. La nature – Millevaux ? Shub-Niggurath ? – reprend ses droits. Un lac – celui de Sturkeyville ? – bordé de cadavres. Le Sleepr, si c’est bien lui, ne reconnait aucun membre de sa famille. Haze arrive bientôt en bordure du lac. Il reconnait le lac de Sturkeyville, évidemment. Il y a des cadavres partout et, à sa grande surprise, il y a un homme, debout. Le Sleepr ? Oui, c’est lui, i len est sûr !

                Haze le salut. Il lève les mains et déclare vouloir discuter tranquillement. Le Sleepr grimace mais reste immobile. Haze soupire. Il essaye de se montrer rassurant, sympathique, en affirmant savoirqu’aucun membre de sa famille ne compte parmi les corps. Par contre, il reconnait son oncle Bob.

                Haze repense aux dernier mots du Nachtmahr. Le Sleepr attend les siens. Et si… et s’ils étaient parents ? Est-ce possible ? La Sleepr lui répond que non, que c’est impossible ! Haze lui demande alors pourquoi il…

…ne peux plus aller nulle part.



                Parce que c’est fini ? Parce que c’était le dernier Nachtmahr ?

                Oui !

                Haze tente de comprendre. Est-ce que ce dernier Narchtmahr suppose qu’Oba, et à travers elle la Chèvre Noire, ont finalement réussi à réaliser leur plan ? Un nouveau cycle de vie a-t-il démarré, supposant la fin du précédent, la fin du monde tel qu’on le connaissait jusqu’alors ?

                Oui !

                Mais, répond Haze, tout cela n’est qu’un rêve, un cauchemar. Si le Sleepr se réveillait, il verrait que le monde n’a pas changé, pas encore, hein ? Pour l’instant, seul le rêve a changé. Oba et la Chèvre Noire doivent encore trouver un moyen de basculer du Nachtmahr à la réalité, hein ?

                Non !

                Haze blêmit. Est-il trop tard ? Est-il, comme le Sleepr, coincé ici, dans cet ultime Nachtmahr alors que la foret de Millevaux se serait répandue dans la réalité ? En vérité, il n’y a pas 36 moyens d’en être sûr. Il suffit de se… réveiller. Mais le Sleepr va-t-il laisser Haze s’enfuir ?

                Haze baisse les yeux sur le Credo. Cette furieuse envie de tout brûler le reprend. Et, alors que la température est déjà si élevée dans le Nachtmahr, un incendie se déclare à la lisère des bois. Il compte bien faire cramer ce rêve et se réveiller dans un Londres tout à fait normal. Mais le Sleepr réagit. Ou plutôt, Millevaux réagit. Et trois Cœlacanthes sortent du lac. Alors, Haze ouvre le Grimoire et entonne un des chants écrit en Langue des Oiseaux. Il ne sait pas ce qu’il chante et espère que cela ne lui retombera pas dessus. Il est secoué de spasmes mais le Nachtmahr tremble avec lui. Le sol s’ouvre sous ses pieds et il chute dans le noir. Mais cette chute est finalement de courte durée et Haze a l’impression de rebondir… sur le matelas qu’il utilise lorsqu’il reste dormir dans son Sanctuaire à l’Omphalos. mais, autour de lui, rien n’a l’air normal ! Les murs sont rongés par l’humidité et, par endroits, sont percés par des racines. Est-il toujours dans le rêve ou bien Londres a déjà été corrompue par Millevaux ? Haze tente de reprendre le contrôle du rêve, s’il s’agit bien d’un rêve… Il est de nouveau secoué par de violents spasmes. Il se relève et constate que le plafond a disparu. Il voit le ciel et le ciel se rapproche dangereusement. Au moins, ce n’est pas la réalité. Et si c’est un rêve, il peut le briser.

                Puisqu’il est toujours dans le rêve, le Sleepr doit être quelque part lui aussi. Alors, mentalement, Haze le cherche. S’il parvient à le forcer à le réveiller, cela mettra fin au Nachtmahr. Mais ce ne sera pas facile car le Sleepr est convaincu que ce Nachtmahr est le dernier et qu’il n’a plus nulle part où aller. Mais Haze tente tout de même de faire flancher et les fondations de ce rêve et le Sleepr par la même occasion. Mais le Sleepr croit dur comme fer qu’il est arrivé au bout du chemin et que plus rien ne changera.

                Le feu ! Haze doit tout brûler ! Et ça brûle. Mais ce n’est pas la forêt, ni son sanctuaire, ni le Nachtmahr qui brûlent… C’est lui !

               Et Haze se réveille, dans une chambre d’hôpital, au service des grands brûlés.




                « Eagle » Stokes ne fait pas officiellement partie des Kadmonites. Mais ils font régulièrement appel à lui pour certaines tâches, notamment celles qui risqueraient de leur salirent les mains.

                Tout a commencé quand il était enfant. Souvent, il se réveillait en pleine nuit, incapable de bouger, paralysé. Cela s’était arrêté à l’adolescence puis, il y a cinq ans, cela a recommencé. En pire ! Stokes était toujours paralysé dans son lit mais cette fois il n’était plus seul. Quelqu’un était là. Et parfois, ils étaient plusieurs. Immobiles eux aussi, leurs visages cachés dans ls ténèbres. Mais, il y a peu, l’un d’entre eux a bougé. Il s’est approché, lentement, millimètre par millimètre.

                Stokes a fait pas mal de recherches dans des bibliothèques physiques et virtuelles. Il a fréquenté plusieurs forum consacré à ce que certains appellent « sleep paralysis ». Au moins, il n’était pas seul. Mais pour autant, aucune solution ne s’offraient à lui, si ce n’est de tenter de dormir le moins possible car, chaque nuit, l’être se rapprochait un peu plus.

                C’est après avoir perdu son job qu’ « Eagle » Stokes a enfin pu ouvrir les portes de l’Omphalos. là, il a été repéré par les alchimistes. Leurs poudres magiques lui permettent de rester réveillé et leur bibliothèque lui a permis d’en apprendre un peu plus sur le monde dans lequel il vit. Et, en échange, il accepte les missions qu’ils leur confient.

                Aujourd’hui, il s’est rendu à l’hôpital, au service des grands brûlés. Il a pu discuter quelques minutes avec un certain Damon Haze. Ce n’est pas la version officielle évidemment mais Haze lui a expliqué avoir brûlé vif lors d’une incursion dans le Rêve. Haze n’est pas seulement un mage, il est aussi un Lucid Dreamr. « Eagle » le croit car il a lui-même ses entrées dans le Rêve. Bien qu’il dorme le moins possible, et peut-être justement parce qu’il ne supporte plus l’idée de dormir, il est devenu un Dream Assassin.

                « Eagle » comprend pourquoi les alchimistes ont fait appel à lui. Déjà, Haze est salement amoché et en a pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de pouvoir reprendre ses activités au sein de l’Omphalos. Et puis, il y a toute cette histoire autour d’Oba et Shub-Niggurath. La déesse a accepté de servir d’intermédiaire à la Chèvre Noire. Et les Nachtmahr avaient pour vocation permettre à la forêt de Millevaux de se répandre dans l‘Eveil. D’ailleurs, est-ce que ces Cœlacanthes dont a parlé Haze ne seraient pas ces êtres qu’il voit la nuit ? Haze avait pour objectif d’invoquer Oba pour la contraindre, ou la convaincre, de renoncer à son alliance avec Shub-Niggurath. Les Kadmonites lui ont remis le rituel mais Haze avait encore besoin d’expérience et d’aide pour l’accomplir sans prendre « trop » de risque. Les alchimistes le savaient et ne lui avaient remis le rituel que parce qu’ils avaient trop peur d’intervenir eux-mêmes dans les affaires de la déesse et de la Chèvre Noire. Et Haze s’y d’ailleurs plus que brûler les ailes. Pourtant, il faut agir. Alors, ils ont fait appel à lui pour reprendre le flambeau. Et Haze a tout de suite accepté de passer le relai. Ainsi, il lui remis les « clé » de son repaire à l’Omphalos. à Stokes maintenant d’en prendre soin et d’aller plus qu’il ne l’a pu.



                Aujourd’hui, Stokes se rend donc à l’Omphalos pour prendre possession du sanctuaire de Haze. Mais, avant cela, sa présence est requise pour apporter son aide lors d’un rituel Kadmonites. C’est toujours l’occasion d’en apprendre un peu plus. En sait-on jamais assez en matière de magie et de rituel ?

                Les alchimistes ne sauront peut-être jamais être « transparents ». En tout cas, il se demande s’il n’a pas été convié, ou plutôt convoqué, afin d’apprendre et comprendre les rudiments des rituels qu’il vient de trouver chez Haze. « Eagle » Stokes doit son surnom à sa connaissance des traditions shamaniques amérindiennes. Il a, parait-il, développé certains dons médiumniques. En réalité, il a laissé courir les rumeurs à ce sujet sans jamais chercher ni à les confirmer, ni à les démentir. Toutefois, ses dons de Dreamr et, maintenant, ses liens avec le Vestige Lazar ne peuvent maintenant que confirmer cette réputation.

                Après avoir pris connaissance des notes de Haze, il comprend que le principal obstacle à l’invocation d’Oba était l’énorme quantité de Vrill nécessaire. Il va donc devoir créer un Vas, voire plusieurs, puis le remplir de Vrill. Cela risque d’être long et difficile, surtout si les alchimistes se montrent toujours aussi timorés et ne veulent pas se montrer plus actifs dans leur lutte contre Oba et Shub-Niggurath. En fait, Stokes comprend qu’il y a aussi, et surtout, là des considérations d’ordre plus matérialiste et politique. En fait, en admettant que les Kadmonites soient en capacité de procéder à l’invocation d’Oba, ils ont aussi un intérêt à le contraindre à travailler pour eux et à tisser des liens avec les autres Ordres. Finalement, il est fort possible que les alchimistes ne doutent pas une minute de leur victoire. Aussi, cela veut dire qu’il y aura un « après » à toute cette affaire. Et cet « après » sera riche d’opportunités à saisir. A Stokes, donc, de faire en sorte que, le moment venu, les Kadmonites puissent tirer leur épingle du jeu.



                Curieusement, ce ne sont pas les Kadmonites mais les Mesu-Betesh qui lui propose un job. Pete Page lui explique être un ami de Haze. En fait, il y a une exposition temporaire dans un petit musée privé de Londres. Une rumeur court comme quoi certains objets serait des artefacts dont l’un a été volé aux Mesu-Betesh il y a quelques mois. Page comptait proposer à Haze de le récupérer puis de partager les connaissances relatives à l’objet. Stokes est convaincu que Page ne lui dit pas tout mais accepte néanmoins.

                Le musée se trouve dans l’East End, non loin du Guiness Trust Building à une fenêtre duquel, en 1924, une bande d’écoliers affirma avoir vu un mystérieux visage. Evidemment, personne ne les a pris au sérieux puisque rien ni personne n’a été trouvé. Mais « Eagle » ne peut s’empêcher de penser que ces gamins ont peut-être vu là un Vestige. Et si les rituels qu’il a trouvé chez Haze lui permettaient de l’invoquer ? Plus tard, peut-être…


                Ce petit musée privé s’est installé dans un vieux manoir. Et dès l’entrée, Stokes sent que quelque chose ne va pas. L’air est glacé. Il est parcouru de frisson. Il regarde autour de lui et son regard se pose, se fixe, sur une petite statue. Il ne saurait dire pourquoi mais il est certain que cette désagréable sensation est produite par cette statue. Toutefois, le savoir le rassure quelque peu et lui donne un sentiment de contrôle sur la suite des évènements. Sentiment vite battu en brèche par l’alarme qui retentit. Stokes regarde autour de lui et localise un boitier. Il fonce et tape dessus. L’alarme s’arrête. Il retient son souffle. Rien ne se passe. Aucun garde ne fait son entrée. Après quelques instants à être resté immobile, il entreprend de fouiller un peu les lieux. Au milieu de la pièce, un pilier en pierre attire son attention. Il est recouvert de runes dont il est certain qu’ils ont une signification particulière. Il y consacre plus de temps que nécessaire mais reconnait les nom et Sigil du dieu Trophonios. C’est un ancien demi-dieu grec, fils d’Apollon, connu notamment pour ses dons oraculaires. Cela pourrait être utile de se le lier.

                « Eagle » entre maintenant dans un hall. Mais, venant d’un couloir, il entend des voix, certainement des gardes attirés par l’alarme. Stokes commence à paniquer. Il cherche un endroit où se cacher mais n’en trouve pas. Alors, il demande à Lazar de s’en occuper. Le Vestige se lance alors dans le couloir et sème la terreur parmi les gardes. Stokes est épuisé. Mais ce n’est pas la seule conséquence de l’arrivée des gardes. Il y autre chose. Ses dons de médium le rendent sensible au variation de Vrill et quelque chose dans cette endroit fait office de syphon. Il tente de se ressaisir quand un garde fait irruption. Par réflexe, Stokes sort son Glock et tire ! Il tire ensuite le corps jusque dans une pièce servant de stock. Il n’a pas le temps de fouiller les lieux mais ne serait pas étonné d’y trouver quelque chose d’intéressant.

                Préférant éviter les couloirs, il s’engouffre dans l’un des bureaux. Là encore, ses sens médiumniques lui causent une violente nausée. Il y a quelque chose d’extrêmement malsain en ces lieux. Est-ce tout spécialement lié à la relique qu’il est venu chercher ou ce musée est-il en permanence… souillé ? En tous les cas, Stokes est saisi une fois de plus d’une peur panique et n’a qu’une envie : en finir très vite avec cette mission plus dangereuse qu’elle en avait l’air. Et alors qu’il se met à fouiller les tiroirs, un horrible bourdonnement lui vrille le crâne. Lazar n’est pas le seul esprit ici, c’est évident. D’ailleurs, où est passé le Vestige serbe ? Mais alors qu’il se pose la question, il remarque des traces de pas au sol. Où mènent-elles ? Aucune idée ! Les traces s’arrêtent là il est certain qu’il doit y avoir un cache secrète mais il ne décèle rien. Cet endroit est vraiment étrange. Les Mesu-Betesh le savaient-ils avant de l’envoyer ici ? Il se dit qu’il faudrait revenir pour fouiller plus consciencieusement les lieux mais… il ne se sent pas prêt à encaisser de nouveau tous ces chocs psychiques.

                Il n’y a plus de bruit dans les couloirs. Les gardes ont dû conclure à une fausse alerte. Stokes en profite donc pour courir vers les halls où sont exhibées les pièces de cette fameuse collection. Mais, alors qu’il approche, il est saisi d’une vision. Quelque chose d’horrible l’attend là-bas. Aussi, il s’arrête net puis change de direction pour se rendre dans un autre hall. Là, son regard se pose, ou plutôt, est littéralement aspiré par un masque trônant parmi divers objets tribaux. Des fines gravures évoquent des endroits du plan Astral, du monde du Rêve. Stokes craint alors de s’endormir, comme s’il était hypnotisé par cette relique. S’agit-il de ce que cherchent les Mesu-Betesh ? Dans le doute, il s’en empare. Mais avant de le mettre dans son sac, une irrésistible impulsion le contraint à le porter à son visage. Malgré sa peur de s’endormir, il enfile le masque et se sent, soudain, beaucoup plus serein, apaisé, reposé…

                Alors qu’il file dans les couloirs, on l’interpelle ! Il se retourne. Ce n’est pas un garde. Cette femme a pourtant l’air dangereux, plus que les gardes même. Mais quelque chose dans sa posture fait penser qu’elle ne va pas bien. Est-elle blessée ? En tout cas, elle n’a pas l’air de vouloir faire de Stokes un ami. Mais a-t-il du temps à perdre avec elle ? Pourtant, il veut savoir qui elle est et ce qu’elle fait là. Est-elle une simple voleuse ou est-elle elle aussi missionnée par un ordre de l’Omphalos ? Il l’observe sans mot dire et reconnait sur elle des signes d’appartenance aux Mesu-Betesh. Il ne comprend pas. Pourquoi envoyer deux personnes et, surtout, sans les avertir ? Alors, il décide de jouer franc-jeu et déclare être là, lui aussi, à l’initiative de l’ordre. Elle se calme tout de suite et soupire. Elle explique alors ne pas être en mission et être ici de sa propre initiative. Toutefois, autant les gardes ne sont pas très compétents, autant les lieux bénéficient d’une protection autrement plus efficace. Stokes voit parfaitement de quoi elle parle, surtout lorsque tous deux se mettent à vaciller sous l’effet d’un nouveau syphon psychique. Elle parvient malgré tout à rester debout. Lui aussi mais il doit se tenir au mur. Une fois cette vague passée, il prodigue quelques soins à cette femme et fouille un peu les lieux. Il n’y a visiblement rien d’intéressant ici. Pourtant, Stokes se retrouve étrangement absorbé par une vieille tapisserie. La scène représente une forêt. Au premier plan, il y a des animaux mais, au fond, on distingue des silhouettes étranges. Stokes croit reconnaitre ceux qui sont apparus dans sa chambre lors de ses crises de « sleep paralysis ». Comment est-ce possible ?

                Cette femme, Amanda Walker, a l’air d’aller un peu mieux. Toutefois, elle doit se reposer. Stokes cherche un endroit où elle pourrait l’attendre. Leurs pas les mènent devant la porte du poste de sécurité. Bizarrement, aucun bruit ne semble venir de l’intérieur. Les gardes doivent sans doute patrouiller. Stokes n’a aucune idée de la durée de leur ronde mais Amanda montrant de nouveau des signes de faiblesse, il ouvre la porte. Et effectivement, les lieux sont vides. Amanda s’assoit dans un confortable fauteuil faisant face à divers écrans de surveillance. Stokes jette un œil et zoom dans la salle des archives. La faible lumière accroche un petit objet, trop petit pour en avoir une image nette. Est-il possible qu’il s’agisse de ce qu’il cherche ? Avant de s’y rendre, il cherche quelque chose lui permettant de se défendre. Lazar n’a pas réapparu et il préfèrerait éviter de se servir de nouveau de son Glock. En vérité, il espère trouver la matraque d’un garde mais met la main sur ce qui semble être une sorte de document officiel écrit dans une langue inconnu. Il ne reconnait qu’un seul nom : Yagothoggua: une ville sacrée pendant l'âge hyperboréen; maison du dieu Quyagen. Qu’est-ce que ça fait là ? Il trouvera peut-être de quoi le traduire dans le sanctuaire de Haze. Mais pour l’instant, il abandonne Amanda et fonce vers les archives.

                La chance semble lui sourire. Aucune trace des gardes, aucune alarmes physiques ou magiques. Dans la salle des archives, il trouve rapidement l’objet ayant attiré son attention, il s’agit d’un miroir de facture finalement asse simple mais, quand il se regarde, il distingue une silhouette par-dessus son épaule. Là encore, il croit reconnaitre l’un des êtres hantant son sommeil. Il se retourne. Evidemment, la pièce est vide. Il range le miroir, convaincu qu’il s’agit bien de ce que cherchent les Mesu-Betesh. Il retourne chercher Amanda puis tout deux s’enfuient aussi vite que possible.


                Il a beau boire des litres de café et ingurgiter des dizaines de pilules, Stokes doit malgré tout se résoudre à dormir quelques heures de temps en temps. Et, une fois de plus, ça se passe mal. Il ouvre les yeux pour se retrouver de nouveau paralysé. Il peut à peine bouger les yeux et c’est pour apercevoir, dans un coin d’ombre, ces étranges silhouettes qui s’approchent au ralenti.

                Tout ça est un cauchemar. Et, si c’est un cauchemar, peut-être qu’il peut l’altérer, même s’il est immobilisé. Il se concentre. Il veut quitter cette pièce, quitter ce cauchemar. Même s’il s’est être réveillé, il veut se réveiller encore et échapper à cette chose qui avance inexorablement. Ça fait mal mais… quelque chose se passe.

                Pourquoi ce vieux film se rappelle-t-il à lui ? La Mouche, de Cronenberg. Il l’a vu quand il était petit, trop petit. A l’époque, il n’avait pas tout saisi du propos du film et y avait vu avant tout une mise en garde contre ce moyen de transport révolutionnaire que pouvait être la téléportation. Se téléporter, c’est super mais… il fallait très attention. Et, sous la pression de son rêve éveillé, de son rêve de « paralysé », il se téléporte ailleurs et, à l’arrivée, il n’est plus lui-même.



J’ai l’impression de me réveiller dans un rêve. Je suis de nouveau dans ce centre commercial désert. Devant moi s’ouvrent les portes d’une animalerie. A l’intérieur, il y a beaucoup de bruit. Je tape sur ma tête de plaques d’os pour calmer cet « autre » qui s’y est installé car, je le sens, je ne suis pas seul dans ma tête.

A l’intérieur, il y a tout un amas de cage et, m’approchant, je vois qu’elles sont autour d’un ring. Sur celui-ci, un singe est en train de frapper sur une machine à écrire dont s’échappent plusieurs tentacules entourés d’un halo sépia.

Les tentacules tentent de l’en empêcher mais le singe continue de taper son texte. Et autour d’eux, les animaux en cage hurlent et prennent les paris.

Un grincement attire mon attention. Au-dessus de moi, suspendu à un arbre artificiel, un koala métallique s’approche. Que mon myrmidon s’en occupe. Moi, je veux ce texte qu’est en train de taper le singe.

M’apprêtant à monter sur le ring, je me tourne et vois le myrmidon en train de jouer avec le koala. Il n’en fait vraiment qu’à sa tête. Je crois qu’il va falloir que je me débarrasse de lui.



Sur le ring, le singe parvient tant bien que mal à poursuivre sa tâche. Mais il a besoin d’aide. Je ne peux pas tuer ces tentacules car cela supposerait la mort de la machine et jamais le singe ne pourra finir de taper son texte. Alors, je décide d’user de l’Egrégore pour altérer ma propre forme et me doter de tentacules que je compte suffisamment entortiller autour de ceux de la machine pour les immobiliser le temps nécessaire.

Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe ! Dans ma tête, j’entends l’autre ricaner. Il est là, sur son lit, immobile, paralysé par la peur et l’Emprise ! Pourtant, il est là, aussi ,dans ma tête, et il rit alors que je me transforme en une sorte de cafard géant ! mais pas n’importe quel cafard ! Dans mon malheur, je deviens une authentique Clark Nova. Entre mes ailes chitineuses, je sens un clavier qui appelle, qui veut qu’on le… frappe ! Qu’on lui fasse cracher ses tripes, qu’on lui arrache son texte !

Alors, j’appelle mon myrmidon. Il joue encore avec le koala métallique et, au lieu de s’assoir pour frapper mes touches, il dépose là koala qui se met à me frapper sans aucune méthode, sans aucune poésie !

Je n’en peux plus ! Je veux que ce myrmidon débile disparaisse. Je veux qu’il meurt. Mais le koala m’arrache de longs hurlements de douleur qui font rire le paralysé dans ma tête.

Quelle horrible épreuve ! Pourquoi la Chèvre Noire m’impose-t-elle cela ?



                Stokes finit par pouvoir bouger. La pièce est vide, évidemment. Mais il garde un souvenir étrange de ce rêve dont il se demande s’il en était vraiment un. Rêvait-il vraiment ? Était-il réveillé ? Était-ce un peu des deux ? Quand on ne dort plus ou très peu, on se retrouve parfois dans un tel état de fatigue que la frontière est floue entre le rêve et l’éveil. Et Stokes se demande si, dans ces moments-là, ses dons de Dreamr ne lui permettraient pas d’agir… dans la réalité ? Il faudra qu’il y réfléchisse. A ça, mais aussi à ce qui vient de se passer avec ce… Cœlacanthe. Car c’est de ça qu’il s’agit. Coincé dans son lit, il s’est aussi retrouvé coincé dans la tête de ce Horla mais tout ne s’est pas passé comme prévu, du point de vue du Horla en tout cas. Et Stokes se dit que, finalement, il a peut-être de bonnes cartes en main, pour peu qu’il apprenne à bien en jouer.

                Une fois bien réveillé, il se rend à l’Omphalos. Il ne compte pas spécialement rendre visite aux Mesu-Betesh, il veut surtout fouiller plus en détail le sanctuaire de Haze. Mais il veut aussi faire quelques achats. Il va avoir besoin de certains « ingrédients » s’il veut invoquer Oba ou même Trophonios. Mais, il fera ses emplettes une autre fois. Pour des raisons inconnues, les prix ont grimpé en flèche aujourd’hui. Et en plus, on lui a fait les poches ! Il n’était pas venu pour ça mais, finalement, il va peut-être devoir accepter un job, quel que soit l’Ordre qui le propose.

                Et il se trouve que ce sont les membres du Siddha qui ont un travail pour lui. Ainsi, il accepte de jouer le rôle d’exorciste dans une maison soit disant hantée à proximité de l’hôpital du King’s College. Il s’est passé des « choses », affirment les membres du Siddha sans pour autant rentrer dans les détails, et ces « choses » se sont réveillées pour semer le trouble dans cette maison.


                Stokes se prépare pour cette mission dont il espère qu’elle sera moins éprouvante que la précédente. Il s’assure d’une part, grâce au cercle d’invocation de Haze, que Lazar ne lui fera pas défaut cette fois-ci. Il se récite une fois de plus ce nouveau sort de Pacification qui pourra peut-être lui éviter quelques combats inutiles. Et puis, enfin, il vérifie à nouveau l’état de son Glock. Tout à l’air OK. Maintenant, il se plonge dans la bibliothèque et les notes de Haze à la recherche d’information sur ce qui pourrait bien hanter cette maison. Mais… rien du tout. De plus, il a la désagréable impression que les lieux ont été « visité » durant son absence. Haze a manifestement pas mal d’ennemis… ou est-ce qu’on lui en voudrait tout particulièrement à lui, surtout parce qu’il aurait repris le flambeau de Haze ? Avant de partir, cependant, il pose le regard, et les mains, sur cette boite étrange. C’est un casse-tête occulte. Il fait jouer les diverses parties de l’artefact en espérant ne pas attirer quelques créatures infernales comme dans Hellraiser. Il a manifestement déclencher quelque chose mais… quoi ? Pour l’heure, rien ne se passe.

                A l’entrée, Stokes a un très mauvais pressentiment. Ces dons de shaman, de médium, le rendent très sensible à la présence des esprits et cet endroit en abrite effectivement au moins un. Et il est manifestement hostile car il se manifeste sous la forme d’un atroce bourdonnement qui fait vaciller Stokes alors qu’il passe la porte. Pour autant, se tenant au mur, il respire profondément et inspecte les lieux. Partout, du sol au plafond, l’entrée est recouverte de symboles ésotériques, de pentacles, de sigils. Il reconnait celui de l’ange Elamiah. C’est étrange. Pourquoi cet esprit bénéfique causerait des troubles ici. Soit on l’y a contraint, soit quelqu’un a voulu s’attirer ses bonnes grâces contre ce qui hante cette maison. En tout cas, « Eagle » prend tous ces symboles en notes, comptant bien utiliser le cercle d’incantation de Haze pour se lier à l’ange.

                Sans attendre, il se rend dans la bibliothèque. A l’intérieur, deux loubards se tournent vers lui. Stokes hésite à sortir son Glock. Cette hésitation aurait pu être fatale si Lazar n’était pas spontanément intervenu pour faire fuir le premier d’entre eux. L’autre déclare forfait quand il se rend compte que ses coups ne provoque aucune réaction de la part d’« Eagle ». Celui-ci s’en étonne et Lazar lui explique que c’est la conséquence de ses manipulations du casse-tête arcanique. Ce n’est pas, évidemment, une science exacte mais résoudre l’énigme posée par cette boite lui confère une relative protection. C’est une bonne nouvelle. Ça en fera au moins une. Pour autant, il est déçu car cette bibliothèque est finalement… très classique et contient des ouvrages totalement banals.

                Est-il guidé par son estomac, il se retrouve dans la cuisine. Mais pas n’importe quelle cuisine ! Une cuisine tout droit sortie de ses pires cauchemars. C’est la cuisine de l’Enfer. Elle est envahie par la végétation. Les murs sont couverts de lierres, les fenêtres brisées par des branches et, dans un coin, il reconnait une de ces silhouettes qui hantent ses « sleep paralysis ». Il est paralysé, une fois de plus, mais ce n’est pas l’effet du sommeil, c’est juste… la peur ! Mais la chose, ce monstre revêtu de haillon et dont la tête et une partie du torse est composé de plaque osseuses, semble paralysé lui aussi. Le cauchemar s’est-il invité dans cette demeure ? Si c’est ça, il n’y a qu’à détruire ce cauchemar ! Stokes ne sait pas d’où lui vient cette intuition mais il déclenche un incendie onirique dans la cuisine. Et de ce qui reste des fourneaux s’échappent de longs tentacules de feu qui arrachent un feulement d’angoisse et de douleurs aux Horlacanthes qui s’enfuit, non sans emporter ce cauchemar avec lui.

                « Eagle » a alors l’impression de tomber mais en réalité il ne fait que ressentir la récupération de ses mouvements. Il ne s’en était pas rendu compte mais il était paralysé. S’était-il endormi debout ? L’a-t-on plongé dans le sommeil sans qu’il ne s’en rende compte ? En tout cas, il de retour dans cette cuisine et tout a l’air normal.

                De là, il se rend maintenant dans la salle à manger. Au centre de la pièce, un buste finement sculpté le fixe du haut de son piédestal. Il s’approche et se sent… vide… Plus il s’approche, plus il se sent fatigué. Est-ce en lien avec ce qu’il vient de vivre dans la cuisine ? Est-ce sous l’influence de cette statue qu’il s’est endormi, si c’est bien cela qui s’est produit ? On dirait bien, oui. Il a lu des choses, dans les livres de Haze, à ce sujet. Certains artefacts font office de « drain », de syphon psychique. Stokes s’éloigne de la statue et récupère un peu. Il fouille la pièce en prenant bien soin de ne pas s’approcher trop près du centre… et de la statue. Et sur une petite table, il trouve un vieux journal. Il le feuillette rapidement et comprend qu’il s’agit d’un récit de voyage dans le désert. Il l’empoche et l’étudiera plus à fond une fond de retour à l’Omphalos.

                Ouvrant une porte au hasard, il se retrouve maintenant dans une chambre, face à une scène horrible ! Il y a du sang partout et un corps horriblement mutilé sur le lit. Il s’approche et sent l’air s’épaissir autour de lui, rendant chaque pas plus difficile. Mais, alors qu’il est maintenant au chevet de ce lit en sang, il se rend compte que cette vieille femme n’est pas morte, pas encore. Son visage ridé lui rappelle celui de la Baba Yaga des légendes russes. Du bout des doigts, elle lui fait signe d’approcher. Elle tourne péniblement la tête et murmure quelques mots inaudible avant d’expirer pour de bon cette fois. Et, c’est horrible, Stokes distingue un rouleau au milieu des côtes fracassées de la vieille femme. Il s’en empare avec dégout. Il l’ouvre et découvrir un parchemin à l’intérieur. Ne voulant le souiller, il referme le rouleau et se promet de le lire plus tard, lui aussi. Il regarde autour de lui. Il craint de voir à nouveau cette silhouette monstrueuse mais il n’y a rien. La pièce est vide.

                Dans la chambre, une seconde porte donne sur un petit bureau. Et Stokes se retrouve plongé dans… une véritable mer de merde !!! Autour de lui, il voit surnager des squelettes de dinosaures. La pression est difficilement soutenable, surtout qu’il ne peut pas à respirer. Au loin, une silhouette s’agite. Il voit ses membres se transformer, évoluer en sorte de pseudo-nageoire. Est-ce que ça se dirige vers lui ? Stokes regarde dans la direction opposée. Au fond de cette mer, il y a un boyau. Il fonce vers ce qui ressemble le plus à une sortie, espérant avoir assez d’air dans les poumons.

                Quand il ressort de là, il est sur son lit et… paralysé. Il fait bouger ses yeux et porte son regard aussi loin qu’il le peut. Dans un coin d’ombre, il distingue une silhouette. Il sait ce que c’est. C’est un Horla, un Cœlacanthe, un Horlacanthe. Ainsi s’appellent les créatures qui le torturent, le harcèlent. Mais celle-là n’est pas comme les autres. Elle lui en vaut particulièrement. Là, c’est… personnel ! Le Cœlacanthe s’approche, millimètre par millimètre. Puis, Stokes se réveille !


                « Eagle » fonce à l’Omphalos faire son rapport au Siddha. La mission est un échec mais il ne revient pas entièrement bredouille puisqu’il est malgré tout en mesure de détailler quelques-uns des pièges que recèle cette maison. Peut-être qu’un autre aura plus de chance ? Pour autant, sa tentative de positiver ne prend pas. A se demander si on lui proposera encore du travail. Qu’à cela ne tienne, il y a d’autres Ordres à même de lui proposer des missions et non seulement, si le cœur lui en dit, il pourra retourner dans cette maison, mais surtout il s’est bien gardé de révéler quoi que ce soit au sujet de ses découvertes.

                Alors qu’il se rend au sanctuaire de Haze, une chimère déchainée sème le trouble dans la foule. « Eagle » est surpris par son propre sang-froid. Il dégaine son Glock, tire et le monstre s’effondre. Derrière la créature inerte, ce sont six membres du Siddha qui s’excusent auprès de la foule de ce que leur « création » leur a échappé. Stokes les fixe d’un regard qui en dit long. Il ne sait pas vraiment s’il espère ainsi avoir regagné la confiance de l’Ordre.

                Stokes prend enfin le temps de se pencher sur tout ce qu’il a récupéré dans cette maison. Gardant ce qu’il pense être le meilleur pour la fin, il commence par ce journal de voyage et confirme qu’il est en lien avec celui que possède Haze. Il y a est bien question de cette fameuse Cité sans Nom mais il n’apprend là rien de nouveau si ce n’est qu’il doit exister encore d’autres journaux de ce type permettant de vraiment en percer les mystères.

                Enfin, il lit attentivement le rituel trouvé dans le corps de la vieille femme. Il s’agit d’un rituel de Fusion avec un Esprit. Et là, il lui vient l’idée de fusionner avec l’ange Elamiah. Toutefois, il s’agit d’un rituel long et complexe. De plus, Haze ne possède pas tout ce qu’il faut, notamment un Vas suffisant. D’ailleurs, il lui faudra du Vrill à l’avenir s’il veut utiliser ces pouvoirs. Il pourrait demander à Haze de lui prêter la Rose du Désert mais… il s’avère qu’il va beaucoup mieux et pourrait même quitter rapidement l’hôpital. Aussi, il devrait avoir besoin lui aussi de l’artefact. Non, il doit s’en trouver un. Sauf qu’en ce moment, il y a pénurie de matériel à l’Omphalos. Stokes se borne donc à lister ses futurs tâches, tout en faisant savoir à qui le veut qu’il est prêt à travailler pour presque n’importe qui.


                Est-ce un rêve ? Non ! Stokes est de retour là où il a grandi. Il se tient devant ce qui reste de son ancien lycée. Celui-ci est à l’abandon depuis des années. Depuis la mort de… « la Précieuse ». C’est comme ça qu’on l’appelait. C’était un fils de bonne famille, très bonne famille, très maniéré. On ne savait pas trop comment il avait dans notre lycée. Il aurait dû être inscrit dans une école privée pour riches, comme ses frères et sœurs. Ces années n’ont pas seulement été difficiles pour lui. Elles ont été fatales. Et juste après, on a fermé le lycée. Et depuis… rien !

                On ne sait pas comment il est mort. Officiellement, il avait une maladie rare mais déjà à l’époque tout le monde pensait que c’était faux. Il n’était pas bien fort, plutôt fluet mais pas malade. Mais, en vérité, personne ne sait comment il est mort. Peut-être que Stokes en saurait plus après cette nuit.

                A cette époque-là, Stokes n’était pas encore « Eagle ». Il ne se réveillait plus la nuit, paralysé, espionné par ces choses dont il est certain qu’il devait déjà s’agir de Cœlacanthes. Ses nuits étaient plus calmes, normales. Pour autant, il était resté quelqu’un de craintif, de prudent se disait-il à l’époque. Il en voulait pas faire de vague et avait tendance à suivre le troupeau. C’était sa façon de se cacher des monstres, se cacher au sein du troupeau. Et il était tellement caché qu’aujourd’hui tout le monde semble l’avoir oublié. Mais lui aussi, après tout, a oublié tout le monde. Sauf « la Précieuse ».

                Est-ce parce qu’il pense que ses dons lui permettront de percer le mystère de cette mort étrange après toutes ces années, « Eagle » Stokes est de retour. Il s’est donné une nuit pour résoudre ce mystère. Il ne sait pas trop pourquoi mais il a demandé à Lazar d’être là, au cas où. Et au cas où, aussi, il s’est équipé de son Glock. En toute logique, il n’a aucune raison de devoir recourir aux services de l’un comme de l’autre mais les derniers évènements auxquels il a été confronté l’ont rendu prudent… craintif ?

                Une pince coupante vient facilement à bout de la chaine qui barre l’entrée du lycée depuis plusieurs décennies maintenant. A l’intérieur, tout est sombre et poussiéreux. Rien d’étonnant là-dedans, pour l’instant.

                Stokes commence par se rendre à l’infirmerie. Il se rappelle que « la Précieuse » y a passé de longues heures, soit qu’il se sentait faible, soit qu’il ait été passé à tabac par les loubards du lycée. En fait, il se dit que, peut-être, il y a encore des dossiers concernant les élèves. Et s’il y avait celui de « la Précieuse » ? Et s’il y avait… le sien ? Là, c’est comme si rien n’avait changé. Toujours les mêmes meubles à la même place. Seule une épaisse couche de poussière marque le passage des années. Stokes fouille et finit par trouver de vieux dossiers. Alors qu’il cherche, il entend alors de bruit de pas. Ça vient du couloir. Ça s’approche. Il pensait être seul. Il sort son Glock et envoit Lazar en reconnaissance. Le Vestige serbe revient, paniqué. C’est un Cœlacanthe ! Est-ce que cela veut dire que Stokes est en train de rêver ? Non ! Il sait qu’il est bien réveillé. Alors, que fait cette chose ici ? Ce ne peut être un hasard. Le Cœlacanthe est là pour lui. Il voit alors sa silhouette se dessiner à travers le verre opaque de la porte de l’infirmerie. Il est là, derrière, comme s’il hésitait à entrer. Stokes retient sa respiration. Ça dure une éternité puis le monstre s’en va.

                Sachant qui est en ces lieux avec lui, Stokes fonce vers le labo de sciences. Si trop rien n’a effectivement bougé depuis la fermeture de l’établissement, il trouvera peut-être là de vieux produits inflammable. Il se rappelle ce cauchemar, dans le centre commercial. Il sait, ou croit savoir, que ce monstre est sensible au feu. En tout cas, ce sera certainement plus efficace que des balles dont il n’est absolument pas sûr qu’elles transperceraient vraiment ses plaques d’os. Mais il fait chou blanc. Il n’y a plus rien. Tout a été emporté ou s’est évaporé. Il lâche un soupir de frustration et, quand il relève la tête, voit une main fantomatique sortir du mur et lui faire signe. Est-ce un salut ou un au revoir ? Stokes reste figé jusqu’à ce que la main disparaisse. Stokes reste un moment immobile devant le mur. Il est tiré de sa torpeur par un bruit étrange, comme un claquement, et une sensation de crispation au niveau du menton. Il claque des dents, depuis combien de temps ?

                Stokes se retrouve dans les couloirs, au niveau des casiers. Il se rend compte qu’il a « oublié » de prendre les dossiers à l’infirmerie mais n’ose s’avouer qu’il a peur d’y retourner, peur de tomber sur le Cœlacanthe. Mais là, dans les casiers, trouvera-t-il quelque chose d’utile. Ses dernières missions lui ont permis de mettre la main sur des journaux. « La Précieuse » tenait-il un journal ? Est-il dans son casier ? Il n’y a plus de cadenas. Pourtant, Stokes peine à ouvrir ce casier. Puis, la porte cède brutalement et tout ce qu’il contient est projeté en avant. Stokes est presque assommé par un livre de maths. Puis c’est un manuel de grec qui attaque ! Stokes est touché au front. Le livre tombe au sol et s’ouvre sur une page consacrée à… Trophonios ? Non, c’est impossible ! Stokes se penche pour s’emparer du livre et évite ainsi, involontairement, la pointe d’un compas. Il ne se relève pas et fuit le couloir en marchant accroupis. Une fois le casier vide, il lit le paragraphe consacré à Trophonios :

« Un demi-dieu grec ancien, le résultat de l'union d'Apollon avec un mortel. Dans le passé, on lui rendait un culte dédié et nombreuses étaient les personnalités importantes du monde antique à vouloir recevoir sa sagesse à travers des visions d'horreur. »



                Est-ce vraiment un hasard. Stokes ferme les yeux et respire un grand coup. Il pense que tout ça n’est qu’une hallucination, le fruit de son imagination, un produit de son inconscient qui ressasse tout ce à quoi il est confronté ces derniers temps. On a jamais entendu parler de Trophonios dans un quelconque manuel scolaire. C’est impossible ! Et effectivement, quand il regarde à nouveau cette page, ce n’es qu’une banale leçon de grammaire.

                Pris d’une soudaine envie de vomir, il se précipite dans les toilettes. L’odeur est infecte, pire qu’à l’époque. Il se regarde dans le miroir. Il a une sale gueule. Il tente de sourire, sauf qu’il ne sourit pas ; c’est son reflet qui sourit, pas lui. Et son reflet se met à taper du poing sur le miroir qui commence à se fendiller. Par réflexe, il sort son Glock et tire ! Le miroir vole en éclat. Son reflet aussi, mais non sans lui arracher un cri de douleur alors qu’il a l’impression que sa tête à lui aussi vient d’exploser. Il tombe au sol et sombre dans l’inconscience. Combien de temps ? Quand il se réveille, il est paralysé. A la périphérie de son champ de vision, le Cœlacanthe est là. Il avance de quelques pas, ramasse quelque chose par terre et… s’en va.

                Il lui faut presqu’une heure avant de pouvoir se relever. Durant tout ce temps, il a craint que le Cœlacanthe ne revienne mais ce ne fut pas le cas. Dès qu’il a pu bouger, il s’est regardé dans un bout de miroir. La peur de revoir ce mauvais reflet avait laissé la place à celle de se voir le visage en sang. Mais non, la blessure qu’il avait infligé à son reflet avait été sans autre conséquence pour lui. Il sortit prudemment des toilettes et laissa ses pas le guider jusqu’à la bibliothèque. Les lieux ne semblaient pas avoir changé. Il y avait plus de poussière, évidemment, mais il appréciait le calme qui régnait ici. Il commença à farfouiller dans les rayonnages. Il ne cherchait rien en particulier. C’était une bibliothèque scolaire, pas une de ses bibliothèques privées et occultes comme il y en a dans l’Omphalos, comme celle de Haze. Il prit un livre au hasard, sans même regarder le titre. Derrière, sur le mur, un œil le fixait. Ce n’était pas un dessin. C’était un véritable œil, humain. Il se saisit alors du livre voisin et trouva un deuxième œil, puis un troisième. Il y avait des yeux partout aux murs. Stokes fit alors tomber une étagère pleine de livre, révélant ainsi des dizaines d’yeux fixés, tous, dans la même direction. Vers où menait cette petite porte ?

                Le secrétariat des élèves, Stokes avait oublié que ces deux pièces communiquaient. Il y a toujours du matériel de bureau et des papiers. Il trouve là des informations concernant les élèves mais rien de vraiment intéressant. Puis, le noir total ! Et une faible lueur bleue apparait. Stokes fait un pas dans la direction de la lueur puis se met à étouffer. Il est en train de se noyer, de retour dans ce lac de merde. Une fois de plus, il est entouré de squelettes et distingue cette étrange silhouette en train de se transformer au loin. Mais cette fois, la lueur bleue lui indique le chemin, le même que la fois précédente. Alors, comme la dernière fois, il nage dans cette direction puis émerge de nouveau dans le secrétariat. Il reprend sa respiration et regarde autour de lui, craignant la présence du Cœlacanthe. Mais il n’y a rien, ni personne.

                Stokes s’enfuit en courant du secrétariat et cherche refuge dans la salle des profs. A cette époque, pour les élèves, c’était un peu comme un no man’s land. Et pour les adultes, c’était surtout un lieu de repos, un lieu de paix, où les élèves leur fichaient la paix. Qu’espère-t-il trouver là, du café ? Mais il ne trouve là que des rires moqueurs et des chuchotements évoquant les souffrances infligés aux élèves par… les autres élèves. Il y en a tant. C’est une véritable cacophonie. Tant de gamins ont souffert ici, victimes de la brutalité et de la bêtise de leurs propres camarades ? Parmi ces voix, il tente de distinguer celle de « la Précieuse ». Il est là oui, parmi eux, mais loin, si loin… Stokes ne peut s’empêcher de lui demander où il est. Il veut le rejoindre. Il veut savoir ce qui s’est vraiment passé. Il veut l’aider, réparer… Et la voix lui murmure de se rendre à la salle polyvalente.

                Cette salle servait à tout et n’importe quoi. Salle de sport quand il pleuvait et que le gymnase était occupé, salle des fêtes de fin d’année, on y tenait aussi les réunions de parents d’élèves. Aujourd’hui, cette salle est vide… ou presque. Il est là, « la Précieuse ». Mais il n’est pas seul. Derrière lui, Stokes reconnait la silhouette du Cœlacanthe. Stokes pousse un hurlement et, par-dessus son épaule, il voit la silhouette translucide de Lazar foncer en direction de « la Précieuse » et du Cœlacanthe. Lazar traverse le fantôme du jeune homme dont l’image se brouille. Il fonce ensuite à travers le monstre qui est pris de spasmes et s’enfuit. Les lumières se rallument alors, toutes, et Stokes se retrouve là, seul.

                Que s’est-il vraiment passer ? Cette nuit et à l’époque ? En vérité, Stokes ne peut -être sûr de rien mais quoi qu’il en soit, il est convaincu que la version officielle du décès n’est pas la vérité. Celle-ci sera-t-elle révélée un jour ? Il n’en sait rien. Ce dont il est sûr, c’est que rien n’aura été réparé, ni pardonné cette nuit. Et puis, il sent l’étau se resserrer autour de lui. Le Cœlacanthe a-t-il déjà été plus près de l’avoir ? Stokes a conscience d’avoir d’aide. Plus que jamais il lui parait urgent de réaliser son plan de fusion avec l’ange Elamiah. Mais, il a encore besoin d’ingrédient, de Vrill… d’aide. Si seulement Haze pouvait sortir de l’hôpital. Ensemble, ils pourraient…



                Stokes se rend à l’hôpital dès l’heure des visites. Là, il apprend que Haze est sorti. Alors, il fonce à l’Omphalos, sûr que son sanctuaire sera le premier endroit où le mage se rendra. Mais, à son arrivée, une femme inconnue l’arrête et lui remet une cinquantaine d’Oboles en souriant. Elle ne dit rien et s’enfonce dans la foule aussi vite qu’elle en est sortie. Qu’est-ce que ça veut dire ? Quelqu’un sait-il qu’il a besoin d’Oboles ? Pourquoi lui en donner ? Mais, alors qu’il va pour ranger cet argent dans son portefeuille, il se rend compte qu’on lui a dérobé plus qu’il ne vient de recevoir. Est-ce le mode opératoire d’une bande de pickpockets ? En tout cas, il va falloir être plus vigilant à l’avenir.

                Stokes rumine cette perte quand, au hasard de ses pas, il capte une conversation entre deux personnes. L’une d’elle explique qu’un Kadmonite offre 300 Oboles à celui ou celle qui lui ramènera son Grimoire disparu (volé ?). Stokes se dit que cette mission peut bien en valoir une autre. Et puis, c’est peut-être aussi l’occasion d’apprendre de nouveaux sorts. Ainsi, avant de se rendre au sanctuaire de Haze, il fait un détour pour s’entretenir avec l’alchimiste. Celui-ci lui explique la situation. Que Stokes ne s’attende pas à rentrer dans les bonnes grâces de l’ordre, il s’agit là d’une mission à caractère « privé ». Cela lui convient et il promet de faire au mieux et au plus vite.

                Ensuite, enfin, il retrouve Haze sans son sanctuaire. Le mage a repris possession des lieux. Il semble en relative bonne forme, pour quelqu’un qui a failli mourir brûlé vif. Les deux prennent enfin le temps de faire plus ample connaissance. Ils tombent tous les deux d’accord quant à la nécessité d’invoquer Oba pour la contraindre à ne plus servir d’intermédiaire ou de vecteur à la Chèvre Noire. Cette dernière parait d’ailleurs avoir déjà placé certains de ses pions dans notre monde sous la forme de ces Horlacanthes qui hantent leurs rêves à tous les deux. Il y a donc réellement urgence mais Haze explique que les divers Ordres de l’Omphalos sont trop impliqués dans des considérations d’ordres politiques pour réellement prendre la mesure de ce qui est en train de se passer. Stokes ne peut qu’en convenir. De plus, Haze regrette de devoir reconnaitre être encore trop faible pour retourner sur le terrain. Toutefois, il assure Stokes de son soutien. Il l’aidera dans ses recherches et dans la réalisation des rituels de fusion et d’invocation. Dans un premier temps, toutefois, Haze lui explique que la Rose du Désert ne fera pas office de Vas suffisant. Aussi, ils vont devoir s’en procurer un autre en l’achetant ou en le consacrant eux-mêmes mais, pour ça, il leur faudra le rituel adéquat. Et Stokes se dit que le Kadmonite pourra peut-être faire un effort supplémentaire pour récupérer son grimoire.


                Haze n’est pas encore apte au combat mais il peut tout de même poser des questions. Aussi, il a décidé d’accompagner Stokes chez le Kadmonite afin d’en apprendre un peu plus sur les circonstances de cette disparition, ou vol, de grimoire.

                L’Omphalos est animé aujourd’hui, un grand meeting réunit les divers Ordres. Haze et Stokes ne peuvent qu’en rire, il s’agit de discuter des multiples troubles causés par les désastreuses créations chimériques de la Causia Scientiae. Et il se trouve que le meeting est justement perturbé par une de ces créatures échappée des laboratoires de l’ordre. Stokes dégaine son Glock et tire. le monstre s’écroule mais, loin de s’attirer la reconnaissance de qui que ce soit, on le regarde de travers. En fait, Haze lui explique qu’on lui reproche de ne pas avoir fait les sommations d’usage et pris le risque de blesser quelqu’un.

                L’alchimiste, Emilio Ferguson, explique avoir perdu son grimoire alors qu’il prenait des notes dans un des repaires des « True Sons of Yaldabaoth ». Aussitôt, Haze veut savoir comment il avait atterri là. Mais l’alchimiste refuse d’en dire plus à ce sujet. Haze fixe l’homme mais son visage ne lui dit rien du tout. Pourtant, il connait plusieurs Kadmonites. Qu’il se soit retrouvé là-bas est plus que louche selon lui et il se demande si cet alchimiste n’aurait pas quelque chose à se reprocher. Stokes lui demande quelques précisions et apprend ainsi que le grimoire a dû être égaré, ou volé, dans l’une des chambres rituelles. Manifestement, Emilio n’est pas en capacité, ni même semble-t-il disposé, à donner plus de détails. Aussi, Haze et Stokes prennent congés. Stokes va s’introduire dans le repaire des « True Sons of Yaldabaoth ». Haze, de son côté, va tenter d’en apprendre un peu plus sur Emilio, puisque ce Kadmonite n’a pas que des bonnes fréquentations. En vérité, il est possible que le grimoire n’ait été qu’égaré mais il est aussi possible qu’un membre de la secte lui ait volé. Mais Haze aimerait bien aussi que Stokes apprennent ce qu’Emilio pouvait bien trafiquer avec « True Sons of Yaldabaoth », car il semble évident qu’il était sur les lieux avec leur accord.

                Pendant que Stokes se prépare, Haze appelle ses contacts dans les divers Ordres. Et un membre du Siddha lui confirme qu’Emilio Ferguson a bien été vu négociant avec « True Sons of Yaldabaoth ». Cet alchimiste ne jouit pas d’une très bonne réputation mais il n’est pas non plus considéré comme quelqu’un de dangereux. Disons que ce n’est pas quelqu’un de très agréable, ni de très intéressant. Toutefois, cela n’explique toujours pas ce que « True Sons of Yaldabaoth » peuvent bien posséder qui intéresse Emilio. Peut-être que Stokes trouvera la réponse à cette question. Mais, alors qu’il retourne dans son sanctuaire, Haze est alors attaqué. Un homme masqué lui saute dessus et tire. Haze est touché ! Heureusement, la Rose du Désert est chargée. Haze projette un Elémental de feu. La silhouette de son agresseur en flamme est la dernière chose qu’il voit avant de sombrer dans l’inconscience.

                De son côté, Stokes a pris un maximum de précaution. Il a rappelé Lazar. Il a activé le Casse-tête arcanique. Il a récité la formule de son sort de Pacification et, au cas où, son Glock est chargé. Il est aussi paré que possible. Pourtant, ça commence mal. Dès son entrée, qu’il avait pourtant espéré discrète, une alarme retentit. Il trouve rapidement le boitier et parvient à faire cesser cette sirène. Mais il s’en veut à mort car il n’est pas sûr de pouvoir vraiment faire à tout un groupe de cultistes. Surtout que, cherchant à se retourner, il se rend compte qu’il est paralysé. Et dans un coin de son champ de vision, il le voit… le Cœlacanthe. Il est certain que, si cette chose le pouvait, elle sourirait. Puis, il récupère la faculté de bouger et se précipite dans une autre pièce avant que les « True Sons of Yaldabaoth » n’arrivent en nombre. Mais, alors qu’il saute par-dessus un meuble, il manque de trébucher sur le corps exsangue d’une femme entre deux âges. Qui est-ce et que s’est-il passé ici ?

                Stokes referme rapidement la porte et se rend compte qu’il est dans le sanctuaire principal, là où les « True Sons of Yaldabaoth » se livrent à leurs rites collectifs. La pièce est vide. Il en profite pour reprendre son souffle et ses esprits. Ensuite, il fouille les lieux. Il met la main sur plusieurs feuillets écrit dans un langage codés. Toutefois, il reconnait quelques symboles kabalistiques. Est-ce que ce texte a quelque chose à voir avec la présence d’Emilio en ces lieux. Peut-être que Haze sera plus en mesure de le dire ? Au moment de sortir, Stokes entend encore du bruit. Aussi, il attend puis, prudemment, ouvre la porte.

                Il profite de ce que les membres de la secte sont occupés à comprendre ce qui a déclenché l’alarme (il se doute qu’ils ne s’inquièteront guère de la présence de ce cadavre) pour inspecter leur lieu de vie. Là, il tombe nez-à-nez avec une jeune femme, une ado en fait. Elle se saisit d’un couteau à cran d’arrêt et lui saute dessus. Mais Lazar intervient et le choc spectral la fait sombrer dans l’inconscience. Fouillant les lieux, il n’est pas surpris de ne rien trouver concernant le grimoire d’Emilio. Toutefois, il l’est un peu plus de découvrir un coffre rempli s’armes semi-automatiques. L’espace d’un instant, il est tenté d’en prendre une mais opte plutôt pour un sabotage en règle.

                Stokes tombe par hasard sur la bibliothèque de la secte. Mais, plus que des ouvrages, ce sont ces doses d’une drogue de combat qui attire son attention. Est-ce parce qu’elle en a consommé que cette jeune fille lui a ainsi sauté dessus ? C’est en réalité plus que probable. Par contre, est-ce la même drogue qui aurait provoqué la mort de cet homme ? Lui aussi a été vidé de son sang. Cette fois, il prend le temps d’examiner un peu le corps. Il ne voit aucune blessure…

                Stokes comprend mieux l’intérêt d’Emilio pour « True Sons of Yaldabaoth » quand il voit leur laboratoire d’alchimie. Pas d’alarme stridente ici mais une sorte de « pesanteur » dont il sent l’origine magique. Cette pièce est protégée par un sortilège. Malgré tout, il arrive à se mouvoir, au ralenti, dans la pièce. Puis, alors qu’il s’approche d’une des tables, les objets s’animent, s’envolent et lui fonce dessus ! A cause de cette pesanteur, Stokes ne peut absolument pas esquiver les livres et autres cornus qui lui arrivent dessus. Il tombe à terre et ne peut finalement que difficilement ramper vers la sortie.

                Enfin, il se rend dans l’une des chambres rituelles où Emilio aurait égaré ou se serait fait voler son grimoire. Cette pièce aussi a été placé sous protection magique. Mais Stokes ne ressent pas cette « pesanteur ». Ici, c’est sa vision qui devient floue. Il avance à tâtons et doit fortement plisser les yeux pour distinguer son environnement. Finalement, il se heurte à un mur invisible. Le choc est tel qu’il tombe à genoux. Il cherche à le contourner, en vain. Une partie de cette pièce lui est interdite d’accès. Mais, alors qu’il tente de regagner la sortie à quatre pattes, ses doigts effleurent des marques au sol. On a déplacé quelque chose ici. Mais Stokes ne peut absolument pas savoir quoi.

                Dans le couloir, il s’assoit par terre, dos au mur, et tente de reprendre son souffle et ses esprits. Et, par hasard, son regard se pose sur une sacoche trainant là. Il s’en saisit et découvre qu’elle appartient à Emilio. L’alchimiste a parlé de son grimoire mais pas de sa sacoche. A l’intérieur, deux fioles dont il préfère ne pas gouter le contenu.

                Stokes tente de refaire mentalement le trajet d’Emilio entre le laboratoire d’alchimie où il est manifestement passé et ce couloir ou il a oublié ou perdu sa sacoche ; à moins qu’elle n’est été abandonnée là par celui ou celle qui la lui aurait volée, ce qui semble plus probable. Stokes en arrive à penser que ce vol serait une initiative « personnelle » d’un « True Sons of Yaldabaoth ». Aussi, ce dernier l’aura peut-être caché parmi ses affaires, dans le dortoir.

                Alors qu’il va pour entrer dans le dortoir, une vision astrale le prévient du réveil de la jeune fille qui l’a agressé plus tôt. Mais, alors qu’il se saisit de son Glock, on l’interpelle. Il se tourne vers « True Sons of Yaldabaoth » et le fixe en récitant la formule de son sort de Pacification. L’homme, soudain calmé, ne tente même pas d’esquiver l’attaque spectrale de Lazar. Une fois à l’intérieur, il réitère le même enchainement auprès de la jeune fille et reprend sa fouille des lieux, espérant trouver le grimoire. Il met effectivement la main dessus mais, le feuilletant, est déçu de constater que lui aussi est écrit dans un langage codé. Tant pis, Emilio gardera ses secrets. Mais pas tous toutefois car Stokes compte bien garder le silence sur les autres feuillets qu’il a trouvé.


                Haze est de nouveau à l’hôpital, dans un état critique.il n’a pas encore repris conscience et Stokes a une idée pour lui donner un petit « coup de pouce ». Même dans le coma, Haze doit rêver. Aussi, s’il use de ses talents de Dreamr, il doit pouvoir s’infiltrer dans le rêve de Haze et le réveiller de l’intérieur. Cette idée ne l’enchante guère car elle suppose qu’il dorme, ce qui fait planer le risque d’une nouvelle « paralysie » mais y a-t-il vraiment une autre solution ? Attendre qu’il se réveille ? Et si cela ne devait pas se produire ?   

                Ça commence mal ! Stokes arrive en plein cauchemar. Il est pendu à un arbre, retenu par des lianes et des ronces. Il se vide de son sang, mais aussi de ses viscères. Son abdomen est largement ouvert et des corbeaux lui arrachent des bouts de chairs sanguinolentes. Ceci ne peut pas être un rêve de Haze. Celui-ci est forcément parasité par un Horla ou un autre rejeton de la Chèvre Noire. Mais, pour l’instant, il doit se sortir de cette situation.

                Il se concentre et altère le cauchemar de façon à ne plus être ni blessé, ni pendu à cet arbre. De même, des aigles remplacent maintenant les corbeaux et lui font un état des lieux, vu du ciel. Autour de lui se succèdent plusieurs arènes avec, en leur centre, une maison hantée. Et, au centre de cette zone, les aigles ont repéré celui qu’ils appellent le « Double Maléfique ». Stokes n’a pas vraiment envie de rester trop longtemps ici. Alors, il fonce vers le « centre » et ce double dont il ne sait pas s’il s’agit du double de Haze ou du sien ou… d’encore quelqu’un d’autre.

                Les aigles ne lui ont pas dit qu’en ce « centre » s’élevaient aussi une maison hantée. Stokes n’a pas vraiment le choix, alors il entre. A l’intérieur, les murs ont un aspect lépreux. Tout est recouvert d’une épaisse couche de poussière. Il surprend la course de rats et de cafards. La maison a l’air vide. Mais, entrant dans une pièce du rez-de-chaussée, il se fige. Une corde est attachée à une poutre. Et ou bout de la corde… Haze !

                « Tu as traversé tout cet enfer pour qu'on se rencontre enfin. Ne dis pas non. »

                Stokes est bien obligé de convenir que c’est effectivement le cas mais il ne voyait pas les choses tout à fait ainsi. Il enchaine et déclare pour réveiller Haze car lui, le pendu, n’est pas Haze. Il est… son « Double Maléfique », comme l’ont nommé les aigles. Alors, a-t-il quelque chose à ajouter ?

                Subitement, le décor change. Ils sont toujours dans la maison hantée mais dans une autre pièce. Et Haze n’est plus pendu au plafond. Ils se font face, assis sur deux deux chaises garnies de champignons comme ceux qui poussent sur l'écorce des arbres. Haze est assis sur une chaise au dossier placé à l'envers, dans une posture désinvolte. Il révèle alors que le périple pour soustraire le monde à l’invasion des que prépare la Chèvre Noire passe par cette rencontre avec lui. Il lui dit qu’il doit accepter soit d'être supplicié par lui, soit de fusionner avec lui, soit de concevoir un enfant avec lui. Ce n'est qu'à ce prix qu’il pourra espérer remonter à la surface et contrer l'invasion par les Abysses de Millevaux. En contrepartie d'un de ces « traitements », le double maléfique de Haze offre à Stokes ce qu'il appelle « sa liberté », c'est-à-dire un fragment de son pouvoir.  : la joueuse acquiert au hasard un des 8 pouvoirs cauchemardesques qui vient s’ajouter à ceux qu’elle possède déjà. Si elle tombe sur un pouvoir qu’elle a déjà acquis, refaites le tirage.

                Aucune de ses options ne s’avèrent réellement tentantes. N’y en a-t-il vraiment pas d’autres ? Pour autant, Stokes est en train de se dire que cette « fusion » pourrait lui permettre de contenir ce double à l’intérieur de lui-même. De plus, peut-être même qu’il pourrait ainsi lui arracher d’autres informations. Alors, va pour la fusion !

                Stokes se retrouvent dans une nouvelle pièce. Partout sur les murs, des photos d’une vie qui n’est pas la sienne, ni celle de Haze d’ailleurs. Ce sont des montages faisant état d’un passé commun, comme s’ils étaient amis depuis très longtemps, comme s’ils avaient partagé plein de choses. Mais c’est faux. Ils ne se connaissent que depuis peu et tous ces « souvenirs » sont des faux. Stokes a du mal à se mouvoir car la fusion n’est pas achevée. Pour l’instant, il ressemble à une espèce de poupée désarticulée car la moitié du corps de Haze qui n’a pas encore fusionné pendouille et l’encombre.

                La fusion n’est pas douloureuse. Elle n’est pas agréable mais pas douloureuse. En fait, il y a bientôt comme un amas de chair en trop qui se détache du corps de Stokes pour former un nouvel être, un enfant. Stokes le regarde et se demande s’il doit le laisser vivre. Quand il relève la tête, il a encore changé de pièce.

                Il est toujours dans la maison hantée, mais cet sorte de boudoir est garni de coussins, de tentures bouffées aux mites, de feuilles mortes, et de moisissures aux couleurs de chairs voluptueuses. Il y a un lustre en bois de cerf aux bougies rouges, dégouttant de cire. Une version hermaphrodite de l’être fusionné qu’il vient de devenir est pendu là, le torse musculeux, le vagin bavant de cyprine, et la mandragore qui pousse dans la flaque de sa sève. Stokes réprime un haut le cœur. Il parvient à garder son calme et recueille autant de Mandragore qu’il peut en mettre dans ses poches. Il espère pouvoir les ramener dans l’Eveil. Cela l’aidera dans la réalisation de bien des rituels. Et, au pire, il pourra toujours en tirer un bon prix dans les boutiques de l’Omphalos. Ensuite, sans jeter un regard derrière lui, il sort de cette maison, espérant que Haze sortira de son coma.

                Mais un bruit sourd l’oblige pourtant à se retourner. Le corps vient de tomber et se relève déjà. Son regard et son rictus en disent long sur sa concupiscence. Là, ça commence à être beaucoup pour Stokes. Alors, il fait face à ce nouveau monstre et commence à faire trembler les murs de la maison hantée. Il se concentre et fait glisser ces tremblements des murs jusqu’au double qui se trouve alors saisit de tremblements qu’il ne parvient à contrôle. Stokes accélère le mouvement jusqu’à ce que le double explose littéralement. Alors, il se réveille et se rend compte qu’il peut bouger !

                A l’hôpital, on lui apprend que Haze est toujours inconscient mais qu’il est néanmoins sorti du coma. Son état est désormais stable. Ce n’est qu’une question de temps mais il s’en sortira.


                Emilio Ferguson a récupéré son grimoire, non sans un certain soulagement. Ses notes étant codées, il était peu probable que les « True Sons of Yaldabaoth » ne percent ses secrets mais il valait mieux être prudent et remettre la main dessus au plus vite. En fait, dans ce grimoire, Emilio n’a pas consigner uniquement quelques rituels, formules alchimiques ou encore les noms et Sigils de quelques entités. Il y a aussi les preuves de son appartenance à cette organisation ultra-secrète que la rumeur appelle « Illuminati ». C’est donc pour le compte de cette société secrète qu’il a infiltré les Kadmonites. Non pas que les Illuminatis s’intéressent aux alchimistes en particulier, non. C’est l’Omphalos dans sa totalité qu’ils veulent contrôler en secret.

                Ses connaissances en chimie, sa capacité à assumer divers rôles et à mentir éhontément ont convaincu ses chefs de l’orienter vers les alchimistes. Là, il parfait sa propre initiation tout en accumulant un maximum d’informations sur les Kadmonites, mais aussi et surtout sur l’ensemble de l’Omphalos. Une de ses missions consiste à permettre, dès que possible, l’infiltration de l’Omphalos par des représentants de la race reptilienne, ces alliés des Illuminatis venus d’ailleurs.

                Au quotidien, Emilio est musicien. Il joue et chante dans la rue, les bars, les restaurants. Cette activité lui permet de subvenir à ses besoins tout en restant plutôt discret afin de ne pas attirer l’attention sur ses activités « annexes ».

                Pourquoi Emilio a accepté de rejoindre les Illuminatis ? Pourquoi il a accepté de sinstaller chez les Kadmonites ? Parce que cela lui permet de ne pas avoir à rentrer chez lui et parce qu’il veut des réponses. Après avoir passé tant de temps à mettre de l’argent de côté, il s’était enfin offert le logement de ses rêves pour se rendre compte, au bout de quelques temps, que celui-ci était… hanté ! Il a fait venir un médium qui s’est enfui en déclarant ne rien pouvoir faire. Alors, quel est cet esprit ? Comment s’en débarrasser ? Alors, oui, il a accepté de rejoindre les Illuminatis, espérant trouver des réponses et une solution. Et alors, quand il sera enfin seul chez lui, peut-être qu’il laissera tout ça derrière lui…

                Mais pour l’heure, il vient de recevoir de nouvelles consignes. Comme d’habitude, elles sont codées et il va encore lui falloir un bon moment pour les déchiffrer. Mais c’est une prudence nécessaire. Personne ne doit être au fait de l’existence des Illuminatis, surtout ici, à l’Omphalos.

                Son téléphone a sonné deux fois, à 11h11. Un numéro masqué, c’est le signal. Emilio doit quitter son antre, l’ordre de mission va lui parvenir sous quelque forme que ce soit. Ainsi, il erre, regarde et écoute. Il sent aussi car, avec les Illuminatis, même une odeur particulière peut recéler des informations capitales. Mais là, il capte une conversation apparemment banale entre deux personnes. Ils évoquent l’Ordre des Fossoyeurs, sauf qu’un tel Ordre n’existe pas au sein de l’Omphalos. Emilio s’arrête à un stand et fait mine de farfouiller parmi ces ingrédients tout en écoutant les deux hommes. Il ne saisit pas tout en raison du brouhaha mais l’un d’eux parlent de vols de cadavres à des fins nécromantiques. L’autre s’énerve. Le ton monte et les deux commencent à se battre. C’est un ballet étrange que cette rixe. Emilio se taille un chemin à travers la foule qui s’est rassemblée rapidement et a l’impression d’assister à un mélange de lutte sumo et de chorégraphie Buto. Il n’en doute pas une minute, c’est le message ! Finalement, le service de sécurité intervient, sépare les deux hommes et disperse la foule. Emilio regagne alors le repaire des Kadmonites. Qu’est-ce que tout ça veut dire ? Qu’attend-on de lui ?

                Emilio réfléchit. Un ordre de fossoyeur qui n’existe pas. Cela doit être une référence aux Illuminatis qui, justement, n’existent pas. Cela signifie donc qu’il ne s’est pas trompé en voyant un message à son intention. Mais pour le reste, des fossoyeurs, des vols de cadavres, de la nécromancie, du sumo et du buto. Ces deux derniers points sont des références directes à la cultures japonaises. La lutte, la danse mais aussi l’évocation de la mort et des esprits. Emilio se rappelle en effet que les rituels précédant le combat ont pour fonction d’éloigner les Esprits justement. Mais, il y a plusieurs catégories d’Esprits : élémentaux, anges, démons, déités et… vestiges, les esprits des morts ! sa mission concernerait donc un Vestiges. Doit-il utiliser son art, comme l’y fait penser la danse, pour combattre, expulser, un Vestige ? Evidemment, il pense immédiatement à celui qui hante sa maison mais il est peu probable que sa mission le concerne à titre personnel. Mais pourquoi les Fossoyeurs ? Les Illuminatis auraient pu inventer n’importe quel autre ordre fictif pour faire passer leur message. Les fossoyeurs enterrent les cadavres – les secrets ? – mais là on les accusent de les voler. Alors, il comprend ! Une ou plusieurs personnes sont peut-être sur le point de découvrir et révéler un secret concernant un Vestige. Or, les Illuminatis doivent certainement vouloir que ce secret reste dans l’ombre. De plus, il convient également de chasser le Vestige en question. Mais Emilio n’est pas entièrement satisfait de son interprétation. Alors, il a une illumination ! Quelqu’un a pris contact avec un Vestige détenteur d’un secret que les Illuminatis ne veulent pas voir révéler. Alors, sa mission, il en est maintenant convaincu, consiste à trouver cet invocateur, faire en sorte qu’il ne révèle rien de ce qu’il a appris et renvoyer le Vestiges dans les ténèbres qu’il n’aurait jamais dû quitter !

                Emilio sait maintenant ce qu’il a à faire mais n’a pour autant aucune idée de par où commencer ! Mais, pour ce qu’il sait des Ordres en activité au sein de l’Omphalos, si quelqu’un peut-être tenté de révéler un secret susceptible de semer le trouble, on le trouvera plus facilement chez les Mesu-Betesh. Aussi, Emilio décide de leur rendre visite. Mais, alors qu’il entre, le motif du papier peint se met à changer. Des visages apparaissent ! Ou plutôt, un seul visage mais en plusieurs dizaines d’exemplaires. Et ils parlent !

                « Pendant six heures, j'ai été perdu dans ce dédale de tunnels et de couloirs et je commençais à craindre de ne plus jamais voir la lumière du soleil. Mes amis ont été vaincus, dévorés par les goules qui nous ont agressés. Alors que je perdais mes forces, je suis tombé sur une autre monstruosité... mais il y avait quelque chose de différent à son sujet. Après ce qui semblait être six autres heures, mais n'aurait pu être qu’à peine plus de six minutes, la chose m'a conduit à une échelle et m’a fait signe de monter. Alors, je me suis retrouvé dans la rue et à l'abri de tout ce mal qui vit dans les égouts. »

                Les égouts ! Emilio n’attend pas qu’un Mesu-Betesh vienne lui demander ce qu’il fait ici. Il s’en va aussitôt, se demandant quelle partie des égouts de Londres est la plus susceptible d’abriter des goules. De retour chez les Kadmonites, Emilio se lance dans un de ses numéros d’acteur dont il a le secret. Il a l’art de dire tout et son contraire et, surtout, d’obtenir la réponse qu’il souhaite sans que celui qui la lui donne ne puisse même s’en rendre compte et encore se douter de comment Emilio va s’en servir. Ainsi, il apprend, qu’en 1827, des fouilles avaient eu lieu du côté de Vauxhall Bridge Road en vue de la création d’un nouvel égout municipal. On raconte que les ouvriers, ayant creusé dans une zone proche d’un ancien lazaret, avaient mis à jour un cercueil contenant pas moins de cinq corps. Et furent aussi retrouvés de nombreux ossements, boucles de ceintures et autres lambeaux de vêtements. Mais on raconte aussi que les ouvriers de l’époque affirmèrent que certains corps s’animèrent. Certains même auraient articulé quelques mots. L’un d’eux aurait murmuré « au-delà des étoiles… » La rumeur dit que les ouvriers firent brûler ces corps mais… est-ce vraiment le cas ? Ou alors, quelqu’un a-t-il invoqué les Vestiges de ces pestiférés ? Et puis, de quels secrets sont-ils les détenteurs ? Visiblement, les pestiférés avaient des choses à dire. Ces secrets sont-ils en rapport direct avec les Illuminatis ?

                Emilio décide de se fier à cette vision. Cela ne l’enchante guère mais il va descendre dans les égouts de Vauxhall Bridge Road. Il pense en effet que quelqu’un, peut-être un Mesu-Betesh, y est descendu pour invoquer les Vestiges des pestiférés et leur soutirer leurs secrets. Mais cela ne s’est visiblement pas passé comme prévu et, du point de vue des Illluminatis, il semble bien que ces secrets, comme ces Vestiges, doivent rester bien enfouis sous terre.


                Prudemment, Emilio descend l’échelle menant aux égouts. Sans surprise, il constate que l’odeur est à la limite du soutenable… limite inférieure évidemment. Aucun bruit, tant mieux. Curieusement toutefois, le tunnel semble remonter. Il avance, toujours prudemment et ce d’autant plus qu’il entend du bruit. Quelque chose s’approche, faisant des bruits de pas humides. Il espère qu’il s’agit d’un égoutier aux bottes trempées mais distingue la silhouette d’un golem de boue et debout. Il n’avait pas prévu un golem mais s’attendait quand même à quelques présences hostiles. Aussi, il n’est pas venu les poches vides. Au contraire même, il les a remplies de cocktails molotov explosif. Il n’attend qu’il soit trop tard pour en jeter un et le golem explose dans une gerbe de boue malodorante. Mais Emilio n’est pas au bout de ses surprises car, derrière le golem, se tient une femme. Elle a l’air fragile et agitée de tremblements. Emilio s’approche et a du mal à interpréter le regard de cette femme d’un certain âge. Elle a manifestement besoin d’aide et, pourtant, il lit de la défiance dans ses yeux, comme si elle refusait son aide. Comme elle ne cesse de trembler et que ses regards sont des plus hostiles, c’est sans scrupules qu’Emilio lui fait les poches. Il cherche son portefeuille pour, au moins connaitre, son nom. Elle n’a pas ses papiers sur elle mais elle a mieux que ça : un os, humain ! Une relique, un artefact ? Cette femme n’est pas une simple vagabonde ou amatrice d’urbex. Il est en fait fort probable qu’elle verse dans les arts occultes et que le golem fut sa création, d’où ses tremblement selon son degrés de « lien » avec la créature. Toutefois, quid de cet os. Il y a fort à parier qu’il permette d’invoquer un Vestige. Aussi, Emilio l’empoche et prend sur lui de faire en sorte que cette femme rejoigne sa création dans l’au-delà. Pour ce qui est de son corps, il nourrira les rats.

                Le tunnel remonte donc doucement vers une ancienne cave, vide et abandonnée depuis très longtemps. Une ouverture donne sur un tunnel qui, cette fois, descend jusqu’à un collecteur. Celui-là est vide également et Emilio se dit qu’il aurait dû se procurer un plan des égouts avant de descendre car, l’air de rien, il n’a aucune idée de là où ses pas vont le mener. Pourtant, il continue tout droit et descend encore le long du tunnel. Et il se retrouve dans un vieille station de métro à l’abandon.

                Emilio est alors certain d’approcher du but car, dès qu’il met un pied dans la station, il sent une forte force psychique l’assaillir. Il a l’impression que ses vêtements pèsent une tonne et il se retrouve au sol. Ses forces vitales le quittent, littéralement siphonnées ! Par qui, par quoi ? Emilio reste ainsi quelques instants plaqué au sol. Il ne lutte pas afin de ne pas s’épuiser inutilement. Au contraire, il reprend son souffle, se concentre et finit par récupérer le contrôle de son corps. Il se relève difficilement mais parvient, lentement, à sortir de la station. Il saute sur les rails et suit leur tracé qui s’enfonce encore dans les profondeurs de Londres... jusqu’à une grotte naturelle en partie inondée. L’issue se situe évidemment de l’autre côté. En passant par les bords, Emilio y accède en évitant toutefois de trop se mouiller. Son pantalon et ses chaussures sont bons pour la poubelle mais ce n’est certainement pas le pire qui pouvait lui arriver ici.

                Et ce tunnel descend encore, donnant sur des catacombes et… un loup ! Un gros. Trop gros, même, pour être un loup « normal ». Et que ferait un loup dans les égouts. Et ce regard, cette façon de bouger… Ce n’est pas normal. Alors, sans attendre que le loup se jette sur lui, il lui balance l’un de ses cocktails molotov alchimiques. Les tripes de l’animal se répandent dans les catacombes. Nul doute, Emilio reconnait là les organes internes d’un être humain… Puis, il entend cette voix, au loin :

                « Où est-il ? Es-tu intervenue ? »

                Un homme s’en prend à une femme, d’un âge approchant celui de la femme « au golem ». Emilio s’approche aussi discrètement que possible. Visiblement, le bruit de l’explosion du loup n’a pas attiré l’attention de cet homme. Emilio fait encore quelques pas. Il se saisit d’une pierre et l’abat sur le crane de l’homme qui s’écroule. Alors, il tend une main « secourable » à cette femme. Et Emilio y va de son numéro pour savoir ce qu’elle fait là. Encore sous le choc, elle évoque une cachette. Emilio n’est sûr de rien mais il pense qu’elle doit être venue avec cet autre femme et que, par conséquent, cette cachette » doit recéler quelque chose d’intéressant. Et puis, peut-être sait-elle quelque chose au sujet des Vestiges des Pestiférés de Vauxhall. Jouant de son image de « sauveur », il obtient qu’elle le conduise jusqu’à sa cachette. Là, il repère un grimoire. L’ouvrage est épais, relié en cuir et… il y a des petites fentes qui s’ouvrent et se ferment. Ce sont des… yeux !

                Contenant tant bien que mal son excitation, il demande à la femme où elle l’a trouvé. Et, comme il s’y attendait un peu, elle raconte l’avoir trouvé parmi les affaires des Pestiférés justement. Mais, ce grimoire est dangereux. Elle montre les « yeux » et explique qu’on ne peut pas garder le grimoire en main trop longtemps car ces « yeux » deviennent alors des « bouches » dotées de dents affutées comme des rasoirs. Elle a donc parcouru brièvement l’ouvrage et est en mesure de lui dire qu’il traite de zoologie et… crypto-zoologie. Y-a-t-il un lien avec le « loup » ? Evidemment, elle et sa compagne se sont livrées à quelques « expériences » sur des cobayes « recrutés » parmi les sans-logis squattant les égouts. Emilio ne la juge pas car il se dit qu’il en aurait peut-être bien fait autant s’il en avait eu l’opportunité. Quoi qu’il en soit, ces deux femmes ont mis la main sur cette ouvrage et ont réussi à projeté l’âme d’un clochard assez loin et assez longtemps dans le Plan Astral pour que celui-ci devienne une sorte de loup-garou.

                Et si c’était ce grimoire qu’il devait remettre aux Illuminatis ? Cela parait assez logique finalement puisqu’il contient bien des secrets et qu’il a été trouvé parmi les restes des Pestiférés. Et peut-être que la créature à « renvoyer » était ce loup-garou et non les esprits des Pestiférés ?

                C’est sans grande peine qu’il convainc la femme de lui laisser le grimoire. Il l’aide à regagner la surface puis, feignant de s’inquiéter de son état, court remettre le grimoire dans une boite postale où il sait que ses supérieurs le récupéreront dès qu’ils seront certains qu’Emilio n’est pas caché dans un coin pour essayer de le surprendre. En fait, Emilio a bien compris que cela ne servait à rien de tenter de percer le mystère de l’identité de ses supérieurs. Il n’essaye plus. Toutefois, il espère avoir rempli correctement ses obligations et… en être récompensé. Il aurait bien aimé pouvoir lire ce grimoire mais se console en se disant qu’il a toujours cet os et qu’il pourra tenter d’invoquer le Vestige qui y est associé.

                Quelques jours plus tard, il reçoit un message. Les Illuminatis s’attendaient à « autre chose » de sa part mais se déclarent malgré tout satisfait. Pour autant, ils ne disent rien de ce qu’ils attendaient réellement de cette mission. Mais Emilio s’en moque. Le principal est qu’il n’y ait pas de sanction après tout. Et puis, il a toujours l’os ! D’ailleurs, ses recherches ont été fructueuses car il a appris que les fines runes gravées dessus faisait de cet os une composante d’invocation d’une certaine Ceaster, comtesse du « Sanctum » dans les profondeurs écrasantes.


Une fois de plus, mon myrmidon n’a fait que la moitié du travail. Il a bien tiré sur Haze mais il a survécu ! Non seulement il a survécu aux balles mais il a également survécu au cauchemar dans lequel il avait été projeté. Alors, je décide de terminer moi-même le boulot. Pour autant, où est Haze ? Je ne peux m’en remettre au myrmidon. Je ne veux pas prendre le risque qu’il fasse une fois de plus tout capoter. Alors, je m’en vais le chercher dans le plan Astral. Là, je devrais pouvoir l’attirer de nouveau dans un cauchemar qui lui sera, cette fois, fatal !

Habitué à voyager entre les mondes, dans les rêves et les cauchemars, accéder au plan Astral m’est une chose aisée. Par confort et par habitude, je décide d’y accéder par les Forêts Limbiques. Toutefois, je n’ai aucune idée de là où je vais me retrouver.

Et ce tronc d’arbre creux s’ouvre sur… Le vide ! Je tombe ! Je tente de planter mes griffes dans l’écorce de l’arbre pour freiner ma chute mais rien n’y fait. Alors, je fais apparaitre une paire de bras supplémentaires et parviens enfin à planter suffisamment de griffes dans le tronc pour me stabiliser et freiner ma chute. Toutefois, tout l’intérieur de cette arbre est en lambeaux. Il n’est pas sûr du tout que je puisse repartir par ici. Mais, si je tue Haze, je n’aurais peut-être pas besoin de partir.

Tout au fond du tronc creux, je pose le pied dans un Labyrinthe de Glace ! Je m’en réjouis. N’étant vulnérable qu’au feu, je suis ici en position de force.

J’avance donc entre les parois d’un immense canyon de glace. Derrière ces parois, je distingue les façades d’une ville. Dans la glace, mon reflet est flou. Je ne suis plus un Horlacanthe. Je suis… Haze !? J’entends un bruit derrière moi. Je me retourne. Il y a une boite tombée du ciel. Prudemment, je l’ouvre et… Haze est aussitôt submergé par une vague de douce nostalgie. Haze se rappelle de son enfance, des gestes d’affection de sa mère, de ses jeux avec ses amis. Haze se sent bien. C’est mauvais. Je veux qu’il se sente mal !

Je me trouve maintenant à une intersection. Le vent souffle fort. Il est chargé de Vrill… ou d’Egrégore. De toute façon, c’est un peu la même chose. Ce vent produit des sons étranges en glissant sur la glace. On dirait un chant, un rituel, en Langue Putride. Je ne connais pas cette magie. Le rituel parle d’Amansumod, ermite qui se souvient de la première sorcellerie. S’agit-il d’une déité Horla ? Est-ce un signe ? Dois-je trouver cet ermite ? M’aidera-t-il à tuer Haze ?

J’erre dans ce labyrinthe de glace qui, soudain, s’ouvre sur une vaste plaine gelée. A travers la glace qui recouvre le sol se dressent les membres de ceux qui, au fil des âges, sont morts à la guerre. Il y a là des soldats de toutes les époques, de tous les mondes. Et le vent charrie leurs plaintes et leurs lamentations.

Je quitte ce champ de bataille et, de nouveau, je distingue la ville derrière la glace. Il y a un trou qui me permet de tendre le bras à travers une vitrine brisée. Non que je ressente le froid mais mon intuition me dit que si je peux le prendre, c’est que je le dois.

Je continue d’avancer dans ce labyrinthe et, soudain, la glace se rompt. De nouveau, je tombe… dans le vide, sous la glace ! Alors, je manifeste mon Emprise et soulève mes plaques d’os dorsales pour révéler plusieurs paires d’ailes qui me permettent de ne pas me perdre dans ces ténèbres et de regagner la glace. Je reprends ma progression après avoir soigneusement mis à l’abris mes nouvelles ailes.

Peu à peu, l’espace entre les parois de glaces rétrécit. Les murs se rapprochent et du sang coulent. Derrière, il y a des visages. Leurs traits expriment une grande douleur. Ils veulent s’enfuir. Je m’en moque ! Je poursuis ma route. Le chemin descend. Derrière les murs de glaces, ce ne sont plus seulement des visages mais des corps entiers, sanguinolents et suspendus à des crocs de boucher qui tendent leurs mains dans ma direction pour que je les sorte de là. Ce n’est pas leur souffrance qui m’ennuie. Non, ce qui m’ennuie, c’est que je suis maintenant face à deux routes et… je ne sais pas laquelle me mènera à Haze. Et si je créais une troisième voie. Et si j’ouvrais un Portail. Pour cela, je n’ai besoin que de réciter quelques formules en Langue Putride et… de sang ! Alors, je m’empare d’un de ces corps, naïvement reconnaissant car il croit que je vais mettre fin à ses souffrances. D’une certaine façon, il a raison. Une fois le Portail ouvert, je continue ma route.

Et le Portail s’ouvre sur une chambre d’hôpital. Haze est là, dans son lit. Il dort. Il a l’air apaisé, serein. Ça ne va pas durer ! Je m’approche. Je pose mes mais sur son corps et commence à l’assimiler. Mais… Au lieu d’aspirer son corps et sa mémoire, c’est mon corps qui se dessèche. La peau autour de mes mains et de poignets se rétractent, se fissurent. Et ces fissures se mettent à courir le long de mes bras. Elles… remontent ! Je perds le contrôle ! C’est… un… cauchemar !

Je n’arrive pas à décoller mes mains du corps de Haze. Et ces fissures se répandent. Ma peau se fend et mon sang de Cœlacanthe se met à couler à flot ! Qui peut m’aider ? La Chèvre Noire ne répond pas à mes appel !

Et toi, l’Ermite ? Peux-tu me sortir de là ?

Et la chambre devient une caverne. Et des ténèbres sort un vieil homme revêtu d’une peau de cobra. Le vent se met à souffler et, au sol, il balaie des ossements et des cranes. La voix d’Amansumod, l’ermite qui se souvient de la première sorcellerie, résonne. Il va me sortir de ce cauchemar. Parce que l‘ignorance est source de plaisir, je vais oublier. Oublier ce cauchemar. Oublier que Haze a bien failli me tuer !



De retour dans ce monde étrange que je ne pourrais quitter que lorsque que j’aurai accompli ma mission, je ne garde que quelques souvenirs confus. J’ai été dans le plan Astral. J’y ai trouvé Haze et il s’est passé quelque chose. Mais quoi ? Je vais devoir y retourner !


A côté de moi, un parchemin. Je lis :





Moi, Cœlacanthe, Horlacanthe, serviteur de Shub-Niggurath, la Chèvre Noire des Bois aux Mille Chevreaux,


pour combattre ma Peur de décevoir la Chèvre Noire et de subir sa colère et en échange du Don de l’« Ignorance Heureuse », déclare accepter de me consacrer sciemment et entièrement à


« Amansumod, l’Ermite qui se souvient de la première sorcellerie »


Quoi qu’il arrive, je promets de respecter ce contrat.





Je ne me rappelle pas de ce contrat. Pourtant, c’est bien de mon sang qu’il est signé !


                Sur ce forum consacré à l’Urbex, il se fait appeler Spider Tank ! C’est un pseudo qui en jette alors que lui-même est plutôt quelqu’un de timide, discret et introverti. Quand il n’explore pas quelques friches industrielles, il est étudiant en sciences humaines. Il se passionne pour l’ethnologie et tout ce qui concerne les croyances, mythes et légendes des sociétés dites primitives. Il s’intéresse notamment aux diverses formes de shamanismes mais aussi aux versants plus ésotériques des religions du livres comme la Kabbale ou le Soufisme. Il s’en vante moins, mais il est aussi très attiré par les histoires de possession démoniaque et d’exorcisme. Et donc, le weekend et durant les vacances scolaires, il pratique l’Urbex. Sur ce forum, les participants s’échangent des informations, des « bons plans » et, parfois, organisent des fouilles à plusieurs. Ils prennent des photos, font des vidéos. C’est plutôt sympas. Mais là, une des participantes ne donne plus de nouvelles depuis plusieurs jours. Elle se fait appeler Random Connect. Spider Tank la connait puisqu’ils ont visité quelques sites ensemble. Et il est d’autant plus inquiet qu’elle ne répond ni à ses posts sur le forum, ni à ses SMS. Dans ses derniers posts, elle parlait d’un centre commercial dont, parait-il, certains couloir mènent à des catacombes ou autres lieux étranges et oubliés de Londres. En vérité, Random Connect était resté très vague quand à ce qu’elle pensait trouver là mais elle était très enthousiaste et impatiente de visiter les lieux. Puis, plus rien ! Alors, Spider Tank a décidé de se rendre lui aussi dans ce centre commercial, convaincu que Random Connect s’y était rendue et… perdue. Il espérait surtout qu’il ne lui était rien arrivé de grave.
                Spider Tank est passé au centre commercial dans l’après-midi et a caché son matériel d’Urbex dans les toilettes. Il est ensuite revenu en début de soirée, après que la plupart des boutiques aient fermé. A cette heure, la quasi-totalité de l’activité était concentré au niveau de l’hypermarché. Aussi, personne, à l’autre bout du centre commercial, n’a vraiment fait attention à lui ; d’autant plus qu’il a pris soin de raser les murs et éviter les caméras de sécurité. Il s’est donc simplement laissé enfermé dans les toilettes puis et ressorti tout équipé pour son expédition. Mais quand il ressort des toilettes, quelque chose a changé.
                Tout est silencieux, étrangement silencieux. Mais surtout, ces boutiques qui étaient fermées tout à l’heure sont de nouveau ouvertes. Pourtant, il n’y a là aucune activité manifeste. Les lieux sont déserts. Spider Tank s’approche de la salle de jeux d’arcade. Spider Tank déambule au milieu des machines. Il n’en reconnait aucune. Ou plutôt si, il a lu des articles concernant ces jeux. Ce sont de véritables antiquités datant des années 80 et 90. Il y a là Golden Axe, R-Type, Street-Fighter 2. Il regarde défiler la liste des joueurs ayant réussi à atteindre le Hall of Fame. Random Connect figure en bonne position sur plusieurs d’entre eux. Puis, quelqu’un l’appelle ! Il sursaute et se retourne. Dans sa cage de verre, le vendeur lui demande s’il a besoin de monnaie. Spider Tank ne pensait pas trouver quelqu’un. Il dit que non mais lui demande s’il a vu Random Connect. Il lui décrit la jeune femme mais le vendeur ne se rappelle absolument pas d’elle. Spider Tank est tenté de demander ce qui s’est passé et pourquoi les boutiques sont de nouveau ouvertes mais quelque chose le retient. Aussi, il s’en va (s’enfuit ? » et se dirige vers le magasin de jouets.
                C’est bizarre. Cette boutique tient autant du magasin que du mini parc d’attraction. Il y a des mains en plastique partout. Au sol, aux murs, plafond ! Et, par moment, Spider Tank a l’impression que certaines s’agrippent à ses chevilles. Mais, il y a du bruit. Un grognement, plutôt faible. Il y a un chien, il en est sûr. Il cherche dans les divers rayon et se retrouve dans celui-des figurines de chez McFarlane. Dans sa boite, immobilisé par le moulage en plastique, un loup-garou remue autant qu’il peut et cherche visiblement à sortir. Prudemment, il déplace la boite et constate que, derrière, le Frankenstein est immobile. Il repose le loup-garou et poursuit son exploration. Alors, il se dit que si Random Connect s’est elle aussi retrouvée ici, peut-être s’est-elle rendue dans une boutique vendant les articles qui lui plaisent. Alors, il se dirige vers la parfumerie.
                A peine entrée, il est entrainé par un flux odorant. C’est un véritable courant d’air qui l’emporte. Il perd pied, littéralement. Il chute au sol et se retrouve entrainé par ce courant. Il se débat et, rapidement, ces odeurs remplissent ses poumons… à la place de l’air. Il étouffe ! Alors, reprenant un ultime bol d’air respirable, il fouille dans son sac à dos et en retire la corde qu’il essaye de fixer à un rayonnage. Mais la corde lui reste dans les mains et il est toujours emporté. Il parvient, par moment, à reprendre un peu sa respiration mais cela devient de plus en plus difficile.
                Finalement, il s’échoue lamentablement au niveau des caisses. Là, un SDF est en train de se battre avec… une ombre ! Pas la sienne. En fait, le clochard tente de protéger sa propre ombre de celle qui tente, on dirait, de la lui voler. Désireux de vouloir venir en aide au clochard, Spider Tank se dit que le meilleur moyen de faire disparaitre une ombre est encore d’allumer la lumière. Aussi, il cherche les interrupteurs, en prenant soin de ne pas se faire remarquer. La lumière se fait alors éblouissante et les ombres disparaissent. Le clochard tombe par terre et soupire de soulagement. Spider Tank s’approche et l’aide à se relever. Mais le clochard refuse son aide. Il se montre en vérité peu aimable. Pourtant, Spider Tank se sent obligé de lui demander s’il n’a pas vu Random Connect. Mais le SDF se met à bougonner et s’en va. Pas la peine d’insister. Toutefois, peut-être qu’elle est passée par-là et peut-être peut-il trouver une trace de ce passage. Mais en vérité, il ne trouve rien. Alors, il se décide à jeter un œil à la dernière boutique donnant sur cette place.
                Spider Tank se retrouve dans une nouvelle boutique susceptible de plaire à Random Connect puisqu’il s’agit de la boutique de savons et bougies parfumés. Il y a quelqu’un dans la boutique. Ce n’est pas une vendeuse pourtant, elle est derrière une des caisses et sculpte des pièces de puzzle dans des morceaux de savon. Spider Tank s’annonce et elle lui explique que ces pièces s’assemblent pour former un tout, son propre visage. Mais, dit-elle, il y a un problème car… il y a trop de pièce. Spider Tank lui propose de l’aider et, contrairement au SDF, elle accepte avec joie. Aussi, tente-t-il à son tour d’agencer les pièces de puzzles afin de reconstituer le visage de cette femme. Et, assez rapidement finalement, il y parvient ! Mais, aussi surprenant que ça puisse être, cela met la femme très en colère. Spider Tank s’excuse et elle se calme presqu’aussitôt. Alors, il lui demande si elle a vu Random Connect quelque part. D’après cette femme, elle serait maintenant dans les niveaux inférieurs. Elle lui explique alors qu’il doit prendre une des sorties de secours. Il va ainsi se retrouver dans l’un de ces couloirs réservés au personnel du centre commercial. Là, il devra ensuite trouver un escalier et descendre le plus bas possible.
                Une fois sorti de la boutique, il repère effectivement une de ses issues, de celles qu’on ne peut ouvrir que dans un seul sens. Aussi il hésite car une fois passé cette porte, il ne pourra pas revenir en arrière. Mais bon, il est venu ici pour retrouver Random Connect donc…
                Il se retrouve dans un couloir nu, sans aucune décoration. Le sol et les murs sont en béton. Il n’y a même pas de peinture. Des cartons trainent ça et là, ainsi qu’un chariot avec du matériel et des produits d’entretien. Mais c’est autre chose qui attire son attention. Par terre, il remarque un bracelet doré. C’est le sien, le bracelet de Random Connect. Il le ramasse et le passe à son poignet. C’est bizarre mais cela lui procure une sensation agréable. Puis, un peu plus loin, il y a une tête de poupée. Mais, en réalité, c’est une tête sculptée dans du savon. C’est la tête de la femme de la boutique. Est-elle venue ici ? Spider Tank avance dans ce couloir et finit par trouver les escaliers. Il descend…
                … et se retrouve dans le parking souterrain. Il est désert. Il n’y a pas un bruit. Il n’y a personne et même quasiment aucune voiture.



                Spider Tank fait quelques pas dans le parking. Il espère trouver une sortie. Mais il ne voit aucune rampe menant à une grille ou quoi que ce soit d’autre. Par contre, de nouveau, il trouve une petite tête sculptée dans du savon.


                Au bout d’un moment, il distingue une silhouette. Un homme en costume. Un banquier ou un chef d’entreprise. Que fait-il là ? Spider Tank l’appel. L’homme se retourne. Il a le regard mauvais et serre les poings. Il avance rapidement. Il dit quelque chose mais Spider Tank ne comprend rien. L’homme lui fonce dessus et commence à le rouer de coups. Il se protège comme il peut et, bizarrement, constate qu’il ne sent pas les coups. Pour autant, ce n’est pas agréable. Il crie à l’homme d’arrêter, de se calmer. Mais les coups redoublent. L’homme se met à crier et montre les dents. Alors, Spider Tank finit par se saisir de son couteau suisse et le plante, un peu au hasard, dans la cuisse de l’homme qui se calme net. Spider Tank s’excuse et lui propose son aide pour stopper l’hémorragie. L’homme refuse, pressant sa main sur la plaie pour faire un point de compression. Spider Tank reste alors à distance et lui demande pourquoi l’avoir agressé. Cet homme se présente comme un Collectionneur d’objets « magiques ». Et il est convaincu que Spider Tank en possède un. Il le veut. Spider Tank pense au bracelet de Random Connect mais préfère parler des têtes en savon, pour détourner l’attention. Il dit à l’homme en avoir vu une dans le parking et une autre un peu plus haut. Il préfère ne pas parler de la femme. Il ne voudrait pas que cet homme s’en prenne à elle. Mais l’homme lui jette au visage de ne pas se foutre de sa gueule ! Ces têtes n’ont rien de magique. Et d’un geste du menton, il désigne le bracelet. Spider Tank lui propose de le lui laisser à condition de répondre à ses questions. L’homme accepte de mauvaise grâce.


                Spider Tank apprend ainsi que Random Connect se trouve au Cœur du centre commercial. Mais quant à savoir où il est… Que l’étudiant se débrouille. Il est tenté de ne pas honorer sa part du contrat mais se résout finalement à se séparer du bracelet. Après tout, rien ne prouve qu’il soit vraiment « magique ». Mais l’homme semble en avoir oublié sa blessure.


                Retournant à l’entrée du parking, il trouve cette fois le cadavre d’un chat ! Ecœuré, il s’en va. Mais il se retourne pour tomber nez à nez avec… un mannequin ! Il est dans un sale état mais… bouge tout seul ! Il lève les mains et tente d’étrangler Spider Tank qui, de stupeur, en lâche son couteau suisse. Le mannequin le saisit et commence à serrer tout en le secouant. Il se saisit alors de sa lampe torche et s’en sert comme d’une matraque. Le mannequin s’en moque et continue de serrer. La vison de Spider Tank se trouble. Il sent qu’il va perdre connaissance. Puis tout devient noir…


                Il se réveille dans une pièce très propre et bien rangée. Sur les étagères, il y a plein de produit d’entretien. Spider Tank n’a aucune idée de comment il est arrivé là. Il se lève et porte ses mains à son cou. Il s’examine, vérifie s’il est bien « entier » et constate que, par endroit, sa peau ou ses muscles sous sa peau ont changé de texture. Il touche et reconnait du… plastique. A divers endroits de son corps, sa chair s’est mêlée à une espèce de plastique souple. Il remarque alors qu’il peut effectuer certains mouvements qui lui seraient impossible autrement, un peu comme ses figurines dont le squelette est fait de fil de fer. On peut les tordre dans tous les sens. C’est pareil avec ses membres. Puis, il s’inquiète de son visage. Il cherche un miroir et constate que si son visage n’est pas en plastique, l’expression de son visage a quelque chose de figé. Puis, derrière lui, il voit une silhouette sortir de l’ombre.


                Il se retourne et se retrouve face à quelque chose, plutôt que quelqu’un, d’énorme. La créature fait plus de deux mètres de haut. Elle est vêtue de haillons et tout le haut de son corps et fait de plaque d’os. Un craquement se fait entendre et le monstre déploie des ailes d’insectes. D’autres craquements et une seconde paires de bras jaillit. Chacune de ses quatre mains se terminent par une poignée de griffes acérées. Sans réfléchir, Spider Tank fonce vers la porte et se met à courir dans le couloir. Il cherche l’escalier par lequel il est arrivé. Il en trouve bien un mais rien n’indique qu’il s’agisse du « bon ». Tant pis, il monte. Mais le monstre est déjà là ! En vérité, il l’attend en haut des marches. Spider Tank fait demi-tour et saute tout en bas. Evidemment, il se réceptionne mal et sent une douleur fulgurante au niveau d’une partie (encore ?) humaine de sa cheville. Le monstre descend lentement les marches et se penche. Il parle couramment anglais et explique avoir une proposition à lui faire. Spider Tank écoute. Il n’a pas trop le choix.


                Et le monstre a une mission pour lui. Il veut qu’il trouve un certain Damon Haze. Cet homme doit mourir. Le monstre, le Cœlacanthe, le tuera lui-même mais Spider Tank doit trouver un moyen de lui amener cet homme. Il le trouvera dans un endroit qu’on appelle l’Omphalos. le Cœlacanthe ne peut y pénétrer. Alors, Spider Tank doit le faire sortir. Et si Haze refuse de sortir, alors Spider Tank doit le faire rêver.

                Spider Tank est prêt à tout accepter pour sauver sa peau. Il en oublie même d’évoquer Random Connect. Ou plutôt, il choisit de ne pas parler d’elle. D’une part, il ne se sent pas du tout en position de négocier quoi que ce soit et, de plus, il ne veut que cette chose apprenne qu’elle est là et s’en prenne à elle. Après tout, s’il survit, il pourra peut-être revenir plus tard pour trouver le fameux cœur de cet endroit. Alors, il demande au Cœlacanthe où il doit conduire ce Haze, s’il parvient à le convaincre de quitter cet Omphalos. Et la Cité sans Nom s’impose dans l’esprit du monstre comme dans celui de Spider Tank. Que le jeune parle à Haze de cette Cité et il le suivra n’importe où. Il quittera l’Omphalos. Et alors, le monstre sera là, à l’attendre, à la sortie.

                En parlant de sortie, Spider Tank se demande d’ailleurs comment quitter cet endroit. Il ne sait même plus vraiment comment il est arrivé là. Le Cœlacanthe ne semble pas voir là un problème. De son point de vue, il y a plein de moyens de quitter le centre commercial. Les Forêts Limbiques, le plan Astral, le Rêve… le Cauchemar. Par où Spider Tank veut-il passer ?

                Le Cauchemar, non ! Même pas en Rêve, justement. Et un Rêve, ça peut vite devenir un cauchemar. Le plan Astral, c’est bien ce truc où l’esprit quitte le corps, non ? Or, il ne veut pas regagner Londres qu’en esprit. Quoi que, avec ce nouveau corps moitié en plastique, ce serait peut-être aussi bien. Et si… et s’il tentait de prendre contact avec ce Haze en esprit justement ? Et si c’était moins… dangereux. Va pour le plan Astral ! Si des plaques d’os le pouvaient, Spider Tank jurerait que le Cœlacanthe sourit.

                Qu’est-ce que cet endroit ?! Spider Tank a l’impression de se réveiller en sursaut avec les pieds dans… la boue. Il n’est plus dans le centre commercial mais en plein milieu d’une sorte de marécage. Si c’est ça le plan Astral, il en avait une vision plus… éthérée, onirique. Mais il n’a pas l’opportunité de se concentrer sur ces pensées car son cerveau est littéralement agressé par des hurlements portés par le vent. Il plaque ses mains sur ses oreilles et constate au passage, avec déception, qu’elles sont toujours à moitié en plastique. Il avance ainsi dans la boue puis les hurlements baissent en intensité. Il se rend alors compte qu’il avait fermé les yeux et, quand il les ouvre, constate que le décor a changé. Plus de boue mais de l’herbe d’un vert éclatant. Plus de hurlement mais le bruit de chutes d’eau, gigantesques et magnifiques. Il reste là, un moment, à contemple ce paysage merveilleux plus conforme à sa vision du plan Astral. Mais, il doit reprendre sa route.

                Au fur et à mesure qu’il avance, tout devient noir. Quand il n’y a plus que les ténèbres, il entend alors un petit bruit métallique. Guidé par ce bruit, il se met à quatre pattes et, à force de tâtonner, trouve ce qui ressemble à une bague. Il l’enfile puis, toujours à quatre pattes, reprend sa route. Peu à peu, la lumière revient. Et, alors que ce qui l’entoure redevient visible, Spider Tank voit une paire d’yeux s’estomper. Manifestement, on l’observait dans le noir. Puis, soudain, les hurlements se font de nouveau entendre. Le volume est tel que c’est insupportable. Spider Tank tente de se relever mais retombe immédiatement. Il tente de marcher, de quitter cet endroit mais il ne peut que ramper.

                Son regard finit par se poser sur une paire de pieds. Il lève péniblement la tête vers un homme. Est-ce Haze ? Son regard est dur. L’homme crispe la mâchoire et une nouvelle vague de hurlement se déchaine directement dans le cerveau de Spider Tank qui sent ses forces le quitter. Alors, il appelle à l’aide. N’importe qui, n’importe quoi, pourvu qu’on le sorte de là. Mais personne ne répond et peu à peu, il se vide de ses forces…


                Stokes « sent » cette présence en lui. Elle ne fait rien, elle ne bouge pas mais elle est là. Il « la » sent. Il n’en a parlé à personne, même pas à Haze, forcément… Ce dernier est sorti du coma. Ses jours ne sont plus en danger mais il est toujours inconscient. Va-t-il devoir retourner une fois de plus dans le Rêve pour le ramener ? Mais pour ça, il faut dormir. Et dormir signifie de nouveau cauchemarder, se réveiller paralysé et la proie de ces « choses », ces Cœlacanthes. Le cauchemar est leur domaine, en tant que Dreamr, il a eu l’occasion d’en acquérir la certitude. Pourtant, s’il veut réveiller Haze, il va devoir y retourner. Ou alors, il peut tenter de trouver un autre accès à Haze, non par le cauchemar mais peut-être, plutôt, par le plan Astral.

                Ainsi, « Eagle » Stokes rassemble son courage et plonge dans cette partie du plan Astral connue sous le nom de Hall Violet. Mais à peine arrivé, il est secoué par une vague d’énergie souillée émanant… d’un Cœlacanthe. Mais ici, dans le Hall Violet, Stokes n’est pas paralysé. Alors, il se concentre et tente de faire rayonner les parois améthystes qui les entourent, espérant que cette lumière chassera cette ombre qu’est le Horlacanthe. Et le monstre montre effectivement quelques signes de faiblesse. Toutefois, Stokes remarque aussi que la paroi cristalline s’est fendillée. Et la fissure grandit alors même que Stokes tente de réitérer son attaque. Il le sait, le Cœlacanthe a compris et cette attaque ne fonctionnera pas une deuxième fois. Pire que ça, le monstre accélère la propagation de cette fissure. Stokes comprend qu’il va faire exploser le Hall Violet et ainsi l’expulser du plan Astral. Mais Stokes ne peut s’y résoudre. Alors, il invoque son animal totem et se transforme en Aigle. Il prend son envol et fonce vers une autre partie du plan Astral, ne sachant pas s’il souhaite que le Horla le suive ou non.

                « Eagle » se pose au milieu du Sanctuaire Hurlant. Et, juste derrière lui, le Cœlacanthe en fait autant, repliant ses ailes insectoïdes sous ses plaques d’os dorsales. Stokes sait combien de tels hurlements peuvent perturber un Dreamr. Mais il peut aussi les utiliser. Alors, il fait se lever un vent qui projette tous ces cris en direction du monstre. Et pendant ce temps, il appelle Lazar à la rescousse. Stokes pense qu’on lui a tendu un piège pour qu’il ne puisse pas trouver Haze. Alors, il espère retenir le Cœlacanthe assez longtemps pour que Lazar le trouve.

                Mais, Stokes reconnait parmi tous ces cris la voix de Haze. Sauf qu’elle vient de… l’intérieur ! Est-ce le « double » qu’il a ramené de sa précédente incursion dans le Rêve qui s’adresse à lui ? En réalité, alors que son regard croise celui du Horlacanthe qui lui fait face, il a un doute. C’est un peu, se dit-il, comme si le Horla ET le double avaient quelque chose à lui dire.

                Haze a un destin. Quelque chose doit -être accompli. Le Horla DOIT le trouver et l’ASSIMILER ! Il s’est passé quelque chose que Stokes ne peut pas comprendre. Pas pour l’instant. Il comprendra, peut-être, plus tard. Mais, pour l’instant, il doit abandonner l’idée de réveiller Haze. Il va se passer quelque chose. Il DOIT se passer quelque chose. Mais pour l’heure, Stokes est ici pour une autre raison. Il doit rappeler Lazar… et se battre !

                Stokes ne peut pas faire confiance au Horla, ni même à cette vois intérieure. Pourtant, ce Cœlacanthe semble… différent. Et si ? Alors, il rappelle Lazar et le projette contre le monstre. Le Vestige est déchainé et sa furie spectrale contraint son adversaire à tomber à genoux. Alors, Stokes en profite pour changer les hurlements en torrent de lave en fusion qui recouvre le monstre. Celui disparait sous une gangue de pierre alors que la lave se solidifie. Il s’approche et a l’impression que le monstre statufié lui sourit. Puis, il sent une « présence ». Il entend une voix :

                «  Alors, tu as le contrôle, maintenant ! »

                Il se retourne mais ne voit rien. La voix reprend :

                « Bien. Je t’ai observé. Tu as la promesse. »

                Et la silhouette d’une femme d’une grande beauté émerge de l’ombre dont elle est revêtue. La couleur de sa peau change en permanence. Blanc, jaune, noir… est-ce Oba ?

                « Tu peux m’appeler Mara », dit-elle en souriant, exhibant des dents semblables à celles d’un serpent.

                Puis, elle explique l’avoir repéré dans l’ombre, lui qui brillerait tel un phare dans l’ombre, attirant ceux qu’elle appelle les « papillons de nuit ». Parle-t-elle des Cœlacanthes ? Quand il lui demande ce qu’elle attend de lui, elle lui renvoit sa propre question, rappelant au passage qu’elle le considère comme une sorte de phare, de balise dans la nuit. Et Stokes comprend que cette Mara a quelque chose à lui proposer. Une alliance ? C’est presque inespéré ! Cette Mara est-elle au fait des plans d’Oba et Shub-Niggurath ? Est-ce sa façon à elle de proposer son aide ? Elle sourit à l’évocation de cette idée, exhibant de nouveau ses dents de serpents. Non, elle a ses propres plans. Mais, en attendant, elle aidera Stokes à combattre Oba et la Chèvre Noire. Alors… Il accepte. Il a déjà en lui le « double maléfique » de Haze. Il a obéit à ce Cœlacanthe lui enjoignant de ne pas chercher à réveiller son ami. Stokes se dit qu’il n’est plus à ça près. Le Cœlacanthe semblait lui aussi avoir ses propres plans et Stokes se surprend à penser qu’ils ne sont peut-être pas si éloignés des siens. Alors oui, il accepte l’offre de Mara et… advienne que pourra !


                « Eagle » a besoin de faire le point. Depuis qu’il a rencontré Haze, les évènements se sont enchainés très vite, trop vite ! et tout est parti dans tous les sens. Alors ? Le plus important, ce qu’il ne faut pas perdre de vue : Oba, une déité liée à la notion de Cycle, a manipulé plusieurs groupes sectaires afin, justement, de lancer un nouveau Cycle. Or, comme la compris Haze, lancer un nouveau Cycle suppose la fin du précédent. Ainsi, Oba entend simplement terminer avec le onde tel que nous le connaissons pour en créer un nouveau. Mais, derrière elle, c’est en réalité Shub-Niggurath qui, de puis son domaine-avatar de Millevaux, tire les ficelles. Toutefois, il semble que la Chèvre Noire ne puisse pas, ou difficilement, intervenir directement dans notre monde. Aussi, elle envoit ses Horlas dans le Rêve et, dans le monde de l’Eveil, elle officie par l’intermédiaire d’Oba. Haze et Stokes ont mis la main sur un rituel qui permet d’invoquer Oba et de la « contenir » dans la prison mystique qu’Haze possède ans son sanctuaire à l’Omphalos. Conscient qu’il ne possède pas le degré de maîtrise nécessaire à la réussite d’un tel rituel, Haze s’est d’abord adjoint le soutien du Vestige Lazar. Et, avec Stokes, ils ont trouvé un rituel permettant de « fusionner » avec l’ange Elamiah. Stokes vient également de pactiser avec l’Egrégore Mara, dont les objectifs restent toutefois obscurs. Mais, ce qui leur manque vraiment pour que leur plan aboutisse, c’est le Vrill ! Ils vont avoir besoin d’une quantité astronomique de Vrill. Or, la Rose du Désert de Haze ne peut en contenir autant et acheter du Vrill ou créer un Vas suffisant important prendrait beaucoup trop de temps. Ils ont bien essayer d’obtenir de l’aide auprès des divers Ordres mais, bien qu’ils semblent conscient de la menace, ils sont en réalité tous trop préoccupés par des considérations politiques pour vraiment prendre la mesure des évènements et se concentrer sur Oba et Shub-Niggurath. Et pourtant, l’influence de la Chèvre Noire sur notre monde progresse. Ses Cœlacanthes sont partout dans le Rêve et Stokes les a même retrouvés dans le plan Astral.

                Alors, où trouver la quantité de Vrill nécessaire alors même que Haze est toujours inconscient et que toutes les tentatives de Stokes pour le réveiller se sont soldées par des échecs, notamment à cause des Cœlacanthes. Et la réponse vient du « double » de Haze justement, celui avec qui Stokes a fusionné lors d’une de ses tentatives justement. En fait, « ce » Haze explique qu’il n’est pas LE double. Il est UN double parmi tant d’autres. Il y a eu beaucoup d’autres Haze avant celui que Stokes connait. Et parmi ces Haze, il y a eu une Mouche. Or, les Mouches ont conscience que tout ceci n’est qu’un jeu. Elles savent n’être que l’avatar d’un être qui est « derrière ». Elles l’oublient car c’est le seul moyen qu’elles ont d’être véritablement Mouches et ainsi profiter de leurs pouvoirs. Mais, il y a quelqu’un derrière. Et ce quelqu’un sait où trouver du Vrill en grande quantité. Qu’on l’appelle Vrill, Egrégore, Pétrol’Magie ou tout simplement Mana, il vient d’apprendre l’existence d’un monde où tout est magie. Alors, il ne lui suffit que d’intervertir deux lettres de son prénom pour devenir Demian.

                Et ce soir, Demian fait face à son propre double. Il est assis devant un feu de camp et il attend. La Magicienne finit par arriver. Elle porte toujours son vieux manteau en cuir rapiécé et sa toque en fourrure de loup. Ils se connaissent. Aussi, elle lui épargne le couplet sur les Noix à chercher, sur les Cœlacanthes etc. Elle lui tend une bourse en cuir. Les Noix et les Billes sont à l’intérieur. Demian ne saura combien il y en a que quand il sera arrivé à Nova Commenwealth. Une fois-là, ce sera à lui de se débrouiller pour trouver le Vrill dont Stokes et Haze ont besoin. Et ce sera aussi à lui de se débrouiller pour rentrer.

                Et Demian gobe une Noix. Il mâche, les yeux fermés et, quand il les ouvre, il est citoyen de Nova Commonwealth. Il est Collecteur de Mana, sous quelque forme que ce soit, incluant l’Egrégore, le Pétrol’Magie, tout ! Est-ce l’influence de Mara et de ses dents de serpents, il regarde ses mains, puis son visage et se découvre des traits vaguement serpentins. Par endroit, sa peau est couverte de fines écailles aux reflets nacrés. Ses doigts, a-t-il l’impression, sont plus long et plus fin. Lui-même, se trouve plus long et plus fin. Il est toujours humain, assurément mais… Il y a quelque chose de « reptilien » chez lui. Comme chez Mara ? Pas seulement. Demian est le Joueur. Contrairement à Stokes, il connait les secrets d’Emilio et son appartenance aux Illuminatis. Il sait aussi que cette société secrète est allié aux Reptiliens justement. Et de plus, mais Emilio l’ignore, ces Reptiliens sont de lointain cousins des antiques Hommes-Serpents. Et ces derniers ne sont-ils pas connus pour la qualités de leurs expériences qu’on pourrait qualifier d’alchimique ? Aussi, est-ce vraiment un hasard si les Illuminatis ont demandé à Emilio d’infiltrer l’Omphalos par le biais des Kadmonites ? Pour autant, Demian ne s’est pas fait alchimiste. Ici, il est avant tout Invocateur. Grâce aux Billes et au Noix qui lui a donné la Magicienne, il peut utiliser la Mana ambiante pour créer des objets magiques possédant des pouvoirs angéliques et démoniaques. Il peut également invoquer un démon à son service. Enfin, il peut ouvrir des portails vers d’autres mondes, le plan Astral et le Rêve.

                Demian observe les jardins flottant de Nova Commonwealth. Il tente de voir ce qu’il y a derrière ces portails cristallins dont certains s’ouvrent sur le Rêve et d’autres sur le Cauchemar. Il sait que derrière ces murs monumentaux des mages reçoivent les leçons de leurs ainés. Il est tentant de visiter cet endroit. Mais son regard se porte au loin, à l’extérieur de la cité. Là, juste derrière cette porte cyclopéenne, s’étend le désert. Une cité dans le désert… Demian pense à la Cité sans Nom mais… cette cité a un nom. Et ce nom est Nova Commonwealth ! Il respire un grand coup et fait un premier pas. Il laisse la Cité avec un Nom derrière et avance d’un pas décidé sans se retourner. Au loin, au milieu de ce désert de sable et de rocaille, s’élève le Titan Millevaux, avatar et domaine de la Chèvre Noire. C’est là qu’il doit se rendre. Là, il trouvera tout le Vrill-Egrégore dont il a besoin.


                Et Demian se rend compte qu’il est à pied ! Il ne peut se résoudre à traverser le désert ainsi. Il sera mort, si ce n’est de faim ou de soif, tout simplement d’ennui ! Et surtout, se pose la question du temps. Il n’a pas de temps à perdre. Alors, il cherche autour de lui une source d’énergie qui lui permettrait d’invoquer une créature (un démon ?) qui lui servirait de moyen de transport. En vérité, la nature de la Mana qu’il trouvera décidera de la créature qu’il pourra convoquer.

                Demian réfléchit. La Mana peut être partout dans ce monde, mais où la trouvera-t-il sous la forme qui lui conviendra le mieux. Evidemment, il pourrait utiliser une des Billes ou des Noix qui lui a donné la Magicienne mais il préfère les garder pour un autre type de magie. Non, là, dans ce désert de sable et de rocailles, la Mana lui apparait sous la forme d’un geyser de Vrill. Demian était sûr qu’il n’y avait rien à cet endroit quelques instants plus tôt mais… The Great Basin est Le lieu magique par excellence. Alors, il ne se pose pas de question. Ce Vrill pourrait servir à Haze et Stokes mais leur rituel d’invocation d’Oba sera d’autant plus puissant qu’alimenté en Egrégore, la Mana dans laquelle baigne Millevaux. Alors, il se contente de prendre ce dont il a besoin pour invoquer le démon Haagenti qui apparait sous la forme d’un taureau géant muni d’ailes de griffon. Demian peut forcer le démon à apparaitre. Pour autant, il ne peut le forcer à obéir. Haagenti n’est pas vraiment ravi d’avoir été dérangé et appelé ici de force. Demian voit ses vêtements rougir alors que, sous l’influence du démon, il se met à transpirer du sang. Mais, cela ne suffira pas et Demian s’impose en l’étranglant avec le lierre qu’il vient de faire pousser. Haagenti étouffe et finit par céder. Il conduira Demian à travers le désert.

                Ils volent à haute altitude et, tout en bas, Demian observe une caravane. Il s’agit vraisemblablement de représentant du Soulpact. Comme lui, ces explorateurs se sont spécialisés dans l’invocation de démons, à la différence près qu’ils vont les chercher directement dans leurs dimensions d’origine. Ils ne sont pas nombreux mais peuvent toutefois poser des problèmes. Demian espère que leur présence n’est due qu’à une simple coïncidence et qu’ils ne lui tomberont pas dessus au pire moment. Au cas où, il préfère mettre un peu de distance et demande à Haagenti de faire un léger détour, ne serait-ce que pour s’assurer qu’ils seront hors de vue de la caravane.

                Haagenti vole vite et le Titan Millevaux se révèle dans toute sa démesure. Demian cherche le meilleur endroit où se poser sur ce monstre qui est autant le domaine que l’avatar de la Chèvre Noire. Mais, tel un organisme vivant, la forêt de Millevaux réagit à sa présence en lui envoyant quelques « anticorps » sous la forme de Horlacanthes volant. La vue de ces monstres lui donne une idée. C’est dangereux mais les règles du Great Basin lui confèrent tout de même quelques avantages, dont celui d’être moins mortel que dans la plupart de ses autres incarnations. Aussi, si ces Horlacanthes lui bloquent l’accès à Millevaux, il passera par le cauchemar ; celui-là même contre lequel la Magicienne l’avait mis en garde lors de leur toute première rencontre.

                Et il se retrouve dans cette maison hantée qu’il connait par l’intermédiaire de Stokes. Les lieux semblent déserts, mais Demian sait que les fantômes sont là, à l’affut. Il y a un cadavre au sol. C’est le double maléfique de Haze. Mais, s’il est là, quel est ce soi-disant double qui a élu domicile à l’intérieur de Stokes ? Qui lui parle ? Encore un autre double ? Le Haze d’un autre monde, d’un autre jeu ? Mais ce n’est pas le moment de se poser ce genre de question. Demian doit maintenant quitter ce cauchemar des Cœlacanthes pour se retrouver, pour de bon cette fois, dans la forêt de Millevaux. Et il arrive dans une pièce dont le sol est recouvert d’ossements sanguinolent. Au milieu, se dresse un autre Haze, au sourire de psychopathe, qui lui saute dessus. Demian ne peut accepter qu’un de ses personnages s’en prenne à lui. Alors, il gobe la totalité des Billes et Noix qui lui a donné la Magicienne et ce Haze disparait. Non, plus que ça ! Il n’a jamais existé. Jamais aucun Haze n’a été du « mauvais » côté et cela vaut pour ce double soi-disant maléfique qui « possède » Stokes. Il en sera selon la volonté de Demian mais… il n’a plus de Bille ni de Noix et…


                … et Demian se retrouve dans un hangar sombre. Par une petite fenêtre tout en longueur au niveau du plafond, il voit se déverser une lumière éclatante. Dehors, il fait jour. Mais dedans… Des étagères en métal courent le long des murs. Il y a des cartons abimés et recouvert de poussière. Il y a des cartons au sol aussi. Et un d’entre eux… se déplace. Non, pour être plus précis, il suit Demian. Il fouille alors dans ses poches et n’y trouve qu’une pièce de monnaie et une paire de jumelles. Quelque chose bouge dans un coin. Un chat noir vient se glisser entre ses jambes. Et la boite se rapproche…

                Demian cherche une sortie. Evidemment, il n’en voit pas. Et cette petite fenêtre est trop haute. Il faudrait qu’il déplace des étagères et des cartons pour l’atteindre. Et encore, ce n’est pas sûr qu’elle soit assez large pour qu’il puisse passer. Et surtout, est-ce que ce qu’il y a dans cette boite lui laissera e temps d’empiler des cartons ? Mais bon, il doit quand même essayer.

                Pour l’instant, tout va bien. Il se livre à ses petites manœuvres. La boite bouge, lui tourne autour mais c’est tout. C’est un peu ridicule mais il jette la pièce à l’autre bout du hangar et constate que la boite esquisse un mouvement dans cette direction. Ce n’est pas l’information du siècle mais c’est toujours bon de savoir que ce truc réagit. Mais la boite, et ce qu’il y a dedans, ne se laisse pas avoir pour autant et revient à la charge. A la charge, au sens propre. Elle fonce sur Demian et le projette au sol. Il se relève et, de rage, lui jette la paire de jumelle dessus, l’obligeant ainsi à reculer. Mais la boite attaque de nouveau. Demian fait un bond de côté. Il s’empare du chat au passage et, sans même prendre le temps d’y jeter un œil, balance le félin dans la boite qu’il referme aussi sec ! Et ça s’agite dur là-dedans ! Demian a de la peine pour la pauvre bête mais… Pourvu que ce chat tienne assez longtemps.

                Demian finit par atteindre la fenêtre. Il pourrait passer mais elle est coincée et… ce qu’il y a dans la boite vient d’en finir avec le chat. L’animal est recraché et est suivi par une espèce de gros œuf fait d’une matière souple et rougeâtre qui change légèrement de forme au fil de ses tremblements. La chose étire un pseudopode dans la direction de Demian. Le tentacule se termine par un révolver. Mauvais Karma, headshot !

                Demian reprend connaissance dans un arbre. Il est vautré dans les plus hautes branches. Il n’a aucune idée de comment il a atterri là. Il se redresse comme il peut. Il regarde en bas et constate qu’il est à au moins 10 mètres du sol. A peu près stabilisé, il constate qu’il n’a évidemment plus ni jumelles, ni pèces de monnaie. Et encore moins de chat ! En tout cas, il est dans une forêt. Il a donc finalement atteint Millevaux. Il se saisit de la bourse de la Magicienne et celle-ci n’est plus vide. Elle n’est pas aussi remplie que lorsqu’il est arrivé mais presque. Il espère que ça suffira. Maintenant, il doit trouver un moyen de descendre puis de trouver l’Egrégore dont Haze et Stokes ont besoin.

                Demian constate que même à Millevaux il conserve ses traits serpentins qu’il s’était découvert à Nova Commonwealth. Il se découvre alors une nouvelle souplesse qui lui permet de regagner le sol sans se blesser. Et maintenant, une source d’Egrégore !

                Quelque chose ne va pas. Millevaux est saturé d’Egrégore et pourtant, bien que son sens thaumaturgique soit en alerte, Demian ne capte pas la source dont il a besoin. Quelque chose doit faire obstacle. Mais quoi ? Il se concentre. Il a besoin d’un détecteur. Mais qu’est-ce qui pourrait faire l’affaire ici. Il n’a pas sous la main de quoi fabriquer un détecteur ou une sorte de radar. Par contre, il peut trouver l’équivalent d’une baguette de sourcier. Alors qu’il cherche, il sent une présence dans les bois. Quelque chose, un Horla ?, l’observe. Pourtant, quoi que ce soit, cela reste à distance. Demian finit par trouver la baguette dont il a besoin et constate qu’elle lui indique une direction. La créature dans les bois ne se manifeste pas. Pas la peine d’attendre.

                La baguette le mène jusqu’à un plan d’eau. Au milieu s’élève un rosier. Et, pris dans les épines du rosier, le cadavre d’une vieille femme recouvert d’inscriptions. D’après la baguette, là est la source. S’agit-il de cette femme ou du rosier ? Ou même de ce plan d’eau ? Rassemblant ses talents de Magicien, Demian commence par examiner l’eau. Mais, il en est certain, cette eau n’est pas la source d’Egrégore. Il ne lui reste donc que la femme morte ou les fleurs vivantes.

                A l’aide d’une branche, il tâte le fond de l’étang et constate qu’il est trop profond pour qu’il puisse atteindre le rosier à pied. Mais, parmi ces arts mystiques, il compte la capacité de créer des objets magiques à partir de rien ou presque. Alors, à l’aide de branche et de feuilles, il se fabrique ce qui ressemble bien à un balais de sorcière. Il s’envole ainsi au-dessus du lac. Mais, quelque chose jaillit soudain ! Un humanoïde de plus de 20 mètres de haut, consitué de boue, de vase et de végétaux en décomposition. Demian reconnait ce type de Horla. Il s’agit d’un Tuytu, aussi appelé Malevase. Le Horla est gigantesque et continue de grandir. Et il a faim !

                Demian réagit au quart de tour et convoque un démon de Belial, Prince-Démon du Feu ! Il lui ordonne d’incendier la zone. Mais son 6ème sens lui indique que l’issue est des plus incertaines. Non seulement le démon n’est pas assez puissant pour réellement menacer le Tuytu mais, en plus, il pourrait endommager la source d’Egrégore. Alors, il lui demande seulement de détourner l’attention du Horla, le temps de déterminer la véritable nature de la source et de s’en emparer.

                Ayant la phobie de mourir noyé, Demian rechigne à atteindre le rosier et le corps à la nage. Dans le ciel, le démon tournoie autour du Horla. Il le harcèle mais ne parvient pas à en venir à bout. Alors, il tente autre chose et use de sa magie pour créer un « pont magique » qui lui permettra de déjouer les attaques du Horla et d’atteindre le rosier. Là, il applique la baguette de sourcier tour à tour sur le cadavre et les fleurs. Et ce sont bien ces dernières qui constituent la source d’Egrégore. Demian se débarrasse du corps de la vielle femme qu’il fait basculer dans l’eau. Et maintenant, sans se soucier du sort du démon, il entreprend de regagner Londres et l’Omphalos en passant par le plan Astral.

                Le décor s’altère légèrement. De la forêt de Millevaux, Demian se retrouve dans cette partie du plan Astral appelé la Forêt Pale. Mais le retour ne sera pas aisé. Est-ce parce qu’elle sent la marque de Millevaux sur Demian, la forêt Pale répond par une morsure psychique qui lui arrache un cri de douleur. Mais Demian se ressaisit et poursuit sa route. Il doit rentrer à Londres !


                La Forêt Pale, et s’il s’agissait d’une portion des Forêts Limbiques. Après tout, tout est noir & blanc ici. Demian regarde autour de lui et constate que sa vision a mis quelques instants à s’« ajuster ». Oui, c’est bien cela. Il est bien dans ce « négatif » de Millevaux que sont les Forêts Limbiques, les Forets Pales dans le jargon de l’Omphalos. Maintenant, il doit trouver une sortie donnant sur Londres et faire attention à ne pas se retrouver dans le domaine de quelques déités-Horlas.

                Demian se met donc à marcher et s’arrête face à un rivage. En tant que mage issu de Nova Commonwealth, il ne craint que la mort par noyade. Aussi, est-ce vraiment un hasard si ses pas le mènent précisément face à cette étendue d’eau ? Et de cette vaste étendue d’eau, Demian n’ose penser qu’il s’agit d’une mer, surgit une sphère huileuse dont la surface est agitée de légers tremblements. Elle lui rappelle cette chose ovoïde qui lui a tiré une balle dans la tête dans le hangar. La chose fait claquer un tentacule dans sa direction et il sent que tout l’Egrégore qu’il a rapporté est en train de s’échapper, aspiré par cette sphère. Non ! Il a trop besoin de cet Egrégore ! Il ne laissera pas la Chèvre Noire récupérer ce que, finalement, il lui a volé. Alors, il use de sa magie pour créer un sorte de canal aérien qui, tournant sur lui-même, aspire l’Egrégore pour le récupérer. La sphère se défend et fouette Demian de ses pseudopodes mais Demian tient bon. Ce n’est que lorsqu’il a récupéré tout l’Egrégore qu’il quitte ce rivage en courant, se disant que la mer est définitivement son ennemi.

                Quand il s’arrête de courir, il est dans un vieux cimetière. Les tombes, la plupart en ruine, brisées, sont recouvertes de racines et de mousses. La nuit est grasse et le silence absolu. Demian ressent alors une intense soif. Son besoin d’eau lui rappelle cette mer qui le tuerait si elle le pouvait. Il a soif mais, pourtant, se refuse à l’étancher, de peur que l’eau l’étouffe. Mais, soudain, un bruit rompt le silence. Quelque chose sort de terre. Non ! Quelqu’un. Demian reconnait cette silhouette. C’est… lui… dans quelques années. Ce double « vieilli » porte les stigmates de la noyade. Le Vieux-Demian-Noyé se tourne vers Demian et parait tout aussi surpris que lui de cette rencontre. Il tente de lui parler mais aucun son intelligible ne sort, uniquement quelques gargouillis, comme si ça gorge était encombrée, comme s’il était en train d’avaler de travers, de… boire la tasse. Puis, il disparait ! Pour réapparaitre un peu plus loin, de dos. Il se retourne et court vers Demian. Il le saisit par les épaules et lui murmure quelques choses à l’oreille : « … dissimule son apparence sous un déguisement… » et disparait de nouveau. De qui parle-t-il ? Qui se cache sous un déguisement ?

                Demian quitte le cimetière. Le temps file. Le soleil se lève. Une tempête aussi. Il trouve refuge dans une caverne. Il croit être à l’abri. Erreur. Cette grotte est l’antre d’une gargouille et elle a faim. Que faire contre ce Horla de pierre ? Demian ne veut pas user de la force brute. Il se rappelle du jeu auquel jouent les enfants : Pierre-Papier-Ciseaux. Le papier bat la pierre. Alors, à partir des feuilles d’arbres jonchant le sol, il entend créer un golem de feuille qui recouvrira la gargouille. Et Demian éclate de rire en voyant le monstre littéralement imploser, compresser par le golem de feuille qui le recouvre. Quand le golem se retire, il ne reste qu’un tas de cailloux. Dehors, la tempête vient de cesser. Et Demian se dit que la pluie, qu’il déteste, c’est de l’eau, comme la mer… la mer qui le tuerait si elle le pouvait ou plutôt dès qu’elle le pourra. Et si l’eau était son ennemi ? Pourquoi ?

                Demian marche jusqu’à la nuit noire. Là, arrivant dans les ruines d’un moulin, un vent froid se lève. Il sent alors la présence de nombreux Vestiges. Ces esprits des morts le frôlent mais, semblent-ils, n’ont pas conscience de sa présence. Peut-il attirer l’attention de l’un d’entre eux ? On dirait que non mais peut-être qu’il peut recourir aux services d’un « interprète ». Ainsi, il invoque un démon de Bifrons, Prince-Démon des Morts qui saura peut-être leur parler. Ce démon est d’une laideur abominable. Et ses ailes de chauve-souris déchirées n’arrangent rien. Mais le véritable problème est qu’il n’arrive pas seul. Autour de lui apparaissent quatre cadavres qui, à peine arrivés, explosent, répandant leurs chairs et leur sang pourris dans toutes les directions, faisant fuir certains des Vestiges. Malgré cela, ou peut-être grâce à cette manœuvre d’intimidation, le démon se voit indiquer la direction d’un arbre creux qui devrait ramener Demian à Londres.

                Suivant les conseils du Vestige, il marche jusqu’à une clairière au centre de laquelle se dresse, non pas un arbre creux, mais une espèce d’aberration organique d’une hauteur d’environ deux mètres. En fait, en l’observant mieux, Demian se rend compte qu’il s’agit d’un cœur en train de battre. Mais de qui ou de quoi est-ce le cœur ? Dans le doute, il préfère le contourner et poursuivre sa route.

                Le voila maintenant au pied d’une montagne. Il n’envisage pas une minute de la gravir. Il commence à en faire le tour et tombe sur l’entrée d’une grotte. Mais, à ce moment-là, quelque chose le heurte violement et le fait tomber. Un chien ! Mort ! Demian n’a pas de temps à perdre. Il gobe une des Billes de la Magicienne et ordonne au chien-zombie de s’en aller. Celui-ci, bon chien, obéit.

                Demian continue de contourner la montagne. Il aime la montagne, d’habitude, surtout quand elle est loin de la mer mais, là, il ne se sent pas de la gravir. Il veut rentrer à Londres, au plus vite. Mais, au lieu d’un arbre creux, c’est une nouvelle grotte qui s’ouvre à lui. Un sentiment étrange l’envahit face à cette grotte. Il aime les cavernes. Il entre. Il fait noir mais il ne fait rien pour allumer quelque lumière que ce soit. Il se laisse guider par sa main qu’il laisse courir le long de la paroi. Dans le noir, il laisse ses pensées vagabonder. Il pense à plein de choses, à tout, à rien, l’espace d’un instant il en oublie même sa mission. Puis, au bout du tunnel, la lumière !

                Demian se retrouve de l’autre côté de la montagne. Il est toujours dans la forêt mais ce ne sont plus les Forêts Limbiques ni la Forêt Pale. C’est sa propre forêt intérieure, sa forêt mentale. D’une certaine façon, il est rentré chez lui, à l’intérieur de lui-même, dans ses propres pensées. Et dans ses pensées, il y a cet arbre creux qui va le ramener à Londres.

                Hobbes court, la quartier des Poltergeists. C’est amusant que Demian arrive à Londres ici-même. Il se demande si, parmi les Esprits hantant ces vieilles demeures décrépites, il y a certains des Vestiges qu’il a croisé dans les Forêts Limbiques. Mais pour l’heure, il réfléchit à la façon dont il va remettre l’Egrégore à Stokes. Le voir serait « étrange ». Il aurait l’impression de se voir lui-même d’une certaine manière. Demian n’est pas un personnage comme les autres. En fait, il est l’intermédiaire entre le Joueur et ses personnages. Il est l’intermédiaire entre Damien et Stokes… et Haze. Ce ne serait pas forcement bien qu’ils se rencontrent (pourquoi ?). Alors, il préfère user une dernière fois de magie pour ouvrir un Portail et déposer son « cadeau » dans le sanctuaire de Haze. Il sait, et pour cause, que Stokes le trouvera et en fera le meilleur usage possible.


Je dois trouver Haze et le tuer !

Je peux ordonner à mon myrmidon de s’en charger mais il va encore n’en faire qu’à sa tête. Alors, je m’en remets à Amansumod afin qu’il le contraigne à m’obéir, cette fois. Ainsi, j’obtiens le nom de l’hôpital où Haze a été conduit. Mais, s’il a effectué sa mission, le myrmidon a oublié d’être discret. Aussi, je vais devoir redoubler de prudence si je veux, à mon tour, remplir ma mission.

Les choses vont tout de suite mieux quand je m’en charge moi-même. Je prends l’apparence d’un médecin. Tout le monde s’y trompe. Personne ne fait attention à moi. Ainsi, ça y est ! Je suis devant la porte de la chambre de Haze. Je vais enfin pouvoir le tuer et rentrer à Milleveaux.

Il est là, inconscient. Je pose mes mains sur lui. Mais l’assimilation n’opère pas. Je demande son aide à Amansumod mais le démon est exigent. Pour me faire profiter de sa puissance, il draine un peu de la mienne. Mais, il faut que je parvienne à assimiler Haze. Alors, j’accepte.

Sous l’influence d’Amansumod, je ne suis plus moi-même. Je ne suis plus qu’une version « altérée » de la création de la Chèvre Noire. Mais, alors que j’assimile Haze, son essence, ses connaissances, ses souvenirs et sa personnalité… je cesse définitivement d’être moi-même.

Je ne suis plus un Cœlacanthe. Pour autant, je ne suis pas devenu Haze. Je suis… un hybride ?

Il me reste mes souvenirs et quelques pouvoirs de Cœlacanthes. Mais je sais aussi tout ce que sait Haze et…

Je dois empêcher tout ça !

Je dois empêcher Shub-Niggurath de tuer ce monde en l’infectant avec Millevaux. Je dois aider Stokes à empêcher Oba de servir de « Porte » à la Chèvre Noire. Je dois… protéger ce monde ?

Ce revirement qui s’impose à moi est-il la conséquence du pacte que j’ai conclu avec Amansumod ? En réalité, à part Oba, personne, pas même les autres dieux et démons, n’a intérêt à ce que Millevaux se répandent sur ce monde. Alors, l’Ermite a-t-il fait en sorte que je cesse d’être l’instrument de la Chèvre Noire ?

Peut-être ?

Ou alors, peut-être est-ce seulement la conséquence de l’assimilation de Haze ?

Ou peut-être suis-je dans ce monde depuis trop longtemps ? Trop loin de Millevaux ?

En tout cas, j’ai une nouvelle mission !

Haze n’existe plus. Il est en moi. Je ne sais pas si je peux dire qu’il est une partie de moi. Je ne sais pas s’il n’est pas plus approprié de parler d’une espèce de nous. Je ne sais pas ce que nous sommes devenus. Nous ne sommes pas une nouvelle entité avec une personnalité composite. Haze n’est plus là. Il n’est plus parmi nous. Il n’y a que moi. Une version altérée, diminuée, du Cœlacanthe originel, contaminé non par Millevaux mais par les connaissances et les souvenirs de Haze.

Peu importe au final. Je dois sauver ce monde !

Et pour commencer, je dois sortir d’ici.

Cette apparence de médecin me permet de quitter les lieux sans problème. Toutefois, c’est l’apparence de Haze qui me permettra de m’introduire dans l’Omphalos. Mais, ayant perdu une partie de mes pouvoirs de Cœlacanthe, vais-je réussir à prendre son apparence ? Je me doute qu’Amansumod attend que je le sollicite. Il m’aidera mais ce ne sera pas gratuit. Et je sens bien que, d’une certaine façon, mon temps est compté. Je dois sauver ce monde. Je peux le faire mais… Il va falloir être rapide. Je n’ai plus vraiment le droit à l’erreur.

Me transformer est difficile. Je dois encore demander son aide à l’Ermite. Il accepte mais quelque chose ne va pas. Je suis Haze mais je sais que quelqu’un qui le connait fera tout de suite la différence. C’est dans le teint de sa/ma peau, plus pale, dans mes yeux, jaunes à la pupille fendue, dans ma façon de bouger, qui ne ressemble ni à la sienne ni à la mienne. Je règle le problème des yeux avec une paire de lunette de soleil. Pour le reste, j’espère que personne ne fera attention à moi quand j’entrerai dans l’Omphalos.

Pour l’instant, personne ne fait attention à moi. Et pour cause, tout le monde ne parle que d’Ezra, visiblement une sorte de mage-psychologue, ou l’inverse. Peu m’importe. Quoi que, dans un autre contexte j’aurais peut-être recouru à ses services, pour faire le tri dans mes pensées, mes souvenirs, mes motivations…

Et arrive ce que je voulais éviter. Je suis accosté par quelqu’un qui a besoin des lumières de Haze. Manifestement cet homme le connait. Je ne sais pas qui il est. Je l’écoute et cherche dans les souvenirs de Haze une réponse à sa question. Non ! Je n’ai pas de temps pour ça. Je change de tactique et tente de prendre le contrôle des émotions de cet homme afin que ce qu’il ressente l’enjoigne à aller rapidement voir ailleurs. Et ça marche ! Soudain, l’homme se sent un peu idiot, s’excuse et s’en va aussi vite qu’il est venu.

Je suis maintenant dans le sanctuaire de Haze. C’est l’instant de vérité. Stokes est là. Alors, va-t-il se douter de quelque chose ? Je fais comme si de rien était mais Stokes est méfiant, je le sens. Je pourrais prendre le contrôle de ses émotions et le forcer à m’obéir mais pour accomplir le rituel d’invocation d’Oba, j’ai besoin de sa sincère coopération. Alors, je décide de me révéler tel que je suis en réalité.

Je ne sais pas pourquoi mais reprendre ma forme originelle de Cœlacanthe est difficile. Une fois de plus, j’ai besoin de l’aide d’Amansumod. Et je sens que la fin approche. Et Stokes le sait aussi. Il sait que je suis un Cœlacanthe. Il nous connaît. Et il sait que je ne suis pas, plus, comme les autres. Il sait que si nous devions nous battre il pourrait l’emporter. Il sait que le temps m’est compté. Mais sait-il que je suis sincère quand je déclare vouloir accomplir le rituel d’invocation d’Oba pour l’enfermer dans ma… ou plutôt dans la prison mystique de Haze ?

Stokes doit me croire. Je lui explique que je peux tenter de lui forcer la main mais que j’y perdrais encore en pouvoir et en temps. Alors, nous devons procéder à ce rituel avant que l’Ermite n’en ait fini avec moi.

Avant cela, Stokes voulait se lancer dans un rituel de fusion avec un Ange. Il pense ainsi avoir plus de chance de contrôler Oba. Je le comprends mais j’ai le sentiment qu’enfermer Oba est une priorité car si cela suffit à mettre fin aux plans de la Chèvre Noire il n’aura plus besoin de cette fusion. Et si la Chèvre Noire reste toujours une menace, il aura tout le loisir de procéder à cette fusion. Mais moi ? Est-ce que je serais toujours là ?

Alors qu’est-ce qui est le plus important ?


                Stokes est un peu perdu. Haze n’est plus. Ce Cœlacanthe dit l’avoir « assimilé ». Est-ce que cela expliquerait que Stokes ne sente plus la présence du double « maléfique » ? Le monstre qui se tient en face de lui n’en sait rien. Mais il insiste pour que nous invoquions Oba au plus vite. Le temps lui est compté, à cause du démon ( ?) qui lui vient en aide. Stokes voudrait fusionné avec l’ange Elamiah mais, d’après Haze-Coelacanthe, cela ne sera pas nécessaire si enfermer Oba dans la prison mystique suffit à stopper les plans de Shub-Niggurath. Mais, pour ce rituel, il faut une énorme quantité de Vrill. Et il se trouve que ce rosier (d’où sort-il ?) se révèle être un Vas en contenant plus que nécessaire.
                Alors, Stokes se dit qu’il faut effectivement en finir. Il ne sait pas s’il peut vraiment faire confiance à ce Horlacanthe mais ils œuvrent tous les deux à la mise en place du rituel. Mais ont-ils tout ce dont ils ont besoin ? Le Cœlacanthe, puisqu’il possède les souvenirs de Haze, sait exactement quoi et où le chercher. Evidemment, il manque quelque chose ! Haze n’a pas les bons encens, ni les bonnes bougies. Ils n’ont pas le temps d’aller en acheter. Qui peut leur en fournir « gracieusement » ? Les Kadmonites ! Haze est en plutôt bons termes avec eux et Stokes a rendu service à l’un des leurs. Et Haze a alors une… défaillance. Stokes voit bien qu’il a failli perdre l’équilibre. Il saigne du nez. Stokes lui porte secours et lit une certaine panique dans son regard. Là, il comprend que son temps est vraiment compter. Mais, quand ils arrivent chez les Kadmonites, c’est Emilio Ferguson qui les attend. L’alchimiste n’est pas surpris de les voir arriver. Non pas qu’il les attendait mais… il n’est pas surpris. Il prend le nécessaire et tous les trois retournent au sanctuaire de Haze.
                Là, en guise de préambule, Haze explique qu’Amansumod lui a pris quasiment tous ses pouvoirs de Horla. Aussi, pour ce rituel, il ne pourra compter que sur les connaissances de Haze. Mais Emilio déclare pouvoir l’aider au besoin. Et Stokes a lui aussi ses propres compétences en la matière. Il espère, au besoin, pouvoir compter sur l’Egrégore Mara et sur Lazar. En vérité, ils ne sont peut-être pas si démuni que ça.
                Et tout se déroule effectivement comme prévu. Oba se matérialise dans le cercle d’invocation. Avant de la piéger dans la prison mystique, il lui tout de même proposé de coopérer et, comme le Cœlacanthe, de changer de camp et combattre la Chèvre Noire. Ce n’est pas une surprise, elle refuse catégoriquement. Puis, alors que tout semblait bien se passer, les choses se mettent à clocher.
                Un clin d’œil et Emilio se retrouve dans un musée, en plein journée, au milieu du public qui, heureusement, ne s’inquiète pas de son apparition. Stokes, quant à lui, se retrouve dans un maison bourgeoise, une sorte d’hôtel particulier. Il entend du bruit à l’étage. Quelqu’un demande qui est là. Et Haze se retrouve dans un entrepôt abandonné.
                Oba, quant à elle, est déjà en train de s’extirper du cercle d’invocation. Pourquoi Haze a-t-il tenté de manipuler les émotions de la déité ? Il devait bien savoir qu’Amansumod ne lui avait pas laissé assez de ses pouvoirs de Horla pour que ça fonctionne. Pour autant, impossible de laisser Oba s’échapper. Alors, le Joueur décide de prendre les choses en main et Demian apparait dans le sanctuaire. Il ne veut pas jouer l’avenir du monde sur un coup de dés. Alors, il s’en remet à la magie de Nova Commonwealth. Demian sait qu’il peut ouvrir un Portail entre le cercle d’invocation et la prison mystique. Ainsi, notamment sous l’action du Vrill, il y aura un effet « aspirateur » qui contraindra Oba. Son 6ème sens lui dit que ça va passer, de justesse, mais ça va passer !
                Et Oba est aspirée vers la prison mystique. Mais, juste avant, elle a quand même le temps de lancer une ultime attaque. Elle est une déité liée à l’eau et manque de noyer Demian. Mais il ne fait finalement que boire la tasse après avoir eu une grosse frayeur. Pour l’heure, Oba est hors d’état de nuire. Maintenant, il s’agit de faire revenir Haze, Stokes et Emilio. Si tout cela ne suffit pas à stopper la Chèvre Noire, Demian, même s’il s’était promis de ne pas entrer en contact avec ces trois-là, a un plan.
                Demian doit piocher dans ses réserves mais il parvient à ouvrir de nouveaux portails afin que les trois puissent rentrer, sans avoir trop eu le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Spontanément, tous comprennent que la présence de Demian est une bonne chose et ils acceptent de l’écouter sans mots dire. La question est en fait de savoir si avoir enfermer Oba suffit à stopper « définitivement » Shub-Niggurath. Comment en être certain ? En vérité, il suffit de lui demander.
                Etant donné qu’ils possèdent encore assez de Vrill et d’Egrégore pour invoquer une divinité, Emilio propose de tenter de berner la Chèvre Noire en se faisant passer pour un de ses serviteurs. Habitué des Impostures Glorieuses, nul doute qu’Emilio soit capable d’assumer un tel rôle. Alors, tente-t-on ce coup ?
                Avant de se décider, le Joueur va se faire un café !
                Evidemment que ça se tente. Haze peut invoquer Shub-Niggurath. Et si ça devait échouer, Demian peut prendre le relais. Et, en fin de compte, si tout devait vraiment mal tourner, Demian a un plan. Il sait comment « utiliser » Emilio.
                A croire qu’en le visant de ses pouvoirs de Cœlacanthe, Amansumod a renforcé ceux de Haze. La Chèvre Noire apparait au milieu du cercle d’invocation et Emilio entre en scène. Jouant le rôle de grand prêtre, d’adorateur, il fait son « rapport » et explique comment Oba a été mise hors d’état de nuire. Alors, cela signifie-t-il l’échec de Shub-Niggurath ? Et, alors qu’il s’était promis de ne pas jouer la fin du monde sur un jet de dé, Demian est stupéfait d’entendre la Chèvre Noire… renoncer ! Shub-Niggurath, très en colère, déclare renoncer à envahir cette réalité.

                Ce monde a de la chance. Le prochain en aura-t-il autant ?

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