COZY TOWN



Alors qu’une traduction en français de « Cozy Town » est en cours, je me suis dit que ça pouvait aussi être sympa de jouer dans une ambiance moins « cozy » justement. Alors, au lieu de passer un an dans un gentil petit village, j’ai préféré passé une semaine à Silent Hill et une autre à Innsmouth !
J’ai été très light au niveau des règles. Je n’ai pas utilisé les Points Cozy et pour ce qui est des cartes, j’en ai juste pris 8 et répondu aux questions en fonction de leur valeur sans me préoccuper de savoir si le trèfle correspondait à l’automne ou au printemps. Mais peu importe après tout…
Bref, deux mini-RP solo qui me font penser que des jeux comme Cozy Town et The Quiet Year mériteraient bien des pti hacks ou en tout cas que j’y consacre plus de temps.



UNE SEMAINE A SILENT HILL



                Silent Hill… Qui sommes-nous ? Des visiteurs perdus dans le brouillard. Le brouillard de la ville mais aussi notre propre brouillard intérieur. Nous sommes perdus, dans tous les sens du terme.



                Si on devait retenir quelques endroits importants de cette ville, il y aurait l’Alchemilla Hospital évidemment. Mais aussi, le Théâtre Artaud et l’école élémentaire. Là, il se passe des choses. Et puis, il y a les bois aussi…



                A silent Hill on erre seul mais, pourtant, on est pas seul. On y croise parfois d’autres égarés. Tout le monde est tout aussi perdu. Tout le monde cherche autant à s’enfuir, à quitter cette ville qu’à comprendre ce qui l’y a mené. On erre dans le brouillard. On cherche une sortie dont on est pas vraiment sûr qu’on mérite de la trouver. On a tous quelque chose à cacher, à se reprocher, non ?

                Ainsi, il y a cette femme qui se fait appelle Regina. Elle parle trop fort. Et elle est attirée par toute source de lumière, comme un papillon. S’y brulera-t-elle les ailes ?

                Dom est un voyageur à la peau sombre. Il n’a plus que la peau sur les os et passe son temps à réciter des suites de chiffres et de nombres. Il est obsédé par les maths. Il voit une signification mathématique partout. Il compte les arbres, les fenêtres, tout. C’est un peu pénible au bout d’un moment.

                Et puis, il y a Axe, à qui il manque des doigts. Il prétend chercher son fils. Mais en fait, quand je le regarde, autant je suis sûr qu’il cherche un enfant, autant je ne pense pas qu’il s’agisse de son fils. Je ne l’aime pas. Il est louche. Il passe son temps à prendre des notes sur un carnet. Je voudrais lire ses notes.



                J’ai vu des affiches en ville. Il va y avoir, bientôt, une représentation théâtrale du Roi en Jaune. La ville est déserte. Je ne sais pas si cette représentation aura vraiment lieu. Mais la date approche. C’est dans une semaine.



                Dans le brouillard, j’aperçois une silhouette. Je m’approche et le reconnais. Je l’ai appelé l’Artiste. Mais je ne m’approche pas. Au contraire. L’Artiste est une créature difforme. Sa base est faite de chair boursouflée sur laquelle elle rampe ou quelque chose comme ça. Le haut de son corps est squelettique. Il n’a pas de main, juste deux moignons ensanglantés. Et c’est ce sang qu’il projette dans tous les sens. Sur les murs, ça ressemble à du Pollock. C’est pour ça que je l’ai appelé l’Artiste. Mais je ne veux pas en savoir plus sur lui, sur son œuvre, sur son art.

                Je ne sais pas si c’est à cause de lui mais… quelque chose dans la ville. Certaines rues ont changé. Certaines se sont même… effondrées, révélant des gouffres sans fond.



                Des gens sont arrivés en ville. Je crois qu’il s’agit de la troupe d’acteurs. Je me suis approché du théâtre. Je les ai vu décharger leur camion. Ils doivent monter le décor. Ils doivent aussi faire des tests pour les effets sonores. J’ai entendu une sirène d’alarme. C’était strident. Ça m’a collé une migraine atroce. Je suis parti en titubant. J’ai dû perdre connaissance. Je me suis réveillé à l’Hôpital. Regine était là. Je crois que ce sont ses cris qui m’ont réveillé. Elle était là, dans le couloir, s’agitant comme une folle sous l’un des luminaires. On aurait dit qu’elle tentait de l’attraper. Elle sautillait. Elle aurait pu l’atteindre mais elle s’y prenait mal. Ou elle faisait exprès d’échouer… Je me suis levé et je suis parti.



                Je fais quelque pas dehors et reconnais la silhouette de l’Artiste. Je vais pour faire un détour mais il m’a repéré et me prend en chasse. Heureusement, je cours plus vite que lui. J’entends ces mugissements, je sens sa… frustration. Avait-il quelques projets artistiques me concernant ?

                J’émerge du brouillard et le regrette aussitôt. Les murs ne sont plus de béton mais de tôles rouillées et dégoulinantes d’une humidité rougeâtre. Sous mes pieds, le sol est fait lui aussi de plaque d’acier rivetées les unes aux autres. Dessous, j’entends des martellements. Je veux me réfugier quelque part, mais où ?



                Je me suis de nouveau plongé dans le brouillard pour en ressortir dans la ville abandonnée que je crois connaitre. Une vieille femme m’appelé, par mon nom. Comment me connait-elle ? Elle dit s’appeler Dahlia. Je lui demande si elle me connait. Elle dit que oui mais que… Non, nous ne nous connaissons pas. Mais elle affirme pourtant me connaitre. Elle me parle du théâtre, de la pièce qui va être jouée. Elle dit que je dois absolument la voir. Elle me saisit par les épaules et me secoue. Elle ne me fait pas mal mais elle me fait peur. Je la force à me lâcher et m’enfonce dans le brouillard.



                Je croise à nouveau le chemin de Dahlia. Elle est là, juchée sur une espèce de piédestal à haranguer une foule imaginaire. Elle parle d’une élection à avenir. Elle me montre du doigt. Je veux la tuer. Mais je pars. Je m’enfuis.

                Mes pas me mène jusqu’à l’école élémentaire. J’entre. Il n’y a pas un bruit ou presque. J’erre dans les couloirs et je finis par tomber sur Axe. Je lui souris. Il me sourit également mais je n’aime pas du tout son sourire. Je lui demande s’il a trouvé son fils. Il me dit que oui et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je n’aime pas son sourire. Je veux partir mais je n’ose pas lui tourner le dos.



                Dans un bar désert, je croise la route de Cole. Il est serveur dans un bar. Pas celui-là, dans un bar de la ville où il habite. Je lui demande ce qu’il fait ici. Il dit qu’il a été convoqué par le juge. Il doit témoigner dans une affaire d’agression qui a eu lieu dans le bar où il travaille. Pourquoi être convoqué à Silent Hill ? Il hausse les épaules et s’en va.



                Je tourne et je vire dans Silent Hill. Je perds et trouve mon chemin en fonction des nappes de brouillards et des gouffres qui m’oblige à revoir mon itinéraire en permanence. Mais de toutes façons, je n’ai pas vraiment d’endroit où aller. Et je me retrouve, de nouveau, à l’hôpital. De loin, je reconnais les couinements de Regine. Mais il y a autre chose. J’entends soudain des cris. Je m’approche et retrouve Cole sur un brancard, baignant dans son sang. Il est sous le choc. Il ne peut rien faire à part hurler. Sa cage thoracique est complétement défoncée. On voit les côtes. On voit même ses organes. Il y a du sang partout. Et je ne suis pas médecin. Je ne peux rien faire. Alors, je ne fais rien et je le regarde rendre son dernier souffle… en hurlant.



                C’est la Grande Première. Je ne voulais pas y aller et pourtant j’y suis. Je suis l’unique spectateur du Roi en Jaune. Je ne comprends rien à l’histoire. Je suis… ailleurs. Et il y a cette sirène qui me vrille la tête. Et Dahlia monte sur scène. Elle me montre du doigt et je me rappelle cette histoire d’élection. Elle me nomme Ambassadeur du Roi. Alors, je me lève. Je quitte le théâtre. Personne ne cherche à me retenir. Une fois dehors, je m’enfonce… dans le brouillard.

                Au loin, j’entends les piaillements de Regine. Je crois reconnaitre l’ombre de l’Artiste mais ne serait-ce pas plutôt Axe s’acharnant sur…



UNE SEMAINE A INNSMOUTH



                Innsmouth… Nous sommes issus de vieilles familles de pêcheurs, de marins, pour la plupart d’entre nous. Et certains d’entre nous sont encore plus liés à la mer.



                Parmi les endroits « importants », il y a le port bien sûr. Mais il y aussi la plage et ses criques, ses falaises et ses cavernes. Il y a son quartier de taudis ici. C’est là que vivent ceux dont on préfère ignorer l’existence.



                Ceux des taudis, ceux qui ne sont pas comme nous. Ceux qui sont… comme eux. Comme ceux des profondeurs. Dans ces quartiers vivent ceux pour qui le lien avec la mer est plus étroit encore que pour les marins. Trop étroit même…

                Dans ces taudis vivent quelques familles sont certains membres ne sortent plus ou que la nuit. D’autres, dit-on, sont enfermés dans leur cave et les nourrir est… compliqué. Certains vivent même dans la mer maintenant. Ils ne reviennent qu’à certaines occasions.



                Une de ces occasions doit se présenter bientôt, d’ici quelques jours. Ceux-là vont revenir visiter leurs familles. Je ne sais pas trop ce qui va se passer mais, sans mot dire, chacun va rester enfermé chez lui cette nuit-là, pour éviter les ennuis.



                D’ici une semaine, certains devraient revenir. Mais pour l’heure, c’est des habitants des taudis qui est parti. Cela faisait longtemps qu’on ne le voyait plus trop. Il avait beaucoup changé. Il avait vieilli d’un coup. Ses traits s’étaient affaissés. Ses yeux étaient devenus globuleux. Il était malade. Certains disent qu’il est parti à l’hôpital ou dans un sanatorium. D’autres disent, à voix basse, qu’il a regagné la mer.

                Et dans les taudis, on constate une certaine agitation. Il ne fait pas bon trainer là.



                Ils préparent quelques choses. C’est évident. C’est pour bientôt. Vraiment bientôt. C’est come s’ils avaient décoré leur quartier mais c’est… malsain. Ce n’est pas seulement laid. Certes, ils ont paré leurs rues d’éléments de décoration rappelant la mer mais… ça fait froid dans le dos. C’est pas ça, la mer.



                Les gens s’inquiètent à Innsmouth. Les gens n’aiment pas ce qui est en train de se préparer. Il y a eu une réunion dans la salle des fêtes. Le maire était là. Il a essayé de calmer les peurs et la colère. Malgré cela, une poignée de citoyens, armés de fusils pour quelques et de bâtons pour la plupart se sont rendus dans les taudis. On ne les a pas revus.



                Non pas une tempête mais LA tempête a soufflé toute la nuit et une partie de la journée. Des toits ont perdu des tuiles. Des fenêtres ont été brisé. Il y a eu des dégâts en ville. Et sur la plage, on a retrouvé ceux des citoyens qui s’étaient rendus dans les taudis. Morts. De vilaines blessures. Des traces de dents, des griffures.



                Cet homme en sait plus qu’il n’en dit. Il est arrivé récemment et pose des questions faussement innocentes sur la ville et son histoire. Sur les gens… des taudis. Il dit qu’il est journaliste. Peut-être. Mais il en sait plus qu’il n’en dit. Il sait qu’il se prépare quelque chose.



                Le « grand » jour approche. Les gens ont peur. La tension monte. En ville, des gens se sont battus. Les sensibilités sont exacerbées. Ça va mal finir. Ce sera pire que les autres fois.



                Je l’ai vu ! La nuit dernière, j’étais à ma fenêtre et je l’ai vu ! Dans le brouillard, il était gigantesque. Une espèce d’être, mais difforme comme ceux d’entre eux que les habitants des taudis n’osent plus montrer. Cette chose erre dans nos rues la nuit. Tout me hurle de faire mes bagages et quitter Innsmouth au plus vite. Mais quelque chose me retient. Je ne sais pas quoi. Ce n’est même pas de la curiosité, ni même de la peur. Non, la peur me pousse à m’enfuir. Et la curiosité… Non ! Je ne peux pas être curieux de… ça ! C’est autre chose qui me retient, contre mon gré.



                Je n’ai rien vu. J’étais à ma fenêtre mais je n’ai rien vu. J’étais trop terrorisé pour regarder. Ils sont venus dans les rues d’Innsmouth. Ils ont quitté leurs taudis. Ils ont comme paradé dans la ville pendant toute la nuit. Ils ont été à la plage et au port. Ils sont revenus avec… « eux ». Les rues étaient à eux. La ville étaient à eux. Je n’ai rien vu mais j’ai entendu. J’ai entendu leurs cris, leurs gémissements. Au début, j’ai pensé qu’ils se battaient mais j’ai compris que non. Ils s’accouplaient, là, dans la rue, aux vues et aux sus de tous. Ils voulaient qu’on sache. Ils nous ont mis au défi et nous n’avons rien fait. Nous avions tous trop peur. L’un d’entre eux a pris la parole. Je sais qu’il nous parlait à nous, autant sinon plus qu’il s’adressait aux siens. Il criait dans sa langue. Je n’ai rien compris sauf un mot : Dagon !

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