MILLEVAUX SOMBRE ZERO



UN TRAMWAY NOMME MARTYRE



            Chemin Rouge est un chasseur de trésors. Il erre dans la forêt depuis… un moment en quête de tout ce qui peut avoir un semblant de valeur à ses yeux. Il récupère des choses au fil de ses voyages. Il en garde certaines, en vend ou en échange d’autres. Et celles dont personne ne veut, il les donne ou les jette.

            Bien que « chétif » (dommages = toujours 1), il a de la chance. C’est un véritable « miraculé » même (1 fois par partie, les dommages subis sont réduits à 1).

            Mais miraculé ne veut pas dire chanceux.



            La dernière chose dont Chemin Rouge se rappelle est avoir été touché par une fléchette manifestement anesthésiante. Là, il se réveille et réalise qu'il a été transporté dans un endroit inconnu, l’intérieur d’un… tramway ? Dehors, des tambours de guerre résonnent.

            Chemin Rouge fait un rapide tour des lieux. On ne voit presque rien. Toutes les sorties du véhicule sont condamnées par des planches et de la ferraille. Les vitres ont toutes été brisées en mille morceaux. Le sol est jonché de fragments de verre et de matières visqueuses. Une fois quelques planches arrachées, la lumière montre que l’intérieur du tramway est maculé de sang séché. Les matières visqueuses au sol sont des fragments de peau, de cervelle, de membres et d’yeux humains. Une bonne partie des tubulures de métal qui servent de points d’accrochage a disparu.

            Quand il regarde par une ouverture, Chemin Rouge se rend compte que tramway repose au milieu d’une clairière de terre brûlée. Au bord de la clairière, il y a un arbre avec une massue suspendue à ses branches. Un parchemin est enroulé autour du manche de la massue. Et dehors, les tambours de guerre résonnent. Toujours.



            Une sortie « discrète » semble difficile. Manifestement, les joueurs de tambours l’observent et l’attendent au tournant. Pourtant, cette massue est bien tentante. Non seulement parce qu’il s’agit d’une arme mais ce parchemin, que raconte-t-il ?

            A défaut de jouer la discrétion, il peut jouer la surprise et la rapidité. Alors, il se jette par une des ouvertures et fonce vers l’arbre à la massue. Mais à peine a-t-il fait un pas dehors que des flèches sifflent, venant de partout.

            Miraculé ne veut pas dire chanceux. Deux flèches l’atteignent. Pourtant, Chemin Rouge serre les dents et continue sa course. Mais, alors qu’on lui tire toujours dessus, un autre adversaire fait son apparition. Il s’agit d’un… sanglier qui lui fonce dessus. Mais la bête, dans son élan, ne parvient pas à modifier sa trajectoire quand Chemin Rouge fait un bon de côté. Il atterrit alors dans une espèce d’angle mort et aucune des flèches tirée ne l’atteint. Et en plus, il s’est malgré tout rapproché de l’arbre. Finalement, même avec deux flèches dans le buffet, il a de la chance. Mais est-ce que ça va durer ?

            Il reprends sa course mais déjà le sanglier revient. Mais Chemin Rouge l’évite une fois de plus et parviens même à s’emparer de la chaine qui pend à son cou. Il ne parvient pas à l’immobiliser mais, dans un large geste du bras, il parvient à enrouler la chaine autour du cou de la bête qui, si elle le traine derrière lui, ne fait finalement que resserrer la chaine autour de son cou.

            Concentré sur le sanglier, Chemin Rouge en a oublié les archers. Une flèche le fait trébucher. Il maintient pourtant sa prise sur le sanglier qui le traine toujours derrière lui. Chemin Rouge s’accroche. En réalité, il n’espère plus atteindre la massue. Il espère surtout que le sanglier va quitter cette clairière et lui permettre ainsi de se mettre à l’abri des archers. Et quand il parvient à poser son regard dans la direction où court l’animal, il semblerait bien que ce soit le cas. Rassemblant ses dernières forces, il s’accroche et se laisse trainer, il l’espère, hors de portée des flèches.

            Alors, un cri retentit : « C’est une initiation ! Vous devez tuer l'un d'entre vous pour la réussir ! »

            C’est ridicule, se dit Chemin Rouge, puisqu’il est seul. Dans tous les cas, il meurt. Et, effectivement, alors que sous le coup de ses blessures il est saisi d’un vertige, trois silhouettes armées apparaissent dans son champ de vision et achèvent de le cribler de flèches.



LE TRESOR DU VORGNE



            C’était avant le tramway, Chemin Rouge, alors, portait le nom de La Brindille. Mais d »jà, il cherchait des trésors. Et il en avait trouvé un. Ou plutôt, ils en avaient trouvé un puisqu’il était en compagnie de deux autres chasseurs de trésors quand ils avaient mis la main sur ce coffre rempli d’or. Oui, de l’or !

            Sauf que l’un d’entre eux avait décidé de ne pas partager. Aussi, un matin, le groupe s’était réveillé avec un membre en moins et… sans le coffre. Heureusement, ses traces étaient encore fraiches et on pouvait le suivre dans la forêt. Mais, il y a eu comme un pépin. Courant dans les bois, voila que l’autre chasseur tombe dans une espèce de trou.

            Le trou est une immonde pétaudière acide au milieu de laquelle émerge un arbre creux d’où émerge un bec qui ne cesses de claquer. Partout, il a des cadavres de rongeurs et de renards à moitié décomposés par les substances visqueuses et puantes dont le trou est rempli. Un cadavre de cerf et une souche d’arbre surnagent également. Et déjà, une espèce de tentacule se saisit de l’autre chasseur de trésor et le tire jusqu’au tronc d’arbre. Là, il est pris en charge par le bec qui le hache méthodiquement. L’horreur.

            La Brindille tente de faire demi-tour et de remonter, mais le terrain est très glissant. Et déjà, des tentacules serpentent dans sa direction. Heureusement, il parvient à les éviter et à gagner un peu de terrain. Derrière les hurlements du chasseur de trésors ont cessé. La Brindille parvient alors à regagner le bord. Elle observe la scène. Elle fait un pas en arrière, ayant trop peur de basculer de nouveau dans le trou.

            La créature (un Horla ?) qui vit là continue de jeter des tentacules dans sa direction. La Brindille est tétanisée et ne sait plus quoi faire. L’espace d’un instant, il lui vient l’idée de redescendre dans le trou pour en finir avec ce monstre. Il ne peut pas laisser un truc pareil sévir dans la forêt. Mais il se dit qu’il a déjà bien de la chance. Alors, si, finalement, il va laisser cette chose vivre. Mais, avant de quitter définitivement les lieux, il ramasse quelques bouts d’écorces qu’il fixe avec des racines autour de certains troncs autour du trou. Avec un vieux feutre qu’il gardait sur lui, il a écrit dessus :

            « Attention, Danger ! »

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