MANTOID vs MILLEVAUX
Je
suis un Mantoïd, Prêtre d’Azathoth (prières, zazamon) qui se prépare pour l’Apocalypse
car j’ai eu la vision d’un météore qui s’écrasera dans une nuit sur la Mer du
Chaos. Cela provoquera un tsunami cataclysmique et une ère glaciaire qui durera
85 ans. Mon plaisir ? Détruire ! Tout ce que je peux, tout ce qui se
présente ! Même si je n’ai pas la prétention d’égaler le potentiel de
nuisance du météore.
Je
m’appelle Tad-Angel Corso mais on m’a surnommé Roornama. Enfin, c’est ce nom
que scande la foule m’encourageant à en finir à 1000 pattes humains qui me fait
face. Le sang me monte à la tête car, bien que le temps me soit compté, j’ai
une exquise envie de désosser ce 1000 pattes. Et puis, dans cette sphère
abandonnée par les Voyvodes, la gravité est inversée et… j’ai la tête en bas.
Je
n’ai aucune idée de comment je me suis retrouvé dans cette arène et… je m’en
fous ! Je me rappelle seulement que mes voyages et mes trafics ont fait de
moi un Mantoïd riche, très riche ! et je compte bien mettre la main sur ma
fortune dès que je serai sorti d’ici. Ensuite, j’aurai moins d’une journée pour
me tirer de ce monde. Loin de moi l’idée de le sauver. Qu’il soit entièrement
détruit par le météore me remplit de joie. Toutefois, je dois me trouver au
plus vite un nouveau monde à démantibuler. J’ai une idée. Le monde d’Azathoth
est en phase terminale, j’irai chercher la merde dans celui de Shub-Niggurath !
Mais, avant toute chose, bouffons du 1000 pattes.
Je
saute sur le 1000 pattes dans l’idée de tailler dans sa bidoche de ces lames
terminant mes membres antérieurs. Mais, je trébuche. Je loupe ma cible car,
dans le ciel, vient d’apparaître une… planète géante rouge et maudite. Oui,
maudite ! Je hurle alors que deux énormes cornes rouges déchirent ma peau
au niveau de mon front. Je m’écroule mais parviens quand même à rouler sur le
côté et éviter d’écraser par le 1000 pattes. Une seconde roulades et je me cale
bien sur le dos, lames en avant afin que cette grosse merde s’empale sur moi. Azathoth,
la chance ou tout simplement mon incroyable maîtrise de la science des combats
font que mes lames s’enfoncent entre 2 sections du 1000 pattes, provoquant un
flot de sang. Je suis recouvert du sang de ce truc qui ne sait même pas qu’il
ne lui reste que quelques instants à vivre ! Mais survivrais-je, alors même
que le 1000 pattes menace de m’écraser de tout son poids ?
J’y
laisse certes quelques plumes mais parviens à me dégager et saute sur le dos du
monstre avant qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit. Sous l’effet de ses
convulsions, je peine à trouver mon équilibre. Je remonte pourtant le long de
son échine et plante mes deux lames dans ses yeux, jusqu’au cerveau ! Le
monstre mugit une dernière fois et les convulsions cessent progressivement. La foule
scande mon nom ! Je quitte l’arène, couvert du sang de la bête et des
pétales de fleurs que m’envoient des jolies femmes du haut des gradins. Dans les
coulisses de l’arène, la gravité redevient normale et cela provoque quelques
vertiges. Un clone, qui visiblement m’attendait, m’aide à rester debout. Il me
conduit dans une petit pièce où je récupère mes affaires et mon joli zazamon ;
un Phrokk, sorte de 1000 pattes monstrueux avec un gros œil injecté de sang et
qui mange tout !
Une
fois hors de la sphère Voyvode, je me sens bien, revigoré. Je me sens prêt à en
découdre. Mais, avant toute chose, je dois me tirer de ce monde. Je veux atteindre
Millevaux. La forêt tout à la fois domaine et avatar de la Chèvre Noire. Baignant
dans l’Egrégore, ce monde est tout aussi chaotique que celui-là et je me ferai
un plaisir d’y semer la destruction. Mais je dois trouver un moyen d’y aller,
et vite ! Je hèle un Yapou et me fais conduire jusque dans l’Interzone. Là,
j’entre dans la plus sordide des tavernes, espérant y glaner quelques
informations.
Une
fois attablé, j’observe les clients et écoute leurs conversations. Un gamins d’une
douzaine d’années qui mériterait d’être démembré raconte qu’on lui a raconté qu’au
fond de certaines cavernes il y avait des champignons luisant ardemment
recherchés par des magiciens. Evidemment, si j’ai moins de 24 heures pour
gagner Millevaux, je ne peux compter sur des moyens vulgairement matériels. Je dois
recourir à la magie. Peut-être que ces champignons, s’ils sont prisés par les
mages, entrent dans la composition d’une quelconque potion ou d’un rituel m’ouvrant
les portes de la forêt. Mais, je n’ai pas vraiment le temps d’organiser une
expédition dans les cavernes. Alors, j’attends que le gamin quitte les lieux et
je lui envois mon Phrokk aux basques. Et alors qu’il s’enroule autour du gamin
qui se retrouve immobilisé, je constate que lui poussent ses antennes insectoïdes dont je sais qu’elles captent les
hurlements d’Azathoth. Pas de chance, mon ami, tu ne pourras plus jamais
dormir. Mais je ferai mon possible pour prendre soin de toi… ou pas !
Ignorant
les souffrances de ma créature, je mens au gamin en lui promettant la vie sauve
en échange d’information concernant ces fameux champignons. La « femme »
en question est un cafaroïde Petrol’head connue pour parler avec Azathoth. On dit
qu’elle cherche l’immortalité. L’immortalité, ce n’est pas ce gosse qui pourra
y prétendre. Mais avant de mettre fin à sa courte vie, j’obtiens du gamin qu’il
m’indique où trouver cette femme au nom imprononçable. Et, aux dernières
nouvelles, elle trainerait avec des dealers de viandes d’Hommes-Porcs. Pas de
temps à perdre. L’Apocalypse est pour cette nuit. Je demande au gosse de me
remercier pour lui épargner 85 de glaciation. Je lis dans son regard qu’il ne
comprend rien à ce que je raconte puis je fais craquer les os de son cou.
L’Interzone,
domaine du Crabe aux pinces d’or. Là, je cherche une cafaroïde au nom imprononçable.
Tout ce que je sais d’elle est qu’elle traficote avec des dealers de viande de
Soar. Elle est aussi connu pour parler avec Azathoth et ça me donne une idée.
Je m’agenouille devant l’un des glory holes décorant les murs de cette portion
de l’Interzone et déclame une prière à Azathoth. J’ai besoin d’un guide qui me
conduira jusqu’à cette sorcière. Et de viande de porc pour la convaincre de répondre
à mes questions. Et un masque à gaz aussi, au cas où elle me cracherait à la
gueule ses vapeurs toxiques de Petrol’head.
Azathoth
est grand… et pas très regardant. Je suis exaucé.
Ce
clone possède deux ombres, bizarre. Il sera mon guide. Il connait les dealers
de viande de Soar. Il me conduit jusqu’à une « ferme », juste à côté
d’un minaret en plein cœur de l’Interzone. A l’intérieur de la « ferme »,
il y a plein de sapin plantés très serrés les uns à côté des autres. Et, au
pied de chaque sapin, un Soar est enchainé. Des clones passent entre eux et les
gavent. Ils leur enfoncent un gros entonnoir dans la gorge et y déversent un
mélange de farine, d’ossements et de poudre de centipède. Entre deux arbres, un
cafard s’extirpe du corps d’un homme porc. Du sang et de la graisse suinte du
bec de gaz qui pollue sa figure d’insecte. C’est mon cafard. J’enfile mon
masque à gaz et approche.
La
créature a l’air indifférent, certainement encore en partie dans les souvenirs
du Soar qu’elle vient de violer. Il y a quelque chose d’accablé dans son regard.
Est-elle déjà nostalgique de son trip et en attente du prochain ? Je la
sens vulnérable et entends bien en profiter. Je veux savoir où trouver ces
champignons et comment m’en servir pour gagner Millevaux ! Et que ça saute !
Et, à ma propre et grande surprise, elle se montre tout à fait disposée à me
venir en aide. De quoi a-t-elle besoin ? Pas grand-chose en vérité. Les champignons,
on les trouve au marché noir. Pour le reste, elle s’en occupe. Riche à
millions, je donne à mon guide de quoi me trouver des champignons et lui dis de
se dépêcher.
Le
clone à deux ombres revient bientôt. Il a une poignée de champignons et me rend
la monnaie. Je les donne à la cafaroïde accompagné de quelques livres de viande
de porc. Elle réduit les champignons en poudre et les mélange à la viande après
avoir abondamment craché dessus. Elle en enfourne une partie dans son bec et me
tend l’autre. J’ai peur de comprendre mais je n’ai pas le temps de faire la
fine bouche. Je gobe la pate dégueulasse et commence à mâcher. Un voile noir
tombe devant mes yeux. Puis, j’ai des visions de maisons en feu. J’entends le
tonnerre. Je sens des crocs s’enfoncer dans ma chair. Je ne vois pas la
cafaroïde mais je sens sa présence près de moi. Je l’entends. Elle m’explique
que, pour gagner Millevaux, nous devons faire un crochet par la Plage. Mais, je
ne dois pas voir la Plage car ce n’est pas le moment, ce n’est pas bien, ce n’est
pas un lieu qui existe encore, ce n’est pas un lieu qui existe du tout d’ailleurs…
Alors, elle m’inflige ces visions afin de me « préserver ».
J’ouvre
les yeux. Je suis seul. Dans une forêt. Mais ce n’est plus la forêt de sapins
des dealers de viande de porc. C’est énorme, dantesque ! J’y suis arrivé. C’était
facile finalement. Je suis arrivé dans le domaine de la Chèvre Noire. J’ai
laissé derrière moi 85 de glaciation. Pour autant, il ne fait pas chaud. Le temps
est soumis à quelques perturbations et je sens mon Phrokk frissonner. Je le
caresse, je le rassure… qu’il ne me fasse pas chier ou je le sacrifie à
Azathoth ! Ce monde est en ruine mais je m’en fous. Je ne suis pas là pour
faire autre chose qu’y semer la destruction. Avant, je le faisais pour la plus grande
gloire d’Azathtoth. Demain, je le ferai pour la plus grande d’Azathoth et
Shub-Niggurath. Et Azathoth n’a pas intérêt d’être jaloux. Sinon, je me ferai
un plaisir de le détruire à son tour ! Je sais, je ne doute de rien !
Je
n’ai aucune idée d’où aller. Alors, je fais quelques pas au hasard. Je distingue
une cabane envahie par la végétation. J’approche. Il y a des gens. Ils ont des
têtes d’animaux. Des têtes de boucs ! Je les veux comme serviteurs. Je leur
ordonne de désigner le plus fort d’entre eux que je l’éclate. Ensuite, ils
seront miens ! je ne lis nulle raison dans leurs regards mais une certaine
satisfaction à l’idée d’en découdre. Ça me plait !
Fight !
Le
plus grand et le plus fort d’entre eux fait un pas dans ma direction. Il tape
du pied et mon champ de vision se trouble. Les arbres changent de forme et prennent
des reflets métalliques. Des araignées mécaniques plus grosses que mon poing
courent sur certaines branches. De la fumée sort de certains creux dans les
arbres et des chiffres se mettent à flotter dans l’air. Que signifient cette
succession de chiffres et de nombres. Cela a forcément un sens. Je m’interroge
et… Le bouc en profite ! Je me prends un violent coup de boule. Je roule
au sol et dégueule un flot de vers blancs. Je lance mon zazamon mais le bouc l’écarte
d’un coup de corne. Je me redresse et me jette sur lui, lames en avant. Et j’arrive
tête la première contre le crane cornu de mon adversaire. Je roule de nouveau à
terre mais là, Azathoth soit loué, 3 zazamons sortent de terre et font rempart
entre le bouc et moi. Il y a là :
Un Klikett,
sorte de tube de chair d’environ un mètre de haut. Il est aveugle et semble
vouloir s’accoupler avec moi.
Un
Bouga-bouga, soit une flaque de Petrol’magie dont on ne distingue pas bien l’avant
de l’arrière mais qui rit tout le temps.
Un Crapox,
gros asticot gluant avec un parasite insectoïde collectionneur d’objets
inutiles.
Je
ferai plus ample connaissance avec eux plus tard. Pour l’heure, je les envois
contre ce bouc ! Et l’animal ne fait pas le poids !Il succombe sous
cette montagne de chair dégueulasse constituée de mes fidèles zazamons. Aux
rires du Bouga-bouga se mêlent les râles orgasmiques du Klikett. Le bouc
succombe alors que ses camarades courbent l’échine devant leur nouveau Maître,
moi !
Je
suis déçu car mon Klikett n’a pas survécu à son évolution. Le pauvre a explosé
dans une gerbe de pus et de sang. Ça avait l’air douloureux mais c’était joli à
voir. Et mon Phrokk ne se porte pas bien non plus. Il lutte contre le sommeil
mais tombe néanmoins de fatigue sous mes coups répétés. Je pense qu’il est mûr
pour être offert en sacrifice à Azathoth. Mais cela attendra un peu car j’ai
encore besoin de lui.
Le
temps s’éclaircie. C’est un jolie ciel qui se dégage, propice à la destruction
et à une bonne bataille. Les hommes-bouc ont dû comprendre mes intentions car
ils me guident jusqu’à une vaste étendue d’eau. A sa surface se tortillent des
milliers, voire plus, d’asticots et autres vers. Ça grouille. Ça fait des bulles.
Au milieu de ce… lac ? la masse de vers semblent s’élever, formant un
petit dôme. Un Voyvode géant émerge ! Il est armé d’une mécano-hache en or
massif et diamants. Il ne parait pas m’avoir remarqué. Il sort du lac. Un centipède
humain est accroché à ses jambes et tente de le faire tomber. Sous chaque pas
du Voyvode poussent des champignons hallucinogènes. Je sais qu’ils sont
hallucinogènes car, sous mes yeux, la forêt laisse place à d’immenses colonnes
de marbres. La plupart sont en ruine et couvertes de lierres et de racines. La température
chute soudain et, entre les colonnes, des poupées apparaissent. Elles portent
les tatouages et cicatrices caractéristiques des Sumériens aux motifs de
méduses phosphorescentes. Je veux cette hache. Je veux buter ce Voyvode et ce
centipède. Je veux éclater ces poupées sumériennes. Je veux assécher ce
pseudo-lac. Je veux… je veux… tout démolir !
J’ordonne
aux hommes-bouc de foncer sur les poupées. J’envois mes zazamons immobiliser le
Voyvode pendant que je tranche dans le centipède. Mais, alors que je fonce vers
le 1000-pattes humain, un blob d’Azathoth s’élève au-dessus du lac et fonce sur
ma cible, l’entrainant avec lui vers Azathtoth seul sait quelle éternité de
torture ! Le Voyvode semble momentanément immobilisé. J’en profite ! mais,
glissant sur une poignée de champignons, je m’écroule face contre terre. J’oubliais
la malédiction que l’on doit à mon zazamon ! et cela ne touche pas que
moi. Les hommes-bouc sont eux aussi en difficulté face aux poupées sumériennes.
Le Voyvode est toujours immobile. Ça me fend le cœur mais je tranche dans mon
Phrokk, hâtant ainsi mon offrande à Azathoth. Et le Voyvode semble se
réveiller. Il lève sa hache et l’abat sur le Crapox qui préfère ne pas
survivre. Il se retourne ensuite contre les poupées sumériennes, qui se
défendent mieux que mon zazamon. Le Voyvode semble maintenant s’apercevoir que
c’est moi le chef et… ça fait très mal. Cette hache fait très très mal. Je la
veux, définitivement ! Je suis un peu déçu quand mon dernier zazamon rend
son dernier souffle mais mieux vaut lui que moi ! Les hommes-bouc semblent
à l’aise sur terrain humide et voltigent dans tous les sens, évitant les coups
du monstre métallique. Et il en est de même pour les poupées sumériennes. Le Voyvode
me tourne le dos, tant pis pour lui ! Je fonce dans le but de lui taillader
les tendons. Mais, une fois de plus, je glisse sur des champignons. Emporté par
mon élan, je fais une espèce de saut périlleux qui m’envoit en l’air. Je rebondis
contre un arbre. Je bats des bras pour essayer de planter mes lames n’importe
où et… l’une se fige au sommet du crane du Voyvode. Sous l’effet de la gravité,
je chute, tranchant net la tête du monstre ! Ça, ça devrait en imposer aux
poupées !
De
nouveau les pieds sur terre, alors que la carcasse du Voyvode s’écroule
derrière moi, je me tourne vers les poupées sumériennes et les hommes-bouc,
prenant l’air de celui qui a fait tout ça exprès. Je lis dans le regard des
poupées qu’elles ne sont pas dupes. Pour autant, elles font un pas en arrière. L’air
de rien, j’ai quand même pris un léger avantage psychologique. J’ordonne aux
hommes-bouc de repartir au combat pendant que je m’empare de la mécano-hache en
or et diamants.
Les
hommes-boucs sont moins futés que les poupées. Ils ont l’air de croire que ce
sont mes uniques talents de guerrier qui ont terrassé le Voyvode. Ça leur donne
du courage et ils multiplient les coups de boule, fracassant les têtes des poupées.
Quant à moi, c’est le moment d’essayer mon nouveau jouet. Je fais tournoyer ma
hache au-dessus de ma tête et… Merde ! Elle est super lourde et je pars en
arrière. Mais Azathoth semble malgré tout m’avoir à la bonne car cette culbute
me permet d’éviter les coups des poupées. Toutefois, manier cette hache reste
difficile. Il va falloir que je m’entraine. Aussi, j’arrête d’essayer pour l’instant
et me borne à encourager les hommes-boucs qui piétinent les dernières poupées. L’air
de rien, on s’en sort pas trop mal.
Je
rassemble mes troupes et les félicitent. J’agite ma hache, ça les impressionne.
Je ramasse une poignée de champignons que je prends le temps de bien mâcher. Merde !
Je vois tout en vert ! Roses ! Et les hommes-bouc se transforment en
bulle de Pétrol’magie. C’est de la bonne ! Il va falloir faire des
réserves. Il y a du fric à se faire avec ce truc.
Une
fois redescendu, je réalise ce qu’implique la présence des poupées et du
Voyvode. Je ne suis pas le seul à avoir l’idée de quitter le royaume d’Azathoth
pour Millevaux. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Avant de quitter
les lieux, j’examine ce qui reste des poupées. Il y a des numéros de séries. Je
trouve également des documents mentionnant l’usine où elles ont été fabriquées.
Est-ce que cela veut dire que les Sumériens seraient ici depuis plus longtemps
que je ne l’imagine ? C’est à vérifier. Je vais trouver cette usine et… la
détruire !
Quelque
part, un type lance la musique de la série Watchmen, par Trent Reznor et
Atticus Ross. Il y a un frémissement dans les arbres. J’entends le tic-tac d’une
horloge et comme des gémissements dans le vent. L’air est étouffant et malsain.
J’ai l’impression soudaine d’être dans une léproserie à ciel ouvert. Je rassemble
mes hommes-bouc et nous levons le camp.
N’ayant
aucune véritable idée de la direction à suivre, je m’en remets à Azathoth. J’ordonne
à un homme-bouc de s’allonger devant moi. Je m’agenouille et fais savoir à
Azathoth combien je l’aime et combien j’ai besoin de lui. Et je plante mes
cornes dans l’abdomen de l’homme-bouc. Je secoues la tête pour bien dégager les
entrailles. Ceci fait, je les prends à pleines mains et les porte à mon visage
pour mieux en examiner le contenu. Et j’entends une voix dans ma tête. Grave et
sourde. Je ne comprends pas ce qu’elle dit mais je sais ! Ma cible est au
Sud-Est.
Cela
fait maintenant trois jours que nous marchons en direction de ce château qui
est apparu au loin et… alors que l’air résonne de guitares saturées et autres
sonorités électroniques, il est toujours aussi loin ! Nous marchons et
nous marchons et ne nous rapprochons jamais de ce château. Pourtant, je suis quasiment
certain que ses murs renferment l’usine de poupées sumériennes. Je veux démolir
ce château. Mais comment l’atteindre ? Nous verrons ça plus tard. La nuit
tombe. Nous approchons d’une zone marécageuse et le vent est dense en Egrégore.
Il y a de la magie dans l’air et elle est pourrie. Et elle vient de ce maudit
château !
Les
hommes-bouc s’agitent. Ils ont repéré quelque chose. Ça vient des arbres. Je lève
la tête et l’ombre qui s’y déplace prend forme. Elle a l’air humain, deux bras,
deux jambes. Mais c’est à peu près tout. Sa tête est énorme, disproportionnée. Mais
il fait ça pour accueillir les cordes vocales nécessaires à pousser de tels
hurlements. La chose saute de branche en branche en hurlant dans ce que je
crois être la Langue Putride. Les hommes-bouc l’ont reconnu et en ont peur. L’un
d’eux me désigne cette créature comme étant un Horla, un de ceux qu’on appelle
aussi Stregas. Une sorte de vampire donc. Parfait ! Je vais lui faire
passer le goût du sang.
Azathoth
est là, avec nous, et il n’épargne personne ! Nous sommes tous projetés à
terre par la vision soudaine d’une vague titanesque dévastant l’Île du Chaos. C’est
pour bientôt. C’est pour demain ! J’ai vraiment bien fait de me tirer. Néanmoins,
cette vision me rend malade. Elle nous rend tous malades. Je… déprime ?
Pourquoi l’idée de la destruction de l’Île du Chaos me ferait déprimer ?
Je n’en sais rien mais… nous tombons tous à genoux et nous mettons à pleurer et
à sangloter. Le Stregas aussi. Le Horla est une créature de Millevaux et je
dois pouvoir le considérer comme étant au service de Shub-Niggurath. Aussi, il
est peut-être normal qu’il soit touché à l’idée de la disparition du domaine d’Azathoth.
Mais, en réalité peu importe non ? On se fiche royalement de ce domaine. Ce
qui importe c’est le chaos et la destruction en tant que tels, en tant qu’idées,
pas en tant que domaine. Le chaos et la destruction sont partout chez eux. Que l’Île
s’effondre ! Le chaos se répandra ailleurs !
Prenant
appui sur ma hache, je me relève. Et je suis maintenant seul débout. Le Stregas
continue de gémir dans sa Langue Putride. Je m’approche et lève mon arme. Mais le
Stregas se reprend et bloque mon bras. Il se relève à son tour. Je risque de
prendre cher. Le Horla se jette sur moi toutes griffes dehors. Et ses dents
aussi, énormes ! J’esquive son premier coup mais pas le second. Sous le
choc, je vomis des vers blancs dégueulasses. Et il en profite pour me planter
ses dents géantes dans la couenne. Mon sang coule dans sa gueule et je gueule. Je
parviens à lui flanquer un coup de hache. Les hommes-boucs se sont repris et
lui foncent dessus. Mais le Horla semble insensible à leurs coups. Il secoue de
nouveau la tête. Ma vision se brouille. Je suis mal. Je suis…
…
Je suis Tad-Angel Corso. Je suis né pour semer la destruction. J’ai été conçu
pour ça et c’est pour ça qu’on a inscrit dans mes gènes que j’y prendrai du
plaisir. A cette fin, je suis sans peur. Je n’ai pas peur de mourir car même ma
mort sera une destruction et, de quelque manière que ce soit, je ne partirai
pas sans avoir semé encore plus de destruction et de chaos autour de moi. Je n’ai
jamais rechigné à me battre, à tuer, à générer de l’entropie. Rien ne m’arrête
car je sais que je sers Azathoth et qu’il veille sur moi. Je sais que je peux
compter sur lui. Même si je ne comprends rien à ses plans et à ses buts, je
sais qu’il veille sur moi. Alors j’avance sans peur. Comme la fois où j’ai
saboté ce vaisseau-bouche. Quelle belle explosion. J’ai failli y rester mais ça
valait largement le coup. En fait, si ! J’avais peur. Pas de mourir, j’avais
peur de son regard… quelqu’un comptait pour moi et compte toujours et j’ai peur
de ne pas avoir son… estime ? Mais qui est cette personne que j’avais
oubliée ?
Le
Stregas le fait voler dans les airs et je m’écroule dans la boue. Les hommes-bouc
sont toujours aussi impuissants. Je ne me sens pas très bien. Je ne vois pas le
visage de cette personne. Je ne sais même pas s’il s’agit d’un homme ou d’une
femme ou… d’autre chose. Le Stregas envoit voler les hommes-boucs et s’approche
de moi. Il a l’air sûr de lui. Je le comprends. Mais je vais faire en sorte de
lui apprendre l’humilité. Ma hache fend l’air et une partie de sa chair. Dommage
qu’il soit quasiment indestructible. Un tel coup aurait pu l’achever. J’évite
ses coups en sautant dans tous les sens et en fendant l’air de ma hache et la
lame de mon bras libre. Soudain, je sens le sang… se répandre… dans mon ventre.
Le Horla a réussi à faire éclater un de mes organes. Je sens que je n’en ai
plus pour très longtemps si je veux sauver ma peau. Et même si je la sauve d’ailleurs…
Et
tout autour de moi apparaissent soudain des bouches de toutes les formes. Elles
parlent la même Langue Putride que le Horla mais, là, je comprends ce qu’elles
disent. Je vais mourir… pour de bon, cette fois !
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