APOCALYPSE WOUND


Jour 1. Tu te regardes dans le miroir. Tu as l'air différent ? Qu'est-ce que ça te fait ? Caches-tu une partie de toi-même ?

Non ! En réalité, je n'ai pas l'air différent. Je me sens différent car je sais mais… en réalité, je n'ai pas l'air différent. Pour l'instant. Combien de temps ça va durer ? Combien de temps je vais rester "normal" ? Combien de temps avant que "ça" se voit ? Je n'en sais rien… Ai-je quelque chose à cacher ? Non, pas pour l'instant. En fait, je n'ai rien à cacher et je ne dois surtout pas me cacher car ça éveillerait les soupçons, non ? Et puis, je ne dois surtout pas me cacher à moi-même ce qui va m'arriver… ce qui m'arrive déjà… Rien à cacher ou… si je le cache aux autres, je ne dois pas me le cacher à moi-même. Je vais faire ça. Être "discret" avec les autres mais me regarder en face dans la glace.

Jour 2. Tu es en public pour la première fois, infecté. Qu'est-ce que ça fait ?

C'est bizarre. Pour l'instant, j'ai l'impression de nager dans de l'eau solide. Je ne sais pas trop comment dire ça. Je sais que je suis différent. Différent d'avant. Différent d'eux. Je sais que je suis potentiellement dangereux. Et eux, ils ne le savent pas. Ils croient que je suis comme eux. Ils ne me regardent pas. Ils ne me voient pas. Et moi, je me dis que demain, peut-être, je les considérerais comme des proies. Peut-être que d'ici quelques jours ou quelques semaines je leur courrais après, la bave aux lèvres, la gueule en sang.
Des fois, des gens ont l'impression que tout le monde les regarde alors que c'est pas vrai et là… j'ai l'impression que personne me regarde alors qu'ils devraient.

Jour 3. Tu trouves que tu aimes quelque chose à être infecté.  Qu'est-ce que c'est ?

Le secret. Je crois que c'est le secret. Ce secret de savoir quelque chose que les autres ne savent pas. Je crois que c'est lié au danger aussi car, si les autres savaient, je ne donnerais pas cher de ma peau. Alors c'est peut-être ça, le truc cool dans le fait d'être infecté, le secret et le danger. Je sors de chez moi. Je me mêle aux autres. Je suis parmi eux et… ils ne savent pas. Et pourtant, tout peut partir en sucette très vite. Je peux basculer, devenir agressif et mordre quelqu'un. Quelqu'un peut, je ne sais pas pourquoi, deviner que je suis infecté et me sauter dessus et me tuer. Peut-être que ce serait plus prudent, finalement, de rester chez moi mais… faut bien aller faire les courses car… en attendant d'avoir faim de chair humaine, j'ai toujours une faim… normale!

Jour 4. Dis-tu à quelqu'un que tu as été mordu, ou le gardes-tu secret ?

Secret! Secret absolu… pour l'instant...

Jour 5. Quelles choses du quotidiens ne peux-tu plus faire à cause de ton infection ?

Pour l'instant tout va bien. Je peux encore vivre normalement. J'ai parfois un peu mal aux articulations. Je ne sais pas pourquoi. Je sens que ça me brûle aussi à l'intérieur. Je ne sais pas si ce sont ms organes ou mon sang qui font ça. Parfois, j'ai mal mais ça passe. Mais si ça devait empirer… Enfin, quand ça empirera, certaines choses deviendront difficiles oui. Je pense qu'une des premières choses que j'arrêterais de faire, ce sera le ménage! Puis mon sport quotidien, aussi. A partir du moment où je sentirais que vraiment, là, je suis sur la fin de la pente, je pense que j'arrêterais de faire tout ce qui est… chiant. Et puis, peut-être aussi que si ça devait trop "se voir", si… quand j'aurai une trop sale gueule pour ne serait-ce que sortir faire des courses et bien… j'éviterais de sortir. Ou alors, je ferais comme les autres, je sortirais la nuit. Et j'irais chercher ma viande ailleurs que chez le boucher. Ce sera moi le boucher...
Et je me rend compte que j'utilise le conditionnel quand je pense à tout ça. Sauf que… ça va arriver. Il n'y a pas de "si" ou de "peut-être". Cela va arriver...

Jour 6. Tu dirige tes émotions vers quelqu'un pour quelque chose d'insignifiant. Qui est-ce, et comment cela s'est-il manifesté ? Quelles conséquences cela a-t-il ?

Est-ce un signe que mon état empire? J'ai failli créer un petit scandale au supermarché aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce n'est pas du tout ma nature. Je faisais mes courses… pas tout à fait normalement puisque j'ai passé un long moment au rayon boucherie. Et là, une femme m'a bousculé avec son caddy. Et je ne sais ce qui m'a pris, j'ai vu rouge. Je suis retourné et je me suis emporté. Le ton est monté. Je crois que j'ai dû vraiment lui faire peur car elle, qui s'apprêtait aussi à monter dans les tours, est redescendue très très vite. J'ai montré les dents. Pour de vrai ! En fait, les choses n'ont pas été plus loin car j'ai vu deux vigiles s'approcher. Alors, j'ai sacrément pris sur moi pour me calmer et changer rapidement de rayon. J'ai bien vu que les deux vigiles m'avaient à l'œil mais, au bout d'un moment, voyant que l'incident était clos, ils m'ont lâché.
Je n'ai pas traîné dans les rayons. Je suis vite passé en caisse et suis rentré chez moi. Je me sens mal. Je crois que je culpabilise. Mais est-ce que je me sens coupable de m'être emporté contre cette femme ou est-ce que je me sens coupable d'avoir aimé cette colère ? Ou est-ce que je suis seulement dégouté de ne pas leur avoir sauté à la gorge, à elle et à ces deux gros cons de vigiles ?!!

Jour 7. Un ami est devenu étrangement obsédé par ton statut d'infecté et veut tout savoir à ce sujet. Qu'est-ce que tu lui dis ?

Je lui dis d'aller se faire voir ! Je lui dis que je n'aurais même pas dû lui en parler, si j'avais su comment il me ferait chier avec ça ! D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je lui en ai parlé. Peut-être que garder le secret me rongeait comme… comme l'infection me ronge… Au début, j'étais content qu'il n'ait pas peur et qu'il ne me dénonce pas. Mais maintenant, c'est lourd. J'essaye, je voudrais lui faire comprendre que ce n'est pas drôle, que je n'ai pas envie de ressasser ça. Je le subis, c'est déjà énorme. C'est déjà trop. Si en plus je dois rentrer dans les détails. Mais en vrai, et de plus en plus, je monte dans les tours aux moindres problèmes. Je me contiens de plus en plus difficilement. Je crois que je lui ai fait peur mais… je crois surtout que je me fais peur à moi-même. En tout cas, c'est une bonne leçon. Mon état empire et… mais il doit rester secret.

Jour 8. Quels fantasmes as-tu eu depuis que tu as été mordu ? Comment ont-ils changé ?

Des fantasmes ? En fait, je rêve de… bouffe ! Je rêve de viande ! De viande crue ! Je rêve d'un steak tartare !

Jour 9. Qui dans ta famille est ton plus grand soutien depuis que tu as été infecté ? Qu'ont-ils fait pour que tu te sentes humain ?

Personne. Je n'ai pas de famille. J'en ai eu une il y a longtemps et elle était pas terrible. C'est pour ça que je suis parti, bien décidé à ne plus revenir. J'avais longtemps rêver disparaitre de leurs vies sans laisser de traces et un jour… Je l'ai fait ! Et c'est pas maintenant que je suis proche de la fin que je vais revenir. Je ne veux pas qu'ils sachent. J'ai toujours voulu qu'ils  ne sachent rien de ce que j'étais devenu et ça doit continuer. Je ne sais pas comment ils réagiraient s'ils me voyaient débarquer, leur apprenant que je suis infecté. Je crois que certains seraient en colère contre moi d'être parti. D'autres en feraient des tonnes dans le pathos et je crois bien que ce serait pire. Vivre avec eux m'appris qu'être seul, c'est bien. Et je veux que ça dure. Il parait que l'être humain est un animal social, qu'il ne peut pas vivre seul, isolé. Et bien moi, je veux vivre seul et isolé. Au train où ça va, le moment où je retournerai parmi les vivants, c'est quand je serai mort… pour les manger. Et ils m'abattront.

Jour 10. Il y a quelque chose que tu as toujours voulu faire, mais que tu n'as jamais fait. Qu'est-ce que c'était, et le fais-tu ? Ou as-tu choisi de faire autre chose, à la place ?

Du saut à l'élastique! Plus jeune, je voulais faire du saut à l'élastique. mais ça ne s'est pas fait, je ne sais pas pourquoi. Et puis, avec le temps, j'ai développé une espèce de phobie de la chute. Cette sensation m'est devenue insupportable. Je ne sais pas pourquoi. Un psychologue dirait peut-être que c'est en rapport avec le "contrôle" et le "lâcher prise". Certainement, oui. Mais en attendant, le saut à l'élastique n'est vraiment plus une option. Que faire à la place… Aucune idée ! Je suis ouvert à toutes les suggestions...

Jour 11. Es-tu un défenseur des personnes infectées ? Parles-tu publiquement de la cause ?

Pas vraiment, non. Déjà que je ne suis pas le plus sociable des hommes, si en plus je devais défendre une cause… Non, non… En fait, il y a quelque chose de rassurant à savoir que certaines personnes prennent notre défense, souhaitent qu'on ne nous traite pas comme des chiens enragés à abattre mais, en vérité, je ne suis pas sûr qu'ils aient raison… En fait, je n'en sais rien. Je ne sais même pas si je veux (sur)vivre ou mourir. En vrai, je veux juste ne pas souffrir. Après, que les gens fassent de moi ce qu'ils veulent.

Jour 12.  Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un d'autre qui a été récemment infecté ?

Je lui conseillerais de ne pas venir m'emmerder, de ne pas venir pleurer dans mes pattes car j'y peux rien s'il est infecté ! Et si j'y peux quelque chose, c'est que c'est moi qui l'aurais infecté et, dans ce cas, j'aurais fait ça pour le bouffer. Dans tous les cas, pour des conseils, c'est pas moi qu'il faut venir voir car 1-ça m'emmerde et 2-sur cette question, des conseils, j'en ai plus à recevoir qu'à donner.

Jour 13. Quelqu'un est devenu sexuellement attiré par toi à cause de ton infection. Acceptes-tu ses avances ?

Déjà, comment a-t-elle su que je suis infecté ? Cela se voit ? Je croyais que non. Ou alors, elle fait partie de ces tarés qui trouvent ça cool de trainer avec des zombies. Peut-être qu'elle pense que c'est cool d'être un zombie, comme d'autres tarés pensent que c'est cool de trainer avec des vampires. Dans les romans et les séries à 2 balles, ces humains là servent de garde-manger et elle... c'est exactement ce qui risque de lui arriver si elle continue de trainer dans mes pattes. En vrai, j'en suis pas encore à ce stade, celui où je la tuerai de sang-froid mais... ce moment là approche, c'est sûr. Alors vaut mieux pour elle qu'elle soit loin. Alors ouais, tant que je peux, je garde mon sang-froid justement...

Jour 14. Tu es réveillé par un souvenir. Quelle émotion a-t-elle suscitée ? Cette émotion était-elle le résultat de l'infection ou le reflet de la mémoire ?

Ralala !!! J'ai mangé peu de steak tartare dans ma vie mais le meilleur était celui à base de viande de cheval. C'était trop bon. C'était fin, c'était… J'en ai mangé qu'une seule fois dans ma vie et je m'en rappelle encore. Ou alors, c'est que cette faim de viande crue devient de plus en plus pressante. Ce serait comme un… message ? Genre "faut-y faire, mec, faut t'y mettre… à la viande crue !"

 Jour 15. A quel besoin ou désir ton corps changeant répond-il et auquel l'ancien ne pourrait pas ?

Besoin, désir ? Je ne sais pas trop. A tort ou à raison, comme je sens que j'ai du mal à me maîtriser en situation de stress ou de frustration, c'est comme si ça me donner assez de confiance en moi pour tenir tête à ceux qui m'emmerdent. J'ai l'impression d'être fort. Mais cela n'est peut-être qu'une impression suscitée par la faim, cette faim que l'air de rien je combat, je repousse... Je sais que je vais perdre ce combat et que la faim gagnera et que je finirai par me jeter sur le premier venu pour le dévorer sur place. Mais je fais ce que je peux en attendant. Et, en attendant, je crois cette faim frustrée me rend nerveux et me fait démarrer au quart de tour et... j'ai l'impression d'être fort. Mais ce n'est peut-être que la faim et la frustration qui parlent...

Jour 16. Tu soupçonnes que l'infection est en train de changer ta façon de penser. Comment ?

J'ai toujours été quelqu'un de discret, timide et introverti. J'ai eu la chance de faire des études qui m'ont donné des clés de compréhension de la nature humaine, de ses motifs, de ses moteurs, des dynamiques psychologiques et sociologiques qui sont à l'origine de l'action humaine. Être infecté ouvre de nouvelles perspectives car, à tous ces motifs, il faut ajouter la certitude de mourir. Et cela ne sera pas une belle mort. Ce sera sale, crado et il y a fort à parier que j'emporterai du monde avec moi. Ce ne sera pas une mort paisible. Ce sera un bain de sang, un vrai film d'horreur. Et puis, il y a la faim. La faim devient centrale, que je la ressente ou que je l'anticipe. Cette faim, pour l'instant frustrée, est un élément central de a vie aujourd'hui. C'est un moteur mais c'est aussi un véritable projecteur braqué sur... moi ! Maintenant, j'observe et tente d'analyser tout ce que je suis, tout ce que je fais, à la lueur de cette faim qui me hante. Car c'est ça, elle me hante. J'y pense tout le temps. Elle me met en colère mais elle me donne aussi de la force. Elle e(s)t moi sommes frustrés et cela me donne une nouvelle pierre d'achoppement pour mieux me comprendre et comprendre ce qui m'arrive. En fait, toute cette psy de comptoir, c'est un peu comme tourner autour du pot pour retarder le moment fatidique. Alors, est-ce que ça change vraiment ma façon de penser ? Je ne sais pas. Mais cela lui donne un certain "éclairage", ça c'est certain !

Jour 17. Tu es réveillé par ton infection. Quelle sensation ressens-tu ?

Au début, je me sentais fébrile, nerveux. Je tournais et virais dans mon lit en proie à une insomnie. Je pensais que ce n'était que ça, que ça allait passer et que j'allais me rendormir. Puis, j'avais chaud. Mais je savais, je sentais que ce n'était pas la grippe, ni autre chose du même genre. Alors, je me suis levé. J'ai fait les 100 pas dans mon appartement à la recherche de dieu sait quoi et j'ai fini par comprendre. J'avais faim !

Jour 18. Le site de la morsure est douloureux, même maintenant. Quels sentiments la douleur évoque-t-elle ?

La morsure... ça fait un moment que je n'y avais pas fait attention. Je ne sentais plus rien et je me rends compte maintenant qu'elle n'avait jamais cicatrisé. Mais au moins ça ne faisait plus mal. Pourquoi ça se réveille maintenant ? J'ai peur...

Jour 19.  Tu dois mettre fin à une relation avec quelqu'un(s), parce qu'il/elle a découvert que tu es infecté. Qui est-ce, et pourquoi te manque(ent)-il(s) ?

Cette fois, c'est fait ! J'ai perdu mon job. Entre les retards, les absences et les problèmes de comportements… J'ai finalement été convoqué par la direction. Là, on m'a expliqué qu'ils auraient compris si j'avais des problèmes personnels, des problèmes de couples. Ils auraient compris si j'avais eu des problèmes avec l'alcool ou même la drogue .Mais là, c'est moi qui doit bien comprendre que ça va ne va pas être possible de continuer. Je  ne sais pas qui leur a dit. Je ne savais pas que quelqu'un s'en était rendu compte à la boite. Et si j'avais su qu'il ou elle me balancerait à la direction, je crois bien que je l'aurais bouffé ! Bref, la direction ne veut pas d'ennui et elle ne veut surtout pas que son image soit égratignée par un problème de RH avec un infecté alors on me propose gentiment de flanquer ma démission et en échange… ils s'engagent à ne rien dire de mon état.

Jour 20. As-tu confiance en toi ?

Pourquoi aurai-je plus confiance en moi qu'avant?

Jour 21. Quand tu pense à toi-même, te considères-tu toujours comme humain ? As-tu besoin de faire quelque chose pour te le rappeler ?

Tant que je n'ai pas franchi la ligne rouge, je suis un humain ! Je n'ai rien à faire pour me rappeler que je suis humain. C'est plutôt la douleur qui fait son job pour me rappeler que je suis infecté.

Jour 22. Quelles préparations fais-tu avant la fin ?

Rien. Je devrais faire quelque chose, ordonner mes affaires, faire un testament, laisser une lettre... En fait, je ne possède rien à léguer et je ne pense pas manquer à qui que ce soit alors... je ne fais rien.

Jour 23. Qu'est-ce qui te manque d'avant l'infection ? Qui ou quoi pourrais-tu être, avec qui, ou faire quoi ?

L'optimisme. Je ne me suis jamais considérer comme quelqu'un d'optimiste et on m'a souvent reproché d'avoir une vision du monde trop sombre. Je trouvais au contraire que j'avais une vision lucide des choses. Aujourd'hui que la fin approche, je me rends compte que finalement si, quoi qu'en disent ou pensent les autres, j'étais optimiste, finalement…

Jour 24. Comment t'habilles-tu, maintenant que ton infection est difficile à dissimuler ? Qu'essayes-tu de dissimuler ?

En fait, je n'ai rien changé à ma garde-robe. Par contre, je mets une casquette et je rabats la capuche de mon blouson, même s'il ne pleut pas. Et puis, je tire bien sur mes manches pour cacher mes mains.

Jour 25. Tu t'es fait des amis parmi d'autres infectés. De quelle façon te sens-tu comme eux au sujet de l'infection, et de quelle façon te sens-tu différent ?

Je ne savais pas que de tels groupes existaient. J'ai fait la connaissance Phil en le croisant dans le local poubelle de l'immeuble. Il m'a "reconnu". Il m'a souri et m'a invité à rejoindre son groupe d'amis, un groupe d'infectés... comme moi. En vrai, ça ressemble un peu à un groupe de parole. Tout le monde est là, assis en rond et celui qui veut prend la parole pour dire ce qu'il a sur le coeur. Certains sont vraiment en panique et d'autres sont plus philosophes. Certains considèrent leur état comme une sanction divine à cause de leurs "erreurs" passées alors que d'autres trouvent ça cool de devenir un zombie. Enfin, ils disent trouver ça cool car, l'autre soir, la petite nana a juste fini son speech en fondant en larmes, gueulant qu'elle ne voulait pas mourir. Je ne sais pas ce qui nous rapproche à part notre état. Par contre, ça fait du bien de voir que malgré les différences de points de vue personne ne juge personne. Les gens n'ont pas du tout la même vision des choses mais personne ne juge qui que ce soit. Je crois que ce groupe est un peu un moyen pour tout le monde de rester humain un peu plus longtemps. Je trouve ça bien que ce groupe existe mais... je ne sais pas quoi leur dire. Je les écoute avec un sincère intérêt mais... je ne sais pas quoi leur dire...

Jour 26. Où étais-tu quand tu as été mordu ? Qu'est-ce que tu faisais ? Pourquoi était-ce significatif pour toi, et quel nouveau sens cela a-t-il été maintenant ?

Dans la rue ! J'étais dans la rue. Je rentrais chez moi. Il faisait nuit. Il était tard et il pleuvait. J'étais énervé à cause de la pluie. Je marchais vite et tête baissée et… je ne l'ai pas vu arriver. Est-ce que ça a du sens ? Non, je ne crois pas. Je ne crois pas que tout cela a le moindre sens...

Jour 27. Qu'as-tu acquis grâce à la connaissance que ton temps est compté ?

Rien ! Je n'ai rien acquis. Être infecté ne m'apporte rien. Ou, en tout cas, certainement pas une sorte d'illumination sur le sens de la vie comme certains membres du groupe de parole. Savoir que je vais mourir bientôt et revenir en monstre cannibale ne m'a pas ouvert les yeux sur Epicure et compagnie. Non, rien… Je n'ai rien acquis et je n'ai rien à perdre… sauf la vie… Et je n'ai même pas plus envie que ça de profiter de mes derniers instants.

Jour 28. Commences-tu à dire au revoir à tes proches ? Comment ?

Je n'ai dit à personne que j'étais infecté. Je ne sais d'ailleurs pas comment ceux qui le savent l'ont appris. Toutefois, ils ont la décence ou la lâcheté de respecter mon… déni. Alors, on en parle pas. De toutes façons, je ne vois quasiment plus personnes ces derniers temps. Je m'isole plus que jamais et ça me convient très bien.

Jour 29. Ton esprit commence à se détériorer. Qu'est-ce ou qui oublies-tu en premier ? Quelles émotions deviennent plus importantes ?

Oublier… J'ai oublié quelque chose ? Je ne sais pas… Je sais que… J'ai une PUTAIN DE DALLE !!!!! Et ça me fout en colère de ne pas avoir à manger et… et… j'ai peur… et je doute de...

Jour 30. Vous avez été réduit à des besoins de base et des émotions. Juste avant qu'il ne reste plus que la faim et la colère, de quoi avez-vous besoin ?

J'ai besoin… d'un câlin…




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog