CRASSE & MILLEVAUX V
MANTOID

Et ouais, doc ! C'est là que c'est parti en sucette ! C'est là que je me suis dit qu'on allait vraiment tous crever ! Je n'ai rien compris. Je ne sais pas comment on s'est retrouvé là, au milieu de cette arène métallique avec ce Horla géant qui nous tournait autour. Et puis, j’avoue, ça me mettait mal à l'aise de voir la Reine avec nous. Elle risquait clairement sa peau sur ce coup là et j'avais l'impression que c'était ma faute. Ben oui, la culpabilité...
Quoi ? Le bus n°6 ? Franchement, je ne comprends pas pourquoi vous me parlez de ça. Je vous jure qu'à ce moment là, je pensais à tout sauf à un bus. Même si, maintenant que vous le dîtes, j'aurais pris n'importe quel bus pour me tirer de là. Est-ce que j'aurais abandonné mes amis ? Euh... je crois que oui... Je vous dis ça parce que vous êtes tenu par le secret professionnel. Vous ne le direz à personne, hein ?
Mais pour en revenir à cette arène, je ne sais pas ce qui m'a pris mais je me suis soudain mis à hurler :

« SALE PUTAIN D’ENFOIRÉ DE TES MORTS, JE VAIS TE L’ARRACHER, TA SALE BARBASSE DE MERDE, ET TE LA FAIRE BOUFFER POIL PAR POIL. »

Et ça a été le point de départ des hostilités...

Le Horla s'est précipité sur Trevor. Pris de court, l'homme-porc a été heurté de plein de fouet et projeté à terre. Il s'est relevé difficilement. La créature ne l'avait pas raté et Trevor pissait le sang. Mais déjà, la créature faisait demi-tour et s'apprêtait à frapper de nouveau. Cette fois, il prit la Reine pour cible. Je criais pour la mettre en garde mais elle s'était déjà rendu compte de ce qui arrivait et se préparait à esquiver. Elle roula au sol et évita ainsi de finir dans la gueule du Horla. Mais, dans la ligne droite du serpent d'ombre se trouvait Corso qui parvint de justesse à éviter d'être percuté.

Là, je remarque que nous sommes tous à poil. Complètement à poil. Nous n'avons ni arme, ni vêtement. La seule idée qui me vient est digne d'un dessin animé pourri. Je cris pour attirer l'attention du Horla et cours en direction d'une paroi. J'espère parvenir à esquiver au dernier moment et qu'il va se fracasser contre le mur métallique. Putain, ça marche !! Mais, je ne sais pas si c'est lié, voilà que je me mets à saigner. Et doc, je ne vais pas vous faire un dessin pour vous dire d'où je me suis mis à saigner. La honte totale ! Pourtant victorieux, au moins sur ce coup là, je me retrouvais donc par terre à me tordre de douleur et à pisser du sang par le cul !!
Sur le moment, je ne m'en étais pas rendu compte, mais mes compagnons avaient compris ma tactique et déjà Corso s'était mis en tête de reproduire ce coup. Et ça a marché ! Cette fois, le Horla semblait s'être définitivement fracassé le crâne contre la barrière métallique. Ce combat avait été finalement de courte durée et on s'en était plutôt bien sorti, exception faite de la sale blessure de Trevor et de mon... humiliation... Mais maintenant, qu'allions nous faire ? Ou plutôt qu'est-ce que le sort et ce nouveau monde foutraque nous réservait ?

Et là, doc, comprenez bien. C'était inhérent à mon arrivée dans cette arène. Non seulement j'avais été frappé de cette humiliant saignement du cul mais ce n'était pas tout. Non ! J'avais 3 minutes ! Pendant 3 minutes, j'étais le Maître. Le Maître du Jeu ! J'avais 3 minutes pour faire un choix. Je savais que mon destin en ce monde était de tuer mes amis à la fin de l'histoire sans le faire exprès. Et ça, surtout vis-à-vis de la Reine, je ne pouvais m'y résoudre. Alors, j'ai choisi. Trevor était blessé, ça ne pouvait être lui. La Reine, non ! Je ne voulais pas l'exposer plus que nécessaire à quelque danger que ce soit. Il ne me restait que Lewis-Maria et Corso et 3 minutes. Le cafard était tentant mais Corso, en tant que clone, était virtuellement immortel. Et sa motivation secrète, percer les secrets de l'univers, me plaisait. Aussi, je choisis Corso.
Et c'est pour ça, docteur, qu'à la sortie de l'arène, je n'étais plus Haze la Mouche mais Corso le Clone, Prêtre d'Azathot, Batard d'Androgyne-Roi qui voulait savoir : tout savoir ! Les secrets de l'univers et d'Azathoth !

À la sortie de l'arène, je fus accueilli avec le respect qui était dû à un vainqueur et un bâtard, quand bien même il s'agissait d'un bâtard d'Androgyne-Roi. On me remit quand même mes vêtements et mon Zazamon. C'était un Zok'tar qui ressemblait à une plante carnivore avec de grosses pustules palpitantes. Une créature salement dégueulasse qui poussait parfois, sans raison, d'horribles hurlements. Heureusement, cette saloperie était capable de se déplacer en servant de ses racines comme de pattes. Ça m'évitait de devoir trimbaler un pot de fleur des plus encombrant. Mais, le Zok'tar appréciait à l'occasion planter ses racines dans la terre et se faire arroser d'eau ou de Petrol'Magie. Mais, beaucoup de monde aimait ça après tout.
Mon ascendance royale, fut-elle illégitime, me permettait de m'offrir n'importe quoi. Ou presque... Elle ne pouvait m'offrir la connaissance. Pour ça, je devais me vendre à celui ou celle qui m’entraînerait dans quelque aventure à la clé de laquelle, peut-être, se trouverait cette connaissance. Et aujourd'hui, celui ou celle est une femme portant un message de mon père. Androgyne-Roi s'inquiète au sujet de Dieux zoomorphes. Bien... Elle parle aussi de clones géants et de vengeance. Tentant de mettre de l'ordre dans ce discours des plus aléatoire, elle me confirme qu'Androgyne-Roi soupçonnent les Dieux Zoomorphes d'avoir fabriqué des clones géants afin de se venger d'Azathtoth. Ces clones ont été aperçu dans les profondeurs de la mer du chaos, une arche technomagique et la dimension du métal liquide. J'aurais besoin d'en savoir plus que cette messagère serait incapable de combler mon désir. Déjà, elle se désagrège pour devenir une masse d'enfants-blobs d'Azathoth miniatures qui me guident vers un vaisseau-bouche, un magnifique narval bleuté à la corne frontale argentée.
Direction les profondeurs de la mer du chaos !

L'argent permet tout. La peur que peut inspirer l'un des (nombreux) bâtards d'Androgyne-Roi également. Ainsi, nulle difficulté à faire changer le vaisseau-bouche de destination. Nous nous enfonçons dans la mer de Pétrol'Magie à la recherche de ces clones géants qui menaceraient Azathtoth.
Pour autant, on ne m'a pas dit à quoi ressemblaient ces clones. Spontanément, l'évocation de
clones fait penser à des êtres de forme humanoïde, comme moi. Mais en vérité, dans ces profondeurs obscures, il apparaît plutôt raisonnable qu'ils auraient une forme plus... adaptées. Mais après tout, que vaut la raison ici ?
Je m'invite dans le poste de pilotage. Mon statut de prêtre et de bâtard m'ouvre bien des portes, dont celle-ci. L'équipage m'a tout l'air d'être composé de personnes sympathiques. C'est peut-être le moment d'en finir avec cet air hautain par lequel j'impose mes quatre volontés depuis que j'ai embarqué. Je leur explique donc le but de ma mission et leur demande si leur radar, sonar ou Azathoth sait quoi d'autre pourrait détecter ces fameux clones. Non, bien sûr, pas en l'état. Mais quelques modifications pourraient suffire. Très bien, j'en fais mon affaire, je leur promets. Je me retire donc dans un coin de la pièce et commence à bouger mes mains et mes bras en une chorégraphie de plus en plus complexe et aléatoire à laquelle j'ajoute une prière à Azathtoth à propos des appareils dont j'ai besoin. Conséquence du Pétrol'Magie qui nous entoure ou de mes seules prières ? Je suis maintenant en capacité de remettre aux techniciens trois outils et éléments d'appareillages qui permettront de modifier le sonar et repérer les clones géants.
Émerveillés par tant de prouesse, les membres de l'équipage sont impatient d'utiliser ce nouveau jouet. Malheureusement, rien ne se passe. Non pas que le sonar soit défectueux. C'est juste qu'il n'y a pas de clones dans les parages. Nous devons donc continuer notre voyage... au hasard. Je laisse quelques consignes pour qu'on me prévienne dès que le sonar aura trouver quelque chose puis me retire dans ma luxueuse cabine.
Sur le lit, un pli m'attend. Il s'agit d'un décret d'Azathtoth. Ainsi, par décret, pour ce jour, chaque habitant de la Mer du Chaos se verra frapper immédiatement d'un éclair. Celui ou celle se tenant à sa droite périra sur le champ ! Aussitôt lu, un éclair traverse le ciel, la mer et la chair du vaisseau-bouche pour me fracasser la tête. Heureusement pour lui, personne n'est à côté de moi. Aussi, je ne fais aucune victime. Mais j'imagine aisément qu'il ne doit pas en être de même dans le reste du navire. M'emparant de ce qui ressemblent à un téléphone conçu à partir de chair de mammifère et d'organes insectoïdes, je contacte le plus haut commandement pour m'enquérir du quota de pertes que je soupçonne déjà élevé. Heureux hasard ou bienveillance, malgré tout, d'Azathoth, nous n'avons perdu que 5% des membres d'équipage et des passagers. Sans que cela me paraisse d'une nécessité vitale, je me dépêche de mentir en affirmant qu'il s'agit d'un signe manifeste de la présence de ces clones que je chasse. Des fois, c'est à force de parler de malheur qu'il arrive...
Mais le chaos prend parfois des formes étranges. Bien qu'ayant prédit le pire, notre vaisseau-bouche arrive bientôt en vue d'une île aux allures des plus paradisiaques. Je ne peux m'empêcher d'être déçu. Pourtant, suite à notre changement de cap, le commandement de bord pense que ce serait une bonne idée d'offrir aux passagers une escale agréable. Je soupire et accepte. Quelque part, je n'ai pas l'impression d'avoir vraiment le choix.
Déçu, je me retire dans ma suite et rumine. Soudain, le téléphone carno-insectoïde vibre. Je reconnais l'accent typique d'un serviteur de mon père à la tête en forme de machine à écrire. Le rythme de ces sons étranges m'indiquent qu'il rit aux éclats. Il y a eu une erreur. Point de clones géants à traquer ! C'en est fini de cette menace ! C'est la guerre ! La guerre contre un Léviathan ! Et où vais-je trouver ce Léviathan ? Sous une arche technomagique bien sûr !
Une arche technomagique... Encore faut-il qu'elle m'emmène au bon endroit. Toutefois, quelque chose me dit qu'une telle arche se trouve sur cette île. Et je me rappelle aussi que ma quête des clones géants devait me faire traverser une telle arche. Y a-t-il malgré tout un lien entre les clones et ce Léviathan ?

Un paradis ? C'est vite dit et ça dépend pour qui. À peine nous avons posé le pied sur l'île que nous sommes attaqués (et pour la plupart des passagers taillés en pièces) par des monstres. Non pas que ces choses ont l'air très dangereuses mais leur nombre est impressionnant. En réalité, elles sont tellement agglutinées les unes aux autres qu'on dirait qu'il s'agit d'un monstre unique. Mais on ne me la fait pas. Je vois bien que ces conglomérats multicolores sont en réalités composés de petites créatures ailées vêtues de tuniques antiques leur permettant de garder le secret quant à leur identité sexuelle. De plus, elles s'avéraient armées et, finalement, malgré un aspect quelque peu ridicule, redoutables. Sur ma gauche, une pancarte indiquait la direction à prendre pour gagner un technodonjon. Je ne voulais pas perdre de temps avec ces microbes ridicules mais je devais quand même me tailler un chemin au sens propre dans la bonne direction. En effet, si il devait y avoir une arche technomagique ici, ce serait forcément dans un technodonjon !
Ainsi, j'envoyais mon Zazamon faire péter quelques une de ses pustules palpitantes afin de voir comment ces trucs innommables, ou plutôt innommés, réagissaient. Ces petites bestioles avaient entre autre mode opératoire de s'agglutiner sur leur adversaire afin de l'étouffer. Vaine straégie contre mon Zok'tar dont le jus acide a eu vite fait de les faire fondre. Néanmoins, sachant maintenant un peu mieux à quoi m'attendre, je fonçais dans la direction indiquée par la pancarte. J'arrachais à pleines mains les bidules multicolores qui commençaient à se coller à moi et les écrasait pour les uns, leur arrachait les membres pour les autres. Mon Zazamon, lui, avait manifestement la dalle et boulotta les derniers petits bidules monstrueusement colorés qui s'attaquaient à lui. Les autres avaient déjà compris que les passagers du vaisseau-bouche étaient de meilleures andouilles puisque incapables de se défendre. De mon côté, j'étripais une dernière poignée de ces choses et résistait à l'envie de m'abreuver de leur sang. Quoi que, non ! Finalement je ne résistais pas. J'étais curieux de savoir s'il y aurait quelque effets secondaires.
Et il y en eut un!
Des dizaines ! Des centaines de cafards s'embouteillaient à chacun de mes orifices ! Quittant mon corps pour mieux y retourner en pratiquant de petites incisions qui laisseraient certainement d'horribles cicatrices sur toutes mon épiderme. J'avoue, je l'ai cherché.

Après avoir quitté cette plage qui tenait maintenant avant tout du charnier ou du festin selon qu'on se tenait du point de vue des passagers ou des petits monstres, je félicitais mon Zazamon pour ses prouesses. Hum, tu gagne en vigueur mon Zok'tar, mais pas que. Que signifie le regard de ce nouveau visage qui vient d'apparaître à l'arrière du premier ? Ensuite, nous nous dirigeâmes vers le soleil couchant et le technodonjon.

Technodonjon ? Qu'est-ce au juste ? Une succession de salles plus ou moins remplies de dangers et moins que plus remplies de choses intéressantes... Est-ce vraiment une bonne idée que de rentrer là-dedans ? Enfin...
Cette première salle ressemble à une crypte insectoïde aux reliefs du raffinement les plus exquis. Et il se trouve qu'un de ces reliefs est... amovible. Il s'agit en effet là, ça m'en a tout l'air, d'un olisbos représentant un scarabée. Je n'ai aucune idée de ce à quoi ça pourrait bien me servir, si ce n'est à l'enfiler quelque part ou dans quelqu'un. Mais quoi, qui, où, quand ? Je n'en ai aucune idée. En d'autres temps et d'autres lieux, j'aurais été gêné d'être surpris en possession d'un tel objet mais là, je m'en fous ! Examinant plus sérieusement cette pièce, il s'avère qu'elle remplit entre autres fonctions celle de véritable WC dimensionnel. Comprendre par-là que l'on peut soi y chier en direction d'autres dimensions, soit que se déverse ici la merde issue des autres mondes. C'est intéressant ! D'une manière générale, la plomberie de nos WC traditionnels donnent sur les égouts et tout le système de retraitement des eaux usées. Et là ? D'où ça vient et où ça va ? C'est tentant. Et si c'était l'arche que je cherche. C'est doublement tentant. J'ai l'image d'un pingouin dans une caverne de glace qui dit « glisse ! ». Alors, je glisse !
De l'autre côté, je suis accueilli par une sphère métallique d'environ 3 mètres de diamètre. Elle est recouverte de tentacules ondulant de façon obscène. C'est un Voyvode. J'espérais mieux. Certains de ses tentacules s'acharnent frénétiquement sur une sorte de calculette géante imbriquée dans un insecte géant. Chaque touche pressé lui arrache un gémissement dont je ne sais s'il s'agit de plaisir ou de douleur. J'ai bien fait de garder l'olisbos-scarabée. Mais d'abord, le Voyvode. Heureusement pour moi, ce n'est pas une machine de combat. J'espère que mon Zazamon saura s'en occuper sans que je n'ai à mettre la main à la patte.
Je lance le Zok'tar à l'attaque. Mais celui-ci se retourne, m'exposant cet étrange second visage. Et il me montre les crocs, l'effronté ! Cet olisbos fait une formidable matraque que je m'emploie à lui fracasser sur la tronche ! Mais loin de le calmer, le Zazamon s'énerve et se jette sur moi ! Tel un toréador, je l'esquive tout en gardant un œil sur le Voyvode qui ne nous prête aucune attention. Je frappe mon pauvre Zok'tar de la tranche de la main en plein entre ses deux yeux plein de haine à mon égard. Je le sommes de m'obéir et de partir à l'attaque contre le Voyvode. Ma créature s’exécute, non sans au passage faire éclater une de ses pustule, m'arrosant de cette sève acide qui court dans sa tige. J'espère au moins que cette saloperie viendra à bout du Voyvode. Sinon, je la sacrifie à Azathoth direct !
Le Zok'tar mord l'un des tentacules. Mais ses crocs ne sont rien contre le métal du Voyvode. L'espace d'un instant, je me demande s'il ne le fait pas exprès pour me faire chier. « De l'acide ! » je lui cries. Et, lentement, le Voyvode se retourne vers moi. Je brandis l'olisbos-sacarabée devant moi. Rien ne se passe. On entend seulement le bruit d'une pustule éclater suivi du léger grésillement du métal en ébullition. En vérité, le Voyvode se fiche bien de cette attaque. Je crains non seulement de devoir m'en mêler mais aussi d'avoir une très mauvaise idée en venant ici.
Heureusement pour moi, ce Voyvode est très lent et j'ai le temps de lui porter un coup d'olisbos. L'artefact heurte le monstre. Mais, à part faire du bruit, force est de constater qu'il ne se passe pas grand chose. En vérité, j'ai de plus en plus l'impression d'être mal, vraiment mal ! Le Voyvode continue de taper sur son étrange et insectoïde bio-calculatrice géante. Des chiffres apparaissent autour de lui et se mettent à danser, écrivant l'équation du mauvais sort qu'il me réserve. Mauvais sort que je me prends en pleine gueule sous la forme d'une lumière psychédélique aveuglante. Je n'y vois plus rien ! Je ne peux que crier des ordres à mon Zazamon.
Le Joueur ayant tiré une carte « Soudain... », il décide donc pour moi de faire « quelque chose d'ennuyeux ». D'une certaine façon, ce serait ennuyeux de me fourrer l'olisbos-scarabée dans le fondement. Mais je crois que ce serait tout autant ennuyeux que de m'assoier là, en tailleur, et d'attendre la fin du combat entre mon Zazamon et le Voyvode. Peut-être que je devrais prier Azathoth pour que les deux m'oublient car même le Zazamon n'est pas très bien disposé à mon égard aujourd'hui. Bref, ne pouvant voir ce combat, je l'entends et je m'ennuies !
J'entends ainsi de nouveau cliquetis et gémissement de calculette. Un second flash achève de m'aveugler. Peut-être que le Voyvode n'était pas sûr de son premier coup ? Ah non, c'est autre chose. Je sens quelque chose à l'arrière de mon crane. Les os et la chair bougent. Oui, je le sens bien, c'est un second visage qui se forme, comme pour mon Zazamon ! Et lui, par contre, il n'est pas aveugle. Mais, est-il vraiment mon allié ? Ne va-t-il pas plutôt tenter de me la faire à l'envers comme le Zazamon ? Pour l'instant, je le sens juste ronger son frein. Il a très envie de passer à l'action mais c'est encore moi qui contrôle mon corps. Et c'est tant mieux.
Je contrôle, c'est un bien grand mot. Voilà que les chiffres qui entourent le Voyvode se mettent à danser autour de moi et me font léviter jusqu'au plafond. Je sens le coup venir. Pourtant, nulle chute ! Que me veut ce truc en fait ? Et si, contre toute attente, était venu le temps du dialogue ? Que veux ce monstre en réalité ? Autant lui poser la question.
Oui, bon, garder en mémoire qu'on ne discute pas avec un monstre. En effet, il me répond avec un coup de tentacule métallique. Heureusement, les yeux de mon second visage m'ont permis de voir venir le coup et de l'esquiver. OK ! Finis l'ennuie. On reprend les choses sérieuses ! Zazamon, à l'attaque !
Alors, le Zok'tar a bien le compris le message mais n'en a pas saisi toutes les nuances. En effet, c'est contre moi que ce con se jette. Je crois que le moment est idéal pour un sacrifice à Azathoth. Désolé, Zok'tar, tu fus un compagnon de qualité mais pas très fidèle. Tu vas donc crever ! Et maintenant, à nous deux, Voyvode ! Par la volonté d'Azathtoth et l'entremise de cet olisbos-scarabée, je fais le serment de te péter la gueule. À moi mon second visage ! Guide-moi à travers cet aveuglement psychédélique que je fasse périr cette horreur métallique !
Ça commence mal !
Le Voyvode, pourtant toujours aussi lent, continue de frapper frénétiquement sa calculette, faisant danser autour de lui des myriades de chiffres multicolores qui me rappellent les saloperies étouffantes de la plage. Mais cette fois, je vois venir le coup et me protège les yeux afin de ne pas finir aveuglé ! Pour autant, cela ne m'épargne pas cette vision d'un météore s'écrasant sur l'île ! Cela a-t-il lieu en ce moment même ? Est-ce une vision du passé ? De l'avenir ? Peu importe ! Déjà, de nouveaux chiffres et nombres apparaissent dans les airs. Je ne sais pas pourquoi, je commence à les compter, à vouloir les mettre dans l'ordre et... je m'endors.

Je me réveille. Non seulement je suis en vie mais je suis même en plutôt bonne forme. Je pensais que le Voyvode en aurait profiter pour m'achever. Rien de cela. Il est... parti. Il a même abandonné là sa calculette-insectoïde. Et si ce truc avait des choses à me dire. Je commence donc par me présenter. « Corso, prêtre d'Azathtoth et bâtard d'Androgyne-Roi ! » Normalement, ça devrait l'impressionner. Et c'est le cas si j'en crois ses petits couinements. Je lui trouve un petit air dédaigneux mais il s'agit surtout de conserver une certaine contenance après avoir ainsi été maltraitée par le Voyvode. Je ne sais pas depuis combien de temps ce monstre jouait avec elle mais, et je le lui dis, je comprends qu'il y a de quoi broyer du noir. En vérité, j'essaye de la jouer compatissant mais je ne sais pas si cela sied réellement avec mon statut de prêtre d'Azathtoth. Et aussi, je ne sais pas si une calculette est sensible à ce genre d'attention. Pour autant, ça a l'air de fonctionner. L'objet frémit et je le sens maintenant plutôt bien disposé. Je crois qu'après avoir longtemps maltraitée, la calculette est épatée de ma... gentillesse ? Mais bon, ça va peut-être pas durer. Ça ne dépend que d'elle.
Je lui explique donc être ici à la recherche d'une arche technomagique qui mettra sur la piste du Léviathan auquel je dois faire la guerre. Peut-elle m'aider ? Non, et cela la désole autant que moi. Toutefois, elle sait qu'il y a dans ce technodonjon moult artefacts insectoïdes qui pourront certainement m'être utile. Ainsi, je peux soit utiliser de nouveau ces Wcs dimensionnels pour retourner à l'entrée ou emprunter ce couloir, en faisant toutefois attention au piège que recèle la pièce suivante. Merci pour l'info, calculette ! Pour la récompenser de sa bonne volonté, j'insère l'olisbos insectoïde dans son compartiment à pile et quitte les lieux avant de savoir l'effet que cela lui procure.
J'arrive maintenant dans une pièce pyramidale. Problème, le sommet est en bas et je glisse vers le fond sans pouvoir me rattraper à quoi que ce soit. C'était donc ça le piège ? Non ! Le piège, c'est maintenant ! Le plafond, ou plutôt le plancher qui est en haut, s'ouvre et commence par laisser s'échapper un hurlement grotesque digne d'un charpentier ivre. Je vois alors apparaître deux semelles de verre. À vue de nez, ce qui approche est de taille humaine et... en verre ? À l'intérieur, je vois comme des sortes de feux-follets s'agiter. Ce truc hurle toujours et, de sa bouche, sortent les feux-follets qui s'agglutinent pour former un faucon de feu. Voilà, ça c'est le piège ! Et je suis mal. Heureusement, j'ai le temps de faire mes prières à Azathtoth avant d'essuyer la première attaque de cette créature. Éternité et éternelle gloire au super-blob ! Je me retrouve doté d'une paire de bottes magnétiques qui vont me permettre de me mouvoir avec aisance sur les différentes faces de cette pyramide métallique. De plus, me voilà munie d'un extincteur qui me permettra, je l'espère, de tenir ce truc suffisamment longtemps à distance pour pouvoir m'enfuir. Mais déjà, le faucon de feu approche.
Hey ! Que se passe-t-il ? C'est mon second visage ! Celui de derrière ! Il veut voir ce qui arrive ? Non, pire, ce con m'expose volontairement aux coups de bec et de serres du pyro-volatile ! Côté brûlure, ça pourrait être pire mais... Je suis soudain pris d'horribles maux de ventre qui me font me tordre de douleur. Je vomis... de la merde ! C'est horrible ! Non seulement j'ai été mis en difficulté face à ce monstre à cause de moi-même mais en plus je perds toute dignité ! Je sens poindre le burn-out. Mais le maigre espoir qui m'habite est pourtant suffisant à me faire éviter une seconde attaque. Je parviens même à me retourner pour voir les choses avec mes propres yeux et non plus ceux de ce second visage maléfique ! Je braque l'extincteur en direction du faucon et... on verra bien ! Et elle fait moins la maline. La statut de verre émet un nouveau hurlement, mais de douleur cette fois. Grâce à mes souliers magnétiques, je cours le long de la paroi en direction d'une des sorties. Je jette un œil vers le faucon de feu. C'est tentant de rester là pour lui faire sa fête mais avec le bol que j'ai. Non, autant profiter de ma veine pour me tirer !
Je longe prudemment ce couloir. Progressivement, l'acier cède la place à un minéral que je ne parviens pas à identifier et je me retrouve dans ce qui semble être un gigantesque mixeur à viandoporc. Cet endroit est-il une des cantines d'Azathoth ? Ou l'a-t-il été ? Je crois en effet qu'il vaut mieux en parler au passé. Nul trace de cuisine ici. Il n'y a plus qu'un horrible mille-pattes humains faisant les cents pas. Pas le temps de lui balancer une giclée d'eau fraîche, il se jette déjà sur moi. Je l'évite de justesse et en profite pour lui donner un coup de pied magnétique. Mon pied traverse littéralement les chairs flasques et à moitié pourries de ce segments du centipède humain. Par un étrange et improbable effet de magnétisme, des bouts d'os acérés restent collés, rendant la bottes d'autant plus meurtrières. Pas de bol, la créature se régénère sous mes yeux. Qu'à cela ne tienne, je me fends d'un nouveau high kick. Et c'est encore quelques centaines de grammes de chairs dégueulasses qui s'envolent. Mais le monstre se régénèrent encore. Ça sent le mythe de Sisyphe. La créature se retourne et me fait face, prête à foncer. Je l'évite une fois de plus de justesse. Malgré les apparences, elle est agile et rapide. Je retente ma chance à coups de pied en plein dans le crane. Bingo ! Ça sonne creux et plus encore ! Une vibration sonore se fait entendre et résonne sur une fréquence des plus chaotiques ouvrant par-là même une faille spatio-temporelle amputant le centipède d'une bonne moitié de lui-même. Les choses devraient être maintenant beaucoup plus simples face à un human-cinquantipède ! Et ouais, avec la moitié de ses pattes en moins elle est vachement moins leste tout à coup. Il m'est encore plus facile de l'éviter et de lui porter un coup fatal qui, cette fois, lui fracasse définitivement le crane. La joie est dans mon cœur ! Malheureusement, il n'y a en réalité rien d'intéressant pour moi ici et je dois faire demi-tour... et retrouver le faucon de feu.
Cette fois, j'approche prudemment, l'extincteur à la main. Avec un peu de chance, le piège s'est refermé. Un peu de chance aurait suffit mais j'en ai pas du tout. J'entends les hurlements de la statut de verre. Alors, toujours prudemment et le plus discrètement possible, j'approche de l'entrée de cette pyramide inversée et attends que le faucon passe tout près de moi pour l'asperger d'eau glacée. Et l'oiseau se désagrège en une multitude de feux-follets qui réintègrent la statut de verre qui réintègre à son tour sa cachette dans le plafond-plancher de la pyramide. Je ne demande pas mon reste et cours vers la dernières des trois entrées de cette salle. Les semelles de mes bottes magnétiques incrustées d'os font un bruit bizarre mais c'est pas grave. Au bout d'un long moment, je me retrouve dans un nouveau mixeur.
C'est étonnant. Cette pièce semble à l'abandon depuis très longtemps et, pourtant, tout semble en parfait état de marche. Ces machines n'attendent que quelques porcoïdes à hacher pour satisfaire les papilles d'Azathtoth. Je serais peut-être bien vu des hiérarques si je rénovais un peu ce lieu et lui redonner sa splendeur d'antan en lui rendant sa fonction initiale de broyeur de viande d'homme-porc. Trêve de rêverie ! Je dois trouver l'Arche qui me mènera au Léviathan auquel je dois faire la guerre. Alors, cette salle contient-elle un quelconque indice ? Mmm... Quelle est cette chose ? On dirait une boussole-cafard. Mais qu'indique-t-elle ? Le nord ? Cela a-t-il un quelconque sens ici ? Rien de moins sûr. Mais bon, autant suivre cette direction puisque je n'en ai pas d'autre.
Et à travers ce dédale de couloirs je vais de mixeur en mixeur. C'en est presque lassant. Mais je ne peux m'empêcher de tirer des plans sur la comète et rêver d'un trafic d'hommes-porcs qui pourrait alimenter un réseau de fast-food underground mais savoureux. La nourriture du dieu pour tous ! Ça pourrait faire un bon slogan.
Est-ce un comble ? La boussole-cafard me guide tout droit vers... une autre boussole-cafard. Je ne cherche plus le sens de tout cela et me fie à la nouvelle direction indiquée par l'artefact insectoïde qui me conduit tout droit vers une armurerie des mieux fournie. La chance me sourit ! Mais je ne suis pas le seul visiteur. Un autre voyageur est déjà là. Pourquoi ne suis-je pas étonné de voir là un cafard ? Je m'annonce et déclare venir en paix. La créature demeure impassible. Elle se présente à son tour sous le nom de Mary-Luis. Je n'avais pas remarqué qu'il s'agissait d'une femme. J'enchaîne avec quelques banalités relatives au fait que les étagères de cette armurerie sont abondamment garnies et que nous devrions chacun y trouver notre bonheur. Je la sens navrée. Je me navre un peu aussi et décide de mettre les pieds dans le plat. Je déclare donc avoir besoin de matériel pour faire la guerre à un Léviathan. Aussi, Mary-Luis a-t-elle une arme en particulier à me conseiller ? Loin de capter son intérêt, le cafard se détourne de moi et reprend son inspection des lieux. Je suis à deux doigts d'en venir à la violence physique tant son attitude me déplaît. Se faire prendre pour un con par un cafard, je dis non ! Mais bon, autant elle n'a pas l'air décidé à m'accorder une quelconque attention, autant elle n'a pas l'air non plus décidée à me nuire et c'est déjà énorme. À tout hasard, je regarde s'il n'y aurait pas un Zazamon à même de remplacer mon Zok'tar. Ce Gromishmo sphéro-métallique ou métallico-sphérique me plaît , surtout avec son diffuseur de parasites insectoïdes. Par contre, je ne vais pas m'encombrer de sa collection d'objets inutiles. Je lui promets d'en commencer une bien meilleure dès que nous aurons traversé l'Arche et vaincu ce Léviathan.
Mon nouveau Zazamon sous le bras, je laisse là la cafard et, guidé par mon instinct, me retrouve dans une nouvelle pyramide, à l'endroit cette fois. Pas de piège à l'horizon. À la place, un gros tas de pièces d'or ! Ma foi, je suis déjà bien riche mais ce n'est pas une raison pour laisser cet or prendre la poussière. Aussi... je n'évite pas complètement la lame géante qui jaillit de je ne sais où pour protéger cet trésor doré. Rien de trop grave en vérité. C'est surtout ma dignité qui en a pris un coup. Gardant en tête que j'ai quand même une mission, je ne traîne pas dans cette salle où je laisse certes beaucoup d'or mais aussi un peu de mon sang et de ma fierté. Du coin de l’œil, je surveille le Zazamon au cas où il se foutrait de ma gueule. Ça va. Il a compris qui est le chef ici.

Et nous nous retrouvons finalement à notre point de départ. Enfin le mien surtout puisque ce n'est pas le point de départ du Gromishmo. Bien que tenté de me jeter à nouveau dans ces chiottes dimensionnelles pour voir où cela me mènerait cette fois, je renonce et préfère trouver ce Léviathan par des moyens plus traditionnels. De retour sur la plage, j'espère qu'il reste encore assez de membres d'équipage pour faire naviguer le vaisseau-bouche. Évidemment, non ! La plupart se sont fait tuer par ces saloperies multicolores. Mais bon, je me fais fort d'y aller de ma contribution. Quelques prières à Azathoth nous permettront de quitter cette île qui n'a de paradisiaques que les apparences. Finalement, la Mer du Chaos est plus sûr.
Les clones généreusement mis à notre disposition par Azathoth nous permettent donc d'à nouveau fendre les flots de Pétrol'Magie à la recherche d'un Léviathan, d'une Arche Technomagique ou même de la Dimension de Métal Liquide. Regardant par dessus l'épaule du préposé au sonar, je ne sais pas si j'ai vraiment de la chance en remarquant ce point qui avait échappé à sa sagacité.

« C'est quoi, ça ? »

Le technicien m'explique qu'il doit s'agir d'une sorte de portail, sinon ça ne clignoterait pas comme ça. Et si c'était une créature vivante, ça bougerait. Je crois que je viens de trouver mon Arche Technomagique. Je m'empare du micro et ordonne qu'on fasse cap dans cette direction. J'ai pour première réponse les insultes du capitaine qui me rappelle que c'est lui le chef à bord. Il change de ton et de cap quand je lui rappelle être non seulement un Prêtre d'Azathoth mais également un richissime bâtard d'Androgyne-Roi.
Et nous voilà bientôt en vue de l'Arche. Motivé par les richesses que je leur ai promis, l'équipe est plus qu'enthousiaste à l'idée de voir ce qu'il y a de l'autre côté. Pour ma part, j'ai une petite idée. Un Léviathan est une créature non seulement gigantesque mais aussi très ancienne. Je ne serais pas surpris qu'on le trouve dans les ruines d'un monde d'avant.
De l'autre côté, nous nous retrouvons face à une cathédrale d'au moins un kilomètre de haut. Une étrange lueur rouge en émane, pulsant au rythme d'un cœur qui bat. Elle est en partie effondrée mais, vue d'ici, le chœur a l'air intact. Alors que nous nous approchons, des spectres s'en échappent et viennent à notre rencontre. Que nous veulent-ils ?

Ils veulent nous parler me dit le préposé aux systèmes de détections et de radio. Bien ! Écoutons ce qu'ils ont à dire alors. L'air de rien, je sens la main du destin saupoudrer mon âme d'une pincée d'angoisse à l'idée qu'à l'intérieur de cette plus qu'antique cathédrale géante se cache le Léviathan que je dois combattre. À quoi ressemble ce monstre ?
Et nous nous approchons, comme guidé par cette lueur rouge faisant office de phare. Le technicien règle sa radio. Nous entendons les premières voix.

« ...est en réalité un mage puissant, fait une voix.
...comment vivre à la cour, défiguré ? demande une autre.
La gargouille n'a pas de reflet ! clame une troisième.
Personne ici ne peut me dire à quoi ressemble le Léviathan ? »

C'est moi qui parle. S'ensuit le silence. D'un geste sec du menton, j'ordonne à l'équipage de maintenir le cap vers le chœur de la cathédrale. Le chœur... et sa lueur rouge qui palpite... le cœur... de quoi ? Du Léviathan ?
Et je comprends. Ce résidu des mondes d'avant la Mer du Chaos est le cœur palpitant d'une créature non pas agonisante mais d'un être à venir. Ce phare qui m'a guidé à travers l'océan de Pétrol'Magie afin que je sois le témoin de la naissance de cet être titanesque, non seulement en raison de ses proportions mais aussi et surtout en raison de la titanesque folie qui a motivé son créateur. Ici, en plein cœur de la Mer du Chaos, un savant fou s'est mis en tête de créer un être à partir des ruines d'un monde disparu. Et le cœur de cet être artificiel bat sous mes yeux.
Je suis sensé faire la guerre à un Léviathan mais quel est le réel Léviathan ici ? La créature en devenir, cet étrange Golem qui va grandir au milieu du Chaos et se développer autour d'une cathédrale géante ? Son créateur ? Ou dois-je tout simplement détruire ce Léviathan que constitue finalement toute cette gigantesque machinerie ?

Le Joueur tire une carte. Sur la première ligne est écrit « Ce qui était impossible devient possible. »
Alors, je fais un bond de côté.

Lateralus !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog