CRASSE & MILLEVAUX
VIII
GATE WATCH
Millevaux !
Je suis de retour à Millevaux ! Je ne peux pas croire que la
Magicienne se soit à ce point foutue de ma gueule ! Et elle
s'est doublement foutue de ma gueule car j'ai les pieds dans la
flotte, dans la boue d'un marais aussi putride que la Langue des
monstres qui hantent cette forêt.
Il
fait presque nuit. La tempête fait rage. Je suis dégoûté et
trempé. Je suis seul et c'est tant mieux. En qui puis-je avoir
confiance ici. Tout le monde est taré ! Taré ou un monstre!si
je vois quelqu'un, je le bute ! Non, en vrai, si je vois
quelqu'un, je me tire dans la direction opposée.
En
vérité, je ne suis pas seul. Allongée dans la mousse trempée, il
y a cette fille. L'air est saturé d’Égrégore. J'ai peur. J'ai
peur de cette fille. Elle... dort ? Elle est inconsciente en
tout cas. Je devrais me tirer. La buter. Et me tirer. Mais je me
souviens des mots que la Magicienne n'a pas prononcé. La Gate, c'est
la fille. C'est la Gate. Et moi, je suis le Watcher.
Autour
de moi, autour d'elle, je sens l’Égrégore... bouger, prendre
forme. Il se combine et je me rappelle ce que je n'ai pourtant jamais
su. Je me rappelle quelle est ma mission. Je suis le Gate Watcher. Et
elle, Eurydice, elle est la Gate, le point de passage, un point de
passage, entre Millevaux et me monde d'où je viens. Sur le coup, je
ne comprends pas trop comment cette fille peut faire office de
portail. Je sais qu'elle a des visions, mais c'est tout. Ce n'est pas
une espèce de sorcière. Juste une barjo que je soupçonne d'être
accro à la came des Soars. Puis je comprends comme la Gate pourrait
me permettre de me tirer d'ici. Si je la tire, je me tire. Et elle
est inconsciente. Je pourrais la tirer... et me tirer. Mais j'ai une
mission. Et au terme de cette mission, j'aurais une vision. Enfin,
elle aura une vision, rien que pour moi. Et puis bon, je ne peux
quand même pas abuser d'une fille comme ça. Je ne suis pas un
pourri non plus ! Par contre, je n'en dirai pas autant de la
population locale. Donc, je protégerai Eurydice de ceux qui veulent
lui passer dessus pour passer de l'autre côté. J'aurai ma vision et
je trouverai un autre moyen de rentrer chez moi.
La
tempête fait rage et Eurydice dort. Je n'ose pas la réveiller. Je
me penche au dessus d'elle pour lui épargner un peu de pluie et
réfléchis à là où je pourrais bien la conduire. Je pourrais
trouver une ruine, une carcasse d'un véhicule géant comme on en
trouve parfois. Et avec un pe ude bol, je pourrais la remettre en
marche. Mais finalement, est-ce que l'endroit le plus sûr ne serait
pas dans ma tête. Même morte, je conserverais son souvenir intact.
Et si je lui passais en rêve, ce serait pas pour de vrai mais...
est-ce que je pourrais quand même me tirer de Millevaux ? Si je
la tire pour de faux, pourrais-je passer de l'autre côté pour de
vrai ? Faut vraiment pas que je pense comme ça ! Ce serait
bien qu'elle se réveille.
Il
y a toujours du vent mais au moins il ne pleut plus. Eurydice a fini
par se réveiller. Elle n'a pas eu l'air surprise de me trouver là
mais à quand même tenu à ce qu'on repose un peu les bases de notre
relation. Je lui demande qui est au courant qu'elle est la Gate. Tout
le monde, elle me dit. Ça commence fort. Tout le monde est donc un
ennemi potentiel. Elle me confirme aussi qu'elle « fonctionne »
bien comme je le soupçonne. Je m'étonne que personne ne lui soit
déjà tombé dessus. Elle ne rentre pas dans les détails mais je
comprends qu'on lui est déjà tombé dessus. Mais il était le Gate
Watcher, là ? Je lui demande qui l'a faite ainsi. « Le
Lion, bien sûr ! » qu'elle répond. Bien sûr... Et
est-ce que je peux quand même compter sur quelques alliés ?
Elle répond « Le Golem et Kid, bien sûr ! » Bien
sûr...
Et
à son tour, elle m'interroge. Quand est-ce que j'ai su que j'étais
un Watcher ? Bah, y a pas très longtemps en fait, quand je l'ai
vue. Je précise que je ne suis pas d'ici. Je viens de l'autre côté
et... j'aimerais bien y retourner. Si elle voit ce que je veux dire.
Mais, je prendrai une autre route, évidemment. Bref, ça ne fait que
quelques heures que je suis officiellement son nouveau Watcher. Qui
était l'ancien d'ailleurs ? Le Golem ? Je ne suis pas
vraiment surpris. Ce qui me manque ? Bonne question. Je ne sais
pas trop en vérité. Déjà, je veux rentrer chez moi. On m'a parlé
d'une vision aussi. Si ça m'est arrivé de me planter ? Mais
tout le temps jeune fille ! Tout le temps. Je ne fais que ça,
me planter. Et m'en sortir par une pirouette, le plus souvent en
m'enfuyant dans un autre monde. Et ça n'empêche pas les emmerdes de
me rattraper. Mon plus grand talent ? Et bien, je ne voudrais
pas être prétentieux mais... je crois que je ne suis pas
entièrement idiot. Je suis une Mouche, une sorte de détective
métaphysique et je suis plutôt bon dans ce domaine. Trouver des
indices, des informations, tisser des liens entre les faits, faire
sens et tout ça quoi. Si j'ai un mentor ? Pas vraiment non. Ou
alors, le Joueur peut-être. Je vois que le Joueur, ça lui parle
mais on dirait qu'elle n'en a pas une compréhension aussi fine et
précise que moi ou la Magicienne. Eurydice est un PNJ important
mais... ce n'est qu'un PNJ finalement. La personne qui compte le plus
pour moi ? La Reine, bien sûr ! Et ne me demande pas
pourquoi car je n'en sais rien moi-même.
Et
donc, elle me résume ainsi : je suis Damon Haze, la Mouche, le
détective métaphysique. Je ne suis Watcher que depuis quelques
heures et mon meilleur moyen de faire face aux emmerdes et de me
tirer dans un autre monde. J'aurais aimé que ça lui arrache un
sourire mais je la sens vraiment pas rassurée avec un Watcher
pareil. Je la comprends.
La
nuit est brune. Nous marchons. Eurydice, Kid, le Golem. Je lui parle
de Lateralus. Sait-elle que ce texte existe ? Elle me dit n'en
avoir jamais entendu parler. Dois-je la croire ?
La
nuit est brune et il y a du brouillard. Nous avons marché longtemps.
Nous sommes arrivés dans ce qui reste d'une barre d'immeuble en
ruine. Ça empeste. Je ne sais pas pourquoi mais cet endroit me
rappelle quelque chose. Eurydice ne dit rien et me suit sagement. On
monte par les escaliers. Il y a eu un ascenseur mais c'était il y a
longtemps. Aujourd'hui, la cage est envahie par des lianes et autres
plantes grimpantes. Et je suis sûr qu'il y a des bestioles aussi.
Je
me laisse guider par mes pas, mon instincts et je me retrouve... dans
mon appartement. Ou plutôt, ce qu'il reste de mon appartement. C'est
dingue mais j'en suis certain. C'est chez moi ici. Tout est en ruine,
envahi par la forêt et l'humidité mais je reconnais ce qui a été
mon chez moi, avec vue sur la Zona. Est-il possible que ça explique
cette horrible odeur ? Par delà l'espace et le temps la
décharge continuerait d'empester ? Je jette un œil à
Eurydice. Elle demeure impassible. Elle a trouvé un bout de bois ou
un caillou ou je ne sais quoi avec lequel elle écrit quelque chose
au bas d'un mur. « C'est de la science ! » je lis.
Je lui demande ce que ça veut dire. Elle ouvre grand les yeux,
visiblement choquée. Par ma question ? Quand même pas ?
Je ne sais pas pourquoi, je me retourne. Et je la vois ! May
Bai ! Qu'est-ce qu'elle fout là ? Comment elle est arrivée
ici ? Imperturbable, elle est assise sur ce qui a été un
canapé-lit déplié. Et elle braque un flingue sur moi.
« Tous
les chemins mènent à la RIM » elle dit. Aussi, ça ne
l'étonne pas de nous trouver ici. En fait, ça fait même un moment
qu'elle nous attend. Je ne comprends pas. Et je finis quand même par
comprendre. Elle a dû me voir avec la Magicienne. Elle m'a vu
prendre la Noix. Elle s'est douté que la Magicienne m'enverrait à
Millevaux. Après, entre son don pour parler avec les morts et la
magie des Soars pour se balader entre les mondes... Bon, je suis bien
obligé de reconnaître qu'elle a bien jouer le coup.
J'essaye
de calmer le jeu. Je lui explique que c'est par hasard que je lui
suis tombé dessus. Ses affaires ne m'intéressent pas, je suis sur
un autre coup. Pas la peine donc de me buter, elle peut s'en aller
tranquille je ne dirai rien à personne et quand je rentrerai
j'oublierai tout ce qui la concerne, promis. Elle m'écoute
attentivement. Est-ce que je vais réussir à m'en tirer juste comme
ça ? En vrai, je ne mens pas tant que ça car c'est quand même
un peu par hasard que je lui suis tombé dessus. Et c'est quand même
le hasard qui veut qu'il y ait peut-être quand même un lien entre
ses affaires et les miennes. Mais d'ailleurs, est-ce elle et les
Soars qui refilent sa came à Eurydice. Oui, évidemment. Bon, tout
ça passe tout de suite moins pour le pur fruit du hasard.
Je
ne suis absolument pas en position de poser des questions. Pourtant,
May Bai ne dit rien et attend. En vrai, je fais la conversation tout
seul et j'ai la désagréable impression de lui en lâcher plus
qu'elle ne l'aurait souhaité juste en voulant meubler ce silence des
plus gênants. Il serait d'ailleurs peut-être moins gênant sans le
flingue braqué sur moi. Mais vaut mieux moi qu'Eurydice. En fait, je
réponds à ses questions sans même qu'elle est à les formuler.
Elle doit être très satsifaite d'elle-même. Alors, autant y aller
à fond.
Je
lui explique que mon job consistait à trouver Eurydice. Devinant
qu'elle devait se défoncer avec une came hors norme, j'ai évidemment
pensé aux Soars, ce qui m'a mis sur leur trace, et la sienne par la
même occasion. Je lui dis être au courant pour les Stations
Fantômes. Enfin, je sais juste que ça existe mais je sais pas ce
que c'est, ni à quoi ça sert, ni comment ça marche. Je lu idis
juste que je pense que ça sert à capter les voix des morts. Je me
trompe ? Elle fait la moue. Ça ne doit pas être tout à fait
ça mais j'ai pas dû taper très loin.
Cette
femme est d'un sang-froid absolu. Ça me rend dingue. Je ne veux pas
lui perler de Lateralus, de Kid et des Abeilles. Je ne dois
absolument rien lâcher là-dessus. Je suis convaincu qu'elle et les
Soars sont mêlés à tout ça mais avec ces conneries temporelles,
il est plus que possible qu'eux-mêmes ne le sachent pas encore. Et
si c'est le cas, si pour l'instant ils ne sont encore que des pions
qui l'ignorent, j'ai peut-être une longueur d'avance. Et puis, je
dois aussi protéger Eurydice.
May
Bai est toujours assise sur le canapé-lit. Derrière elle, ça fait
certainement des décennies voire plus que la vitre a explosé. Même
si elle me tire dessus, j'aurais quand même pris assez d'élan pour
la pousser dans le vide. Je vais peut-être crevé là mais ça se
tente.
Je
lui saute dessus. Elle tire. Je prends une balle dans la jambe. Je la
heurte. Elle part en arrière et lâche son arme. Je me retrouve sur
elle et la plaque au sol de tout ce qui me reste de force. Elle
sourit, las. Elle regarde par dessus mon épaule. Mo aussi. Eurydice
s'est emparée du flingue et la braque. Je sers les dents pour faire
le dur mais en vrai c'est à cause de la douleur. Mais je dis quand
même « Alors, c'est quoi les Stations Fantômes ? »
D'un
mouvement de la tête, elle montre ce qu'Eurydice a écrit au mur.
C'est de la science, elle dit. Un truc qui marche avec du
Pétrol'Magie. Le même truc qui sert aux Soars à faire leur came.
Ça permet d'entendre les morts mais c'est un effet secondaire.
L'effet recherché, c'est d'établir un réseau afin de communiquer
avec l'homme de demain, le post-humain. Il aura une mission à
accomplir et c'est par l'intermédiaire des Stations Fantômes qu'il
sera guidé. Et voilà pour ce qu'elle sait. Pour ce qu'elle a
compris. Son job dans l'histoire ? Servir d'intermédiaire avec
les Soars et expliquer le pourquoi du comment concernant la captation
des voix des morts. Et Eurydice dans tout ça ? Bah... elle sait
pas. Et je pense que soit elle ment, soit elle ne sait pas... encore.
Mais ça viendra. C'est écrit dans Lateralus. Eurydice a un rôle à
jouer là-dedans mais même elle ne le sait pas encore.
Je
relâche ma prise sur May Bai. Je laisse Eurydice la surveiller et
fais les cent pas en réfléchissant. L'homme de demain, le
post-humain, c'est Kid. Guidé par les Stations Fantômes et
Eurydice, il était sensé combattre le Seigneur des Recoins et ses
abeilles mais ça s'est mal fini. Il a fini les deux pieds dans la
boue de Millevaux, comme une sorte de négatif du Golem. Le Golem a
finit planté dans la terre comme une fleur ouverte aux ondes. Mais
Kid finit seul dans le noir. Il a échoué. Et si... et si ma mission
consistait à faire en sorte qu'il réussisse ?
« May
Bai, je crois qu'on est pas vraiment ennemi en fait. »
Elle
sourit. La lassitude l'a quittée.
Je
me relève comme je peux. Eurydice me rend mon flingue. Je me rassois
quasiment aussi sec. Ma jambe me fait vraiment mal. Eurydice s'en
occupe comme elle peut mais, avec les moyens à sa disposition, je ne
peux pas lui en vouloir de ne pas faire des miracles. Au moins, ça
ne saigne pas trop.
May
Bai jure une fois de plus qu'elle n'en sait pas plus. Elle me redit
qu'elle pense elle aussi qu'on a un but commun. Elle n'a pas
d'intérêt à ce que Kid échoue. Si ce Seigneur des Recoins doit
nous tomber dessus, autant que Kid s'en occupe. Nous, on a déjà
assez à faire avec l'Entropie, Antéros et Millevaux. Millevaux...
Va falloir sérieusement penser à se tirer d'ici d'ailleurs. Mais
j'y pense, si May Bai est arrivée ici grâce à la magie Soar,
peut-être pourra-t-elle me ramener avec elle ? Ça se passe
comment, le retour, que je lui demande. Elle fouille dans sa poche et
en ressort un paquet de Bille. Elle sourit. C'est du Vish. La came
des Soars. Je ne m'y connais pas trop là-dedans. Je ne sais pas si
c'est fait à partir de Pétrol'Magie, de Foutre de Mouches, de
restes de cadavres humains... Peut-être un peu des trois. Je me
retourne vers Eurydice. Elle a les yeux qui brillent quand elle voit
les petites sphères. J'ose un trait d'humour en lâchant qu'au moins
on aura pas à utiliser la Gate pour rentrer. Et Eurydice, sans aucun
humour quant à elle, précise qu'à cette période du mois, de toute
façon, la Gate est impraticable. May Bai sourit. Je tilte.
May
Bai regarde par la fenêtre et nous dit qu'il va falloir expliquer à
ces gens que la Gate est impraticable justement. Je me penche. Une
demi douzaine de personnes s'approche. Même d'ici on voit qu'ils
sont difformes. Ce ne sont pas des mutants radioactifs ou des trucs
comme ça, juste des gens aux os tordus. Je comprends qu'ils
veuillent se tirer d'ici, mais en vrai je pense qu'ils ne seront bien
nul part.
« Et
si c'était des mutants radioactifs, demande May Bai, tu ferais
quoi ? »
Je
leur tirerais dessus, je dis. Mais là, je peux quand même pas tirer
sur une bande d'éclopés. Pourtant, eux ne vont pas se gêner, ils
feront tout ce qu'ils peuvent pour passer de l'autre côté, elle
dit. Et je vois où elle veut en venir. Alors, je me relève et
avance péniblement jusqu'à la fenêtre. Je sors mon flingue et leur
intime l'ordre de faire demi-tour. Et j'espère vraiment qu'ils vont
obéir.
J'entends
leurs rires. Ils ne sont pas totalement rassurés, ça s'entend. Mais
ils rigolent quand même et avancent. En vrai, ils n'ont rien à
perdre. Ces types là ne sont pas vraiment méchants. Ils souffrent.
Ils sont bêtes, ils ont mal. Ils espèrent que ça sera mieux de
l'autre côté. Ils sont aveugles. Ils ne voient pas Eurydice comme
un être humain. Ils voient juste la Gate. Avec un peu de bol, ils ne
savent même pas à quoi ressemble la Gate ni en quoi consiste le
rite de passage. Je devrais tirer mais je peux pas.
May
Bai me prend l'arme des mains. Elle peut tirer. Elle tire. Les tordus
s'enfuient en hurlant. May Bai me rend mon arme. Elle se fout
ouvertement de ma gueule. Je fais un beau Watcher ! Je regarde
Eurydice et, l'espace d'un instant, je me fous de sa Vision. Je veux
juste rentrer chez moi, je dis à May Bai. Je lui demande une Bille.
Je veux juste rentrer et montrer ma jambe à Corso. Et à ma grande
surprise, elle me tend une Bille. Je la regarde. Je regarde Eurydice.
Elle ne dit rien. Elle a juste une petite moue qui me fait penser
qu'elle voudrait que je reste mais... elle ne dit rien.
Je
regarde la Bille dans le creux de ma main. En vrai, là, maintenant,
tout de suite, je peux me tirer. Je peux rentrer chez moi. Ou
ailleurs... En tout cas, je peux me tirer de Millevaux. Ça veut dire
que je laisse tomber Eurydice. Mais May Bai reste avec elle et c'est
peut-être pas plus mal. De toute façon, qu'est-ce que je peux faire
avec une balle dans la jambe ? Je demande à May Bai si elle
veut mon flingue. Elle me dit qu'elle n'en aura pas besoin. Dans ce
cas...
Je
gobe la Bille. J'avale de travers et je manque de...
dé-gobe-biller...
Je
voyage de travers.
Où
vais-je atterrir ?
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